CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Une rumeur se répand ces dernières années. Des ingénieurs, entrepreneurs et multimillionnaires philanthrocapitalistes révolutionneraient la pensée depuis la Silicon Valley. Ils promettent monts et merveilles, mâchent des idées parfois déconcertantes qui empruntent à la science-fiction ou se prévalent de spiritualitésNew Age, de même qu’ils anticipent sur des mondes futurs où la technologie de pointe, les robots et l’innovation « disruptive » génèreraient des profits pour l’Humanité toute entière. Ces pensées oraculaires jouissent d’une certaine aura dans les milieux sociaux et politiques obsédés par l’économie de la « connaissance » et la rupture par l’innovation. Sur les scènes de l’événementiel « d’idées », dans les salons et les séminaires d’entreprise, les influenceurs en tweets se substituent ainsi aux intellectuels en tweed, livrant despunch-lines et des pensées-slogans à consommer à court terme – car ces denrées mentales sont périssables. C’est cette catégorie hétérogène et émergente d’agents d’une doxa aujourd’hui dominante que je propose de mettre en perspective dans cette note prospective. Par touches successives, je mettrai en perspective un style d’intervention et les contours d’une offre symbolique, à partir d’un échantillon non exhaustif, mais évocateur.

Pensées de la Vallée

2Les grands récits et slogans de la « pensée de la Silicon Valley » [1] circulent de blogs en tweets, des pages « culture » de la presse généraliste en essais de gare, de « présentations » au format « TEDx » en « executive programs » proposés par des universités en recherche de profits rapides. Des mots-clés sous copyright, associés à une nébuleuse de discours optimistes et d’idéologies plus ou moins élaborées sur le devenir du monde contemporain, en facilitent le classement sur les étals des magasins et librairies universitaires,entre les t-shirts siglés et les sodas. C’est le cas du mot-valise « transhumanisme », prisé par les « évangélistes » de l’hypothétique « singularité technologique » [2], ce moment théorique où l’homme et la machine mue par l’intelligence artificielle ne feraient plus qu’un. Ces spéculations attirent des spectateurs désireux de se familiariser à l’univers des « idées à impact » et qui-changent-le-monde ; d’être de ce mouvement sans alternative possible, sinon celle de la stagnation et de la ruine de l’Ancien Monde.

3Sous-produits du capitalisme technologique américain, dont elles accompagnent l’essor en discours, ces pensées de la Silicon Valley sont exportées sur le vieux continent. Les commentaires alternent entre la curiosité et l’inquiétude. Une « société de la démonstration » [3] émerge sur ces bases, et met à l’épreuve l’autorité d’entrepreneurs de morale en concurrence objective. Des magazines et intermédiaires culturels s’en font l’écho. Ainsi un dossier duPoint a-t-il été consacré aux « Penseurs les plus influents du monde » en août 2017 (n° 2345). On pouvait y découvrir les « textes fondamentaux » de Steve Jobs, Ray Kurzweil ou Sam Altman, en plus de réflexions sur cette « nouvelle Athènes » (sic) que constituerait « la Silicon Valley », par des penseurs-influenceurs made in France tels qu’Idriss Aberkane ou Éric Sadin [4]. En Californie comme en France, les mêmes logiques de valorisation s’observent, mais l’emballage s’adapte aux contraintes de ce « commerce des idées » [5] : comme ces biens symboliques de consommation courante sont importés, la stimulation du désir d’achat nécessite un minimum de reconditionnement. Ce que les relais – et Relay H – réalisent selon les méthodes éprouvées de la grande distribution des idées. Parce que le marché domestique est déjà encombré par des marchandises diffusées en circuit court, par exemple les pensées griffées des « intellectuels de luxe » [6] et celles, moins chics mais lucratives, des intellectuels médiatiques, les diffuseurs de la pensée « high tech » doivent redoubler d’effort pour la rendre attrayante.

4Ce merchandising profite d’une conjoncture culturelle et politique propice, à savoir l’avènement hypothétique d’une start-up nation hexagonale [7]. Cette structure d’opportunisme intellectuel encourage les agents de la pensée entrepreneuriale, jusqu’alors déclassés selon les standards du luxe intellectuel, à investir (sur) ce marché. Les conférences façon TED comme les conventions d’entreprise en sont des cadres privilégiés. Le décorum en est prévisible. Micro-cravate ajusté, tenue vestimentaire de circonstance (lecol roulé noir et le jean, à la manière de Jobs : déjà vu, mais efficace), hexisde vainqueur, PowerPoint projeté sur écran géant pour augmenter « l’expérience » : toutes ces règles sont mises en musique par des performeurs qui s’emploient à « inspirer » leur audience, selon un format qui ne tolère guère l’improvisation. La consommation, ici, fonctionne par « abonnement » (following) : l’on « suit » ces intervenants,via leur compte Twitter et/ou leur chaîne YouTube, et ce suivisme entretient des communautés de « suiveurs » qui, dans l’espace laissé libre du commentariat « 2.0 », s’obligent à « réagir » et à « aimer » (likes). Ce marché est ainsi solidaire d’une certaine économie de l’attention, de sa captation comme de sa monétisation [8]. Pour les entrepreneurs en pensées de rupture, l’objectif n’est pas tant de convaincre que d’avoir de l’« impact », à la manière d’une campagne de marketing stratégique, et de se hisser dans les classements des personnalités qui comptent et qu’il est bon d’inviter.

L’invention de l’« entrepreneur penseur »

5Le temps, c’est de l’argent, et c’est pourquoi les ultra-riches de la Silicon Valley sont si peu à s’adonner à l’écriture. Quand ils daignent apposer leur signature, ils peuvent tabler sur la prévenance de scribes ou de ghost writers. Un exemple pour donner chair à la version pensante de l’homo siliconus : Peter Thiel. Outre ses performances remarquées dans la finance de la technoscience, cofondateur de PayPal puis de l’entreprise de surveillance et de renseignement numériques Palantir, premier investisseur de Facebook, le milliardaire a signé en 2014 un best-seller, vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires [9] : Zero to One. Né en 1967, P. Thiel fait partie de ces visionnaires dont les conceptions entrepreneuriales et politiques sont pieusement recueillies [10]. Ainsi en est-il de cet essai, d’à peine 200 pages aérées, qu’un étudiant, Blake Masters – actuellement président de la Fondation Thiel –, a mis en forme à partir des notes qu’il a prises lors du cours sur les start-up que P. Thiel a donné à l’université Stanford en 2012.Zero to One livre la quintessence d’une approche de l’entrepreneuriat qui se veut plus radicale que toutes les autres. L’essentiel, ici, est contenu dans les maximes « tweetables » [11] et les catégories mises en cases et schémas de Zero to One, qu’il s’agit d’appliquer : en particulier, la recherche obstinée – et supposée contre-intuitive en Amérique – du monopole contre « l’idéologie de la compétition » (l’entrepreneur à succès a écrasé toute concurrence, tel Google), en plus de la nécessité de passer non plus d’un état 1 déjà connu à n, mais du rien à 1 par le truchement d’une technologie renversante – i. e. un businessintégral et sans partage.

6Comme d’autres entrepreneurs à succès et anciens élèves, il est invité par l’université iconique de la Silicon Valley à donner des leçons de sagesse. Inscrit en licence de philosophie à Stanford – avant de bifurquer vers le droit –, P. Thiel affiche son adhésion à la « théorie mimétique » de son mentor au département de philosophie, René Girard [12]. Il est assez ironique que l’un des « entrepreneurs penseurs des États-Unis » [13] ait été à ce point conquis par la philosophie d’un penseur français situé à la marge de l’establishmentuniversitaire de son propre pays [14], et que cette pensée « californienne » soit aujourd’hui perçue comme intéressante en France, mais passons.

7Cette « philosophie », P. Thiel l’a éprouvée lui-même, ou en compagnie d’autres figures de la Vallée. Non sans composer avec d’étonnantes contradictions. P. Thiel est un libertarien revendiqué, néo-réactionnaire hanté par le « collectivisme totalitaire » et les impôts [15]. Conservateur très isolé et controversé dans la Vallée, il l’a quittée depuis 2018 [16] après avoir soutenu la candidature de Donald Trump à la présidence en 2016. Il cherche, dans cette perspective, à détruire le monopole des institutions du système politique américain [17]. Ou encore, sans succès pour l’instant, il continue de soutenir le projet de cités libertariennes flottantes hors des eaux territoriales, à distance de la taxation des États, au service de la liberté individuelle et du capitalisme technologique, selon lui maltraités en Amérique. En attendant, il compose avec ses contradictions et s’assure les contrats massivement profitables du Pentagone, de la CIA ou des forces de police, via sa compagnie Palantir – poste avancé du capitalisme de surveillance [18].

8P. Thiel verse également dans le philanthrocapitalisme. L’intervention dans le domaine des idées est une stratégie attendue, qu’adoptent d’autres milliardaires de sa classe. Mais encore faut-il honorer ce statut improbable d’« entrepreneur penseur » : P. Thiel signe des notes de philosophie politique à prétention académique (où les références du néoconservatisme américain sont obligeamment citées, notamment Leo Strauss, Carl Schmitt,etc. [19]), médite sur l’existence de Dieu ou la mort (qu’il refuse), s’épanche sur son libertarianisme pour le think tankCato Institute [20], ou bien encore, ouvert à la contradiction, il est apparu sur scène en conversation avec l’anthropologue anarchiste David Graeber, penseur autrement moins fortuné, pour rappeler, entre autres sujets, le caractère très peu démocratique de l’univers des start-up[21].

9Chez P. Thiel, mais aussi d’autres ultra-riches de la Vallée qu’il fréquente sur les scènes de l’événementiel de la high-tech, la « pensée » est donc un discours performatif et une ressource d’auto-édification de soi en tant que visionnaire, source de sagesse, d’émulation et d’inspiration pour ses contemporains. En d’autres termes, unsupplément d’âme qu’il est bon de s’offrir en plus des autres consommations ostentatoires de la classe des « nouveaux riches » de la Silicon Valley [22], au nombre desquelles les dépenses philanthropiques jamais neutres ni sans arrière-pensée [23]. C’est ainsi une fraction plus ou moins significative du capital économique (parfois dérisoire étant donné les fortunes personnelles, d’autant plus qu’elles échappent à l’impôt) qui est reconvertie en capital de réputation et d’honorabilité culturelle [24]. Selon les codes d’une élite économique américaine en recherche de sens et de distinction, paraître sous les traits de l’entrepreneur en idées – qui ne se limite pas à signer des chèques – est une façon de rompre avec les images, décotées en dehors de la Vallée, du geekpostpubert absorbé par les codes ou du néo-riche enseveli sous ses liasses de dollars.

La pensée en digests

10Tous les entrepreneurs ne pensent pas à la manière de P. Thiel. Encore faut-il y être disposé, en percevoir l’intérêt. C’est qu’il faut être traversé par le démon de l’entrepreneuriat pour faire vivre la doxa sous la forme d’un activisme intellectuel à temps plein. Il existe certes des personnalités assez opiniâtres pour se donner corps et âme dans l’enrôlement des entrepreneurs de demain.

11Sur le terrain, il est difficile d’ignorer des gens aussi proactifs que Peter Diamandis, autre technoprophète de la singularité technologique, dont les nombreuses « aventures » entrepreneuriales depuis la fin des années 1980 se veulent l’application des préceptes qu’il codifie dans ses interventions scéniques aux titres aussi interchangeables qu’accrocheurs. Parmi les essais qu’ilpromeut depuis la Singularity University à Mountain View, tous en cosignature avec le journaliste Steven Kotler [25],Abundance : The Future Is Better than You Think (2012), Bold : How to Go Big, Create Wealth and Impact the World (2015), The Future Is Faster than You Think (2020). Avec l’entêtement du visionnaire qui pense avoir trouvé la clé universelle, il expose les principes de la « technologie exponentielle », spécule sur les grandes percées et promesses de l’avenir (blockchain, intelligence artificielle, réalité virtuelle, biologie digitale, etc.), et met en forme un discours viscéralement optimiste : celui d’un « Nouveau Monde » ouvert à de nouvelles parts de marchés grâce à la technologie qui sauve et résout tous les problèmes, jusque dans le cosmos où P. Diamandis, pionnier du « New Space » entrepreneurial, rêve d’implanter durablement l’esprit de la libre entreprise. Sur le site Internet de l’entrepreneur-mentor, le prospecteur intéressé pourra approfondir les leçons et interagir avec la « communauté » des membres du réseau organisé autour des idées de P. Diamandis. La maîtrise de l’abondance a néanmoins un coût : 15 000 dollars pour une adhésion à l’année au programme Abundance 360, ce qui inclut l’inscription à une convention interne et l’accès illimité au site [26].

12P. Diamandis fait partie de ces « techno-évangélistes » qui prennent de leur temps d’entreprise pour se faire role models. La plupart des entrepreneurs influents se contentent, eux, d’apparaître sur les scènes de l’événementiel « siliconien ». Et charge à d’autres de relayer leurs vues dans les supports ordinaires de la « culturehigh-tech », comme le magazine Wired. Sur ces scènes, les entrepreneurs pensent à voix haute, ils entrent dans des « conversations », et les idées qu’ils expriment peuvent ensuite être retraduites dans des guides de bonnes pratiques entrepreneuriales, qui sont censées fonctionner aussi comme autant de leçons de vie et de spiritualité. C’est ainsi qu’abonde une industrie de la paraphrase des déclarations des patrons de Google, d’Elon Musk, de Jeff Bezos, etc. Un simple sondage dans les bases bibliographiques atteste du caractère exponentiel de cette technologie « littéraire ».

13Pour autant, comment apprécier leur « impact » ? Il n’est pas dit, en effet, que ces discours fassent plus qu’ajouter au vocabulaire usuel pour dire les transformations du monde contemporain. Cela dit, les indices d’une percolation idéologique s’observent dans les strates supérieures des élites économiques et politiques des États-Unis, auxquelles les visionnaires tendent un miroir flatteur. En la matière, les enragés de l’anarcho-capitalisme et du libertarianisme ne sont pas les plus véhéments. Le journaliste Thomas Frank a décrit la rencontre des progressistes de centre gauche démocrate et l’idéologie des entrepreneurs de la « classe créative » ou « de la connaissance » [27]. Le modèle de vertu est incarné par Eric Schmidt, patron de Google, le philanthrocapitalisme est érigé en nouvel humanisme, les « inno-crates » inspirent les politiques publiques-privées (et privées de public) de soutien à l’économie, et un ancien président, hier source d’espoir dans l’Amérique dévastée par deux mandats républicains, peut confier à la presse sa passion de la Silicon Valley en général, et du capital-risque en particulier [28]. Ainsi la banalisation de la vulgate entrepreneuriale s’accomplit-elle dans toutes les classes sociales et participe-t-elle d’une certaine ambiance culturelle. Néanmoins, si le mythe du self-made man entrepreneur de lui-même a la vie dure et expose les plus humbles à l’illusion d’une ascension sociale pour peu qu’ils se plient à l’aventure émancipatrice de l’entreprise capitaliste, le constat est dirimant d’un accès socialement déterminé à ces « opportunités ». Il ne suffira pas de croire dans l’abondance pour la rencontrer. Encore faudra-t-il débourser des milliers de dollars pour savoir la dénicher.

14Ainsi ces figures de l’homo siliconus entrent-elles en concurrence mais convergent dans une même idéologie, faisant miroiter les promesses d’un avenir prospère, où le rêve de l’Amérique exceptionnelle est prolongé jusqu’à l’extrême.

Les habits neufs de la néophilie : la vue depuis la France

15La fascination de la Silicon Valley n’est pas une nouveauté en France, et c’est pourquoi il est d’ailleurs étonnant de constater pourtant l’emprise de cette mythologie. L’affaire est connue : une première génération de produits a circulé au cours des années 1980, au moment où la révolution technique de la micro-informatique, accélérée par les innovations industrielles et la force de vente de la Silicon Valley, commence à prendre et à s’installer dans les entreprises tertiarisées. Les technoprophètes à la Steve Jobs sont alors placés sur un piédestal, ils incarnent l’esprit d’entreprise, le « nouvel esprit » d’un capitalisme invariablement prédateur [29]. La presse de cadres supérieurs et de créateurs d’entreprise ne cesse pas d’activer les stéréotypes de l’entrepreneur à qui tout réussit, fait preuve d’une audace décontractée, se place à l’envi selon les opportunités, et sait jouer des codes pour faire prospérer ses modèles d’affaires. La figure de l’entrepreneur de la Silicon Valley, autant à l’aise dans la conception technique que le réseautage, le montage financier du capital-risque que l’autopromotion, s’insinue avec d’autant plus d’insistance qu’elle est perçue à distance et sur papier glacé.

16Le récit enjôleur de ces aventures, de ces « ventures », augmenté des faits d’armes des firmes et des grands « visionnaires » de la Vallée [30], vient surligner par contraste la péremption des « modèles » qui prévalent en Europe, à commencer par le « modèle français ». De quoi casser l’ambiance.Ce qui marque dans ces récits – leur contenu, de même que le souffle entrepreneurial qui les anime –, c’est qu’ils persévèrent selon une même trame depuis les années 1980. Les mêmes lieux communs confortent une doxaeuphémisée sous l’apparence d’une « culture » relativement homogène, qui prendrait une partie de ses ingrédients dans la contre-culture nord-californienne des années 1960-1970 [31] – ce qui la rend subversive, à l’image donc du créateur-destructeur d’entreprise, l’entrepreneur « en série ».

17Ainsi ce marché des idées de la Silicon Valley est-il en croissance spectaculaire. Parmi les pistes à creuser pour en saisir la dissémination : l’émergence parallèle de contre-pensées et de critiques plus ou moins radicales. Celles-ci émanent de personnes pour certaines engagées dans le milieu de la haute technologie, insiders déniaisés et revenus de leurs anciennes aspirations. Cette offre de critiques s’est étoffée avec le temps, elle occupe les mêmes rayons de librairie que la pensée complaisante de la « disruption » technologique. Elle s’est institutionnalisée, fait partie du paysage. Ça n’est pas un paradoxe que ces analyses soient prisées dans la Baie de San Francisco et partout dans le monde où circule l’idiome de la tech : l’endogénéisation de la critique est une recette vieille comme le monde.

18C’est d’ailleurs tout l’intérêt, mais aussi la difficulté, d’une sociologie de ces pensées et contre-pensées : d’observer ces développements à bonne distance critique, tout en anticipant les instrumentalisations, si courantes dans le domaine de la sociologie de l’innovation technologique [32].

Notes

  • [1]
    Pour alléger, je n’utiliserai plus les guillemets dans la suite de l’article, mais on aura compris que ce syntagme est à prendre avec des pincettes.
  • [2]
    Franck Damour, « Le mouvement transhumaniste. Approches historiques d’une utopie technologique contemporaine »,Vingtième siècle, n° 138, 2018, pp. 143-156.
  • [3]
    Claude Rosental, La société de démonstration, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant, 2019.
  • [4]
    Sur ses essais, je me permets de renvoyer à Arnaud Saint-Martin, « Gold Flush : d’un prêt-à-penser la Silicon Valley », Zilsel, n° 1, 2017, pp. 371-389.
  • [5]
    Louis Pinto (dir.), Le commerce des idées philosophiques, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, 2009.
  • [6]
    Louis Pinto, « Pour une sociologie des intellectuels de luxe », Savoir/Agir, n° 47, 2019, pp. 97-107.
  • [7]
    Voir, pour une analyse empathique mais nuancée, incluant des recommandations pour les administrateurs politiques du « rêve macronien d’une France peuplée de licornes » (p. 252), Denis Lacorne, Tous milliardaires ! Le rêve français de la Silicon Valley, Paris, Fayard, 2019.
  • [8]
    Yves Citton, Pour une écologie de l’attention, Paris, Seuil, 2014.
  • [9]
    Si l’on en croit Blake Masters, le « co-auteur »(https://blakemasters.com/peter-thiels-cs183-start-up, accédé le 8 janvier 2019).
  • [10]
    Voir ces portraits : Fabien Benoït, « Peter Thiel, l’homme qui voulait achever la démocratie », Usbek & Rica, 17 juillet 2018 ; Martin Untersinger. « Peter Thiel, fondateur de PayPal, rêve d’un monde sans politique »,Le Monde, 1er juin 2015.
  • [11]
    Derek Thompson, « Peter Thiel’s Zero to One Might Be the Best Business Book I’ve Read »,The Atlantic, 25 septembre 2014.
  • [12]
    Ce serait en application de cette théorie du désir mimétique que P. Thiel aurait investi dans les premières heures de Facebook (Geoff Shullenberg, « The Scapegoating Machine »,The New Inquiry, 30 novembre 2016). Dans le cadre de sa fondation, il a également aidé à la création, avec R. Girard, du projet « Imitatio » en 2007. Parmi les membres de cette structure offrant des bourses pour la recherche « girardienne », Jean-Pierre Dupuy, toujours en poste à Stanford, président de la recherche chez Imitatio, « catastrophiste éclairé ». Il est arrivé que ce dernier prenne le temps de commenter les pensées de P. Thiel, ce qui n’est sans doute pas rien en termes d’ennoblissement philosophique (Jean-Pierre Dupuy, « De la certitude d’être surpris »,Esprit, n° 11, 2009, pp. 47-55).
  • [13]
    C’est dans ces termes que la maison Jean-Claude Lattès caractérise P. Thiel (quatrième couverture de la traduction française, parue en 2016).
  • [14]
    Sur l’œuvre de R. Girard, voir l’essai décapant de René Pommier, René Girard, un allumé qui se prend pour un phare, Paris, Kimé, 2010.
  • [15]
    Laura Raim, « La “Nouvelle droite” américaine. Les défenseurs du peuple blanc contre la démocratie », Revue du Crieur, n° 5, 2016, pp. 36-51.
  • [16]
    James F. Peltz, « Peter Thiel, retreating from Silicon Valley’s tech scene, is moving to L.A. »,Los Angeles Times, 15 février 2018.
  • [17]
    Fabien Benoït, « Peter Thiel, l’homme qui
    voulait achever la démocratie », art. cit.
  • [18]
    Damien Leloup, « Palantir, l’embarrassant poisson-pilote du big data », Le Monde, 9 octobre 2018.
  • [19]
    Peter Thiel, « The Straussian Moment », inRobert Hamerton-Kelly (éd.), Politics and Apocalypse, East Lansing, Michigan State University Press, 2007, pp. 189-218.
  • [20]
    Peter Thiel, « The Education of a Libertarian », Cato Unbound : A Journal of Debate, 13 avril 2009, https://www.cato-unbound.org/2009/04/13/peter-thiel/education-libertarian.
  • [21]
    Jennifer Schuessler, « Still No Flying Cars ? Debating Technology’s Future », The New York Times, 21 septembre 2014.
  • [22]
    Marc Abélès, Les nouveaux riches. Un ethnologue dans la Silicon Valley, Paris, Odile Jacob, 2002.
  • [23]
    Evgeny Morozov, « Vous avez dit philanthrocapitalisme ? », Silicon Circus. Les blogs du Diplo, 26 octobre 2016, https://blog.mondediplo.net/2016-10-26-Vous-avez-dit-philanthrocapitalisme.
  • [24]
    Thomas Depecker, Marc-Olivier Déplaude et Nicolas Larchet, « La philanthropie comme investissement. Contribution à l’étude des stratégies de reproduction et de légitimation des élites économiques », Politix, n° 121, 2018, pp. 9- 27.
  • [25]
    Il faudrait plutôt dire « écrits par S. Kotler et cosignés par P. Diamandis ».
  • [26]
    Il en coûtera 15 000 dollars de plus pour bénéficier d’une adhésion premium, qui inclut une discussion de 4h avec P. Diamandis et quelques autres goodies. Brochure accessible à l’adresse : https://www.flipsnack.com/abundancedigital/a360-website-brochure/full-view.html, consulté le 10 janvier 2020.
  • [27]
    Thomas Frank, Pourquoi les riches votent à gauche, trad., Marseille, Agone, 2018.
  • [28]
    Ibid., pp. 352-353.
  • [29]
    François Cusset, La décennie. Le grand cauchemar des années 1980, Paris, La Découverte, 2006, pp. 286-309.
  • [30]
    Parmi les références, Jacques Gauchey, La vallée du risque : Silicon Valley, Paris, Plon, 1990. Hasards des achats d’occasions, l’exemplaire de l’essai que je possède, et qui inclut un chapitre sur les Français qui « réussissent » dans la Silicon Valley, est signé par l’auteur depuis le campus Sophia-Antipolis – une autre Silicon Valley « à la française » – à l’adresse d’une lectrice : « Un souffle de créativité en provenance de Californie ».
  • [31]
    Fred Turner, Aux sources de l’utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d’influence, trad., Caen, C & F Éditions, 2013.
  • [32]
    Voir Jérôme Lamy et Arnaud Saint-Martin, « Sociologie de l’innovation scientifique et technique : un panorama historique et quelques hypothèses critiques », in Ivan Sainsaulieu & Arnaud Saint-Martin (dir.),L’innovation en eaux troubles. Sciences, techniques, idéologies, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant, pp. 51-87.
Arnaud Saint-Martin
CNRS, CESSP
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 13/05/2020
https://doi.org/10.3917/sava.051.0079
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