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Vers le milieu du siècle dernier, une idéologie dominante fondée sur le présupposé de différences naturelles et immuables entre les sexes s’était imposée aux États-Unis au point de constituer une composante intégrale de la répartition inégale des sexes entre les sphères domestique et publique, phénomène surtout visible dans les familles de classe moyenne. Le sport représentait alors un champ important dans le processus de naturalisation de cette nouvelle idéologie, que nous proposons de nommer « essentialisme dur ». Depuis les années soixante-dix, l’explosion de la pratique sportive féminine a été le reflet de leurs avancées professionnelles, incitant les chercheurs à aborder le sport en tant que terrain privilégié pour l’étude de rapports de genre contestés. L’objectif de cet article est de contribuer à ces débats en proposant une périodisation en quatre temps des idéologies de genre hégémoniques et contre-hégémoniques, sur une période allant du milieu du vingtième siècle à nos jours. À partir d’une approche empirique des représentations qu’ont les entraîneurs sportifs professionnels des enfants et de la notion de genre, nous identifierons une idéologie de genre ascendante que nous appellerons « l’essentialisme mou ». Il s’agira de montrer que le sport de jeunes est devenu un terrain privilégié de la construction de discours essentialistes mous qui s’approprient le langage féministe libéral du « choix » et du libre arbitre pour l’appliquer aux filles (mais pas aux garçons) et dont l’effet est de reproduire et de naturaliser les inégalités et asymétries de genre telles qu’elles se manifestent au sein des différentes classes sociales…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/02/2022
- https://doi.org/10.3917/rsss.019.0155
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