Article
Au début des années 1960, un jeune
mathématicien français, spécialiste
de géométrie différentielle, se tourne
résolument vers l’étude automatique
des textes, à partir de laquelle il va
contribuer à un renouvellement important des débats autour de la méthodologie statistique. Un demi-siècle avant
l’explosion de l’intelligence artificielle,
Jean-Paul Benzécri (1932-2019) s’écarte,
déjà, des mathématiques « pures » et
se confronte directement à un objet
produit par toute science empirique :
le tableau de nombres. Celui-ci, présent sous des formes très diverses, est
commun au psychologue, au médecin,
au biologiste de l’évolution, au géophysicien, au spécialiste de l’environnement, au linguiste, à l’économiste…
et au sociologue. Il reste à en faire à la
fois l’analyse et la synthèse, ce à quoi
Benzécri va s’atteler.
La statistique en sciences humaines
et sociales est alors en plein renouvellement avec le développement de
l’économétrie ou de la démographie.
La statistique mathématique anglo-saxonne et son préalable probabiliste
contraignant se diffusent dans tous les
domaines du savoir : physique, biologie, psychologie, etc. La modélisation
probabiliste des données est, en effet,
présentée, notamment depuis Neyman
et Pearson, comme un cadre peu
contestable, garant de la validité des
résultats, opérationnalisée à travers la
pratique des tests statistiques (la « fit
and test practice »). En psychométrie,
l’analyse factorielle désigne alors la
recherche de dimensions synthétiques
des données dans le cadre d’un modèle
et n’implique pas de visualisation géométrique…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/11/2021
- https://doi.org/10.3917/sava.057.0039
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