CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1L’effacement progressif du monde classique à l’époque romantique se montre à plusieurs signes qui annoncent une nouvelle manière d’écrire, de communiquer et peut-être même de vivre [1]. Le romantisme découvre entre autres un rapport nouveau liant et déliant la voix et le texte qui aura des répercussions culturelles multiples préparées par le lent déclin de la poétique classique centrée sur la parole discursive. Ainsi, au modèle rhétorique de « la littérature-discours » hérité de la culture orale et antique, le romantisme oppose, selon les termes d’Alain Vaillant, une « littérature-texte » qui « se marque par l’effacement du modèle discursif et par l’impersonnification de l’écriture » qui fait de la littérature non plus « un discours donné à entendre », mais « un texte à lire, un réseau de signes soumis à l’herméneutique silencieuse du lecteur [2] ». Dans ce passage d’une communication discursive à une communication textuelle, l’effacement stratégique du locuteur dans l’échange de signes présente des conséquences inattendues et perceptibles dans les transformations à vaste échelle que manifeste le romantisme entendu comme phénomène culturel global excédant la somme de ses parties [3]. Ce moment majeur de l’histoire culturelle se révèle ainsi comme celui-là même de l’avancée de la notion moderne de culture [4] dans laquelle importent moins ses différents aspects que leurs liens. La communication romantique s’établit en ce sens entre un lecteur silencieux et un auteur d’autant plus sacré qu’en passe de s’absenter. Elle donne cependant à lire en contrepartie un imaginaire de l’efficacité communicationnelle tenant du fantasme d’un contact immédiat et tout-puissant entre les deux bouts du fil de la communication, notamment dans l’avènement de la métaphore électrique, disponible depuis les découvertes scientifiques du siècle des Lumières et mise à profit à l’époque romantique où s’invente l’image d’une nouvelle circulation de la parole entre les hommes au moment même où les pouvoirs imaginaires de l’électricité cèdent le pas à la science naissante et conquérante. L’avènement de la métaphore électrique correspond et répond ainsi à cette chute imaginaire dans un monde de prose dans lequel l’écrivain romantique tente de rappeler au langage la mémoire culturelle d’une puissance, celle du pouvoir magique de l’électricité, qui n’existe dorénavant presque plus qu’en dehors des fétiches de langage, de culture et de papier où elle s’est réfugiée.

Du spectacle à la métaphore

2Avant d’en venir directement aux métaphores empruntées au domaine électrique par les écrivains du XIXe siècle, un bref détour par l’histoire de l’électricité s’avère nécessaire afin de bien mettre en relief la dépression symbolique occasionnée par l’explication progressive du phénomène électrique. Le magnétisme, entendu comme la propriété de la pierre ambrée à aimanter certaines matières, est connu depuis l’Antiquité et a donné lieu, entre autres, à l’idée de l’aimantation platonicienne des esprits par la divinité [5], selon un schéma appelé à une longue carrière qui verra se séparer progressivement le magnétisme et l’électricité proprement dite. Les découvertes reliées à l’électricité n’ont pas donné lieu avant la fin du siècle des Lumières à une théorie générale de ce phénomène physique encore mal connu à l’époque et que l’on appelle toujours « fluide », comme s’il s’agissait d’une énergie vitale contenue dans le corps animal et humain, à la manière du phlogistique, cette substance inexistante, fiction préscientifique, censée se consumer dans la combustion d’une matière.

3En dehors des cercles savants directement intéressés à l’électricité, elle semble une sorte de nouvelle magie, ou du moins elle fait partie des causes non encore élucidées. On rangeait dans la rubrique de ce que l’on appelait alors « les prodiges de l’électricité » les manifestations étranges plus ou moins reliées à cette découverte inquiétante : le verre incandescent de Jean Picard, la charge électrique des poissons torpilles de Walsh, la bouteille de Leyde, premier condensateur permettant à répétition la fameuse « commotion électrique » qui connaîtra une grande fortune dans le monde littéraire romantique, la grenouille « ressuscitée » par Galvani qui frappa si fortement les esprits, etc. On ne compte plus les exemples par lesquels l’électricité est présentée en spectacle au public à une époque qui n’a pas encore découvert ses possibles applications qui transformeront, moins d’un siècle plus tard, tant d’aspects de l’existence humaine en même temps qu’ils se banaliseront au point d’intégrer le quotidien le plus commun.

4L’électricité est au XVIIIe siècle un artifice « scientifique » parmi d’autres qu’il s’agit soit de tenter de comprendre, comme le veulent les Encyclopédistes qui hésitent entre la théorie du « feu électrique » et celle de la matière électrique, soit de rejeter avec la civilisation, comme le fait par exemple Jean-Jacques Rousseau quand il déclare qu’« un sauvage ne tourneroit pas le pied pour aller voir le jeu de la plus belle machine, et tous les prodiges de l’électricité [6] ». Rousseau souligne de cette manière que l’électricité n’est pas encore perçue comme faisant partie de la nature, mais plutôt comme une sorte de phénomène de foire pour une société en mal d’amusement. À l’opposé toutefois, l’invention du paratonnerre par Benjamin Franklin au mitan du siècle fait figure de conquête pour les hommes des Lumières qui voient dans cette avancée une preuve incontestable du bien-fondé du matérialisme. L’électricité devient alors un enjeu culturel majeur : s’agit-il d’une manifestation naturelle ou surnaturelle, permet-elle une communication avec le monde des phénomènes ou avec l’invisible ? Oscillant entre météorologie et théologie, le commentaire sur l’électricité se change en une prise de position souvent politique au tournant des Lumières. On retrouve des échos de cette discussion d’un bout à l’autre du XIXe siècle, des Soirées de Saint-Pétersbourg de Joseph de Maistre où le chevalier et le comte s’escriment à son sujet [7], jusqu’à la cosmologie hugolienne de la dernière période qui fait de l’électricité une force située à la frontière de la matière [8], à la fois objet de science et d’occultisme, en passant par Senancour, pour qui tout ceci n’est que billevesées [9], et Stendhal, qui à l’inverse l’érige en exemple de l’ignorance d’avant l’avènement des Lumières [10] ou Chateaubriand qui range pêle-mêle les découvertes sur l’électricité et toute l’histoire du matérialisme [11]. Si la présence de la question électrique ne change rien, au fond, aux débats entre les tenants du matérialisme et ceux du spiritualisme, son effet semble plutôt relever, déjà, d’une dynamisation sans précédent des échanges entre les deux camps, comme si cette apparition soudaine dans le champ culturel faisait passer un courant nouveau par lequel les oppositions idéologiques se retrouveront soudainement rapprochées et neutralisées par une force métaphorique inattendue.

5La question de l’électricité et de sa signification occupe en ce sens une place de choix dans la culture scientifique et littéraire du XIXe siècle. C’est avec le développement des connaissances sur l’électricité, notamment avec la célèbre expérience de la pile de Volta présentée à Napoléon Bonaparte, que le siècle commence et que la distinction entre électricités statique et dynamique fait en sorte que science et littérature vont prendre deux voies distinctes, la première menant à la maîtrise technique de l’électricité, la seconde à une exploration de la parapsychologie électrique – que l’on pense à Frankenstein de Marie Shelley, qui popularise le mythe de l’électricité comme substance vitale. La première voie conduit à l’élaboration d’une science de l’électricité au nom de laquelle seront battues en brèche les croyances reliées aux phénomènes électriques et inventées les techniques modernes déployées grâce à la maîtrise de la conduction, de la condensation et de la reproduction de l’énergie électrique, jusqu’à la découverte de l’électromagnétisme dans la seconde moitié du XIXe siècle, voie ouverte par Ampère, Faraday et Maxwell. Ce développement scientifique affecte la représentation de l’électricité, dont les prodiges passent de substituts magiques à simples merveilles scientifiques parfaitement explicables. Une tendance historique lourde pousse de cette façon l’électricité du côté des phénomènes naturels au détriment d’une interprétation spiritualiste. Ainsi, dès 1829, la croyance aux prodiges de l’électricité est prise à parti dans l’essai du député libéral Eusèbe Salverte sur les Sciences occultes ; ou Essai sur la magie, les prodiges et les miracles[12]. Symptomatique du changement qui s’opère alors, cet ouvrage a précisément pour but de faire progresser « la civilisation » afin de réduire à l’état de mythologies infondées les récits merveilleux entourant, entre autres, ce qui n’est au fond que manifestations des propriétés de l’électricité. Dès lors, l’électricité se change en un phénomène matériel dont la valeur artistique croît en proportion de la diminution de son mystère scientifique. C’est à ce point précis que s’effectue la translation qui voit les prodiges de l’électricité quitter le terrain pseudo-scientifique pour le champ quasi exclusif du langage littéraire. Cette promotion de l’électricité est aussi une destitution en ce qu’elle échange dans ce passage au siècle de fer son aura parascientifique contre un incertain pouvoir culturel et littéraire.

6La forte présence de la métaphore électrique à l’époque romantique présente en ce sens un cas très intéressant de recyclage culturel de théories scientifiques effectué dans le but de donner forme à l’intuition d’une communication nouvelle à laquelle le romantisme puisera abondamment. Présente dans la culture romantique dès ses premières manifestations et apparaissant souvent et dans des lieux hautement stratégiques du monde littéraire, la métaphore électrique surprend par l’ampleur et l’efficacité de son utilisation. Chateaubriand compare dans son Essai sur les révolutions la Révolution française à l’énergie électrique [13] et, dans son Discours de réception à l’Académie française, Alfred de Vigny place le romantisme sous le signe de cette énergie de communication générée par la métaphore électrique : à l’avènement du romantisme, dit-il, « les arts ont ressenti profondément cette commotion électrique [14] ». Ce passage de la secousse électrique de la bouteille de Leyde dans le champ métaphorique des écrivains romantiques montre de manière exemplaire le chemin parcouru en quelques décennies : l’électricité n’est plus expérimentée en commun, en se tenant main dans la main et formant ainsi une communauté en présence qui, du Classicisme aux Lumières, reliait aussi les parties de la communication littéraire orale, mais elle devient une expérience esthétique faite en solitaire dans le seul milieu abstrait du langage. Elle surmonte ce faisant les forces antagonistes en présence, mais elle perd du même coup sa véritable efficace sur les esprits pour se changer en procédé argumentatif ou en matière à développement philosophique.

7Hegel fait ainsi de l’électricité l’exemple parfait d’une négativité qui se surmonte dialectiquement elle-même, dans le rapport entre les courants positif et négatif, pour créer une nouvelle positivité [15]. Balzac n’est pas en reste, qui se donne pour projet, avec sa Comédie humaine, « de populariser les faits étonnants, je puis dire les prodiges de l’électricité qui se métamorphose chez l’homme en une puissance incalculée [16] ». L’électricité gagne aussitôt en amplitude tout le terrain qu’elle cède aux réalités des découvertes. Balzac fait de Louis Lambert le héros génial de la passivité électrique, créateur passif de ce que le courant actif de l’électricité nerveuse (et animale [17]) laisse imprimer en lui. Pour Balzac, ou pour son personnage, « ici-bas, tout est le produit d’une substance éthérée, base commune de plusieurs phénomènes connus sous les noms impropres d’Électricité, Chaleur, Lumière, Fluide galvanique, etc. [18] ». L’électricité se change en un fluide vital équivalant à la vie elle-même dont la notion a été fortement marquée par l’héritage de la métaphysique aristotélicienne qui rabattait la vie sur l’âme, ce qui est doué de vie étant considéré comme animé. La disjonction de ces deux notions de vie et d’âme donne forme chez Balzac, qui s’inspire du débat entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire portant sur l’évolution des espèces et l’unité du fluide vital, à un transfert des connaissances sur l’électricité. Remplaçant l’ancienne adéquation aristotélicienne entre vie et âme, Balzac électrifie la vie : vie et fluide électrique se confondent alors, ce qui circule sous les formes visibles que recense La Comédie humaine se confond à l’énergie électrique de ce qui demeure invisible et constitue la force sous-tendue par les formes du bios et auquel s’oppose la zoé pure du vitalisme balzacien. C’est dire que l’électricité se donne comme une métaphore importante du monde de Balzac et que son courant circule à travers toutes les parties de La Comédie humaine à l’image de tout le courant romantique. La disponibilité de la métaphore électrique et son extrême adaptabilité servent de cette façon l’idée romantique d’une communication sinon supérieure, du moins renouvelée.

8Dès que l’on y porte une attention soutenue, la question culturelle de l’électricité semble traverser le moment romantique de part en part. Banalisée par la science du XIXe siècle, cette énergie prosaïque de l’électricité vivifie néanmoins la prose romantique en suivant au moins trois axes : réflexif, transcendantal et politique. Ainsi, elle sert d’abord à désigner la communication en tant que telle, notamment l’échange littéraire entre auteur et lecteur, comme lorsque Victor Hugo l’emploie pour décrire le rapport liant le poète à ses lecteurs choisis comme « d’intimes rapports et des communications, pour ainsi dire, électriques [19] ». La littérature elle-même, le rapport entre auteur et lecteur à l’ère du texte, se voit placée par Hugo sous le signe de l’électricité et de sa communication imaginaire. Elle a aussi pour fonction de montrer à l’œuvre une communication entre l’homme et les forces supérieures, ce qui permet à Stendhal de peindre la sublime barbarie des peuples italiens non encore « civilisés » lorsqu’il note que « quand le temps menaçait d’un orage, leur figure, comme agitée d’avance par le fluide électrique, avait un aspect bouleversé [20] ». On sait tout ce que Stendhal tirera de cette barbarie supposée des hommes du Sud et de l’Italie en particulier [21], où il voit un réservoir de naturalité face à l’Europe civilisée. L’électricité, force naturelle s’il en est, se trouve donc pour Stendhal dans la patrie du naturel, révélant ainsi toute une géopolitique de l’électricité. Enfin, la métaphore électrique a une dimension politique, qui transparaît par exemple chez Joseph de Maistre, qui note, dans ses Considérations sur la France, que « le soldat, qui n’est pas électrisé par son officier, est encore plus découragé [22] ». Car si la contre-Révolution a tant fustigé l’image de l’électricité comme symbole du progrès, elle ne s’est pas privée pour autant de l’utiliser à ses fins, notamment en faisant du fluide électrique une communication politique reliant les différentes parties sociales, rejoignant d’ailleurs en cela certaines vues stendhaliennes sur l’énergie napoléonienne nécessaire à la cohésion militaire. En suivant ces trois axes dans le corpus romantique, du premier romantisme au Symbolisme, on aperçoit ainsi au passage que l’électricité trouve malgré tout une certaine efficacité sociale, mais elle se transforme entre-temps en ce que certains appelleraient sans doute un jeu de langage.

Une communication électrique

9Inspirée par les spectaculaires expériences du siècle précédent portant sur la conductibilité de l’électricité au moyen d’une chaîne humaine, la métaphore électrique sert tout naturellement à la désignation de la communication en tant que telle, par exemple pour Mme de Staël chez qui la métaphore vient tout naturellement pour désigner « cette électricité tout-à-fait inconcevable, que les hommes se communiquent les uns aux autres par les sentiments vrais qu’ils éprouvent ensemble [23] ». Mieux encore : l’électricité devient une métaphore essentielle à toute communication, puisque « les hommes réunis ne se communiquent qu’à l’aide de cette électricité [24] », comme si la métaphore électrique prenait une telle ampleur qu’il devenait difficile à l’époque romantique de penser l’échange humain sans avoir recours à sa conductibilité. Mais ce n’est pas seulement l’enthousiasme ou les sentiments exaltés que recouvrent les expressions reliées à l’électricité, mais aussi, plus spécifiquement, la communication artistique elle-même, comme le montre par exemple dans L’Homme qui rit la représentation théâtrale de la pièce Chaos vaincu à laquelle assiste sans prévenir une duchesse charmée par la monstruosité de Gwynplaine : « Peut-être y eut-il dans la salle, à cause de la radieuse spectatrice, quelquefois le spectateur s’ajoute au spectacle, un surcroît d’électricité [25]. » La circulation électrique des sentiments affecte d’un coefficient supérieur de communication un moment de plaisir esthétique partagé, non plus seulement dans le seul à seul de la communauté des amants staëliens, mais, de manière plus large, dans la communauté théâtrale ouverte à tous et chacun, celle de l’existence sociale dans laquelle se retrouve aussi bien des duchesses que de pauvres hères. L’électricité tient ici lieu de mythe romantique du pouvoir de la création collective, de la « symphilosophie » schlégélienne pourrait-on dire, adaptée à la modestie de la roulotte de Gwynplaine mais cependant magnifiée par la présence de la noblesse.

10Tandis qu’à l’inverse, cette communication peut échouer et se voir court-circuitée dans le cas d’une non-réciprocité. C’est ce qui se produit dans les Illusions perdues de Balzac où Lucien de Rubempré tente de réciter ses poèmes à une assemblée de nobles provinciaux avec lesquels le courant ne passe manifestement pas. Le narrateur explique cet échec par le fait qu’« il doit se faire entre le lecteur et l’auditoire une alliance intime, sans laquelle les électriques communications des sentiments n’ont plus lieu. Cette cohésion des âmes manque-t-elle, le poète se trouve alors comme un ange essayant de chanter un hymne céleste au milieu des ricanements de l’enfer [26] ». Scène capitale de l’histoire de la métaphore électrique que celle de l’échec de la communication entre Lucien et les nobles d’Angoulême, car elle met explicitement au jour un défaut de la communication littéraire orale à l’époque romantique. Ce roman de la médiation littéraire par l’industrie du texte (maisons d’édition, journaux, publicité, etc.) met en scène le court-circuit de la parole électrique au moment où l’oralité littéraire s’estompe et où il devient nécessaire de lui inventer d’autres circuits de communication. Si l’électricité de la voix ne passe plus, il lui faut alors se changer en électricité de papier, en image littéraire, et emprunter la voie indirecte du livre et du monde de la presse et de l’imprimerie qui constitue l’objet d’Illusions perdues.

11La parole devient conséquemment l’objet privilégié de la transposition des termes électriques dans le champ littéraire de l’époque romantique, qui n’a de cesse de comparer l’effet de la communication orale à la secousse électrique, rappelant ainsi toujours et encore la fameuse expérience de la bouteille de Leyde, fondatrice de l’imaginaire romantique de l’électricité. Théophile Gautier fait ainsi de la lettre manuscrite un véritable substitut de la parole vive toute chargée d’électricité : « C’est qu’une lettre est une âme visible ; c’est que la passion a traversé de son fluide électrique cette vaine feuille et lui a communiqué la vie [27]. » Dans cette lutte entre la vie et la mort, l’électricité de la passion est clairement du côté de ce que Barbey d’Aurevilly qualifie de « vivante électricité [28] » et qui anime la parole d’une énergie que n’ont pas les restes défunts des traces écrites. La parole est à ce titre l’un des comparés privilégiés par les écrivains romantiques usant du comparant électrique. Les paroles électriques résonnent par exemple dans l’œuvre romanesque de Victor Hugo, aussi bien dans Notre-Dame de Paris[29] que dans les Misérables[30]. Tout se passe de cette façon comme si la croissance de l’emploi de la métaphore électrique était inversement proportionnelle à l’amenuisement de l’oralité littéraire : plus les occurrences de l’électricité métaphorique se multiplient, plus se constitue la culture du texte décrite par Alain Vaillant.

Un silence électrisé

12Cependant, la communication par l’absence de paroles est encore plus foudroyante dans l’imaginaire romantique qui intègre l’électricité à sa palette descriptive, par exemple dans « l’expression électrique [31] » d’un sourire que remarque Vigny ou dans la monstruosité de Mirabeau, dont la « tête avait une laideur grandiose et fulgurante dont l’effet par moments était électrique et terrible [32] ». À l’époque décrite par Jacques Rancière comme celle de la parole muette [33], il semble que l’électricité figure à merveille ce hiéroglyphe qui inscrit la parole dans le corps comme un signe supérieur. Le pouvoir de l’électricité dépasse donc celui de la parole en ce qu’il donne lieu à une sorte d’écriture perlocutoire, à tout le moins à une communication généralisée à toute la sphère humaine, ouverte, comme le veut le topos réactivé sous le romantisme, au grand livre de Dieu – au point où Balzac se questionne : « La nature morale a-t-elle donc, comme la nature physique, ses communications électriques [...] [34] ? » Le pouvoir descriptif de l’électricité touche donc autant la parole que la dimension psychologique des personnages, chez Hugo notamment pour qui « le for intérieur a, comme la nature externe, sa tension électrique [35] » et qui décrit par exemple « l’évocation électrique [36] » qui se fit en Gwynplaine ou encore la psychologie des hommes de génie, pareils à « deux fluides sur la batterie ; il faut les mettre en contact pour qu’ils vous donnent la foudre [37] ». Le modèle électrique fournit donc un champ métaphorique nouveau autant à la communication traditionnelle, orale et explicite, qu’à celle que devine l’époque romantique, cachée sous les manifestations positives de la vie, langage du corps et des éléments traversant le champ de la conscience avec force et qui sera transposé à la culturelle textuelle naissante.

13La suggestion érotique a aussi recours à la métaphore électrique pour évoquer un rapport de communication muet et intense qui passe par le corps plus que par la parole, lorsque survient par exemple un « baiser électrique [38] » ou que se déchaîne « l’électricité des natures sensuelles [39] ». La puissance électrique s’empare de ce qui borde le champ rationnel et scientifique de l’homme romantique et, logiquement, sert aussi bien à désigner le monde animal (le « corps électrique [40] » du chat de Baudelaire), que l’animalité en l’homme, c’est-à-dire la sexualité, en particulier féminine, toujours susceptible de surgir au beau milieu d’une description, comme c’est le cas chez Musset, dont l’évocation de la sexualité féminine ne peut se passer de la force suggestive de cette métaphore décidément aussi labile qu’omniprésente : « Mais quel est l’homme qui croit avoir vécu, s’il nie la puissance des femmes ? s’il n’a jamais quitté une belle danseuse avec des mains tremblantes ? s’il n’a jamais senti ce je ne sais quoi indéfinissable, ce magnétisme énervant qui, au milieu d’un bal, au bruit des instruments, à la chaleur qui fait pâlir les lustres, sort peu à peu d’une jeune femme, l’électrise elle-même, et voltige autour d’elle comme le parfum des aloès sur l’encensoir qui se balance au vent [41] ? » Force surgissant des corps et en devenant peu à peu indépendante, l’électricité prend elle-même un corps nouveau dans l’imaginaire romantique. Chez Barbey notamment qui parle explicitement d’une « autre femme [qui] sortit de cette femme. Deux éclairs, je crois, partirent de cette épine dorsale qui vibrait en marchant comme celle d’une souple et nerveuse panthère, et je compris, par un frisson singulier, la puissance électrique de l’être qui marchait ainsi devant moi [42] ». Ce fantôme surgi du corps de femme décrit par Barbey donne figure au corps de gloire, à la fois tout-puissant et vain, de la métaphore électrique : elle traverse les frontières des vivants, mais demeure évanescente comme une parole échappée d’un corps. En poussant plus loin ce dédoublement, la métaphore électrique se fait prosopopée chez Villiers de l’Isle-Adam qui dans son Ève future crée une femme électrique et artificielle. Ici, l’électricité a pris corps, « littéralement », en même temps que sa description vient faire bouger les lignes de la littérature d’anticipation. La fée électricité, métaphore si banale aujourd’hui et déjà au XIXe siècle, trouve chez Villiers une incarnation à la fois limite et ironique au-delà de laquelle il n’y a pas de possibilité plus grande de concrétisation d’une image. En sens inverse, entremêlant aussi à sa façon les vagues croyances au magnétisme et cherchant une communication avec ce qui dépasse le sensible, Baudelaire fait de la métaphore électrique une poétique mémorielle et esthétique des « jouissances spirituelles et physiques causées par l’orage, l’électricité et la foudre, tocsin des souvenirs amoureux, ténébreux, des anciennes années [43] ». On trouve même chez le poète des Fleurs du mal, une mystique, du moins une image électrique de la puissance de la prière : « Il y a dans la prière une opération magique. La prière est une des grandes forces de la dynamique intellectuelle. Il y a là comme une récurrence électrique [44]. » Métaphore récurrente, l’électricité revient sous la plume de Baudelaire comme un souvenir qui de ce qui ne passe pas, comme une mémoire d’un autre monde, enfantin, éclairée par la lumière intermittente d’un vœu perlocutoire : « Que X soit Y [45] », selon la formule commune à la prière et à la poésie, comme si l’électricité permettait cette transsubstantiation enfouie sous la communication.

Politique électrique

14L’électricité ne désigne cependant pas seulement la communication romantique, mais étend son registre à une dimension sociale et politique déterminante dans son histoire puisqu’elle conduit tout droit à la psychologie freudienne des masses. Élargissant le cercle électrique de la communauté minimale formée par la chaîne humaine de la bouteille de Leyde, le romantisme a vu cette puissance en acte dans « l’étincelle électrique, parcourant, comme la foudre dont elle dérive, une masse d’hommes en communication [46] » et a vu en conséquence dans les « foules enthousiasmées » un « réservoir d’électricité humaine [47] ». Mme de Staël fonde en ce sens sa conception du politique sur « une sorte d’électricité communiquée par l’esprit général de la nation [48] » préexistante à « cette électricité morale qui fait éprouver le même sentiment à tous [49] ». Facteur d’unification des hommes, « l’électricité morale » est aussi pour Benjamin Constant une garantie de gouvernement des meilleurs dans un contexte démocratique : « Les gouvernements dans lesquels le peuple est de quelque chose seraient le triomphe de la médiocrité sans une sorte d’électricité morale, dont la nature a doué les hommes comme pour assurer la domination du génie. Plus les assemblées sont nombreuses, plus cette électricité est puissante [50]. » Chez Constant toutefois, l’électricité répartit également l’énergie inégalement distribuée dans la nation : elle est un facteur de civilisation avant qu’elle ne se change plus tard, dans la seconde moitié du siècle, en une métaphore de déséquilibre des esprits et des communautés.

15Mais c’est précisément cette folie qui rôde sous l’image et dont Constant se détourne qui attire nombre d’écrivains romantiques vers la métaphore électrique. Partant lui aussi de cette image « de la mise en communication du peuple avec les génies », Victor Hugo transforme de son côté « cette combinaison du cœur du peuple avec le cœur du poète » en une « pile de Volta de la civilisation [51] ». Dans cet exemple, la matrice conceptuelle fournie par l’électricité donne forme à la vision sociale de Hugo, l’électricité y est littéralement une image éclairant l’avenir. La communication politique se fait maximale quand l’électricité du peuple circule jusqu’au pouvoir, comme c’est le cas dans Notre-Dame de Paris où « Coppenole était du peuple et que ce public qui l’entourait était [aussi] du peuple. Aussi la communication entre eux et lui avait été prompte, électrique et pour ainsi dire de plain-pied [52] ». Générant une énergie de communication nouvelle, le rassemblement des hommes en une masse compacte crée une force révolutionnaire que les romantiques qualifient à l’occasion de « pétillement électrique prenant feu à la fois un peu partout [53] ». Contre toute vraisemblance, la barricade de la rue Saint-Antoine, dans Les Misérables, puisque parcourue par « un frisson électrique [54] », se change logiquement en un être vivant. La barricade est « démesurée et vivante, et, comme du dos d’une bête électrique, il en sortait un pétillement de foudres [55] ». Image vibrante de la communauté romantique, la barricade donne à lire une vie électrique passant à travers une littérature dynamisée par ce pouvoir métaphorique nouveau. Elle donne aussi corps à des forces qui demeurent encerclées dans un espace purement locutoire, mais qui se chargeront bientôt en puissances perlocutoires au tournant du siècle nouveau, alors que s’annonce une tout autre utilisation du pouvoir de la métaphore électrique [56].

16Ainsi, la métaphore électrique advient au discours romantique à la faveur d’un processus de prosification du monde, ou si l’on préfère de « désanthropomorphisation [57] » à vaste échelle, pour employer le vocabulaire du philosophe tchèque Jan Patocka, ce qui constitue sans doute la face cachée du romantisme, sa zone ombreuse correspondant à la promotion de la prose au rang de matrice esthétique de la notion moderne de littérature. Et c’est peut-être à ce réservoir d’ombres recyclées en métaphores neuves que puise le romantisme pour trouver une énergie rhétorique transfigurée et l’idée d’un langage qui serait adéquat à celui de l’homme nouveau. Dans le passage du spectacle à la métaphore électrique, des Lumières au romantisme, le pouvoir de l’imagination subit une transformation profonde en devenant un fait de langage qui tente de frapper les esprits en ravivant la mémoire culturelle d’un éblouissement face à l’électricité qui n’a déjà plus cours. Considérant cette perte d’enchantement ayant pour étrange conséquence une imagination métaphorique foisonnante, il se pourrait bien, au passage, que cette révolution de l’électricité dans le langage soit un autre nom du romantisme. Et cette équation pose au final une question d’ordre plus général portant sur les équivalences s’établissant dans les cultures frappées par une grande dépression, au sens physique du terme, et les étonnantes inventions dont elles font preuve dans des situations où une observation superficielle aurait pu les tenir pour épuisées. C’est ainsi par exemple que l’électricité a pu servir de ferment métaphorique et social à la Révolution tranquille québécoise des années 1960, comme si certaines métaphores étaient plus porteuses socialement que d’autres et contribuaient avec plus de puissance à la métamorphose des sociétés.

Notes

  • [1]
    Manières d’être répertoriées par exemple dans : John E. JACKSON, Juan RIGOLI et Daniel SANGSUE (dir.), Être et se connaître au XIXe siècle, préface d’Alain CORBIN, Genève, Métropolis, 2006.
  • [2]
    Alain VAILLANT, L’Histoire littéraire, Paris, Armand Colin, 2010, p. 255. C’est l’auteur qui souligne.
  • [3]
    C’est à tout le moins la perspective adoptée dans le récent Dictionnaire du romantisme (Alain VAILLANT (dir.), Paris, CNRS, 2012).
  • [4]
    Je me permets de renvoyer ici à : Serge ZENKINE, L’Expérience du relatif. Le romantisme français et l’idée de culture, « Études romantiques et dix-neuviémistes », Paris, Classiques Garnier, 2011 ; ainsi qu’à : Étienne BEAULIEU, « Médiations culturelles et prose des cultures selon Jean-Jacques Rousseau », La lecture littéraire. N°10 Théorie littéraire et culturalisme, Alain TROUVÉ (dir.), 2009, p. 33-50.
  • [5]
    Comme le rappelle Marianne MASSIN (Figures du ravissement. Enjeux philosophiques et esthétiques, Paris, Grasset, 2001, p. 37).
  • [6]
    Jean-Jacques ROUSSEAU, Émile (manuscrit Favre), dans Émile, Éducation-Morale, Botanique, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1969, p. 212.
  • [7]
    Le chevalier prend évidemment le parti matérialiste : « L’électricité, par exemple, est nécessaire au monde comme le feu ou la lumière : et puisqu’il ne peut se passer d’électricité, pourquoi comment pourrait-il se passer de tonnerre ? » (Joseph de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, Paris, Laffont, 2007, p. 554.)
  • [8]
    « Qui ignore la loi électrique, ignore la loi hydraulique ; car l’une pénètre l’autre », L’homme qui rit, Paris, Librairie illustrée, 1876, p. 71.
  • [9]
    « On peut prouver que le fluide électrique n’existe pas » : SENANCOUR, Oberman, Paris, Charpentier, 1852, p. 221.
  • [10]
    « Nos ancêtres grossiers ne savaient pas voir l’électricité ; en existait-elle moins pour cela ? », STENDHAL, Rome, Naples et Florence (1826), Voyages en Italie, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 388.
  • [11]
    « Que l’anatomie ait marché à pas immenses ; que la physiologie soit une science nouvelle, féconde en résultats ingénieux ; que la chimie reformant sa nomenclature ait pénétré les substances ; que chaque jour on compose et l’on décompose des gaz ; que l’électricité, le galvanisme, le magnétisme révèlent des attractions ou des répulsions de fluides, des propriétés et des rapports ignorés ; que la vapeur et les machines modifient la société matérielle ; [...] tant est que plus on avance en découvertes, moins on y voit clair », CHATEAUBRIAND, Mémoires d’outre-tombe, Paris, Acamédia, 1997, p. 577.
  • [12]
    Anne Joseph Eusèbe BACONNIÈRE DE SALVERTE, Des sciences occultes ou Essai sur la magie, les prodiges et les miracles, Paris, Sédillot, 1829.
  • [13]
    « C’est ainsi que tout se lie, et qu’une révolution, comme le coup électrique, se fait sentir au même instant à toute la chaîne des peuples », CHATEAUBRIAND, Œuvres complètes. 1, Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes, avec les notes inédites d’un exemplaire confidentiel, Paris, Acamédia, 1861, p. 44.
  • [14]
    « Discours de réception à l’académie française », Œuvres complètes, Stello, Paris, Lemerre, 1883- 1885, p. 477.
  • [15]
    « L’électricité elle-même n’est pas la différence en soi, ou dans son essence ne se trouve pas la double essence de l’électricité positive et négative. [...] Cette indifférence prend une autre forme quand on dit que la définition de l’électricité implique que l’électricité est comme positive et négative, ou que c’est là uniquement son concept et son essence [...] », (Georg Wilhelm Friedrich HEGEL, La Phénoménologie de l’esprit, traduit de l’allemand par Jean HYPPOLITE, Paris, Aubier, 1941 [1807], p. 126-127. ; c’est Hegel qui souligne). Existant comme constituée de positif et de négatif, l’électricité a comme concept de surmonter sa nature contradictoire. Elle est l’exemple parfait d’une dialectique en acte dans le plein sens du terme. Le hasard faisant bien les choses, l’année de publication de la Phénoménologie est aussi celle de la pile de Volta.
  • [16]
    Honoré DE BALZAC, Comédie humaine [en ligne], Paris, Furne, 1842-1855, Volume 1, Avant-propos, p. 25.
  • [17]
    Hegel est aussi, ne l’oublions pas, l’auteur d’un traité portant sur le magnétisme animal.
  • [18]
    Honoré DE BALZAC, Louis Lambert, préface de Raymond ABELLIO, Paris, Livre de poche, 1968, p. 166.
  • [19]
    Victor HUGO, Littérature et philosophie mêlées, Paris, Laffont, 1985, p. 155.
  • [20]
    STENDHAL, Voyages en Italie, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1973, p. 554.
  • [21]
    Cf. Michel CROUZET, Stendhal et l’Italianité, Paris, Corti, 1982.
  • [22]
    Joseph DE MAISTRE, Considérations sur la France, Paris, Éditions Complexe, 2006, p. 126.
  • [23]
    Du caractère de M. Necker, Œuvres de Madame la Baronne de Staël-Holstein, Paris, Lefevre, 1838, t. III, p. 560.
  • [24]
    De l’influence des passions, Œuvres de Madame la Baronne de Staël-Holstein, Paris, Lefevre, 1838, t. II, p. 26.
  • [25]
    L’homme qui rit, ouvr. cité, p. 343.
  • [26]
    Honoré DE BALZAC, Illusions perdues, ouvr. cité, p. 107.
  • [27]
    Théophile GAUTIER, Œuvres, t. II, Paris, Lemerre, 1897-1898, p. 268.
  • [28]
    Jules BARBEY D’AUREVILLY, Une vieille maîtresse, t. II, Paris, Lemerre, 1879, p. 284.
  • [29]
    Victor HUGO, « Gringoire en tressaillit, comme d’une secousse électrique », Notre-Dame de Paris, Paris, Hetzel, 1865, p. 18.
  • [30]
    « — Comment t’appelles-tu ? dit l’homme. — Cosette. L’homme eut comme une secousse électrique », Les Misérables, Paris, Eugène Hugues, 1879-1882, t. II, p. 120.
  • [31]
    Alfred DE VIGNY, Cinq-Mars. Œuvres complètes, t. I, Paris, Lemerre, 1883-1885, p. 164.
  • [32]
    Littérature et philosophie mêlées, Paris, Hachette, 1858, p. 429.
  • [33]
    Jacques RANCIÈRE, La parole muette. Essai sur les contradictions de la littérature, Paris, Hachette, « Pluriel », 2005.
  • [34]
    Honoré DE BALZAC, Comédie humaine [En ligne], Paris, Furne, 1842-1855, Volume 7. Études de mœurs. Scènes de la vie de province, Le lys dans la vallée, p. 266.
  • [35]
    Les Travailleurs de la mer, Paris, Librairie illustrée, 1876, p. 206.
  • [36]
    L’homme qui rit, ouvr. cité, 1876, p. 422.
  • [37]
    Littérature et philosophie mêlées, Œuvres complètes. Critique, Paris, Lafont, 1985, p. 86.
  • [38]
    L’homme qui rit, ouvr. cité, p. 355.
  • [39]
    Jules BARBEY D’AUREVILLY, Une vieille maîtresse, t. I, Paris, Lemerre, 1879, p. 201.
  • [40]
    Les Fleurs du mal, Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1857, p. 79.
  • [41]
    Alfred DE MUSSET, La confession d’un enfant du siècle, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1960, p. 141.
  • [42]
    Jules BARBEY D’AUREVILLY, Une vieille maîtresse, Paris, Cadot, 1858, p. 81.
  • [43]
    Fusées, Œuvres posthumes et correspondance inédite, Paris, Quantin, 1887, p. 79.
  • [44]
    Fusées, ouvr. cité, p. 83.
  • [45]
    Thomas M. GREENE, Poésie et magie, Paris, Julliard, 1991.
  • [46]
    Joseph DE MAISTRE, Soirées de Saint-Pétersbourg, ouvr. cité, p. 638.
  • [47]
    Richard Wagner et Tannhauser à Paris, Paris, Dentu, 1861, p. 42.
  • [48]
    Madame DE STAËL, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, Paris, Maradan, 1800, t. I, p. 350-351.
  • [49]
    De l’Allemagne, Œuvres de Madame la Baronne de Staël-Holstein, Paris, Lefevre, 1838, t. III, p. 415.
  • [50]
    Benjamin CONSTANT, Œuvres politiques de Benjamin Constant, Paris, Charpentier, 1874, p. 146.
  • [51]
    William Shakespeare, Œuvres complètes. Critique, Paris, Lafont, 1985, p. 395.
  • [52]
    Victor HUGO, Notre-Dame de Paris, ouvr. cité, p. 22.
  • [53]
    Les Misérables, Paris, Eugène Hugues, 1879-1882, t. IV, p. 44.
  • [54]
    Les Misérables, ouvr. cité, p. 384.
  • [55]
    Les Misérables, ouvr. cité, t. V, p. 9.
  • [56]
    Voir entre autres à ce sujet : Michel LACROIX, De la beauté comme violence. L’esthétique du fascisme français 1919-1939, Montréal, PUM, 2004.En ligne
  • [57]
    Jan PATOCKA, L’écrivain, son « objet », Paris, POL, 1990.
Français

Dans le passage de la littérature entendue comme discours à la littérature devenue texte, le romantisme recourt à différentes stratégies rhétoriques afin de fonder une communication nouvelle. C’est en transformant l’image préscientifique de l’électricité, héritée du siècle de Lumières, en une force de langage que s’invente la métaphore électrique, qui traverse le romantisme comme le courant d’une énergie renouvelée.

English

Abstract

In the course of its shift from literature as speech to literature as text, Romanticism employs various rhetorical strategies in order to implement a new form of communication. The electrical metaphor was thus invented by transforming the pre-scientific image of electricity, which was a legacy of the Enlightenment, into a language force. The metaphor then travels through Romanticism as the current of a renewed energy.

Étienne Beaulieu
(CEGEP de Drummondville – Canada)
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 15/01/2013
https://doi.org/10.3917/rom.158.0031
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