CAIRN.INFO : Matières à réflexion

En mai 2010 se tiendra la 8e Conférence d’examen du TNP. Nul ne l’ignore désormais, il s’agit d’un rendez-vous décisif, la crise iranienne démontrant jour après jour toutes les limites du régime conventionnel de non-prolifération nucléaire. La Conférence se place de surcroît dans un contexte très particulier, qui rompt spectaculairement avec l’atmosphère de la 7e Conférence (2005), où après avoir fort considérablement réduit leurs arsenaux, les États dotés d’armes nucléaires avaient résolument repoussé toute question relative au désarmement nucléaire (dans le cadre d’un traité sur le désarmement général et complet réclamé dans l’article VI du Traité) pour se concentrer sur les questions de non-prolifération, suscitant le rejet d’un certain nombre de puissances émergentes. Aujourd’hui l’atmosphère est tout autre, l’administration américaine entendant aborder la question du désarmement selon une perspective résolument réformiste, annoncée lors du discours de Barak Obama à Prague. Par ailleurs, les espoirs soulevés par ce « nouveau » radicalisme mobilisent fortement la société civile occidentale pour faire du désarmement nucléaire l’un des enjeux majeurs de la Conférence.
Certes, le lien entre désarmement et non-prolifération est bien discutable, ce qu’admettent aussi bien la plupart des tenants de l’abolition des armes nucléaires que les défenseurs d’un désarmement gradué voire limité. La plupart des États qui, au cours des trente dernières années, ont tenté de se doter de l’arme nucléaire, l’ont fait le plus souvent pour des raisons régionales, voire, dans quelques cas particuliers, pour des raisons de prestige…

Français

La 8e Conférence d’examen du TNP qui doit se tenir en mai 2010 est considérée comme un événement majeur, du point de vue de la lutte contre la prolifération et du désarmement. L’événement est certes d’importance mais doit être relativisé. Le processus de désarmement engagé par les États-Unis et la Russie depuis de nombreuses années en est formellement indépendant et il est peu probable que, dans l’enceinte de la Conférence, les puissances nucléaires dotées acceptent d’en codifier les paramètres. D’autre part, le renforcement des instruments de lutte contre la prolifération, qui peut apparaître souhaitable, n’est nullement impératif, essentiellement parce que dans sa forme actuelle, le TNP est un traité efficace. Sur le fond, l’avenir du TNP se joue à ses marges : comment peuvent être résolues les crises iranienne et nord-coréenne, dans un contexte où la force motrice de la non-prolifération, les États-Unis, dispose de leviers moins efficaces pour la mettre en œuvre. L’affaiblissement de l’influence américaine appelle probablement à une plus grande implication des autres grandes puissances, plus spécifiquement de la Russie et de la Chine. Reste à définir si celles-ci sont véritablement intéressées au renforcement du régime de non-prolifération. Si tel n’est pas le cas, l’arme nucléaire est probablement destinée à se diffuser lentement, puisqu’elle demeure un moyen sans égal pour garantir la sécurité des États.

English

The 8th Review Conference of the Parties to the NPT to be held in May 2010 is considered as a major event in terms of fight against proliferation and disarmament. The event is certainly important but must be relativized. The disarmament process initiated by the United States and Russia for many years was independent. It is unlikely that during the conference, the nuclear States agree to codify the parameters. Secondly, strengthening the tools to fight against proliferation, which may appear desirable, is not imperative mainly because in its current form the NPT is an effective treaty. On the merits, the future of the NPT is at its : how can be resolved the crises in Iran and North Korea, when the United States, the driving force of nonproliferation, has less effective levers to implement ? The weakening of American influence probably calls for greater involvement of other major powers, more specifically Russia and China. It remains to determine if they are truly interested in strengthening the nuclear nonproliferation. If it is not the case, the nuclear weapon is probably destined to spread slowly, since it remains an unparalleled means to ensure the security of States.

Stéphane Delory
Chargé de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et au Centre d’études de sécurité internationale et de maîtrise des armements (CESIM). Chercheur associé au Centre Thucydide de Paris II.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 22/10/2013
https://doi.org/10.3917/secug.011.0089
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