CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Le régime de protection sociale italien compte traditionnellement sur la contribution substantielle que constitue l’aide gratuite assurée par la famille pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Cependant, pour procurer une aide à domicile aux seniors, un nombre croissant de ménages emploient désormais, à titre privé, des travailleurs immigrés, que le plus souvent ils hébergent. Ce phénomène revêt une ampleur bien plus grande que dans d’autres pays industrialisés, et l’on assiste à une « ethnicisation » du secteur de l’aide aux personnes âgées, évolution qui est en passe d’éclipser la traditionnelle féminisation de cette activité.

2Plusieurs facteurs favorisent la venue de cette main-d’œuvre en Italie, notamment la progression continue de l’emploi féminin, une préférence pour les prestations sous forme de versements (plutôt que de services), une approche culturelle selon laquelle l’aide (en général et pour les seniors en particulier) relève dans une large mesure de la responsabilité de la famille (et des enfants) et une relative aversion pour le placement en établissement (Alber, Köhler, 2004).

3Dans une première partie, cet article propose une analyse détaillée de ces facteurs et dresse une vue d’ensemble des grandes tendances qui gouvernent actuellement, en Italie, l’offre et la demande d’aide aux seniors, sous l’angle des changements démographiques, du marché du travail et de l’aide sociale. Quelques observations sont faites sur le rôle marginal joué par les aidants professionnels. Les facteurs incitant les ménages italiens à faire appel aux travailleurs migrants sont également abordés, ainsi que les difficultés auxquelles ces derniers sont confrontés et les solutions qui pourraient leur permettre de les surmonter. Face à la progression de cette tendance dans plusieurs États européens, non seulement en tant que pays d’accueil mais aussi comme pays d’origine, cet article offre quelques pistes de réflexion sur la manière dont l’Union européenne pourrait mieux se saisir de ce dossier.

4La deuxième partie de cet article s’attache à décrire les tendances les plus significatives qui se dégagent du secteur de l’aide aux personnes âgées et qui sont susceptibles de jouer un rôle, direct ou indirect, sur la croissance et la généralisation de ce phénomène en Italie. Cette analyse repose principalement sur l’étude de sources secondaires et de bases de données statistiques, qui ont été sélectionnées en privilégiant, lorsque c’était possible, celles qui présentent des données comparatives.

5La troisième partie dépeint la progression des migrations liées aux services d’aide en Italie, avec tout d’abord un aperçu chiffré de ce phénomène qui relève, dans une large mesure, du travail non déclaré. Ces estimations ont été obtenues à partir de données officielles des organismes de sécurité sociale nationaux et des résultats d’une étude menée par Eurofamcare [1]. C’est de cette dernière, et d’autres sources secondaires, que sont tirées les données présentées, et qui décrivent les principaux facteurs incitant les familles italiennes à embaucher elles-mêmes des aidants étrangers pour s’occuper des seniors à domicile.

6À partir des mêmes sources est ensuite abordé l’emploi d’aidants étrangers dans les hôpitaux et les établissements spécialisés. Enfin sont analysés plus en détail le profil, la situation et les difficultés des migrants employés par les ménages, essentiellement d’après les données d’une étude réalisée auprès de 220 femmes étrangères qui s’occupent de personnes âgées dépendantes dans le centre de l’Italie (Lucchetti et al., 2005).

7En conclusion, un examen des opportunités et des difficultés à venir, à la fois pour les pays d’accueil et les pays d’origine, permet d’établir un programme, certes provisoire, pour la recherche et le traitement politique et pratique de ces enjeux, encore largement négligés.

? Les tendances actuelles de l’offre et de la demande d’aide aux personnes âgées en Italie

? Les conséquences du vieillissement sur la demande de soins pour les seniors

8L’Italie est aujourd’hui l’un des pays les plus vieux au monde, plus de 20% de sa population (soit environ 11,8 millions de personnes) étant âgée de 65 ans ou plus (US Census Bureau, 2008). Cette situation, qui s’explique par les effets combinés de l’allongement de l’espérance de vie et de la baisse du taux de fécondité sur le long terme, s’accompagne d’une amélioration progressive de la santé des seniors. En témoigne la baisse du taux d’invalidité, passé de 21,7% en 1994 à 18,8% en 2005. Le nombre de seniors italiens invalides s’est ainsi stabilisé au cours des dix dernières années, pour s’établir autour de deux millions de personnes (Lamura, Melchiorre, 2007).

9La plupart des projections démographiques font état d’une poursuite du vieillissement en Italie, où les seniors devraient représenter près d’un tiers de la population d’ici à 2040 (Eurostat, 2007). Cependant, il est moins certain que les progrès en matière de santé et d’invalidité persistent eux aussi, en tout cas pas dans de telles proportions (Robine et al., 2005). D’après les données actuelles, et si l’on laisse de côté les retombées potentielles des innovations techniques, ces deux phénomènes auront très certainement pour conséquence, à long terme, la poursuite de la hausse du nombre d’Italiens âgés dépendants.

? Les tendances qui influent sur la disponibilité des aidants « informels »

Les tendances démographiques

10En Italie, le nombre d’adultes âgés de 40 à 64 ans, c’est-à-dire les individus les plus susceptibles de devoir prendre en charge leurs propres parents en raison de leur âge avancé, voire très avancé, devrait progresser jusqu’en 2020 et atteindre le seuil de 22 millions de personnes, puis commencer à reculer (Istat [2], 2008). Ainsi, la « variable démographique » ne devrait pas créer de pénurie grave d’aidants informels au cours des dix prochaines années au moins. Il faut toutefois garder à l’esprit qu’avec trois adultes pour un senior, le « ratio de soutien potentiel » (c’est-à-dire le nombre d’individus en âge de travailler – 15-64 ans – par rapport à celui des individus âgés de 65 ans et plus) est très faible en Italie (Onu, 2006) et continue de reculer en raison de l’allongement de l’espérance de vie. Récemment, une étude plus complète sur la composition des familles a montré qu’au cours des vingt prochaines années, le nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus et n’ayant pas d’aidants potentiels dans leur famille (par exemple un conjoint ou un enfant) restera stable en Italie, comme dans la majorité des États européens (Gaymu, 2008).

Les tendances du marché du travail

11La progression de l’emploi féminin fait aussi partie des tendances susceptibles d’influer négativement sur la disponibilité des aidants informels en Italie. Entre 1994 et 2004, le taux de participation des femmes au marché du travail (population active féminine, tous âges confondus, divisée par le nombre total de femmes âgées de 15 à 64 ans) est passé de 42,4% à 51,0% (OCDE, 2005a), et des chiffres récents signalent que cette tendance se poursuit (Istat, 2008a). Si elle n’est pas accompagnée de mesures permettant de concilier activités d’aide et activité professionnelle, cette évolution se traduira très certainement par une réduction de la disponibilité des aidants de sexe féminin, qui, en Italie comme ailleurs, constituent traditionnellement la clé de voûte de l’aide informelle (Alber, Kohler, 2004).

12Parallèlement, on constate une tendance, lente mais perceptible, au recul de l’âge de départ à la retraite, qu’explique une série de réformes du système de retraite italien ayant rendu les départs anticipés plus difficiles et moins rentables. Le taux d’emploi des 55-64 ans, le groupe d’âge où se trouve le plus grand nombre d’aidants informels, le confirme sans ambiguïté : il est passé de 27,5% en 2000 à 32,5% en 2006 (Eurostat, 2007a), même s’il reste l’un des plus faibles en Europe (Aliaga, Romans, 2006).

Les tendances sociales

13Si les évolutions démographiques et celles du marché du travail ne révèlent pas de tendance lourde ou imprévisible, susceptible de réduire le contingent d’aidants informels, un phénomène plus préoccupant semble à l’œuvre : le recul de la « propension sociale » à s’occuper des personnes âgées. Cette inquiétude est corroborée par les résultats d’une étude de l’Institut national italien des statistiques (Istat), qui donne une estimation du nombre de ménages ayant reçu une aide extérieure gratuite (c’est-à-dire un soutien informel apporté par des membres de la famille non cohabitants, des amis ou des voisins) pour 1983,1998 (Sabbadini, 2003) et 2003 (Fraboni, 2006). Pendant ces deux décennies, la proportion de couples biactifs avec de jeunes enfants est restée stable et représente environ un tiers du nombre total de ménages recevant une aide informelle extérieure. Parallèlement, la part de ménages comptant au moins un membre âgé de 65 ans ou plus (et sans enfant) a quasiment diminué de moitié, passant de 31% à 18%.

14On peut déduire de ces tendances que la demande d’aide informelle des ménages avec de jeunes enfants et celle des familles comprenant des personnes âgées dépendantes entrent « en concurrence », et que ce sont les premiers qui sont de plus en plus privilégiés par les réseaux de soutien informel, notamment dans le cas des couples biactifs. Cette évolution mérite une attention particulière, d’autant que le nombre d’Italiens vivant seuls est en hausse (plus de 28% actuellement contre 26% en 1994; Istat, 2004), signe de l’intérêt moindre que portent les jeunes et les adultes aux cohabitations plurigénérationnelles.

? Le familialisme italien et le droit à la pension alimentaire

15Si les tendances décrites ci-dessus sont sans aucun doute révélatrices de changements d’attitude majeurs au sein de la société italienne vis-à-vis de l’aide informelle aux personnes âgées, les Italiens conservent, par comparaison avec d’autres États européens, une approche de l’aide aux seniors très centrée sur la famille. Cette conclusion se reflète dans le pourcentage supérieur à la moyenne d’Italiens qui estiment que « les enfants devraient payer pour l’aide apportée à leurs parents » (24,5 % contre 17,8% dans l’UE à 25) ou qui considèrent que c’est « une bonne chose si, à l’avenir, les adultes actifs s’occupent davantage de leurs parents âgés » (75,5% contre 42% en moyenne dans l’UE à 25) (Alber, Köhler, 2004). Par conséquent, l’Italie est l’un des pays européens comptant la plus forte proportion de femmes âgées de 55 à 64 ans qui déclarent être « inactives » sur le marché du travail en raison de leurs responsabilités familiales (soit plus de 30% du nombre total de femmes contre 10% en moyenne dans l’UE à 15) (Van Bastelaer, Blöndal, 2003).

16La vision très familialiste de la culture italienne se traduit également par la notion de « droit à la pension alimentaire ». En effet, selon la législation italienne, toute personne saine d’esprit a le droit, si elle est dans le besoin et que ses ressources sont insuffisantes, de solliciter une pension alimentaire (c’est-à-dire un soutien financier) auprès d’un membre de sa famille, jusqu’au second degré de parenté. Il s’agit d’un droit individuel (qui ne peut donc être exercé par un tiers), auquel vient s’ajouter un droit constitutionnel : la loi fondamentale oblige en effet les municipalités à assurer l’aide nécessaire (financière et sociale) à quiconque ne peut vivre par ses propres moyens. Mais, par souci d’économie, de nombreuses municipalités ne respectent pas la loi et font illégalement pression sur les familles des personnes âgées pour que celles-ci contribuent au financement de l’aide si les ressources de la personne dépendante n’y suffisent pas, sans en demander la permission à cette dernière (Lamura et al., 2001). C’est particulièrement vrai pour le placement en établissement spécialisé, que de nombreuses personnes âgées ne sont pas assez riches pour payer en totalité et pour lequel les municipalités doivent financer la différence. En effet, en 2004, chaque Italien placé en établissement a payé environ 4000 euros, contre plus de 5400 euros pour les municipalités, bien qu’il existe des différences régionales marquées (Istat, 2007).

? Le rôle marginal des services formels

Services à domicile et en établissement

17Si la disponibilité des soins informels semble reculer, quoique dans des proportions insuffisantes pour remettre en question la vision familialiste traditionnelle de la plupart des Italiens, les services professionnels restent sous-développés et inégalement répartis dans le pays. Les services à domicile, qui sont au cœur des dispositifs favorisant le maintien des personnes âgées chez elles, objectif également privilégié par la législation italienne récente, ne concernent que 3% des plus de 65 ans, et sont surtout concentrés dans les régions du Nord (OCDE, 2005b; Pesaresi, Gori, 2005). Le sud du pays est également pénalisé par la répartition inégale des établissements résidentiels spécialisés, qui n’accueillent pas plus de 2% des Italiens âgés. Phénomène plus intéressant encore, ces dernières années, le nombre de personnes très âgées (qui représentent la majeure partie des résidants de ces établissements) vivant dans ces institutions a chuté de manière spectaculaire : entre les deux derniers recensements (1991 et 2001), le pourcentage de personnes âgées de plus de 85 ans (hommes et femmes) vivant dans une structure d’accueil a reculé de près de 50% (Tomassini et al., 2004).

Rationalisation des soins aigus et pénurie de personnel infirmier

18Parallèlement, dans les années 1990, une rationalisation du secteur de la santé pour des raisons budgétaires a conduit les hôpitaux italiens à adopter le système de classification fondé sur les groupes homogènes de malades (GHM), ce qui s’est traduit par un raccourcissement notable de la durée moyenne des séjours. Celle-ci s’établit désormais à environ six jours, soit près de la moitié de la durée observée au début des années 1990 (Ministère de la Santé italien, diverses années). D’un côté, ce processus de rationalisation s’est limité aux soins aigus, ne tenant aucun compte de la nécessité d’une continuité entre ces derniers et les soins de longue durée, ce qui augmente in fine le nombre de patients indûment admis dans des hospices (conçus à l’origine pour accueillir les personnes âgées dans le besoin, plutôt que les personnes dépendantes, et donc inadaptés pour les soins que leur état de santé requiert) (Tinti, 2004).

19D’un autre côté, cette rationalisation n’a pas permis de supprimer l’une des principales sources de coûts qui pèsent sur le système de santé italien : le nombre très élevé de médecins (4,2 pour 1000 habitants), contre un nombre d’infirmiers relativement modeste (5,4 pour 1000 habitants) (OMS, 2006). Ce déséquilibre, depuis longtemps à l’origine d’une pénurie de personnel infirmier, contribue à retarder le transfert d’une partie des ressources des soins aigus vers les soins de longue durée.

? L’orientation financière du système italien de protection sociale

20Cependant, le rôle marginal joué par les services de soins formels au sein du régime social italien trouve une explication encore plus claire à la lumière d’une autre caractéristique du système social italien : son orientation « financière », c’est-à-dire la prédominance traditionnelle des allocations destinées à financer les soins comme principale forme d’aide aux citoyens qui en ont besoin, par opposition aux services en nature. Cette situation s’explique par le fait qu’en Italie, toute personne dépendante est en droit de recevoir différentes prestations de la part de différentes autorités :

  • la « pension d’invalidité », servie par l’État, sous conditions de ressources, et dont le montant est de 247 à 266 euros par mois, suivant la nature de l’invalidité;
  • l’« allocation pour soins », également versée par l’État, qui n’est pas attribuée sous conditions de ressources, et qui varie de 445 à 733 euros par mois;
  • les prestations pécuniaires introduites plus récemment par certaines autorités locales, qui peuvent être cumulées, l’une provenant par exemple de la région et l’autre de la commune.

21Elles sont habituellement (mais pas toujours) attribuées sous conditions de ressources, et leur utilisation est parfois (mais pas souvent) contrôlée. Leur montant ne dépasse généralement pas les 300-500 euros par mois. Si l’on totalise ces différentes catégories de prestations, on parvient à un versement de 800-900 euros par mois pour les bénéficiaires.

22Bien qu’elles se limitent parfois au territoire couvert par l’autorité locale qui les verse, ces aides financières sont attribuées dans certains cas assez largement et assurent une fonction de « soutien au revenu ». C’est notamment le cas de l’allocation pour soins mentionnée ci-dessus, qui a été accordée en 2005 à 7,7% des Italiens de plus de 65 ans, ce qui constitue une forte hausse par rapport à 2001 (5,5%) (Da Roit, 2006). On comprend ce phénomène quand on sait que depuis son entrée en vigueur, en 1980, non seulement l’utilisation qu’en font les bénéficiaires (officiellement libres d’employer ces subsides à leur guise), mais aussi la procédure d’évaluation des besoins, ne sont guère contrôlées, si bien que cette allocation est devenue une forme cachée de revenu, reflétant en partie le phénomène de « clientélisme » local (Lamura et al., 2001).

? Le rôle des aidants immigrés

? L’ampleur du phénomène

23À la lumière des évolutions décrites ci-dessus, il n’est guère surprenant qu’un nombre croissant de familles italiennes se tournent vers les aidants immigrés pour les soins à leurs membres âgés. Étant donné le grand nombre de familles qui emploient des aidants étrangers sans contrat de travail, les chiffres disponibles à ce sujet doivent être considérés comme des estimations. Cependant, ils nous permettent d’observer clairement ( cf. tableau 1) qu’après l’accélération de 2002 qui a fait suite à une campagne nationale de régularisation, les travailleurs étrangers représentent désormais l’écrasante majorité des aidants à domicile en Italie, et que leur nombre total a presque quadruplé pendant la dernière décennie. Ce phénomène revêt une telle ampleur qu’il ne saurait être qualifié de mouvement de renouvellement. Il s’agit plutôt d’un élargissement structurel, corrélé à une évolution de la conception que se fait la société italienne des individus qui doivent fournir l’aide à domicile, laquelle revient aujourd’hui essentiellement aux migrants étrangers, dans une sorte d’« ethnicisation » des soins aux personnes âgées.

Tableau 1.

Origine des aidants en Italie (1991-2005)

Tableau 1.
Tableau 1. Origine des aidants en Italie (1991-2005) Aidants de nationalité étrangère %Total 1991 181096 35740 16,5 1929421995 67697 35,1 2599712000 133837 51,5 2674342001 138860 51,9 5110342002 380125 74,4 5385172003 408503 75,9 4930122004 366075 74,3 730000*2005 600000* 82,2* *Estimations intégrant les demandes présentées lors de la campagne de régularisation de 2006. Sources: jusqu’en 2004: INPS (année correspondante); 2005 : CISL 2006.

Origine des aidants en Italie (1991-2005)

jusqu’en 2004: INPS (année correspondante); 2005 : CISL 2006

24Lorsque l’on s’intéresse au pays d’origine de ces aidants ( cf. graphique 1), on constate que la plupart viennent d’Europe centrale, et particulièrement d’Ukraine et de Roumanie, mais aussi de Pologne, de Moldavie et d’Albanie, bien qu’une proportion non négligeable d’entre eux soient originaires d’autres continents, comme l’Amérique du Sud (Équateur et Pérou) et l’Asie (Philippines et Sri Lanka) (INPS-Caritas/Migrantes, 2004). Là encore, il faut préciser que ces chiffres ne sont donnés qu’à titre indicatif et provisoire, et ce, pour deux raisons. D’une part, ils sont peu fiables car une partie de ces migrants travaillent illégalement. D’autre part, depuis quelque temps, les flux migratoires présentent une évolution rapide et de grande ampleur.

Graphique 1.

Pays d'origine des aidants à domicile en Italie (en milliers, 2003)

Graphique 1.
Graphique 1. Pays d'origine des aidants à domicile en Italie (en milliers, 2003)

Pays d'origine des aidants à domicile en Italie (en milliers, 2003)

25Nous disposons d’une autre source de renseignements utiles pour comprendre l’étendue de ce phénomène : les données collectées à l’occasion de l’étude Eurofamcare. Elles indiquent que plus de 13% des ménages italiens qui apportent une aide informelle à une personne âgée dépendante emploient à titre privé un aidant rémunéré, aidant dont nous savons, d’après les chiffres de l’INPS [3] présentés ci-dessus, qu’il est dans la plupart des cas un immigré (Lamura et al., 2006). Point plus crucial encore, les ménages qui recourent le plus souvent à cette solution sont ceux qui doivent s’occuper des cas les plus lourds, par exemple d’un membre de la famille atteint de démence (plus d’une famille italienne sur quatre qui doit faire face à cette épreuve emploie des aidants immigrés) ou qui souffre d’un handicap grave (plus d’un tiers des ménages dans ce cas optent pour les services d’un aidant étranger) (Lamura et al., 2008). Ce constat semble suggérer que l’emploi de migrants est devenu une solution systématique en Italie lorsqu’il s’agit d’assurer des soins de longue durée qui ne peuvent pas être dispensés correctement dans les établissements de soins traditionnels ou à domicile par la famille.

26Un fait semble indirectement confirmer cette observation : dans la plupart des cas, l’aidant immigré partage aussi la résidence de la personne âgée, ce qui constitue un moyen pratique de réduire les coûts pour les deux parties (Lamura et al., 2007a). Si l’on considère que près de 13% des personnes âgées italiennes aidées par leur famille partagent leur domicile avec un aidant migrant (Czekanowski et al., 2006) et que dans la moitié de ces cas (6,6%), la personne âgée vit par ailleurs seule (Lamura et al., 2007b), on comprend que cette formule commence de facto à faire évoluer jusqu’aux modes de vie traditionnels des personnes âgées, dans un pays où les ménages multigénérationnels se raréfient (même si leur nombre reste bien supérieur à la moyenne observée dans les pays d’Europe du Nord-Ouest) (Tomassini et al. 2004).

? Les raisons de l’emploi d’une main-d’œuvre immigrée

27Lorsqu’on analyse plus en profondeur les motivations qui poussent les familles italiennes à employer des aidants migrants (Spano, 2006), on a l’impression de se retrouver devant la liste des priorités que le système italien de soins de longue durée est actuellement incapable de satisfaire : les raisons les plus souvent citées sont « apporter des soins constants » (continuité des soins), « permettre à la personne âgée de vivre à son domicile » (vieillir chez soi grâce aux soins à domicile), « pouvoir continuer de travailler » et « préserver sa propre famille » (concilier travail rémunéré et responsabilités familiales des aidants), et « l’absence d’autre solution adaptée » (pour obtenir une qualité de soins acceptable).

28Certes, le choix de cette solution suppose aussi de disposer de moyens financiers, et donc de revenus, suffisants. Toutefois, on constate de plus en plus qu’en Italie, au-delà du rôle joué par les prestations versées par l’État pour la prise en charge des soins (dont l’attribution est positivement associée à l’emploi d’aidants étrangers, en particulier lorsque des allocations locales pour soins s’ajoutent aux prestations nationales), il convient d’opérer une distinction importante entre le revenu des personnes âgées et celui de leurs enfants. C’est en fait surtout le revenu des enfants qui exerce une influence positive sur le choix d’employer un travailleur étranger : les enfants appartenant au décile de revenu le plus élevé recourent à cette solution six à sept fois plus fréquemment que ceux se rangeant dans le décile de revenu le plus bas (Lamura et al., 2007a). Ces constats permettent de faire le point sur le rôle joué par la situation socioéconomique, mais masquent aussi en partie un autre aspect : la décision d’embaucher un aidant étranger dépend fortement de la situation des enfants et des beaux-enfants sur le marché du travail, puisque ceux qui ont un emploi affichent une propension nettement plus forte à opter pour cette formule.

29D’un point de vue financier, il convient également de préciser qu’outre les allocations publiques et la cohabitation, trois autres facteurs permettent de comprimer les coûts pour les ménages italiens qui emploient un aidant étranger : les différentiels de salaires entre l’Italie et le pays d’origine des migrants, le fait que ceux-ci ne sont, dans la plupart des cas, pas déclarés, et les incitations fiscales accordées depuis peu aux ménages qui les déclarent afin de faire diminuer les coûts globaux et de lutter contre le travail clandestin.

30En ce qui concerne le premier facteur, il ne faut pas oublier que les différentiels de salaires peuvent être substantiels : en moyenne, en Italie, un migrant travaillant à temps plein au sein d’un ménage peut gagner environ 800-1000 euros nets par mois (Mesini, 2004), contre un salaire moyen d’environ 150 euros en Ukraine et d’environ 300 euros en Roumanie en 2006 (Raiser, 2007). Il convient néanmoins de préciser que dans les pays européens dont sont originaires la majeure partie des aidants étrangers travaillant en Italie, après la crise économique qui a fait suite au démantèlement de l’Union soviétique dans les années 1990, le niveau des salaires a amorcé une nette remontée ces dernières années, comme en témoigne, par exemple, le doublement des salaires en Roumanie entre 2003 et 2007 (Hugh, 2008).

31Pour ce qui est du deuxième facteur, plusieurs études citent des données empiriques montrant qu’un grand nombre d’aidants étrangers sont employés en Italie sans être déclarés (Pasquinelli, 2008), et d’après certaines estimations, plus de la moitié de ces travailleurs sont dans en situation illégale (Lucchetti et al., 2005). Même lorsqu’un contrat est conclu en toute légalité, ce dernier stipule souvent un nombre d’heures de travail (et, partant, un niveau de salaire) inférieur à la réalité, par souci d’économie (Da Roit, 2004).

32Enfin, la campagne de régularisation de 2002 a de facto « institutionnalisé » l’idée que, dans l’esprit du gouvernement de centre-droite, de Silvio Berlusconi au pouvoir à cette époque-là, les migrants ne sont les bienvenus en Italie qu’à condition qu’ils s’occupent des personnes âgées ou travaillent dans certains secteurs de l’industrie qui connaissent une pénurie de main-d’œuvre. Cette campagne s’est pour la première fois accompagnée de l’introduction d’incitations fiscales, avec la possibilité de déduire des impôts les frais d’emploi des aidants (à concurrence de 1800 euros par an), mesure qui a ensuite été reconduite chaque année depuis (y compris pendant la mandature du gouvernement de gauche de Romano Prodi).

33En raison des effets conjugués de tous ces facteurs, cette solution est économiquement beaucoup plus intéressante que le placement du parent âgé dans un établissement d’accueil, dont les tarifs mensuels ne sont pas inférieurs à 1500-2000 euros par mois (pour une dépendance légère). Il est généralement admis que c’est ce différentiel économique remarquable qui explique la perte de vitesse du recours au placement en institution, déjà assez rare, en Italie. On ne peut toutefois pas exclure que d’autres facteurs y aient contribué, comme l’amélioration de l’état de santé des Italiens âgés, du côté de la demande, ainsi que les limites financières et organisationnelles aux soins en établissement et à domicile, du côté de l’offre (Gori, Guaita, 2007).

? L’emploi d’aidants immigrés dans des cadres « hors domicile »

34La grande majorité des aidants sont sans aucun doute employés à titre privé par des familles italiennes pour apporter des soins à domicile, mais ces dernières années, on a pu observer une tendance analogue, quoique moins marquée, dans des cadres plus formels et institutionnalisés. À cet égard, il faut faire au moins trois types d’observations. La première concerne les migrants étrangers employés pour pallier la pénurie de candidats italiens aux postes d’infirmiers et d’autres fonctions de soignants au sein d’établissements de santé, tels que les hôpitaux. Dans ce secteur, l’emploi de personnel étranger continue à croître à un rythme très lent, comme en atteste par exemple le fait qu’il ne représente encore qu’une proportion marginale du personnel infirmier ( cf. tableau 2, p.84).

35La deuxième composante est plus inquiétante car elle aboutit à légitimer le fait que les pouvoirs publics se soustraient systématiquement à leurs responsabilités, même dans le cadre des soins hospitaliers, traditionnellement au cœur du système : de nombreuses familles italiennes, surtout dans le Nord-Est et le centre du pays (où une famille sur cinq fait état de cette situation), se sentent obligées d’employer à titre personnel des aidants, et souvent, là encore, sans les déclarer, afin que la personne âgée puisse bénéficier de soins de nuit durant son séjour à l’hôpital (Lamura et al., 2007a). En effet, la pénurie de personnel mentionnée ci-dessus a conduit de nombreux hôpitaux à tolérer cette pratique (voire à la « suggérer » ou à l’« institutionnaliser » de manière plus ou moins officielle); les aidants peuvent être contactés grâce à des listes affichées à l’entrée de la salle commune. Les frais supportés par les familles s’établissent entre 50 et 80 euros par nuit (selon le lieu), montant qui explique en partie pourquoi non seulement des immigrés, mais aussi de nombreux Italiens (environ 70% du total) offrent leurs services dans cette « niche professionnelle » lucrative.

Tableau 2.

Infirmiers étrangers employés dans des hôpitaux italiens, 2002-2005

Tableau 2.
Tableau 2. Infirmiers étrangers employés dans des hôpitaux italiens, 2002-2005 % de variation % 2005 %2002 2002-2005 UE 16 0,6 1989 29,6 + 12331,3 Hors UE 1821 69,7 2616 38,9 + 43,7 1837Total Europe 70,3 4605 68,5 + 150,68 366Afrique 14,0 443 6,6 + 21,0 Asie 105 4,0 820 12,2 + 681,0 302Amérique 11,6 838 12,5 + 177,5 2Océanie 0,1 24 0,4 + 1100,0 2596Total infirmiers hors UE 99,4 4741 70,4 + 82,6 2612Total infirmiers étrangers 100,0 6730 100,0 + 157,7 0,8% d’infirmiers étrangers par rapport au total - 2,0 - Source: Caritas/Migrantes, 2006.

Infirmiers étrangers employés dans des hôpitaux italiens, 2002-2005

Caritas/Migrantes, 2006

36Il existe un autre type d’emplois dans lesquels on trouve de plus en plus d’aidants migrants : les emplois en structures d’accueil collectif. Cette évolution est partiellement imputable à la fragmentation marquée de ce secteur, qui, en Italie, n’est pas rattaché au système de santé (ce dernier était organisé à l’échelle nationale jusqu’à ce qu’une récente réforme de décentralisation le confie aux régions), mais est organisé à l’échelon régional; il n’existe donc pas de données agrégées sur la nationalité de cette catégorie de personnel. Cependant, diverses études locales laissent à penser que le nombre d’aidants étrangers travaillant dans des établissements d’accueil collectif est en rapide augmentation, ce qui permet d’atténuer la pénurie de personnel italien tout en nécessitant des procédures d’embauche bien moins compliquées que dans le secteur de la santé.

? Le point de vue des aidants migrants

37Après avoir mis en lumière les principales motivations qui poussent les familles italiennes à employer à titre privé des aidants étrangers, nous allons nous intéresser au point de vue de ces migrants. Pour saisir leurs principales caractéristiques ainsi que leurs expériences en la matière, nous allons nous appuyer sur les constats qui se dégagent d’une étude menée auprès de 220 femmes migrantes employées pour s’occuper de personnes âgées dépendantes vivant dans le centre de l’Italie (sauf mention contraire, toutes les observations rapportées dans cette partie proviennent de Lucchetti et al., 2005).

Observations sociodémographiques, tâches effectuées par les aidants immigrés travaillant à domicile et motivations

38On sait que les femmes représentent environ quatre aidants immigrés sur cinq (Sarti, 2004) et leurs autres caractéristiques sociodémographiques sont les suivantes : elles sont majoritairement d’âge moyen (72% de l’échantillon retenu par l’INRCA [4] ont entre 26 et 45 ans) et se trouvent dans une situation matrimoniale relativement « atypique » (du moins dans le contexte italien) pour cette classe d’âge (27% ne sont pas mariées, 20% sont divorcées et 7% sont veuves, contre « seulement » 46% de femmes mariées). Autre caractéristique importante, la majorité d’entre elles dispose d’un niveau d’instruction assez élevé : 12% sont titulaires d’un diplôme universitaire, 23% ont achevé leurs études secondaires et 16% ont suivi un cursus professionnalisant. Seulement 1% n’a jamais fréquenté l’école et 15% se sont arrêtées à l’école primaire.

39Étudions le type et l’intensité des activités d’aide et de soins effectuées, en gardant à l’esprit le fait, déjà mentionné, que plus de 60% d’entre elles exercent leur emploi sans contrat de travail régulier, alors que 22% sont employées légalement sur une base permanente et 11% sur une base temporaire : plus d’une aidante immigrée sur trois (37%) doit effectuer toutes sortes d’activités auprès des personnes âgées qu’elle a en charge. Quand cela ne se passe pas ainsi, les activités de loin les plus fréquentes sont les soins à la personne (45%), la compagnie (9%), les activités ménagères (4%) et la préparation/le portage de repas (2%). Les données relatives au nombre d’heures travaillées sont, elles aussi, très frappantes : dans plus d’un cas sur cinq (26%), ces femmes travaillent plus de 13heures par jour, et dans un cas sur cinq, de 9 à 12heures, bien que le groupe numériquement le plus important (28%) travaille en moyenne 5 à 8 heures par jour.

40Les motivations qui ont conduit ces migrantes à choisir ce type d’emploi tiennent surtout à des raisonnements comme « c’est facile à trouver » (35%) ou « c’est le seul emploi que j’aie pu trouver » (34%), ce qui montre qu’il s’agit bien d’une « niche ethnique » dans le contexte italien. Tout aussi remarquables, quoique moins fréquemment mentionnés, sont les motifs tels que « c’est un travail bien payé » (24%), qui reflète la perception individuelle, mentionnée plus haut, des différentiels de salaires entre l’Italie et le pays d’origine, ou « cela m’a été suggéré par des amis ou des connaissances » (22%), soulignant que ce genre de travail est souvent le résultat d’un « bouche à oreille » qui fait appel aux « réseaux de migrants » (c’est-à-dire qui permet de recommander, par rotation, différents migrants à des familles).

Difficultés auxquelles sont confrontés les aidants immigrés à domicile

41Deux facteurs sont susceptibles d’accroître le risque que l’une ou l’autre partie abuse de la situation : l’important volume horaire journalier, souvent associé à un engagement 24 heures sur 24 lorsque le migrant habite avec la personne dont il s’occupe, et la multiplication des emplois sans contrat de travail officiel (Lamura et al., 2008a). C’est également ce que montrent les fréquentes difficultés dont font état les aidants étrangers dans leurs relations avec les familles qui les emploient : problèmes de communication et de compréhension (28% des cas), manque de respect (16%), exploitation physique (13%) aussi bien que financière (7%). Ces chiffres ne représentent probablement que la partie émergée de l’iceberg, car en raison de leur position contractuelle très précaire, de nombreux migrants se refusent à parler franchement de leur situation par peur de représailles. Sans surprise, de nombreux migrants se plaignent des pressions psychologiques et des situations émotionnellement tendues qu’ils subissent, mais aussi de la pénibilité physique de leur travail et du peu de temps libre et d’espace de liberté dont ils disposent : presque un migrant sur quatre affirme pouvoir à peine sortir de la maison dans laquelle il travaille ( cf. graphique 2).

42En outre, si l’on considère que plus de trois quarts (77%) des aidants immigrés font parvenir, en moyenne, la moitié de leurs revenus à leur famille, dans leur pays natal, il n’y a rien d’étonnant à ce que les solutions qu’ils suggèrent eux-mêmes pour surmonter ces difficultés soient « des salaires plus élevés » (mentionnés par 45% des migrants), « des horaires de travail moins lourds ou plus flexibles » (43%) et « davantage de respect » pour leur dignité, en particulier d’un point de vue professionnel (34%), ce qui met en avant un besoin patent d’investissements accrus dans la formation en vue d’améliorer leurs qualifications.

Graphique 2.

Aspects les plus pesants du travail d’aidant

Graphique 2.
Graphique 2. Aspects les plus pesants du travail d’aidant

Aspects les plus pesants du travail d’aidant

43Tant que ces solutions ne seront pas appliquées dans la majorité des cas, les piètres conditions de travail dans le secteur des soins privés à domicile en Italie appelleront une rotation continue du personnel, afin qu’un flux suffisant de migrants permette de pallier la pénurie de main-d’œuvre. En effet, seule une minorité d’étrangers (21-22%) travaillant actuellement dans ce secteur, même s’ils sont employés légalement, peuvent imaginer continuer d’y travailler à plein-temps. En conséquence, l’Italie devra régulièrement approcher de nouveaux pays pourvoyeurs de main-d’œuvre afin que l’offre de personnel aux conditions du marché et aux salaires actuels soit suffisante. Or, c’est loin d’être évident, ce qui remet donc sérieusement en question la pérennité de ce « modèle » particulier de soins aux personnes âgées.

? Conclusion

44Des décennies durant, l’immigration a essentiellement concerné l’Europe du Nord-Ouest, qui employait les migrants surtout dans son industrie manufacturière. Mais depuis le début du XXIe siècle, on observe que les pays de l’Europe du Sud-Est occupent une place croissante dans ces mouvements migratoires ( cf. graphique 3), et que les migrants travaillent surtout dans les secteurs des travaux domestiques et des soins à la personne. Vu les similitudes entre la situation en Italie et dans d’autres pays méditerranéens, et étant donné que même les pays d’Europe centrale (Hilman, 2005; Kreimer, Schiffbänker, 2005) et du Nord (Timonen et al., 2006) mentionnent de plus en plus souvent ce phénomène, une synthèse des opportunités et des difficultés qui y sont associées pourrait contribuer à mettre en lumière le rôle que seraient susceptibles de jouer les initiatives publiques, non seulement à l’échelle nationale mais aussi européenne, afin que ce travail se fasse dans le respect des droits de l’homme et des intérêts de toutes les parties prenantes.

45Commençons par les opportunités qu’offre l’emploi d’aidants immigrés. Il faut reconnaître que si ce dernier est devenu un pilier des soins aux personnes âgées en Italie, c’est vraisemblablement avant tout par commodité économique pour les deux parties : pour la famille de la personne âgée, qui peut faire des économies en embauchant, souvent sans la déclarer, une personne disponible pour procurer des soins 24 heures sur 24 en contrepartie d’un salaire dérisoire, accepté en raison du différentiel par rapport à celui qui serait perçu dans le pays d’origine du migrant; et pour le migrant lui-même, qui, grâce à la solution de la cohabitation, peut limiter ses dépenses de logement et envoyer une part substantielle de ses revenus à sa famille restée au pays. En outre, cette situation est plus ou moins indirectement favorisée par l’orientation du système de protection sociale italien, qui attribue des allocations pour le paiement des soins, et fait prévaloir l’aide financière accordée aux familles sur les services en nature. Cette solution présente un autre avantage : grâce à des soins à domicile apportés rapidement et adaptés aux besoins à la fois du bénéficiaire et de sa famille, le placement en institution est retardé, ou même complètement évité. Bien sûr, cet objectif est souhaitable non seulement d’un point de vue individuel, mais aussi pour la situation globale du régime de protection sociale.

46Néanmoins, dans le même temps, plusieurs difficultés de dimension éthique et socioéconomique découlent du fait que pour l’essentiel, ce phénomène se déroule, en Italie, de manière largement non maîtrisée. Premièrement, on ne dispose d’aucune donnée claire concernant la qualité des soins apportés par les aidants étrangers et ses répercussions sur la santé de la population dont ils s’occupent. Bien que les réponses que ces migrants apportent aux besoins de ces familles jouent un rôle essentiel dans la qualité des soins, le fait que la plupart des migrants n’aient pas suivi de formation appropriée constitue à l’évidence un problème pour l’heure non résolu et qui nécessitera des investissements substantiels.

Graphique 3.

Taux de migration annuel net dans l’UE-25 (2001-2005)

Graphique 3.
Graphique 3. Taux de migration annuel net dans l’UE-25 (2001-2005) Source: Calculs des auteurs, d’après Eurostat, 2005 et Lanzieri, 2006.

Taux de migration annuel net dans l’UE-25 (2001-2005)

Calculs des auteurs, d’après Eurostat, 2005 et Lanzieri, 2006

47Un deuxième problème est en partie lié à cette situation : l’intégration des services d’aide procurés par des étrangers employés à domicile à titre privé dans les services de soin « officiels » et formels. Si cette question constitue pour les professionnels non seulement un axe de recherche mais aussi un sujet de réflexion souvent négligé, c’est dans une large mesure parce que l’emploi des aidants étrangers reste la plupart du temps non déclaré, si bien que régler ce problème à l’échelle du système ne paraît pas nécessaire (les aidants migrants « n’existent pas ») ou semble superflu (les aidants migrants « ne sont pas des professionnels »). Pourtant, cette intégration représente une nécessité, d’une part pour atteindre les objectifs de qualité de soin mentionnés plus haut (par une redéfinition du rôle de la profession qui permettra de prendre en considération la présence des migrants) et d’autre part pour comprendre pourquoi, ces dernières années, les services de soins en Italie se sont de plus en plus concentrés sur les cas les plus graves, laissant les immigrés se charger des situations moins critiques (Tidoli, 2006).

48Le troisième axe critique concerne le marché du travail : il faut à la fois veiller à une adéquation entre l’offre et la demande d’aidants migrants, et maîtriser le travail non déclaré. Le premier de ces objectifs a été atteint avec plus ou moins de bonheur dans le contexte italien par l’instauration progressive d’un marché du travail informel, parallèle au marché légal, et où la fonction extrêmement sensible d’« agence pour l’emploi » est endossée par des institutions et des réseaux auxquels les familles font confiance, comme les églises ou les structures et les ONG qui leur sont proches, les associations de seniors ou le bouche à oreille. Étant donné le caractère informel de ce processus, il est plus difficile d’atteindre le second objectif. Aussi l’essentiel des efforts déployés par les pouvoirs publics vise-t-il à faire reculer le travail non déclaré en incitant les familles, par des contributions financières procurées par les autorités locales ou des incitations fiscales, à embaucher, avec un contrat en bonne et due forme, un aidant à domicile agréé, c’est-à-dire qui a reçu une formation officielle d’aidant.

49Aussi longtemps qu’un grand nombre de migrants continueront de travailler sans être déclarés, la possibilité de les exploiter (même inconsciemment) demeurera un problème structurel du paysage italien de l’aide à domicile par des migrants. Puisqu’en raison de leur situation juridique, ces travailleurs risquent fort de faire l’objet d’abus, des efforts plus systématiques sont nécessaires si l’on veut que leur droit à des conditions de travail et d’existence dignes soit respecté. Il faut de surcroît garder à l’esprit qu’à cet égard, la dimension de genre de l’exploitation vient s’ajouter à la dimension raciale.

50Enfin, il ne faut pas sous-estimer le fait que l’émigration massive de travailleurs, hautement qualifiés pour une partie d’entre eux, peut avoir un effet délétère sur leur pays d’origine, avec une fuite importante « des cerveaux et des capacités de soin ». Face à ce phénomène, qui risque à la fois de priver de soins adéquats dans le pays d’origine les membres les plus faibles de la famille des travailleurs émigrés (en dépit d’envois de fonds substantiels), et de saper les chances de développement socioéconomique du pays pourvoyeur de migrants, il semble qu’une approche internationale constitue la stratégie la plus appropriée et la plus prometteuse. Sur ce sujet, l’Europe devrait donc promouvoir une approche commune, supranationale et globale pour dépasser le caractère trop souvent « ethnocentrique » des politiques d’intégration élaborées à l’échelon national dans les pays de destination. Ainsi, les programmes de coopération internationale pourraient être plus neutres dans le but d’améliorer les conditions de vie et de limiter les répercussions de la « fuite des capacités de soin » dans les pays d’origine. Cette méthode permettrait d’éviter le paradoxe grandissant de la coexistence de flux d’émigration et d’immigration pour les aidants, dont il est par exemple fait état pour les Ukrainiens en Pologne (Ukrainian Parliament Commissioner for Human Rights, 2003).

51À l’échelon national, l’Italie et les pays développés en général sont donc fortement incités à remettre la solidarité au cœur des questions d’intérêt général, en favorisant des investissements nationaux plus importants dans les soins de longue durée, de manière à en améliorer la qualité et l’attrait y compris pour le personnel du pays même, ce qui réduirait la nécessité de faire appel à des migrants pour résoudre le problème de pénurie de main-d’œuvre (Neményi et al., 2006). Qui plus est, cette méthode permettrait d’éviter une pratique qui, si elle économise quelques coûts de formation au pays d’accueil de ces migrants, risque dans le même temps d’entamer lourdement les effets à long terme des investissements des pays d’origine à faible revenu, puisque leurs ressources humaines les plus qualifiées et entreprenantes tendent à partir à l’étranger (Anonyme, 2008). Pour finir, il est crucial de ne pas penser les migrants simplement en termes de « main-d’œuvre », mais de voir en eux des êtres humains qui, à terme, s’ils ne bénéficient pas d’une protection adéquate, finiront par devenir l’une des catégories de population les plus « à risque » pour nos régimes de protection sociale, sur le plan des besoins sanitaires et socioéconomiques (Watson, 2004).

Notes

  • [1]
    Pour l’étude d’Eurofamcare (projet financé par l’Union européenne dans le cadre du cinquième programme-cadre, contrat n°QLK6-CT-2002-02647), 6000 aidants intervenant au sein d’une famille ont été interrogés, dans six États européens (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni et Suède, environ 1000 individus étant interrogés pour chaque pays). Afin de sélectionner une population représentative de la diversité des situations, les méthodes de recrutement et la définition des unités ont été harmonisées pour tous les pays. Le questionnaire utilisé pour le volet italien de l’étude, mené par les auteurs de cet article, comprenait, en plus du corpus commun d’Eurofamcare, une annexe composée de questions sur le thème des travailleurs migrants, qui leur a permis de recueillir, uniquement pour l’Italie, les données présentées dans cet article. Pour de plus amples informations sur l’étude d’Eurofamcare, consulter le site du projet : http :// www. uke. uni-hamburg. de/ extern/ eurofamcare/ publikationen. php ? abs= 8.
  • [2]
    Istituto nazionale di statistica.
  • [3]
    Istituto nazionale previdenza sociale (Institut national de prévoyance sociale).
  • [4]
    Istituto nazionale di riposo e cura per anziani (Institut national de repos et de soins pour personnes âgées).
Français

Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant d’Italiens embauche, à titre privé, des travailleurs migrants, pour des services d’aide à domicile. Ces aidants sont souvent hébergés chez l’employeur et s’occupent des personnes âgées fragiles. Ce phénomène a pris une ampleur considérable, avec une sorte d’«ethnicisation» du secteur des soins aux seniors. En effet, les ménages italiens sont de moins en moins en mesure de procurer une aide informelle, comme le voulait la tradition. Ce changement s’explique par la progression de l’emploi féminin, ainsi que par les différents mécanismes d’allocations versées pour pourvoir aux soins, susceptibles d’être cumulées (et qui sont préférées à la fourniture directe de soins), et par la vision culturelle encore «familialiste» qui explique l’aversion pour le placement en institut spécialisé. Cet article propose un aperçu des grandes tendances qui gouvernent actuellement l’offre et la demande d’aide et de soins aux personnes âgées en Italie, sous l’angle de la démographie, du marché du travail et de l’aide sociale, esquissant notamment les motivations qui poussent les familles italiennes à embaucher des aidants migrants à domicile, ainsi que les difficultés auxquelles ceux-ci sont confrontés, et conclut sur une analyse du rôle de médiation que pourrait jouer l’Union européenne pour traiter ce phénomène qui progresse à l’échelle internationale.

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Giovanni Lamura
Institut italien de recherche sur le vieillissement
Maria Gabriella Melchiorre
Institut italien de recherche sur le vieillissement
Andrea Principi
Institut italien de recherche sur le vieillissement
Maria Luccheti
Institut italien de recherche sur le vieillissement
Francesca Polverini
Agenzia Regionale Sanitaria de la région des Marches
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Mis en ligne sur Cairn.info le 10/11/2008
https://doi.org/10.3917/rs.055.0071
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