Telle qu’enseignée aujourd’hui en France, non comme discipline mais comme « spécialité » annexée à la sociologie ou au droit, voire à la psychologie, la criminologie mobilise encore trop souvent son attention sur les déviances d’individus pris isolément, et selon des normes et règles sociales à peu près uniquement nationales. Visant à enrichir ou infléchir des politiques publiques (sociale, ou « de la ville »), cette criminologie sociale laboure toujours mieux et plus profond une partie du champ criminel sans cesse réduite et ignore donc largement ce qui est stratégique aujourd’hui :
les formes collectives de criminalité (crime organisé, terrorismes),
les formes transnationales de criminalité (cartels, mafias, etc.),
les formes criminelles propres à l’état présent du monde (la « face noire » de la mondialisation).
Le développement sans précédent de la criminalité en réseaux avec l’ouverture des marchés, le développement des nouvelles technologies et les nouveaux modes consuméristes, implique de prendre au sérieux la notion de criminalité globale. De l’intelligence économique aux questions environnementales, des menaces chimiques, biologiques, radiologiques, aux menaces nucléaires, les criminels développent des stratégies d’intervention nouvelles.
Comment connaître, prévoir, affronter cette criminalité sans une vision transversale de la recherche et l’apport non seulement de savants venus des sciences humaines et du droit mais d’ingénieurs, de savants venus des « sciences dures », eux-mêmes acquis à la dimension internationale de leur objet …