CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 La montée en puissance d’une nouvelle forme d’organisation sociale, la nation, a transformé l’Europe du XIXe siècle. La littérature a joué un rôle de premier plan dans le développement du sentiment d’appartenance nationale, mais elle a été, en retour, profondément marquée par le fait national. Le lien étroit entre littérature et nation qui s’est noué au XIXe siècle s’est traduit par l’instauration d’un espace international des littératures nationales qui organise encore de nos jours l’appréhension de la littérature, l’organisation de l’enseignement littéraire ou les classifications des bibliothèques.

LA NATION : PRINCIPE POLITIQUE ET COMMUNAUTÉ CULTURELLE

2 Qu’est-ce qu’une nation ? Une forme d’organisation politique, séculière, fondée sur l’association contractuelle d’individus ou une communauté définie par ses origines et sa culture ? Contrairement à un lieu commun en vogue ces dernières années, on ne peut opposer une définition purement politique, dite française, de la nation et une définition culturelle, dite allemande. Car la nation, dans la conception moderne de ce terme, est toujours définie à la fois dans l’ordre politique et dans l’ordre culturel. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen proclamée le 26 août 1789 énonçait la définition politique de la nation comme corps politique souverain, composé d’individus libres et égaux en droits. Mais elle ne donnait nullement les critères permettant de distinguer concrètement une nation d’une autre, de tracer les limites donc entre la nation française et celles que devaient former les autres peuples du continent. C’est dans le domaine culturel que furent définis les fondements des diverses nations, et les critères de distinction entre nation française, allemande, espagnole, italienne etc. La conception moderne de la nation résulte donc de l’association entre un principe politique – universel et abstrait – et une définition culturelle – particularisante et concrète. C’est leur alliance, constituant un universel du particulier, qui permet de comprendre la généralisation du principe national. La nation moderne, donc, est un corps politique établi sur une communauté culturelle. Le corps politique n’a de stabilité et d’efficience que si le sentiment d’appartenance à la communauté culturelle, c’est-à-dire l’identité nationale, est solidement ancré dans les individus qui la composent.

3 De fait, une part importante de la conception moderne de la nation s’est effectuée dans le cadre d’une réflexion sur la culture, et plus particulièrement la langue et la littérature. Le théologien Johann-Gottfried Herder (1744-1803), notamment, en a été un des théoriciens majeurs. Sa réflexion se fondait sur un constat et une révolte, exprimés souvent aussi par d’autres lettrés européens du XVIIIe siècle : la position hégémonique tenue par la littérature française ne laissait aux autres littératures que la situation humiliante d’imitation plus ou moins heureuse  [1]. Herder affirmait au contraire que la valeur d’une littérature nationale ne tenait pas à son degré de proximité avec un modèle dominant, mais à son enracinement dans les profondeurs du génie national. Grand admirateur d’Ossian, il estimait que la littérature contemporaine devait être réformée en retrouvant son inspiration dans les œuvres originelles, conçues en un temps où la langue, la poésie et le peuple ne faisaient qu’un. Cette conception de la nation et de la culture substituait à un universalisme reposant sur la prééminence d’un modèle unique celui d’une multiplicité de nations culturelles, égales en valeur et en dignité dans la mesure où elles étaient fidèles à leur esprit propre. Les œuvres de Herder, qui exercèrent une profonde et durable influence sur l’évolution littéraire européenne, ne furent traduites que très partiellement en France au XIXe siècle, mais elles y passèrent par de multiples intermédiaires, à commencer par Germaine de Staël  [2].

4 Durant le XIXe siècle se formèrent donc sur l’ensemble de l’espace européen des littératures nationales, explicitement conçues comme telles. Cela n’impliqua pas la suspension des échanges littéraires à travers le continent. Tout au contraire, les littératures nationales furent élaborées dans le cadre d’une circulation transnationale rapide et intense des théories, des thèmes et des styles. Les écrivains des différentes nations engagés dans l’élaboration des littératures nationales étaient en relation les uns avec les autres, se lisaient, se traduisaient, et souvent se pillaient  [3].

5 La France s’est trouvée à une place particulière dans ce mouvement général de création des littératures nationales. Car il partait d’une offensive dirigée contre la culture française classique et sa position hégémonique. Mais la proclamation politique de la nation française impliquait qu’elle prît place dans l’espace compétitif des cultures nationales en formation, porteuses d’un désir d’avènement de nouvelles nations politiques. De fait, les écrivains français nés au début du XIXe siècle ont souvent conçu la « nationalisation » de la littérature, sur le modèle se développant ailleurs en Europe, comme la nécessité de combler un retard. Et ils ont puisé dans les littératures nationales étrangères les ressources nécessaires à la redéfinition nationale de la littérature française. Par bien des aspects, le romantisme français a été un mouvement conscient de « mise aux normes internationales », c’est-à-dire modernes, de la littérature. Les représentations en France de pièces de Shakespeare ou de Schiller, les traductions et imitations de poètes et romanciers contemporains ont été pour les écrivains français, et leurs publics, l’apprentissage de styles, de formes, de métriques, de thématiques nouvelles. Pour prendre un seul exemple : Charles Nodier a imité dans sa jeunesse Goethe et Ossian, avant de découvrir avec enthousiasme le Romancero espagnol, Shakespeare et Walter Scott. Et ses articles de maturité soulignaient que les expériences étrangères en matière nationale devaient inciter les Français à faire de même, en urgence. À propos de Walter Scott et de l’intérêt des Anglais pour leur patrimoine historique, il s’exclamait ainsi :

6

Grâces soient rendues au ciel de notre engouement littéraire pour la patrie des Anglais. Il nous fera peut-être souvenir un jour que les Français ont une patrie.  [4]

7 Nodier entreprit avec zèle de faire connaître au public français les principales composantes du patrimoine culturel national : les monuments historiques, les grands épisodes de l’histoire nationale, les chants et traditions populaires, ou la littérature du Moyen Âge et du XVIe siècle que l’esthétique classique avait disqualifiées. Le programme de Nodier embrassait de fait l’un des grands champs d’action de la littérature dans la construction nationale.

LA LITTÉRATURE COMME REPRÉSENTATION ET INCARNATION DE LA NATION

8 La littérature nationale est investie d’une lourde tâche. Elle participe à la construction de cette imagined community, communauté imagée et imaginée que constitue, selon la célèbre formule de Benedict Anderson, la nation moderne  [5]. La plupart des membres de cette communauté, explique Anderson, ne seront jamais en contact les uns avec les autres : pourtant est présent en chacun, à tout instant, le sentiment de faire partie de cet ensemble. L’élaboration d’un espace public, médiatisé notamment par diverses formes de sociabilité (cafés, associations, cénacles), permet d’assurer cette interconnaissance virtuelle  [6]. La presse, dans son prodigieux développement au cours du XIXe siècle, joue un rôle majeur dans la constitution et l’expansion sociale d’un espace des débats et des thèmes communs  [7]. La littérature, notamment par l’expansion du genre romanesque, permet à chacun de se représenter la psychè et la vie des autres membres de la communauté, de problématiser et analyser les nouveaux rapports unissant les individus de la société de classes, de participer à un « commerce de société ». Une sociabilité fictive amplifie et consolide la sociabilité réelle, tant au niveau des écrivains qu’à celui des lectorats.

9 Cependant la nation moderne est fondée sur une ambivalence. C’est une organisation sociale séculière au sein de laquelle s’effectuent au XIXe siècle des mutations radicales dans le domaine économique et social. Mais elle est aussi conçue comme une communauté d’origine et de culture, déterminée par de lointains ancêtres, qui aurait traversé les siècles en maintenant intact le patrimoine indivis de valeurs et de culture spécifiques. En un mot, la nation, telle qu’elle est pensée depuis le XIXe siècle, correspond à une communauté pérenne – largement mythique – dans laquelle se développe une nouvelle société d’individus. Par conséquent, la littérature, comme les autres formes culturelles, doit mettre en représentation ces deux dimensions de la nation. Elle élabore et diffuse les modalités de perception, d’appréhension intellectuelle, affective et esthétique de la société moderne d’individus ; mais elle est aussi supposée exprimer fidèlement l’esprit national et mettre en valeur le patrimoine commun.

10 Quelques exemples concernant ce dernier point. La notion de monuments historiques nationaux n’est pas antérieure à la Révolution française et pose le principe d’une propriété morale de la nation sur certains bâtiments anciens, considérés comme éléments d’un héritage collectif. Mais ce principe ne prend force que si la nation reconnaît cet héritage comme bien précieux. Victor Hugo, faisant d’une cathédrale l’héroïne éponyme d’un roman, livrait à ses lecteurs une magistrale leçon d’histoire médiévale et d’histoire de l’art avant de s’exclamer : « Conservons les monuments nationaux. Inspirons, s’il est possible, à la nation l’amour de l’architecture nationale. »  [8] Nombreux sont les textes littéraires qui ont élaboré et diffusé cette nouvelle éducation historique et esthétique, apprenant au public à regarder, décrire, révérer le patrimoine et permettant son appropriation collective. Les abondantes descriptions paysagères des romans du XIXe siècle, comme la célébration poétique des sites, ont aussi participé d’une éducation du regard, apprenant à voir et à célébrer la beauté de terres et de lieux envisagés jusque-là dans une perspective surtout utilitaire. Les grandes entreprises de protection des paysages et des sites, qu’elles aient été initiées par l’État ou par des associations, n’auraient pas été possibles sans cette pédagogie esthétique.

HISTOIRE LITTÉRAIRE ET GÉNIE NATIONAL

11 La nation a été conçue comme un être collectif aux origines très anciennes : son existence se déploie à travers les siècles mais elle est pensée comme pérenne à travers ses avatars, son esprit propre et son génie étant donc intangibles. Ce singulier rapport à la temporalité se traduit dans la conception de l’histoire littéraire. À l’instar de l’histoire nationale en général, telle qu’elle est élaborée à partir des années 1820, qui couvre tous les siècles et ne laisse aucun blanc, l’histoire littéraire doit dégager et mettre en valeur un ensemble d’œuvres correspondant à chaque grande période de l’histoire nationale. Mais la série de ces œuvres doit aussi souligner la permanence et la spécificité du génie national.

12

L’histoire d’une littérature est l’histoire de ce qui n’a pas cessé, dans les œuvres littéraires d’une nation, d’être vrai, vivant, d’agir sur les âmes, de faire partie essentielle et permanente de l’enseignement public. Mais cela même, n’est-ce pas le fonds, n’est-ce pas l’âme d’une nation ? […] J’ai voulu voir, d’une vue claire et déterminée, sans paradoxe ni rhétorique, ce qu’il y a de constant, d’essentiel, d’immuable dans l’esprit français. […] En retraçant l’histoire de ce qui a duré, je ne laisserai pas ignorer ce qu’il y a eu de changeant, de capricieux, d’exotique, à certaines époques, dans l’esprit français. Mais ce sera pour en garder le lecteur, et pour le détourner de donner aux vains écrits marqués de ces caractères un temps que l’époque où nous vivons nous compte d’une main avare, et qui suffit à peine à nous pourvoir de l’indispensable.  [9]

13 L’histoire littéraire, parce qu’elle s’inscrit dans un cadre national, est donc moins historique que géographique : elle trace les frontières d’un esprit national, continu à travers les siècles. On sait l’âpreté des controverses, à la fin du XIXe siècle, pour définir les traits caractéristiques du génie français dans les arts et les lettres, quand est vive la revendication protectionniste face à la concurrence étrangère  [10]. Le public français est déclaré s’élever dans la fréquentation du génie national, et risquer la dégénérescence par la consommation des œuvres étrangères.

14

Les littératures magnifiquement désordonnées de l’Angleterre et de l’Allemagne ne sont pas ce qui convient à de jeunes Français.  [11]

LES DEUX CORPS DE L’ÉCRIVAIN

15 Le sacre de l’écrivain au XIXe siècle relève de la même complexité. L’écrivain consacré est à la fois contemporain majeur et incarnation du génie national pérenne. L’écrivain entre en régime de singularité  [12], ce qui peut susciter un intense intérêt pour sa biographie, mais il est aussi défini comme incarnation parfaite du génie national. Son œuvre est célébrée comme le fruit d’une individualité exceptionnelle et comme une quintessence de l’esprit national en laquelle les membres de la communauté nationale peuvent communier. Cette dualité sans incompatibilité a été étudiée par Pierre Boudrot dans une recherche portant sur les associations constituées en Europe, depuis le XIXe siècle, autour de la célébration d’un écrivain  [13]. L’étude montre que les associations de célébration d’un écrivain n’apparaissent en France que tardivement, en comparaison avec l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Il n’en existe pas, hormis une Société racinienne fondée en 1841, avant leur grand essor sous la Troisième République. Ce retard est à mon sens imputable à l’étatisation de la culture engagée dès l’Ancien Régime : le travail de nationalisation culturelle est mis à la charge de l’État national, dès la monarchie de Juillet, alors qu’il est en d’autres pays affaire d’associations patriotiques. D’autre part le processus de nationalisation de la littérature française apparaît comme un impératif de mise à niveau dans l’espace concurrentiel des littératures nationales, mais se heurte sans cesse à la réaffirmation de l’ancienne universalité de la littérature française ancrée dans le socle du classicisme, que l’enseignement de la littérature en France va maintenir jusqu’à la Troisième République. Lorsque la Société des anciens textes français est fondée, en 1875, à l’imitation de la Société des anciens textes anglais – qui la précède de onze ans – le discours de lancement fait par Gaston Paris reprend précisément les deux éléments récurrents de l’argumentaire appelant à l’engagement au service de la littérature nationale, à savoir la nécessité de défendre une position dans un espace international concurrentiel et l’impératif patriotique de l’éducation au national :

16

[…] (cette société) a pour but de mieux faire connaître la vieille France ; elle veut que l’Allemagne ne soit plus le pays d’Europe où il s’imprime le plus de monuments de notre langue et de notre littérature d’autrefois ; elle veut faire revivre le simple langage, les rêves héroïques, les joyeux rires, les vieilles mœurs de nos pères, elle a besoin de l’appui de tous ceux qui comprennent l’importance de la tradition, de tous ceux qui savent que la piété envers les aïeux est le plus fort sentiment d’une nation, de tous ceux qui sont jaloux du rang intellectuel et scientifique de notre pays entre les autres peuples  [14].

17 Le devoir civique de la nation (membres et gouvernement) envers sa littérature est au fondement des politiques culturelles modernes. D’autre part, l’État-nation, tel qu’il se constitue au XIXe siècle, est le cadre par excellence dans lequel peut être élaborée une protection des droits juridiques et économiques des auteurs. Les institutions et entreprises organisant la vie littéraire, revues, salons, maisons d’édition, théâtres, académies et prix sont principalement nationales. Le public national est le premier destinataire et consommateur des œuvres. Les champs artistiques et littéraires, tels qu’ils se constituent au XIXe siècle, sont donc avant tout des champs nationaux. Les circulations transnationales ne sont pas abolies, mais elles sont contrôlées par une série de dispositifs légaux et une subtile « diplomatie culturelle » encadrant les passages de frontières  [15]. En 2002 encore, alors que les entreprises éditoriales étaient largement internationalisées, le démantèlement du secteur éditorial de Vivendi-Universal suscita chez certains écrivains de fortes oppositions contre une éventuelle reprise par des éditeurs étrangers, supposés n’avoir pas de considération pour la production littéraire française  [16].

18 « Pas de nation sans littérature » ; « pas de littérature qui ne soit nationale » : la production littéraire du XIXe siècle a été profondément déterminée par ce double principe même si en France le processus de nationalisation littéraire s’est accompagné de tentatives pour maintenir, puis, pour refonder, une position hégémonique et un rapport privilégié à l’universel  [17].

Notes

  • [1]
    Voir Johann-Gottfried Herder, « Von der Ähnlichkeit der mittleren englischen und deutschen Dichtkunst » (De la similitude des arts poétiques en moyen anglais et moyen allemand), Deutsches Museum, novembre 1777.
  • [2]
    Voir Germaine de Staël-Holstein, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, Maradan, 1800. En 1827-1828 paraît à Paris chez Levrault, dans une traduction d’Edgar Quinet Idées sur la Philosophie de l’Histoire de l’Humanité. C’est seulement à une période récente que les œuvres majeures de Herder ont été traduites en français. Voir également Pierre Pénisson, Johann-Gottfried Herder, La Raison dans les Peuples, Éditions du Cerf, coll. « Bibliothèque franco-allemande », 1992 ; du même « Quinet, Michelet et l’Allemagne », Revue de Synthèse, 1988, n° 2, « Transferts culturels franco-allemands » et « Herder et la littérature nationale » dans Michel Espagne et Michel Werner (dir.), Qu’est-ce qu’une littérature nationale ?, Éditions Maison des Sciences de l’Homme, 1994.
  • [3]
    Voir Michel Espagne, Les Transferts culturels franco-allemands, PUF, 2000 et Anne-Marie Thiesse, La Création des Identités nationales, Europe XVIIIe-XXe siècle, Le Seuil, 1999.
  • [4]
    Charles Nodier, La Quotidienne, 3 juin 1823.
  • [5]
    Voir Benedict Anderson, Imagined Communities. Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, London, Verso, 1983 ; L’Imaginaire national, traduction française par Emmanuel Dauzat, La Découverte, 1996.
  • [6]
    Voir Jürgen Habermas, Strukturwandel der Öffentlichkeit. Untersuchungen zu einer Kategorie der bürgerlichen Geselleschaft, Neuwied, Luchterhand, 1962 ; L’Espace public, Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Payot, 1993.
  • [7]
    Voir Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant et alii, L’An I de l’ère médiatique, Analyse historique de La Presse de Girardin, Nouveau Monde éditions, 2001 ; des mêmes, Presse et Plumes, Journalisme et littérature au XIXe siècle, Nouveau Monde éditions, 2004.
  • [8]
    Victor Hugo, « Note ajoutée à l’édition définitive de Notre-Dame de Paris », cité d’après édition « L’Intégrale », Le Seuil, 1963, p. 242.
  • [9]
    Désiré Nisard, Histoire de la Littérature française, 2e éd., t. I, Didot, 1854, p. 9-10
  • [10]
    Voir Christophe Charle, Paris Fin de siècle, chap. 6 « Champ littéraire français et importations étrangères : la naissance du nationalisme littéraire », Le Seuil, 1998, p. 177-198.
  • [11]
    Alfred Fouillée, Les Études classiques et la démocratie, 1898, p. 21-22.
  • [12]
    Voir Nathalie Heinich, L’Élite artiste, excellence et singularité en régime démocratique, Gallimard, 2005.
  • [13]
    Pierre Boudrot, L’Écrivain éponyme, histoire sociale et culturelle des sociétés prenant nom d’écrivain en Occident de la Révolution française aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, thèse sous la direction de Christophe Charle, Paris I, 2007. Boudrot distingue trois figures de l’écrivain mises en représentation par ces associations : – le héros, par lequel un groupe, majoritairement une nation en cours de construction, pense son unité et sa spécificité (ces usages de l’écrivain-héros dominent la période 1800-1890) ; – l’écrivain classique : l’œuvre, plus que l’écrivain, est mise en avant, cette œuvre étant investie d’une fonction fondatrice de la littérature nationale, dont elle définit les principes et l’excellence (usages qui s’effectuent plutôt dans la période 1840-1914) ; – l’écrivain mortel : c’est alors l’attrait émotionnel pour une individualité remarquable qui suscite l’intérêt (cette phase s’ouvre, dans les nations constituées d’Europe occidentale, en 1880).
  • [14]
    Gaston Paris, Président de la société, 1877, cité d’après Boudrot, ouvr. cité, p. 221.
  • [15]
    Voir Blaise Wilfert, « Cosmopolis et l’homme invisible, Les importateurs de littérature étrangère en France (1885-1914) », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n° 144, 2002, p. 33-46.
  • [16]
    Pour une solution « française » conforme aux règles de la concurrence de l’Union européenne, Editis fut partagé et acquis d’une part par Hachette Livre et d’autre part par le fonds Wendel Investissement. Ce dernier a revendu dès 2008 son acquisition éditoriale au groupe espagnol Planeta. Voir Jean-Yves Mollier, Édition, presse et pouvoir en France au XIXe siècle, Fayard, 2008, chap. X « À l’heure des groupes de communication planétaire », p. 395-429.
  • [17]
    Voir Pascale Casanova, La République mondiale des Lettres, Le Seuil, 1999.
Français

La formation des nations modernes a transformé l’Europe du XIXe siècle. La littérature a joué un rôle de premier plan dans le développement du sentiment d’appartenance nationale, mais elle a été, en retour, profondément marquée par le fait national. L’histoire littéraire et définition du génie national ont été au cœur des processus de « nationalisation » littéraire.

English

The European continent was transformed by the formation of modern nations during the XIXth century. Literature contributed intensively to develop the growing feeling of national belonging ; conversely it underwent deep changes linked with the goals of nation-building. The conception of the history of literature and the definition of national spirit were at the core of the processes determining the “nationalisation” of literatures.

Anne-Marie THIESSE
CNRS
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2010
https://doi.org/10.3917/rom.143.0061
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