CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Gérard de Nerval aime à composer des mosaïques de fragments issus de son œuvre ou de celles d’autres auteurs. Ainsi pour rédiger les biographies des six excentriques qui sont recueillies dans Les Illuminés, il a recouru à un nombre important de documents, citant ou incrustant dans son texte des éléments pris ailleurs [1]. Le biographe nervalien serait un écrivain du « copier – coller », modifiant ses sources à sa guise. Ce qui est curieux, c’est que Nerval emploie la même stratégie pour se raconter, et cela particulièrement lorsqu’il est question de la folie.

2 On sait bien que les introductions de Lorely et des Filles du feu contiennent de nombreuses lignes tirées des articles de Jules Janin et Alexandre Dumas traitant des crises de folie de Nerval [2]. La préface des Illuminés, intitulée « La Bibliothèque de mon oncle », se calque discrètement sur un passage de son portrait littéraire fait par Hippolyte Babou  [3]. Quand Nerval parle de sa jeunesse passée dans le quartier du Doyenné, c’est en forme de réponse à une demande de son ami Arsène Houssaye. Dans ces deux derniers cas, Nerval aborde aussi le problème de la folie, bien que ce soit d’une manière furtive et subtile. Nous pouvons ainsi avancer que Gérard de Nerval crée une écriture dialogique, à partir de textes de ses amis  [4], pour dire sa folie  [5].

L’ÉLOGE DE LA FOLIE – LA BIBLIOTHÈQUE DE MON ONCLE

3 Dans la préface des Illuminés[6], il ébauche un petit épisode de sa propre enfance en recourant au même procédé que celui qu’il a utilisé pour les biographies des six excentriques : la réutilisation d’un écrit préexistant. Le texte de départ est celui d’Hyppolyte Babou ; en 1850, juste après la publication des Confidences de Nicolas. Histoire d’une vie littéraire au XVIIIe siècle[7], Babou illustre le goût de Nerval pour le XVIIIe siècle par une image séduisante : celle de la bibliothèque de l’oncle. Dans cette bibliothèque, il y avait Voltaire, Diderot et Rousseau ; surtout l’enfant Gérard y a trouvé des « mauvais livres où le secret de la vie est si brutalement ou si coquettement dévoilé » :

4

Plus haut que les encyclopédistes, sur le rayon de Tantale, qui touche presque au plafond, il y a toute la famille des romanciers et des pamphlétaires qui ont accompagné ou précédé la Révolution. L’enfant grimpe à l’échelle, les joues tout empourprées par le reflet brûlant du fruit défendu. Il y met la main et retire l’échelle. Où irait-il se cacher pour lire à son aise ces auteurs réprouvés, Crébillon, Louvet, Mercier, Laclos, Rétif, Cazotte, et tant d’autres célébrités du moment, qui ne sont aujourd’hui qu’un objet de curiosité historique  [8] ?

5 En 1852, Nerval s’approprie cette charmante anecdote à son sujet au point d’intituler la préface des Illuminés « La Bibliothèque de mon oncle » ; en fait, il reprend l’image de la bibliothèque bien remplie, et surtout la présence d’un étage supérieur destiné aux livres défendus ou dangereux [9]. Mais comme toujours chez lui, il détourne son emprunt pour le faire sien. Il remplace le rayon par le grenier, et ajoute deux éléments qui réorientent le sens du texte : l’image des livres abîmés et une allusion à la psychologie :

6

Ayant fureté dans sa maison jusqu’à découvrir la masse énorme de livres entassés et oubliés au grenier, – la plupart attaqués par les rats, pourris ou mouillés par les eaux pluviales passant dans les intervalles des tuiles – j’ai tout jeune absorbé beaucoup de cette nourriture indigeste ou malsaine pour l’âme ; et plus tard même, mon jugement a eu à se défendre contre ces impressions primitives [10].

7 À l’aspect politique des livres réprouvés chez Babou, Nerval superpose un autre aspect tout à fait matériel : leur état dégradé, mis en scène de façon pittoresque dans les détails de la description. Puis le préfacier aborde la valeur psychologique des livres entassés, qui sont nuisibles à l’âme du petit lecteur. Ces deux retouches s’accordent parfaitement avec l’intention de celui qui cite l’Éloge de la folie dans l’incipit : « tirer du fouillis des siècles quelque figure singulière qu’on s’efforcera de rhabiller ingénieusement » et « tirer même des folies  [11] » quelque chose de raisonnable. L’acte de tirer fonctionne en effet aux deux niveaux, matériel et psychologique. L’image des livres abîmés semble placée intentionnellement pour faire discrètement allusion à l’état psychique de l’enfant, futur auteur des Illuminés. Si l’on peut restaurer une vieille toile endommagée, il est aussi possible de réhabiliter et même de relever une âme gorgée d’une nourriture malsaine, démarche placée sous l’auspice d’Érasme, avec lequel Nerval prétend partager son prénom  [12].

8 Ainsi, à partir de l’écrit biographique d’Hippolyte Babou, l’auteur de « La Bibliothèque de mon oncle » évoque un de ses souvenirs d’enfance, et en même temps fait allusion à sa propre folie, bien que d’une manière allusive et métaphorique. C’est le premier texte dans lequel il se raconte et fait allusion à sa maladie publiquement.

LA FOLIE ET LA MORT – EN RÉPONSE À JULES JANIN

9 Peu après Les Illuminés paraît Lorely. Souvenirs d’Allemagne, recueil de récits de voyage en Belgique, Hollande et Allemagne [13]. Nerval ouvre le récit par une préface adressée à Jules Janin. Ce texte contient de longues citations tirées de l’article de Janin sur la crise de folie de Nerval qui a eu lieu en février 1841. La reprise de ce texte biographique paraît curieuse : il contient en effet des railleries sur la conduite du poète rêveur et une description détaillée de la nuit fatale. Au moment de sa parution, il avait blessé le cœur affligé du jeune écrivain et avait surtout eu des effets fâcheux sur sa vie littéraire [14]. Au premier abord, la reprise de l’article de Janin peut sembler confirmer l’aliénation de l’auteur de Lorely, qui vient à nouveau d’être hospitalisé au début de l’année 1852 [15]. Quelles raisons Nerval pouvait-il bien avoir pour rappeler ce passé fâcheux ? Auparavant, « La Bibliothèque de mon oncle » lui a offert la possibilité de faire son propre éloge de la folie et il en a tiré quelque chose de raisonnable. C’est dans le même esprit que Nerval détourne le texte de Janin, à partir duquel il va pouvoir poser un problème crucial pour sa création poétique.

10 Dans la première moitié de la biographie, Janin présente la nature extravagante et rêveuse de Nerval, certes pour suggérer l’origine de la crise de folie qui a éclaté dans les rues de Paris, mais en la plaçant toujours sous le signe de la poésie. Le prince de la critique traite le jeune poète plein de fantaisie de marginal par rapport à la société bourgeoise ; dès le début, il le définit comme « la poésie, un poète, un rêveur, un de ces jeunes gens sans fiel […] à qui pas un bourgeois ne voudrait donner en mariage même sa fille borgne et bossue  [16] ». D’après le biographe, Nerval a obéi « plus que jamais au caprice, à la fantaisie, à ce merveilleux vagabondage », si bien qu’il est un « cher et doux bohémien de la prose et des vers ! admirable vagabond dans le royaume de la poésie ! braconnier sur les terres d’autrui  [17] ». Toutes ces lignes, apparemment moqueuses, sont présentées par Janin comme un éloge : « […] pas un de ceux qui l’ont connu ne se refuserait à ajouter quelque parole amie à cet éloge, qui est plus qu’un éloge posthume, – bien plus triste cent fois, et bien plus solennel et dont nous devons tous retirer quelque enseignement salutaire, si nous sommes sages, nous d’abord, lui ensuite, quand au premier printemps, […] il reviendra à la raison  [18] ». En 1841, pour réparer le tort que lui a fait cette image de poète fou, Nerval a demandé à Janin d’insérer une rectification dans le Journal des Débats, mais en vain  [19]. En 1852, le préfacier de Lorely arrête exprès sa citation à ce mot en supprimant les suivants, et, de plus, le reprend au début de son propre texte :

11

Cet éloge, qui traversa l’Europe et ma chère Allemagne, – jusqu’en cette froide Silésie, où reposent les cendres de ma mère, jusqu’à cette Bérésina glacée où mon père lutta contre la mort, voyant périr autour de lui les braves soldats ses compagnons, – m’avait rempli tour à tour de joie et de mélancolie. Quand j’ai traversé de nouveau les vieilles forêts de pins et de chênes et les cités bienveillantes où m’attendaient des amis inconnus, je ne pouvais parvenir à leur persuader que j’étais moi-même. On disait : « Il est mort, quel dommage ! une vive intelligence, bonne surtout, sympathique à notre Allemagne, comme à une seconde mère, – et que nous apprécions seulement depuis son dernier instant illustré par Jules Janin… Et vous qui passez parmi nous, pourquoi dérobez-vous la seule chose qu’il ait laissée après lui, un peu de gloire autour d’un nom. Nous les connaissons trop ces aventuriers de France, qui se font passer pour des poètes vivants ou morts, et s’introduisent ainsi dans nos cercles et dans nos salons  [20] ! »

12 Dans cette réponse à Janin l’ironie nervalienne est manifeste : il est connu, dit-il, dans « sa chère » Allemagne grâce à la biographie du critique, et lui doit « un peu de gloire », expression qui mitige l’éloge excessif de Janin [21]. Si Nerval emboîte ironiquement le pas de celui-ci, c’est pour s’ingénier à tirer quelque chose de raisonnable de cet article malveillant et plein d’inexactitudes sur sa maladie passée, comme s’il poursuivait ainsi sa réflexion placée sous l’emblème de l’Éloge de la Folie dans la préface des Illuminés.

13 Le propos imaginaire inventé par le préfacier permet de déplacer le problème de la folie vers celui de l’identité à travers la mort. Signalons que Janin n’a pas parlé du tout de la mort du poète, mais que son article avait l’air d’une nécrologie de Nerval [22]. Cependant, la biographie de Babou, qui n’est aucunement ironique ni malveillante  [23], avait le même ton. En fait, Nerval force le texte de Janin afin d’évoquer sa propre mort, et cela pour poser la question de l’identité. Le dialogue inventé que nous venons de citer fait croire qu’à cause de l’article de 1841, Nerval est cru mort en Allemagne, si bien qu’il doit prouver qu’il est encore vivant et qu’il est lui-même le poète qu’on croit mort. Il peut se demander : « Si je suis mort, qui suis-je ? » À cette question, il prépare une réponse en évoquant, pour la première fois dans ses publications, les ombres de sa mère et de son père. Si on lui posait cette question, il dirait donc : « Je suis fils de la mère qui est morte dans la froide Silésie et du père qui a lutté contre la mort à la Bérésina glacée. » Ainsi, Nerval répond virtuellement à Janin que la folie pose le problème de l’identité par-delà la mort.

14 C’est pourquoi le préfacier va rappeler le prince Pückler-Muskau, auteur de Chroniques, lettres et journal de voyage, Extraits des papiers d’un défunt. C’est un recueil d’observations sur la société anglaise, comparable aux Reisebilder d’Henri Heine à propos de la société allemande [24]. Ici, Nerval profite simplement du titre, en disant qu’il pourrait intituler son épître à Janin Lettre d’un mort, après avoir été tué par l’article de ce dernier. Puis il met en scène le retour du prince défunt à Vienne après avoir parcouru l’Afrique et l’Asie ; « par le fait, il avait traversé deux fois le lac funeste de Karon [25] ». Comme le note Lieven D’hulst dans sa notice  [26], cette phrase annonce un vers du second tercet d’« El Desdichado », surtout dans la version dévoilée par Alexandre Dumas dans son Mousquetaire : « Et j’ai deux fois vivant traversé l’Achéron  [27]. » Dans ce sonnet aussi, au début, le prince est dépossédé, dans la nuit du tombeau, puis il s’interroge sur son identité (« Suis-je Amour ou Phébus ? »). On voit que la lettre – préface adressée à Jules Janin préfigure déjà le scénario initiatique qui sera celui du sonnet initial des Chimères.

15 En réalité, les récits de voyage recueillis dans Lorely sont de veine plutôt positiviste et réaliste  [28], et la fée du Rhin n’y apparaît que dans la préface. C’est en réponse, tardive certes, à Jules Janin que Nerval évoque cette figure particulièrement allemande du charme et du mensonge, qui lui a fait subir un naufrage dans le fleuve de la vie. Depuis la fin de 1851 ou le début de 1852, il est en train de traverser à nouveau le fleuve funeste [29]. Dans la préface de Lorely, si Nerval expose sa propre folie en citant Jules Janin, c’est pour superposer sa voix à la voix de l’autre. Dans cette écriture dialogique, il cherche à expliciter le rapport entre sa création poétique et ses expériences de naufragé psychique.

16 Voilà la descente aux enfers – en réponse à Alexandre Dumas

17 Le rappel que Nerval fait de l’article de Janin de 1841 ne déclenche pas tout de suite chez lui l’écriture d’un récit autobiographique concernant sa folie. En mai 1852, Théophile Gautier constate que l’état mental de Gérard est peu rassurant au moment du départ pour le voyage en Hollande. Mais ensuite, cet état semble rester assez stable  [30], et Nerval aborde le thème de la folie prudemment et furtivement. Dans Les Nuits d’octobre, il suggère la comparaison entre ses pérégrinations dans la nuit de Paris et le retour de Dante de l’enfer, et après avoir raconté un rêve germanique dans lequel apparaissent des gnomes, il rappelle les maximes de Pascal et de La Rochefoucaud qui tendent à estomper les frontières de la raison et de la folie [31]. Dans les Petits Châteaux de Bohême, parus à la fin de 1852, en utilisant l’expression : « château du diable », il fait une allusion très subtile à son état d’esprit en 1841, au moment de la composition des sonnets regroupés sous le titre « Mysticisme », qui sont conçus « dans la fièvre et dans l’insomnie  [32] ».

18 En 1853, l’équilibre se rompt soudainement. En février, il connaît une nouvelle rechute ; il est hospitalisé à la maison Dubois et y reste jusqu’à la fin mars. Sylvie paraît le 15 août ; d’après Félix Mornand, « [l] a tendance lorelisante, ou en d’autres termes, la propension germanique, le côté un peu nébuleux de l’auteur, s’accentue visiblement dans ce récit (Sylvie [33]) ». En fait, Nerval place dans Sylvie une phrase remarquable : « Aimer une religieuse sous la forme d’une actrice !… et si c’était la même ! – Il y a de quoi devenir fou  [34] ! » Le 26 août, il subit encore une nouvelle crise, qui le conduit à l’hôpital de la Charité, et finalement chez le docteur Blanche à Passy. Il en sort une fois à la fin de septembre, mais y retourne le 7 octobre pour sept mois. Le 14 novembre, Nerval écrit à Alexandre Dumas une lettre particulièrement intéressante pour notre propos ; elle porte comme titre, « Trois jours de Folie », et comporte une épigraphe tirée de la légende allemande d’Eulenspiegel : « Le monde est plein de fous… et qui n’en veut pas voir/Doit rester dans sa chambre… et casser son miroir  [35]» C’est Dumas qui a incité son ami à confesser sa crise de folie :

19

[…] vous m’avez demandé, écrit Gérard, trois articles sur trois jours de ma vie que vous avez qualifiés vous-même par ce titre TROIS JOURS DE FOLIE et que j’appellerai, moi, trois jours de raison [36].

20 Dumas vient de rentrer en France de son exil « volontaire » à Bruxelles et de fonder un journal, Le Mousquetaire. Les deux amis se sont rencontrés le 11 novembre dans le cabinet de la Comédie Française, et le rédacteur a proposé au malade profitant d’une permission de sortie temporaire d’écrire dans son journal. Le Père Jean Guillaume a prouvé que cela a joué pour Nerval un rôle d’incitation à rédiger Pandora, récit sur les trois jours passés à Vienne. Chose importante, la fin de Pandora se passe à Bruxelles, et elle sera reprise dans un manuscrit d’Aurélia [37] : « Ce fut en 1840 que j’ai reçu la première atteinte de ma cruelle maladie. Je me trouvais alors à Bruxelles  [38] […]. » C’est ici la genèse discrète d’un livre entièrement consacré à l’histoire de sa folie.

21 De son côté, dans son Mousquetaire du 10 décembre 1853, Alexandre Dumas publie une causerie sur la maladie de Nerval. Il cite « El Desdichado » en tant que pièce justificative de son aliénation. Il est peu probable que Dumas ignore l’article de Janin et la préface de Lorely. Sa stratégie consiste donc à se montrer capable de parler de la folie autrement ou mieux que Janin et Nerval. Ainsi, en reprenant le problème de l’imagination abordé par Janin, il le déplace vers celui de la création littéraire, mais pas à la manière de Nerval. Quelle est la force de l’imagination d’après Dumas ?

22

[…] de temps en temps, lorsqu’un travail quelconque l’a fort préoccupé (Nerval), l’imagination, cette folle du logis, en chasse momentanément la raison, qui n’en est que la maîtresse ; alors la première reste seule, toute puissante, dans ce cerveau nourri de rêves et d’hallucinations, ni plus ni moins qu’un fumeur d’opium du Caire, ou qu’un mangeur de hatchis (sic) d’Alger, et alors, la vagabonde qu’elle est, le jette dans les théories impossibles, dans les livres infaisables [39] […].

23 Opposée à la raison, l’imagination produit des rêves et des hallucinations, qui sont des symptômes de l’aliénation ; ce phénomène est comparable à l’état provoqué par une drogue orientale. C’est une théorie médico-psychologique qui était proposée par certains aliénistes comme Moreau de Tours ; en fait, on observait une certaine identité entre l’état psychique des aliénés et les visions dues au hachisch ou celles vues durant les rêves  [40]. Malgré son ton badin, Dumas pose ici un diagnostic médical fondé sur le discours scientifique contemporain.

24 Sans s’arrêter à ce constat, il associe ce phénomène maladif à la création en opposant la science à la littérature ; pour « les hommes de science », son pauvre ami n’est qu’un malade et a « besoin de traitement », mais pour lui, un littéraire, le Nerval fou est « tout simplement plus conteur, plus rêveur, plus spirituel, plus gai ou plus triste que jamais  [41] ». Et il avance une théorie, qu’il qualifie d’impossible, d’après laquelle l’imagination nervalienne amène le narrateur à s’identifier avec le personnage de son histoire. Remarquons que cette identification littéraire était déjà présentée par Nerval lui-même dans sa biographie de Cazotte recueillie dans Les Illuminés : Cazotte est celui qui « s’est laissé aller au plus terrible danger de la vie littéraire, celui qui prend au sérieux ses propres inventions  [42] ». Dumas applique une théorie identique au cas de Nerval conteur :

25

Tantôt il est le roi d’Orient Salomon, […] tantôt il est le sultan Ghera-Ghera [43], comte d’Abyssinie, duc d’Egypte, baron de Smyrne. […] Un autre jour il se croit fou, et il raconte comment il l’est devenu, et avec un si joyeux entrain, en passant par des péripéties si amusantes, que chacun désire le devenir pour suivre ce guide entrainant dans le pays des chimères et des hallucinations […] ; tantôt, enfin, c’est la mélancolie qui devient sa muse [44] […].

26 Ici, la folie de Nerval est définie comme un problème d’identité ; le fou a perdu sa propre identité et, dès lors, s’identifie à tous. Et c’est aussi la clé de sa création ; son identification lui permet de raconter les histoires de ses personnages. En fait, dans le monde déployé par la folle du logis, ce serait possible ; le lecteur serait charmé par ses visions chimériques. À la suite de cette présentation de l’aliénation de Nerval, Dumas dévoile une version d’« El Desdichado », en disant à ses lecteurs : « Jugez-en ». Cette invitation au jugement laisse en suspens celui de Dumas lui-même, de telle manière qu’on ne sait pas s’il se moque ou non du tempérament de Nerval et de sa création poétique. J’en veux pour preuve un mot que Nerval adresse dans une lettre à Georges Bell : « Dites à Dumas que je pense à lui. Je le remercie de l’article bien qu’un peu excentrique  [45]. »

27 Dans l’introduction aux Filles du feu, Nerval s’adresse directement à Dumas  [46]. Après avoir cité les lignes de Dumas, il poursuit : « Je vais essayer de vous expliquer, mon cher Dumas, le phénomène dont vous avez parlé plus haut. Il est, vous le savez, certains conteurs qui ne peuvent inventer sans s’identifier aux personnages de leur imagination  [47]» Ainsi, d’abord il reprend la théorie de l’identification généralisée, et ensuite, il se réclame de Charles Nodier, des théoriciens de la transmigration des âmes et des romanciers du XVIIIe siècle. Sa folie, traduite encore dans les termes de l’identification généralisée, est considérée comme un phénomène métaphysique et littéraire. À partir de ce constat, Nerval présente une première conclusion :

28

Ce serait le songe de Scipion, la vision du Tasse, ou La Divine Comédie du Dante, si j’étais parvenu à concentrer mes souvenirs en un chef-d’œuvre. Renonçant désormais à la renommée d’inspiré, d’illuminé ou de prophète, je n’ai à vous offrir que ce que vous appelez si justement des théories impossibles, un livre infaisable, dont voici le premier chapitre, qui semble faire suite au Roman comique de Scarron… Jugez-en [48].

29 La renommée à laquelle il renonce relève de l’illumination illusoire qui fait croire à toutes les existences antérieures, et il propose un livre qui résulte de son travail de condensation de ses souvenirs. Ici, l’ironie nervalienne consiste à retourner à Dumas le mot provocant qui était le sien, « Jugez-en », et à présenter le chapitre premier d’un livre que le critique juge infaisable pour lui. Celui-ci existe en fait et raconte l’histoire d’un comédien dont la folie touche la question de l’identité : « Ma folie est de me croire un Romain, un empereur ; mon rôle s’est identifié à moi-même  [49] », dit Brisacier dans Le Roman tragique. Par conséquent, on peut dire que, jusqu’ici, le conteur nervalien s’est plu à concrétiser les théories impossibles dans un livre infaisable en employant les expressions de Dumas.

30 Une fois le premier chapitre terminé, Nerval cherche à expliciter le sens du livre, toujours sur la base de la théorie de l’identification. Brisacier abandonné finit par se trouver dans une profonde solitude, et Nerval se demande « comment de cet abaissement inouï s’élancera-t-il aux plus hautes destinées  [50] ». Cette question le jette dans « le plus étrange désordre d’esprit », et dans cet état délirant, il se persuade ensuite de son identification avec son personnage en disant qu’il écrit sa propre histoire. Et enfin, cette identité reconnue amène Nerval à comprendre que son destin se déroule selon un scénario initiatique qui se compose de phases d’abaissement alternant avec des phases d’élan. La descente se traduit par des apparitions chimériques et fantasmagoriques de la folie contre lesquelles il lutte ; la remontée n’est pas le retour de la raison, mais la mise en récit de son histoire de « descente aux enfers ». Voilà le sens du livre infaisable dont on vient de lire le premier chapitre.

31 Signalons que, comme je l’ai déjà souligné à propos de Pucker Muskau, « El Desdichado » se déroule selon un scénario initiatique ; le je du sonnet est un être de la perte qui est « dans la nuit du tombeau », dans laquelle il va mettre en doute son identité ; « Suis-je Amour ou Phébus ? ». À la fin, il remonte des enfers : « J’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron/Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée/Les soupirs de la sainte et les cris de la fée  [51]. » Dans le parcours initiatique de l’écriture poétique, le ténébreux nervalien devient un vainqueur des enfers.

32 Il est intéressant de remarquer que, dans l’esprit de Nerval, la descente aux enfers d’Orphée est étroitement associée à l’épisode de Faust descendant chez les Mères. En 1840, dans la notice à sa traduction, il a déjà rapproché Faust et Orphée qui tentent tous deux de faire revivre leur bien aimée [52]. En 1850, dans sa quatrième version, l’idée de la descente aux enfers est encore accentuée ; la formule de la « descente aux enfers » est employée en tant que titre des passages concernés, et le traducteur met en italique l’expression, « la descente aux enfers d’Orphée [53] ». En évoquant l’histoire de la descente aux enfers, Nerval se place dans la lignée d’Orphée et de Faust. Et dans le dernier paragraphe d’« À Alexandre Dumas » Nerval prend un ton hautement faustien  [54] :

33

Et puisque vous avez eu l’imprudence de citer un des sonnets composés dans cet état de rêverie supernaturaliste, comme diraient les Allemands, il faut que vous les entendiez tous. – Vous les trouverez à la fin du volume. Ils ne sont guère plus obscurs que la métaphysique d’Hegel ou les Mémorables de Swedenborg, et perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible, concédez-moi du moins le mérite de l’expression ; – la dernière folie qui me restera probablement, ce sera de me croire poète : c’est à la critique de m’en guérir [55].

34 Rappelons que, dans la notice de sa troisième traduction de Faust en 1840, Nerval a fait mention de la « dernière transformation de la philosophie de son pays » qui désigne sans doute la philosophie d’Hegel  [56] et des « phénomènes des visions magnétiques de Swedenborg  [57] ». Qui plus est, le terme surnaturaliste, souligné par Nerval lui-même, est employé dans sa traduction ; en fait, il suit l’exemple d’Albert Stapfer et adopte le terme Supernaturaliste pour désigner un personnage qui croit aux existences supraterrestres : les démons et les anges  [58]. Par ailleurs, dans sa biographie de Cazotte, Nerval attribue ce tempérament aux Allemands : « À l’époque où parut Le Diable amoureux, de Cazotte, le surnaturel, ou comme disent les Allemands, le supernaturalisme, était à la mode ; on ne parlait dans la société que d’esprits élémentaires, de sympathies occultes, de charmes, de migrations des âmes, d’alchimie et de magnétisme surtout  [59]. » Dans la biographie de Cagliostro, le même terme est associé « aux imaginations rêveuses et délicates, comme à quelques populations plus disposées que d’autres aux idées spiritualistes  [60] ». Ainsi, l’état de rêverie supernaturaliste conduit à l’aspiration vers l’infini ou à la soif ardente de l’idéal. Et c’est un désir tout à fait faustien : « Cet infini, toujours béant, qui confond la plus forte raison humaine, n’effraie pas le poète de Faust ; […] à cette proie mobile il tend un filet visible mais insaisissable, et toujours grandissant comme elle  [61] », explique le traducteur de 1840.

35 Il est normal que l’idée de l’obscurité résulte de cette grandiose tentative de saisir l’infini. Toujours en 1840, Nerval a déjà constaté que « (Goethe) a fait sortir la poésie de son domaine, en la précipitant dans la métaphysique la plus aventureuse », et que « l’inspiration du second Faut, plus haute encore peut-être que celle du premier, n’a pas toujours rencontré une forme aussi arrêtée et aussi heureuse  [62] ». En 1850, après avoir évoqué l’éloge de Goethe, Nerval ajoute encore un passage tiré des Entretiens de Goethe avec Eckermann :

36

Le Faust, continua-t-il, pourtant est quelque chose de tout à fait incommensurable, et toutes les tentatives de l’approprier à la raison (l’intelligence) sont vaines. L’on ne doit pas oublier non plus que la première partie du poème est sortie d’un état tout à fait obscur (confus) de l’individu ; mais c’est précisément cette obscurité qui éveille la curiosité des hommes, et c’est ainsi qu’ils s’en préoccupent comme de tout problème insoluble [63].

37 Goethe oppose l’incommensurabilité à la raison, et l’associe à l’attirance des hommes pour l’inconnu et l’insoluble. On pourrait aborder avec intérêt le rapport de l’obscurité et du charme poétiques du point de vue de la poésie moderne  [64], certes. Mais pour Nerval que la découverte de l’éloge de Goethe en 1850 a dû réhabiliter dans la vie littéraire, la parole du poète de Weimar peut servir de justification pour ses créations poétiques conçues ou/et réalisées durant ses périodes de confusion.

VERS LA FIN IMPOSSIBLE DU LIVRE INFAISABLE

38 Dans la dernière partie de la lettre-dédicace à Alexandre Dumas, Nerval annonce la suite de son livre infaisable. Il s’agit d’Aurélia, dont la dernière phrase contient une allusion explicite à la descente aux enfers [65]. Après une réflexion sur l’éloge de la folie dans « La Bibliothèque de mon oncle » d’après le texte d’Hyppolite Babou, après le détournement de la nécrologie anticipée de Jules Janin pour évoquer la mort et la création, et après l’élucidation du titre « la descente aux enfers » sur la base de l’épitaphe de son esprit par Alexandre Dumas, Gérard de Nerval en vient à « transcrire les impressions d’une longue maladie qui s’est passée tout entière dans les mystères de [son] esprit  [66] » dans son œuvre ultime. Mais comme on le sait aussi, avant la publication de sa « Seconde partie », Nerval a coupé le fil de sa vie sans pouvoir mettre le point final à l’histoire de sa folie. En fait, l’œuvre est restée inachevée :

39

Mais pour une telle œuvre, si vaste, si puissante, si impossible, – ce mot qui n’est plus français est peut-être encore resté allemand, – il eût fallu que l’auteur n’eût pas attendu ses dernières années  [67].

40 Dans la notice de sa traduction de 1850, Nerval a exprimé cette pensée à propos de l’auteur de Faust. Peut-on y voir également une prophétie concernant son destin personnel ?

Notes

  • [1]
    Voir Max Milner, Préface à son édition des Illuminés, Gallimard, coll. « Folio », 7-15. Sur ce procédé intertextuel, voir aussi Gabrielle Malandain, Nerval et l’incendie du théâtre, Corti, 1986, p. 199-245.
  • [2]
    « Gérard de Nerval » de Jules Janin et « Causeries avec mes lecteurs » d’Alexandre Dumas sont reproduits dans Aurélia, éd. de Jacques Bony, GF, 1990, p. 359-379.
  • [3]
    « Les profils littéraires : Gérard de Nerval », Le Pays, 20 octobre 1850. Voir le père Jean Guillaume, « La rencontre de Nerval et de Babou : nouvelles perspectives critiques », Études nervaliennes et romantiques, PU de Namur, 1979, t. II, p. 45-50.
  • [4]
    Dans Aurélia aussi, le même procédé intertextuel n’est pas entièrement abandonné ; par exemple, les errances délirantes en 1841 dans les rues de Paris sont décrites sur le patron du récit qu’en a fait Jules Janin.
  • [5]
    Sur le problème de la folie et de la littérature, voir le numéro de Romantisme « Écriture et folie » (1979). Parmi les études nervaliennes, retenons M. Jeanneret, La Lettre perdue, Écriture et folie dans l’œuvre de Nerval, Flammarion, 1978, S. Felman, La Folie et la chose littéraire, Le Seuil, 1978, et J. Rigoli, Lire le délire, Aliénisme, rhétorique et littérature en France au XIXe siècle, Fayard, 2001.
  • [6]
    Le volume est enregistré à la Bibliographie de la France le 20 novembre 1852, mais sa mise en vente doit dater du début de mai. Voir M. Brix, Manuel bibliographique des œuvres de Gérard de Nerval, P.U. de Namur, 1997, p. 104-105.
  • [7]
    Dans la Revue des Deux Mondes le 15 août, les 1er et 15 septembre.
  • [8]
    Passage cité dans Pl. II., p. 1713-1714.
  • [9]
    Voir M. Zimmermann, Nerval lecteur de Haine, L’Harmattan, 1999, p. 71-78. M. Streiff Moretti, Nerval : l’autre discours, Edizioni Scientiche Italiane, 1990, p. 101-124. K. Tsujikawa, Nerval et les limbes de l’histoire, lecture des Illuminés, Droz, 2008, p. 15-43.
  • [10]
    Ibid., p. 885-886.
  • [11]
    Pl. II., p. 885-886. C’est moi qui souligne.
  • [12]
    Au moment du voyage en Hollande en mai 1852, Nerval parle de leur prénom Gérard (Pl. III., p. 212). Notons que les trois encyclopédies de l’époque (Biographie Universelle de Michaud, Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Encyclopédie des gens du monde) signalent une notice qui a pu attirer particulièrement l’attention de Gérard. Voici la notice la Biographie Universelle de Michaud : « ÉRASME (Didier), naquit à Rotterdam, le 28 octobre, 1467, du commerce illégitime d’un bourgeois de Gouda, nommé Gérard ; et de Marguerite, fille d’un médecin […] ». Le prénom de la mère de Gérard est Marguerite.
  • [13]
    Malgré la date d’enregistrement du 21 août 1852 à la BF, le volume doit être mis en vente entre le 15 et le 19 juin 1852 (M. Brix, Manuel bibliographique, ouvr. cité, p. 124-125).
  • [14]
    M. Brix, Les Déesses absentes, Klincksieck, 1997, p. 23-26.
  • [15]
    À la maison de Dubois du 23 janvier au 15 février.
  • [16]
    « Gérard de Nerval », éd. citée, p. 359.
  • [17]
    Ibid., p. 360 et p. 362. La Bohême galante commence à être publiée peu après cette citation, à partir du 1er juillet. Voir J. Bony, Le Récit nervalien (Corti, 1990, p. 249-256) pour les écrits autobiographiques de 1852.
  • [18]
    Ibid., p. 365-366.
  • [19]
    Lettre à Jules Janin, datée du 24 août 1841, Pl. I., p. 1380-1382.
  • [20]
    Pl. III., p. 10.
  • [21]
    Ici, Nerval se retient d’évoquer un autre texte, vrai éloge du poète traducteur de Faust, qu’il a connu en 1850 : un passage des Entretiens avec Goethe par Eckermann qui concerne sa traduction de 1827 de Faust qu’il cite dans sa 4e version, celle de 1850, entre la première et la seconde partie : « Goethe fit l’éloge de la traduction de Gérard en disant que, quoiqu’en prose, pour la majeure partie, elle lui avait très bien réussi » (Faust, J. Bry, « Les veillées littéraires illustrées », 1850, p. 36. Pl. III., p. 1698.)
  • [22]
    Nerval écrit à Janin « votre article nécrologique », Pl. I., p. 1380.
  • [23]
    D’après Babou, Nerval lui a dit : « Vous avez parlé de moi comme si j’étais mort » (cité par le père Jean Guillaume, art. cité, p. 45).
  • [24]
    Auguste Ehrhard, Le Prince de Puckler Muskau, Plon, 1927, t. I, p. 93-152.
  • [25]
    Lorely, Pl. III., p. 11.
  • [26]
    Pl. III., p. 965.
  • [27]
    Dumas, « Causeries avec mes lecteurs », éd. citée, p. 376-379. C’est moi qui souligne.
  • [28]
    Voir G. Séginger, « L’Allemagne nervalienne, terre du feu et terre des Lumières », dans L’Image du Nord chez Stendhal et les romantiques, Orebrö University Presse, 2004, t. I, p. 171- 179, et M. Brix, « Mortifère Allemagne », Plaisance, nº 7, Anno 3º, numéro spécial « Gérard de Nerval et la mort », 2007, p. 47-56. La distribution des récits de voyage nervaliens dans le Voyage en Orient et Lorely est due à la division faite en 1840 au moment de la parution des huit récits dans La Presse sous les titres : « L’Allemagne du midi (De Paris à Vienne) » et « L’Allemagne du nord (De Paris à Francfort) ». La première série va à l’Orient sous la couleur plus ou moins mythologique et mythique, la seconde va aux pays du Nord sous la couleur réaliste et descriptive. Voir mon étude, Nerval. L’écriture du voyage, Champion, 2003, p. 47-72.
  • [29]
    En septembre 1851, il est victime d’une chute à Montmartre chez Rigot ; au début de 1852, l’arrêt de la représentation de sa pièce faustienne, L’Imagier de Harlem, lui donne un choc psychologique. Le 23 janvier Nerval entre à la maison de santé municipale qu’on appelle la maison Dubois. Pour les faits biographiques, voir C. Pichois et M. Brix, Gérard de Nerval, Fayard, 1995. Pour ce qui est des faits pathologiques, voir L. Murat, La Maison du docteur Blanche, Lattès, 2001.
  • [30]
    « Chronologie », Pl. II., p. XLIII et Pl, III., p. XXX.
  • [31]
    « Les Nuits d’octobre », L’Illustration, le 6 novembre 1852, Pl. III., p. 336-340.
  • [32]
    Pl. III., p. 438. Rappelons que cet ouvrage est aussi une sorte de réponse à Arsène Houssaye. Rappelons aussi une lettre de prime importance de Nerval adressée à Victor Loubens, datée de la fin de 1841, Pl. III., p. 1487-1490.
  • [33]
    L’Illustration, 8 avril 1854. Le passage est repris dans Nerval, J.-L. Steinmetz, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, coll. « Mémoire de la critique », 1997, p. 63.
  • [34]
    Pl. III., p. 543.
  • [35]
    Pl. III., p. 821.
  • [36]
    Pl. III., p. 822.
  • [37]
    Sur le rapport des manuscrits concernant La Pandora-Pandora et Aurélia, voir l’étude décisive du Père Guillaume, Aux origines de « Pandora » et d’« Aurélia », ENR, t. V, PU de Namur, 1982.
  • [38]
    Manuscrit de la Collection Lucien-Graux, manuscrit XVI, Pl. III., p. 751 et p. 1333.
  • [39]
    « Causerie avec mes lecteurs », éd. citée, p. 376-377.
  • [40]
    Voir M. Jeanneret, « La folie est un rêve : Nerval et le docteur Moreau de Tours », Romantisme, nº 27, 1980, p. 59-75. L’ouvrage de l’aliéniste a été réédité chez Slatkine Reprints, coll. « Ressources », 1980. Moreau de Tours publie également un article, intitulé « De l’identité de l’état de rêve et de la folie » dans Annales médico-psychologiques, 3e série, t. I, 1855, p. 361- 408. C’est l’année de la parution d’Aurélia, le Rêve et la vie de Nerval.
  • [41]
    « Causerie avec mes lecteurs », éd. citée, p. 376-377.
  • [42]
    Pl. II., p. 1083.
  • [43]
    Quand Nerval cite ce passage, il effectue certaines transformations, dont celle du sultan Ghera-Gherai en sultan de Crimée. Quant à leur signification, voir la notice de « À Alexandre Dumas », Pl. III, p. 1188.
  • [44]
    « Causeries avec mes lecteurs », éd. citée, 377.
  • [45]
    Lettre datée du 14 décembre 1853, Pl. III., p. 837.
  • [46]
    Voir une analyse de veine psycho-médicale de J. Rigoli, ouvr. cité, p. 517-570. Comme le dit J. Rigoli, « l’expérience pathologique de Nerval, inscrite dans l’œuvre, est nécessairement présente en elle à l’un ou à l’autre niveau » (p. 518). Mais ce fait n’est pas incompatible avec la relecture de Nerval dans l’institution littéraire, relecture lancée surtout par J. Bony et G. Chamarat Malandain. La folie et la poésie vont ensemble surtout dans les derniers textes de Nerval.
  • [47]
    Pl. III., p. 450.
  • [48]
    « À Alexandre Dumas », Pl. III., p. 450-451.
  • [49]
    Pl. III., p. 456.
  • [50]
    Pl. III., p. 458.
  • [51]
    C’est la version des Chimères, Pl. III., p. 645. Dans la version Dumas, le second vers du second tercet est « Modulant et chantant sur la lyre d’Orphée ».
  • [52]
    « Ce sera là presque la descente d’Orphée », Pl. I., p. 508.
  • [53]
    Faust de Goethe, traduction de Nerval, dans la collection « Veillées littéraires illustrées », 1850, p. 40, les passages repris dans Pl. I. p. 1700.
  • [54]
    G. Séginger remarque l’étroit rapport de la Lettre-dédicace avec l’imagination allemande et Faust dans son étude, Les Filles du feu, Les Chimères de Nerval, Ellipses, 2004, p. 17-19.
  • [55]
    « À Alexandre Dumas », Pl. III., p. 458.
  • [56]
    Sur le rapport de Nerval et d’Hegel, voir Jean Guillaume, « Le Christ aux Oliviers de Nerval. Essai de genèse » dans Philologie et Exégèse, Peeters, 1998, p. 159-162.
  • [57]
    Pl. I., p. 502 et p. 506.
  • [58]
    « Supernaturalist. […] Denn von den Teufeln kann ich ja/Auf gute Geister schliessen ». Voici la traduction de Stapfer en 1823 : « Supernaturaliste. « […] Car je peux rigoureusement/ Conclure des Diables aux Anges ». (p. 215). Celle de Nerval en 1840 : « “Supernaturaliste.” […] Puisque, d’après l’enfer, je pense/Pouvoir juger du paradis » (p. 267). Voir C. Pichois, Le Surnaturalisme français, Neuchâtel, À la Baconnière, 1979, p. 11-28.
  • [59]
    Pl. II., p. 1746, var. b de la page 1084.
  • [60]
    Pl. II., p. 1122.
  • [61]
    Pl. I., p. 503. Notons que cette image de l’infini toujours grandissant se superpose sur une image dans Le Christ aux Oliviers, qui vient du Songe de Jean-Paul Richter.
  • [62]
    Pl. I., p. 502.
  • [63]
    Faust, 1850, ouvr. cité., p. 36. Pl. I., p. 1698.
  • [64]
    Voir G. Séginger, ouvr. cité, p. 39-41 et D. Wieser, Nerval : Une poétique du deuil à l’âge romantique, Droz, 2004, p. 302-308.
  • [65]
    « […] je compare cette série d’épreuves que j’ai traversées à ce qui, pour les anciens, représentait l’idée d’une descente aux enfers » (Aurélia, Pl. III., p. 750). Pour la lecture d’Aurélia, je me permets de renvoyer à mon article, « “Tout vit, tout agit, tout se correspond”. La folie poétique dans Aurélia de Gérard de Nerval », RHLF, mai 2010, p. 333-349.
  • [66]
    Pl. III., p. 695.
  • [67]
    Faust, 1850, p. 7. Pl. I., p. 1699.
Hisashi MIZUNO
Mis en ligne sur Cairn.info le 19/10/2010
https://doi.org/10.3917/rom.149.0111
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