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Parmi les rares nouvelles réjouissantes de l’année 2020 figure sans conteste le succès des mobilisations contre les « violences policières », qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes et permis de porter la question à l’ordre du jour politique et médiatique. Leur magnitude n’a certes pas conduit les gouvernants à modifier, autrement qu’à la marge, les modes d’intervention des forces de l’ordre. Mais elle les a obligés à justifier l’action de ces dernières, rendant visible une philosophie sociale, morale et politique des dominants, qui reste d’ordinaire plus implicite. « Le discours de pouvoir, écrivent Pierre Bourdieu et Luc Boltanski, ne se justifie jamais que du bout des lèvres et lors même qu’il répond à des questions que lui posent ou lui opposent, souvent en action, les groupes ou les classes auxquels il entend s’imposer, il n’est que secondairement destiné à emporter leur conviction. Il a pour fonction première d’orienter une action et de maintenir la cohésion des exécutants en renforçant, par la réaffirmation rituelle, la croyance du groupe dans la nécessité et la légitimité de son action ». C’est ainsi qu’on peut interpréter les propos du Président de la République, M. Emmanuel Macron, qui s’emportait lors d’une réunion du grand débat national à Gréoux-les-Bains, le 7 mars 2020 : « ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit ». Le ministre de l’Intérieur, M. Gérald Darmanin, abondait en ce sens : « ma vision est celle des Français de bon sens : les policiers et les gendarmes nous protègent, et ils courent derrière les voyous…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/04/2021
- https://doi.org/10.3917/sava.055.0015
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