Le désordre nucléaire émergent se caractérise par la conjonction de plusieurs phénomènes concomitants : une prolifération qui s’accélère et pourrait devenir un phénomène de grande ampleur du fait de « cascades de prolifération » ; un glissement de la question nucléaire de l’Europe vers l’Asie ; la relance du mouvement abolitionniste ; la renaissance nucléaire ; et la forte demande d’accès à la technologie nucléaire civile.
Dans ce contexte, la prolifération est la question initiale et centrale : si le processus de prolifération aujourd’hui en cours en Iran et en Corée du Nord est enrayé, nous pouvons aborder le XXIe siècle nucléaire avec une certaine sérénité. À défaut, l’avenir s’annonce sombre et cumule une variété de risques systémiques : proliférations en chaîne, effondrement progressif ou brutal des régimes de non-prolifération, probabilité d’emploi en hausse, érosion du tabou nucléaire, risque accru de détournement terroriste, renucléarisation des relations internationales.
La Conférence d’examen du TNP de 2010 est à cet égard un moment de vérité pour le régime de non-prolifération qui doit démontrer sa capacité à demeurer pertinent dans un système nucléaire marqué par les crises de prolifération.
Au cours des quarante dernières années, le TNP a joué un rôle essentiel dans le fait que la prolifération a été contenue à un nombre limité de pays, dans le développement de la coopération nucléaire à des fins pacifiques et dans les progrès en matière de maîtrise des armements, de désarmement et de réduction des arsenaux nucléaires…