CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Durant la dernière décennie, des formes spécifiques d’exclusion sociale des personnes âgées, telles que l’isolement social et la solitude, sont devenues des enjeux majeurs de société. En Europe comme en Amérique du Nord, des campagnes nationales ont été lancées pour « mettre fin à la solitude des personnes âgées » (Coalitie Erbij, Pays-Bas ; Campagne pour mettre fin à la solitude, Royaume-Uni), susciter une « Mobilisation nationale de lutte contre l’isolement des âgés » (Monalisa, France), renforcer les liens sociaux des personnes âgées (« Connect2affect », États-Unis) et « Contrer l’isolement social des aînés » (Cisa, Canada). Le nombre grandissant d’éléments confirmant la prévalence relativement forte de la solitude chez les personnes âgées et sa corrélation avec toute une série d’effets négatifs constituent l’un des principaux moteurs de ces campagnes. Dans toute l’Europe, 22 % des femmes et 15 % des hommes de 50 ans ou plus déclarent se sentir très seuls, c’est-à-dire insatisfaits de la qualité et/ou de la quantité de leurs relations (Niedzwiedz, 2016). Parmi les facteurs associés à une probabilité accrue de ressentir de la solitude figurent un faible statut socio-économique, le fait d’être célibataire, celui de souffrir d’une mauvaise santé physique, d’une limitation dans les activités de la vie quotidienne et le fait de vivre en maison de retraite (Pinquart, 2003). Les plus âgés sont particulièrement à risque, avec la survenue d’événements tels que le deuil (d’un conjoint ou d’amis) et la perte de mobilité liée à des niveaux de solitude accrus et à l’isolement social (Beaumont, 2013). Si l’on considère la solitude comme un indicateur-clé, comme le suggèrent Walsh et al. (2017), l’exclusion des relations sociales constitue en elle-même un facteur de risque, notamment de mortalité prématurée (Holt-Lunstad, 2015), de morbidité physique et mentale plus élevée (Kuiper, 2015 ; Schwarzbach, 2014 ; Valtorta, 2016) et d’augmentation des hospitalisations (Valtorta, 2018). De récentes méta-analyses ont montré que des adultes ayant des liens sociaux plus limités ont en moyenne 30 % de risques supplémentaires de décéder prématurément ou de développer une maladie cardiovasculaire, soit une répercussion comparable à celle d’autres déterminants bien connus de la santé et du bien-être, tels que l’inactivité physique et l’obésité dans le cas de la mortalité (Holt-Lunstad, 2015) ou l’anxiété dans le cas des maladies cardiovasculaires (Valtorta, 2016).

2Diverses solutions ont été proposées afin de lutter contre les différentes formes d’exclusion sociale des personnes âgées. Elles vont des interactions de groupe telles que les programmes éducatifs et les activités sociales (chorales, « lunch clubs », échanges intergénérationnels) aux interactions plus individualisées, comme se faire des amis ou suivre une thérapie cognitivo-comportementale (Windle, 2011). À ce jour, les bénéfices de ces initiatives sur les relations sociales restent difficiles à évaluer, en grande partie à cause de l’hétérogénéité des approches et de la qualité des évaluations (Cattan, 2005 ; Dickens, 2011). Il règne notamment une grande incertitude quant au choix du moment, de la cible et du contenu des interventions : quand les initiatives sont-elles susceptibles d’être les plus efficaces ? À qui ces initiatives peuvent-elles être profitables ? Et comment ces activités pourraient-elles renforcer les liens sociaux ?

3Dans cet article, nous tentons de renforcer la base scientifique pour l’élaboration de politiques efficaces en rendant compte des aspects de la solitude, en comparant des données transversales au fil du temps et en indiquant la fréquence du sentiment de solitude au fur et à mesure des années, d’après l’étude anglaise longitudinale sur le vieillissement English longitudinal study of ageing (Elsa), représentative des hommes et des femmes de 50 ans ou plus. À cet égard, nous considérons la solitude comme une dimension essentielle de l’exclusion sociale (Scharf, 2005). Après une présentation de notre méthodologie et une description de l’échantillon, nous examinerons l’évolution des réponses aux questions sur la solitude au cours d’une période de dix ans ; ensuite, si certains sous-groupes d’adultes sont plus à risque de souffrir d’exclusion sociale ; enfin, nous étudierons la corrélation entre solitude et isolement social. En réfléchissant aux implications de nos observations en termes de stratégies d’intervention, nous examinerons les défis et les opportunités que celles-ci soulèvent pour les politiques, la pratique et la recherche futures.

Méthode

4La section suivante inclut un aperçu de l’ensemble des données Elsa, une explication de la manière dont les variables ont été sélectionnées et traitées, ainsi qu’une description de l’approche statistique utilisée pour nos analyses.

Échantillon

5Elsa est une étude par panel portant sur un échantillon d’individus composé de personnes de 50 ans et plus vivant en ménage privé en Angleterre. L’étude a été approuvée par le Service national d’éthique de la recherche (Steptoe, 2013a). La collecte des données a commencé en 2002, avec un échantillon de 11 391 personnes tiré de l’enquête santé en Angleterre Health Survey for England (HSE) [Mindell, 2012]. La comparaison des caractéristiques sociodémographiques des participants avec les données du recensement national indique que cet échantillon était représentatif de la population anglaise (Steptoe, 2013a). Depuis 2002, les participants sont interrogés tous les deux ans lors d’entretiens individuels assistés par ordinateur et de questionnaires à remplir soi-même, des visites complémentaires étant effectuées tous les 4 ans par une infirmière pour l’évaluation des biomarqueurs. Afin d’assurer la représentativité d’Elsa pour tous les groupes d’âge de plus de 50 ans, l’échantillon a été actualisé lors de trois vagues de collecte de données : les vagues 3, 4 et 6. L’échantillon de rafraîchissement de la vague 3 comprenait des personnes âgées de 50 à 53 ans sélectionnées lors de l’enquête HSE de 2001- 2004. Lors de la vague 4 d’Elsa, un échantillon de personnes âgées de 50 à 74 ans et leurs partenaires a été ajouté à l’aide des données de HSE 2006. L’échantillon de rafraîchissement d’Elsa en vague 6 comprenait des répondants de l’enquête HSE 2009, 2010 ou 2011 âgés de 50 à 55 ans. La figure 1 fournit une vue d’ensemble du processus de collecte des données, ainsi que la taille des échantillons de chaque vague.

Figure 1

Vue d’ensemble de la conception d’Elsa, vagues 1 à 6 (soit les vagues utilisées dans les analyses présentées ici)

Vue d’ensemble de la conception d’Elsa, vagues 1 à 6 (soit les vagues utilisées dans les analyses présentées ici)

Vue d’ensemble de la conception d’Elsa, vagues 1 à 6 (soit les vagues utilisées dans les analyses présentées ici)

6Notre étude porte sur les six premières vagues d’Elsa. Au total, 15 783 personnes ont été interrogées au moins une fois au cours de ces six vagues, et 4 473 personnes ont participé à l’ensemble des six vagues.

7À chaque vague, entre 84 % et 91 % des membres éligibles (c’est-à-dire les membres n’ayant pas été interrogés par un proxy en raison d’une mauvaise santé) ont rempli un autoquestionnaire (Taylor, 2007 ; Scholes, 2008 ; Scholes, 2009 ; Cheshire, 2012 ; Blake, 2015 ; Bridges, 2015). Il s’agit pour la plupart d’individus plus jeunes, plutôt blancs, plus éduqués et davantage susceptibles d’être propriétaires de leur logement et d’être à la retraite, comparés aux non-répondants (Bridges, 2015). Comme dans d’autres études par panel, la perte de suivi dans l’étude Elsa a une origine socio-économique : les participants perdus de vue étaient susceptibles d’être plus âgés, d’avoir déclaré un faible niveau d’études et de richesse et de souffrir d’une maladie chronique invalidante.

Variables

Caractéristiques sociodémographiques

8Les données extraites concernent l’âge des participants (variable continue), leur sexe (homme ou femme), leur appartenance ethnique (blanc ou non blanc) et leur statut matrimonial (marié, en couple, jamais en couple, divorcé, séparé ou veuf). Le statut professionnel a été évalué en demandant directement aux participants lequel correspondait le mieux à leur situation : salarié, travailleur indépendant, chômeur, partiellement retraité, retraité, handicapé ou s’occupant du foyer ou de la famille. La richesse totale des ménages, autodéclarée par les répondants, comprend la richesse financière, la valeur de tous les biens immobiliers, la valeur des biens professionnels, et les autres biens matériels tels que les œuvres d’art, les bijoux et aussi les dettes (c’est pourquoi il était possible pour les personnes de déclarer des valeurs négatives ; Phillips, 2014 ; Banks, 2003).

État de santé

9Pour évaluer l’état de santé général, deux indicateurs ont été retenus : l’état de santé général autoévalué et la déclaration ou non d’une maladie chronique invalidante. L’état de santé général autodéclaré a été enregistré à l’aide d’une échelle allant d’excellent à médiocre (pour toutes les vagues sauf la vague 3) ou de très bon à très mauvais (vague 3). La présence d’une maladie chronique invalidante a été établie si les participants avaient déclaré souffrir d’une ou plusieurs maladies chroniques d’une part, et si ces maladies entraînaient des limitations dans leurs activités quotidiennes d’autre part (2 questions).

Solitude

10L’étude Elsa comprend trois instruments permettant d’évaluer la solitude au sens de cet article, c’est-à-dire le sentiment négatif que ressentent les personnes lorsqu’elles jugent leurs relations qualitativement et/ou quantitativement déficientes (Perlman, 1981 ; Cattan, 2005 ; de Jong Gierveld, 2006). Ces trois instruments sont les suivants :

11

  • une question directe portant sur la fréquence à laquelle les participants se sentent seuls, de manière générale (« À quelle fréquence vous sentez-vous seul ? », réponses possibles : souvent, parfois ou pratiquement jamais/jamais) ; question incluse dans Elsa à partir de la vague 3, via un questionnaire à remplir soi-même ;
  • une question directe, pour savoir si les participants s’étaient souvent sentis seuls au cours de la semaine précédente (« Vous êtes-vous senti seul la plupart du temps la semaine dernière ? », réponses possibles : d’accord ou pas d’accord) ; cette question, posée lors de l’entretien principal à partir de la vague 1, est tirée de l’échelle du Centre pour les études épidémiologiques sur la dépression (CES-D) [Radloff, 1977] ;
  • l’échelle de solitude UCLA (University of California Los Angeles loneliness scale) à trois items qui porte sur les sentiments liés aux relations sociales en général, à l’aide des trois questions suivantes : « À quelle fréquence avez-vous le sentiment de manquer de compagnie ? » ; « À quelle fréquence vous sentez-vous exclu ? » ; « À quelle fréquence vous sentez-vous isolé ? » ; réponses possibles pour chaque question : souvent (3 points), parfois (2 points) ou presque jamais/jamais (1 point) ; cet instrument est inclus à partir de la deuxième vague dans le questionnaire à compléter par soi-même. Les scores des trois questions sont additionnés pour aboutir à un total compris entre 3 et 9, les scores les plus élevés indiquant des niveaux de solitude plus élevés (Hughes, 2004).

12Faute de consensus dans la littérature quant à la question de savoir quels sont les types d’indicateurs les plus fiables ou les plus pertinents de la solitude, des indicateurs directs à facteur unique ou des indicateurs indirects à facteurs multiples (Valtorta, 2016), nous les avons tous deux inclus dans nos analyses.

Isolement social

13Nous avons utilisé deux indicateurs d’isolement social : un indice de lien social (ILS) et un indice de relations étroites (IRE).

14Nous avons conçu l’ILS à partir des six variables suivantes :

15

  • taille du ménage ;
  • fréquence des contacts avec les enfants ;
  • fréquence des contacts avec d’autres membres de la famille immédiate ;
  • fréquence des contacts avec des amis ;
  • appartenance à des organisations, groupes religieux ou comités ;
  • en situation d’emploi (ou non).

16Cet indice avait pour objectif de rendre compte de la présence ou de l’absence de relations plutôt que d’étudier la taille des réseaux sociaux des personnes. Chaque item a donc été dichotomisé, afin de distinguer les personnes ayant ou non accès au type de contact en question, un score (0/1) étant attribué en fonction des critères énumérés dans le tableau 1. Les scores ont été combinés en un indice non pondéré, chaque élément étant comptabilisé de manière égale dans le calcul de la mesure. Les scores vont de 0 à 6, les scores les plus élevés indiquant un isolement social plus grand. Un score 6 signifie que la personne est « isolée socialement », c’est-à-dire qu’elle n’a pas accès aux relations sociales couvertes par l’indice ; un score de 5, qu’elle a accès à l’un des liens sociaux de l’indice ; un score de 4, qu’elle a déclaré deux des liens sociaux couverts par l’indice ; et ainsi de suite, jusqu’au score 0, correspondant à un accès aux 6 domaines couverts par l’indice de lien social. Dans nos analyses, nous avons dichotomisé l’indice de façon à ce que quelqu’un ayant un score de 5 ou 6 soit classé comme socialement isolé, et quelqu’un ayant un score égal ou inférieur à 4 comme non isolé.

Tableau 1

Critères de notation de l’indice de lien social (ILS)

ItemNotation
Taille du ménage1. la personne vit seule
0. autre cas
Fréquence de contact en personne, par téléphone ou par écrit
– avec les enfants1. moins d’une fois par mois
0. une fois par mois ou plus
– avec d’autres membres de la famille immédiate1. moins d’une fois par mois
0. une fois par mois ou plus
– avec des amis1. moins d’une fois par mois
0. une fois par mois ou plus
Appar tenance à des organisations, groupes religieux ou comités1. aucune appar tenance
0. autre cas
Situation professionnelle1. chômage, retraite
0. emploi (temps plein ou non)
Indice de lien socialsocialement isolé : score total de 5 ou 6 (aucun contact ou un seul)
autre cas : score total de 0 à 4 (plusieurs contacts)
Critères de notation de l’indice de lien social (ILS)

Critères de notation de l’indice de lien social (ILS)

Note : nous avons choisi le contact mensuel comme valeur-seuil, celui-ci étant le plus couramment utilisé depuis l’indice de réseau social de Berkman-Syme (Berkman, 1983 ; Shankar, 2011 ; Steptoe, 2013b). Il convient de noter que lorsque les personnes n’avaient ni famille ni amis, cela a été noté 1 puisque ne pas avoir d’enfants, par exemple, signifie par extension n’avoir aucun enfant avec lequel interagir. De même en ce qui concerne les autres membres de la famille et les amis. Les résultats présentés sont des résultats bruts (hors pondération).

17Comme beaucoup d’instruments utilisés pour quantifier les relations sociales, l’ILS nous renseigne peu, voire pas du tout, sur la qualité des relations sociales d’une personne ou leur poids relatif, et concerne plutôt la fréquence des contacts et la disponibilité des liens. Cependant, la définition de l’isolement social comme « l’absence de contacts, de liens et/ou de relations » (Clark, 2001) implique que l’isolement social possède également une dimension qualitative.

18Pour compléter l’ILS, nous avons donc utilisé un deuxième indice, afin de prendre en compte le nombre de relations étroites déclarées, ce qui nous a permis d’explorer le lien entre ce nombre et la quantité de relations. Cet indice de relations étroites (IRE) couvre quatre domaines (tableau 2) :

19

  • si le répondant a une relation étroite avec son conjoint ou son partenaire ;
  • le nombre d’enfants avec lesquels le répondant a une relation étroite ;
  • le nombre d’autres membres de la famille avec lesquels le répondant a une relation étroite ;
  • le nombre d’amis avec lesquels le répondant a une relation étroite.

20Bien que l’IRE ait été utilisé pour mesurer la quantité de relations significatives rapportées par les participants, il importe de garder à l’esprit que le terme « étroit » n’a, à aucun moment, été défini dans Elsa. Cela signifie que nous ignorons comment ce terme a été compris par les participants et, comme pour tout instrument servant à mesurer les perceptions, les individus ont sans doute eu recours à différents critères en répondant à ces questions (Weiss, 1982).

21Dans nos analyses, l’IRE a été dichotomisé de sorte que les personnes déclarant une relation étroite ou aucune relation étroite soient classées comme isolées, et que toute personne déclarant au moins deux relations étroites soit classée comme non isolée.

Tableau 2

Notation de l’indice de relations étroites (IRE)

ItemNotation
Relation étroite avec
– le conjoint ou le partenaire1. oui, si relation étroite
0. si pas de conjoint ou pas de relation étroite avec lui
– les enfantsNombre d’enfants avec lesquels le par ticipant déclare avoir une relation étroite
– les autres membres de la familleNombre de membres de la famille avec lesquels le par ticipant déclare avoir une relation étroite
– les amisNombre d’amis avec lesquels le participant déclare avoir une relation étroite
Indice de relation étroiteIsolé : score 0 ou 1 (aucune ou une seule relation étroite)
Autre cas : score 2 ou plus (au moins deux relations étroites)
Notation de l’indice de relations étroites (IRE)

Notation de l’indice de relations étroites (IRE)

Analyse statistique

22Notre étude de la solitude et de l’isolement social dans Elsa comporte quatre étapes : les caractéristiques sociales de l’échantillon, les types de solitude dans le temps, les analyses de sous-groupes de population et enfin la corrélation entre solitude et isolement social (annexe I).

23Les analyses ont été réalisées à partir des données fournies par les personnes ayant participé à toutes les vagues prises en compte, complétées par des analyses des données des participants n’ayant pas pris part à l’ensemble des vagues (analyses de sensibilité).

24Pour nos analyses de sous-groupes, nous avons examiné les différences entre les veufs et les non-veufs, les plus de 80 ans et les moins de 80 ans, les adultes issus de milieux socio-économiques défavorisés par rapport à ceux issus de milieux socio-économiques privilégiés et ceux ayant déclaré une maladie chronique invalidante par rapport à ceux n’ayant pas déclaré une telle situation. Si nous avons sélectionné ces groupes spécifiques aux fins de notre comparaison, c’est parce que des données antérieures laissaient à penser que ces circonstances étaient associées à la solitude et à l’isolement social (Lichtenstein, 1996 ; Shankar, 2011 ; Steptoe, 2013b ; Petitte, 2015).

Résultats

Caractéristiques de l’échantillon

25Au total, 15 783 personnes ont été interrogées au moins une fois au cours des six vagues de collecte. En moyenne, les participants ont été suivis pendant 5,5 ans. L’échantillon n’était ni équilibré ni restreint [3], avec 45 schémas de participation différents. Le schéma de participation le plus fréquent était une participation à l’ensemble des 6 vagues, bien qu’il ne représente qu’un peu plus de 30 % des différents schémas.

26L’âge moyen lors de la vague 1 était de 65,2 ans (écart type : 10,2 ans). À chaque vague, les femmes représentaient entre 54 % et 56 % des participants, et l’échantillon était principalement constitué de personnes d’origine caucasienne (97 %). La richesse totale des ménages était positivement asymétrique, allant de -1 578 980 £ à 39 300 000 £. Les valeurs négatives de richesse des ménages, qui correspondaient à 3,4 % des répondants à la vague 5 et 4,2 % à la vague 3, étaient dues à cette variable qui prend en compte la dette (Phillips, 2014). Environ les deux tiers des participants (de 61 à 79 % selon la vague) ne travaillaient pas, c’est-à-dire qu’ils étaient retraités, au chômage, sans emploi en raison d’un handicap ou s’occupaient de leur foyer ou de leur famille. Les participants étaient un peu moins d’un tiers à déclarer que leur santé était bonne, 29 % la qualifiant de très bonne et 12 % d’excellente. À chaque vague, 8 % de l’échantillon ont répondu que leur santé était mauvaise. Plus du tiers des participants a déclaré souffrir d’une maladie chronique invalidante (pour des tableaux de synthèse complets des caractéristiques de l’échantillon, voir Leigh-Hunt et al., 2017).

Modèles de réponses sur la solitude au fil du temps

27Les modèles transversaux de réponses résumés dans le tableau 3 montrent que la prévalence de la solitude dans la population telle que mesurée à l’aide de la question « À quelle fréquence vous sentez-vous seul ? » est remarquablement stable entre les différentes vagues. Cela reste le cas lorsque les participants plus jeunes, intégrés lors des vagues 4 et 6, ne sont pas pris en compte : en vague 6, 8 % des participants entrés dès la vague 1 ou en vague 3 (âge moyen : 70,3 ans ; écart type : 9,1 ; étendue : 56 ans et plus) ont déclaré se sentir souvent seuls, et 25 % ont déclaré se sentir seuls de temps en temps. En d’autres termes, la prévalence du sentiment de solitude n’a pas augmenté ni diminué avec le temps ou l’âge.

28En revanche, les réponses longitudinales des individus indiquent un changement important dans le temps. Alors que 4117 participants ont fourni des réponses exploitables aux quatre vagues, seuls 2 % ont déclaré se sentir souvent seuls à chacune des 4 vagues, tandis qu’ils sont 12 % (n = 499) à avoir signalé se sentir souvent seuls lors d’au moins une vague :

29

  • 7 % des participants (n = 276) ont déclaré se sentir souvent seuls lors d’une vague seulement ;
  • 3 % des participants (n = 139) ont déclaré se sentir souvent seuls lors de deux vagues ;
  • 2 % des participants (n = 84) ont déclaré se sentir souvent seuls lors de trois vagues.

Tableau 3

Sentiment de solitude en général, vagues 3 à 6, 2006/2007 à 2012/2013

À quelle fréquence vous sentez-vous seul ?Vague 3 n(%)Vague 4 n(%)Vague 5 n(%)Vague 6 n(%)
Souvent596 (8)687 (8)616 (8)598 (8)
Parfois1 821 (25)1 964 (24)1 973 (25)1 984 (25)
Presque jamais ou jamais4 993 (67)5 676 (68)5 417 (68)5 263 (67)
Total7 410 (100)8 327 (100)8 006 (100)7 845 (100)
Échantillon (% répondants)9 011 (82)9 885 (84)9 090 (88)9 169 (86)
Sentiment de solitude en général, vagues 3 à 6, 2006/2007 à 2012/2013

Sentiment de solitude en général, vagues 3 à 6, 2006/2007 à 2012/2013

30Si nous additionnons ces chiffres, nous arrivons à un total de 14 % de l’échantillon ayant déclaré avoir souvent souffert de solitude lors d’une vague au moins. Afin de nous assurer que la prise en compte des seules personnes ayant fourni des réponses à l’ensemble des vagues n’avait pas introduit un biais, nous avons vérifié si l’on obtenait des chiffres de prévalence comparables en considérant les personnes ayant répondu à un moins grand nombre de vagues. Lorsque l’on prend en compte les personnes n’ayant répondu qu’à trois vagues, on constate qu’une proportion similaire (15 %) a déclaré au moins une fois se sentir seul.

31Les modèles de réponse varient considérablement dans le temps. Sur l’ensemble de l’échantillon, un total de 74 séquences de réponses différentes a été observé, le modèle le plus courant étant l’absence d’un sentiment de solitude lors des quatre vagues (53 % de l’échantillon, n = 2 169 sur les 4 117 participants aux 4 vagues).

32Lorsque nous avons examiné les réponses à la question sur la solitude éprouvée la semaine précédente, nous avons observé une assez forte similitude avec les réponses à la question directe sur la solitude ressentie en général, à savoir : une variation considérable au sein de l’échantillon, et une fluctuation individuelle significative au fil du temps. À chacune des six vagues au cours desquelles la question « Vous êtes-vous senti seul la plupart du temps la semaine dernière ? » a été soumise aux participants, 95 % au minimum des membres de la cohorte ont fourni une réponse exploitable. D’après les chiffres de prévalence présentés dans le tableau 4, on constate qu’à chaque vague, entre 12 % et 14 % des répondants ont indiqué se sentir seuls la plupart du temps. Ce résultat est un peu plus élevé que celui de la prévalence du sentiment fréquent de solitude lorsque aucun délai n’a été spécifié dans la question (8 % se sentent souvent seuls, cf. tableau 3). À partir d’Elsa, il n’est pas possible de déterminer si la différence de prévalence est due à des différences d’expérience de la solitude ou à la formulation et au traitement distincts des questions. Par exemple, l’absence d’une option « parfois » pour la question sur la solitude ressentie la semaine précédente signifie que certains participants qui se sentaient parfois seuls pourraient avoir choisi de déclarer qu’ils étaient souvent seuls, plutôt que pas du tout (Victor, 2005).

33Parmi les 4 473 individus ayant participé aux six vagues de collecte de données, 3 115 (70 %) déclaraient ne pas s’être sentis seuls la plupart du temps durant la semaine précédente, et ce à chacune des six vagues. Seul 1 % des répondants (n = 65) a déclaré, à chacune des vagues, avoir ressenti de la solitude la plupart du temps la semaine précédente. Les types de réponse des 29 % restants indiquent une importante variabilité :

34

  • 13 % des participants (n = 581) ont déclaré s’être sentis seuls la plupart du temps durant la semaine précédente lors d’une vague seulement ;
  • 7 % des participants (n = 309) ont déclaré s’être sentis seuls la plupart du temps durant la semaine précédente lors de deux vagues ;
  • 4 % (n = 181) ont déclaré s’être sentis seuls la plupart du temps durant la semaine précédente lors de trois vagues ;
  • 3 % (n = 119) ont déclaré s’être sentis seuls la plupart du temps durant la semaine précédente lors de quatre vagues ;
  • 2 % (n = 103) ont déclaré s’être sentis seuls la plupart du temps durant la semaine précédente lors de cinq vagues.

35Les analyses de sensibilité, réalisées à partir des données des participants ayant pris part à trois, quatre ou cinq vagues, ont également montré que la proportion de personnes ayant déclaré s’être senties seules la plupart du temps durant la semaine précédente, au moins une fois au cours de l’étude, était élevée (respectivement 25 %, 32 % et 36 %). Ces chiffres sont nettement supérieurs à la proportion de personnes qui, à un moment donné, ont déclaré s’être senties seules la plupart du temps durant la semaine précédente (12 à 14 %) [tableau 4].

Tableau 4

Sentiment de solitude la semaine précédente, vagues 1 à 6, 2002/2003 à 2012/2013

Vous êtes-vous senti seul la plupart du temps la semaine dernière ?Vague 1 n(%)Vague 2 n(%)Vague 3 n(%)Vague 4 n(%)Vague 5 n(%)Vague 6 n(%)
Oui1 527 (14)1 219 (14)1 170 (14)1 251 (13)1167 (13)1 049 (12)
Non9 512 (86)7 396 (86)7 406 (86)8 278 (87)7 502 (87)7 679 (88)
Total11 039 (100)8 615 (100)8 576 (100)9 529 (100)8 669 (100)8 728 (100)
Échantillon (% répondants)11 391 (97)8 780 (98)9 011 (97)9 885 (96)9 090 (95)9 169 (95)
Sentiment de solitude la semaine précédente, vagues 1 à 6, 2002/2003 à 2012/2013

Sentiment de solitude la semaine précédente, vagues 1 à 6, 2002/2003 à 2012/2013

36Les données transversales de l’échelle de solitude UCLA à trois items étaient disponibles pour 83 à 88 % des participants aux différentes vagues (tableau 5). La distribution des scores était positivement asymétrique (pour mémoire, les scores allaient de 3 à 9, les scores les plus bas indiquant une moindre fréquence de la solitude). Le score le plus fréquent à chaque vague était de 3 (pour 50 à 53 % des participants), ce qui correspond au fait de ne presque jamais ou jamais se sentir seul. Le score maximum de 9, quant à lui, a été enregistré pour 2 % de l’échantillon à chaque vague.

37Comme pour les deux questions directes sur la solitude précédemment examinées, les tendances longitudinales des réponses indiquent une hétérogénéité significative entre les individus ainsi que pour chaque individu. Pour l’ensemble des 3 321 participants ayant fourni des réponses aux cinq vagues dans lesquelles l’échelle de solitude UCLA à trois items était incluse (vagues 2 à 6), 1 085 combinaisons différentes de scores ont été obtenues (par exemple, scores 3-4-4-5-5 sur les 5 vagues), le plus courant étant le score de 3 (c’est-à-dire pratiquement jamais ou jamais seul) aux cinq vagues (n = 983) [30 %]. Seuls 9 participants ont obtenu régulièrement des scores très élevés (soit 8 ou 9) aux cinq vagues, mais 8 % des personnes de l’échantillon ont obtenu un score de 8 ou 9 au moins une fois au cours des cinq vagues.

Tableau 5

L’échelle de solitude UCLA à 3 items, vagues 2 à 6, 2004/2005 à 2012/2013

Score sur l’échelle de solitude UCLAVague 2 n(%)Vague 3 n(%)Vague 4 n(%)Vague 5 n(%)Vague 6 n(%)
34 011 (53)3 664 (50)4 077 (49)4 048 (51)3 903 (50)
41 235 (16)1196 (16)1 429 (17)1 260 (16)1 239 (16)
5889 (12)890 (12)1 044 (13)951 (12)966 (12)
6818 (11)907 (12)902 (11)955 (12)962 (12)
7327 (4)339 (5)407 (5)367 (5)342 (4)
8146 (2)175 (2)215 (3)183 (2)164 (2)
9162 (2)179 (2)178 (2)172 (2)188 (2)
Total7 588 (100)7 350 (100)8 252 (100)7 936 (100)7 764 (100)
Échantillon (% répondants)8 780 (86)9 011 (82)9 885 (83)9 090 (87)9 169 (85)
L’échelle de solitude UCLA à 3 items, vagues 2 à 6, 2004/2005 à 2012/2013

L’échelle de solitude UCLA à 3 items, vagues 2 à 6, 2004/2005 à 2012/2013

Note : les scores plus élevés indiquent une solitude ressentie plus fréquemment et/ou de façon plus aiguë.

Analyses des sous-groupes

38Pour déterminer si la fréquence du sentiment de solitude était plus élevée chez les individus les plus vulnérables, les sous-groupes ont été examinés séparément. Les situations de vulnérabilité mentionnées ici concernent des facteurs de risque de solitude déjà identifiés dans la littérature : un âge avancé, le veuvage, un faible statut socio-économique et une mauvaise santé (Lichtenstein, 1996 ; Pettite, 2015 ; Shankar, 2015 ; Steptoe, 2013b). Les résultats présentés dans le tableau 6 montrent que ces personnes ont déclaré plus fréquemment se sentir « souvent seules ». La proportion de participants ayant déclaré se sentir souvent seuls lors d’une vague au moins (question directe sur la solitude en général, vagues 3 à 6) était deux fois plus élevée parmi ceux qui, lors de la vague 3, étaient âgés de 80 ans et plus (27 % versus 13 %) ; plus de deux fois plus élevée chez les participants du quintile socio-économique le plus défavorisé (28 % versus 12 %) et chez les personnes atteintes d’une maladie chronique invalidante (24 % versus 10 %) ; et plus de 2,5 fois plus élevée chez les personnes ayant perdu leur conjoint (29 % versus 11 %).

Tableau 6

Fréquence du sentiment de solitude chez les participants aux quatre vagues (vagues 3 à 6, 2006/2007 à 2012/2013) selon leurs caractéristiques connues en vague 3

Caractéristiques des participants en vague 3 (2006/2007)Nombre de fois où le participant a déclaré s’être senti souvent seul (en général) au cours des quatre vagues, n(%)Résultats des tests de Chi2 de
Pearson
01234Total
80 ans et plusOui146 (73)23 (11)10 (5)12 (6)11 (5)202 (100)χ2 (4) = 44 (p < 0,001)
Non3 395 (87)253 (7)129 (3)72 (2)66 (2)3 915 (100)
VeuvageOui357 (69)54 (10)45 (9)28 (6)37 (7)521 (100)χ2 (4) = 202 (p < 0,001)
Non3 184 (89)222 (6)94 (3)56 (2)40 (1)3 596 (100)
Quintile de richesse1er388 (72)67 (12)41 (8)20 (4)24 (4)540 (100)χ2 (4) = 44 (p < 0,001)
2à53 088 (88)203 (6)96 (3)62 (2)53 (2)3 502 (100)
Maladie de longue durée entraînant une limitation des capacitésOui879 (76)117 (10)71 (6)43 (4)42 (4)1 152 (100)χ2 (4) = 133 (p < 0,001)
Non2 660 (90)158 (5)68 (2)41 (1)35 (1)2 962 (100)
Fréquence du sentiment de solitude chez les participants aux quatre vagues (vagues 3 à 6, 2006/2007 à 2012/2013) selon leurs caractéristiques connues en vague 3

Fréquence du sentiment de solitude chez les participants aux quatre vagues (vagues 3 à 6, 2006/2007 à 2012/2013) selon leurs caractéristiques connues en vague 3

39De même, lorsque l’on considère la solitude ressentie la plupart du temps au cours de la semaine précédente plutôt que la solitude en général, les taux étaient plus élevés chez les personnes en situation de plus grande vulnérabilité. La proportion de personnes ayant déclaré se sentir seules la plupart du temps la semaine précédente au moins une fois au cours des six vagues est près de deux fois plus élevée chez les adultes de 80 ans et plus (54 % versus 30 %, χ2 [6] = 47, p < 0,001), les veufs et veuves (59 % versus 26 %, χ2 [6] = 385, p < 0,001), ceux du quintile le plus pauvre (52 % versus 27 %) et chez les personnes atteintes d’une maladie chronique invalidante (45 % versus 25 %, χ2 [6] = 216, p < 0,001). Les scores sur l’échelle de solitude UCLA à 3 items indiquent également un risque accru associé à ces situations : entre 15 % et 19 % des veufs et veuves, des adultes plus âgés, des personnes du quintile de richesse inférieur et des participants souffrant d’une maladie chronique invalidante sont davantage susceptibles d’avoir obtenu les scores les plus élevés de 8 ou 9 au moins une fois au cours de l’étude, contre 6 % à 9 % des autres répondants.

Corrélation entre solitude et isolement social

40Les personnes qui se sentent seules déclarent-elles avoir moins de relations sociales ? Les fréquences indiquées dans le tableau 7 indiquent que les cas d’isolement social sont la plupart du temps déclarés par les personnes qui se sont souvent senties seules, ou la plupart du temps au cours de la semaine précédente, ou qui ont obtenu un score élevé sur l’échelle UCLA à 3 items. Si la corrélation entre la solitude et le manque de contacts sociaux ne fait aucun doute, il est néanmoins apparu que les personnes isolées constituaient une minorité des cas. En effet, dans 95 % des cas où une personne avait déclaré se sentir souvent seule, cela ne s’accompagnait pas d’un isolement social (tel que défini par l’ILS).

Tableau 7

Solitude et isolement social, mesurés à l’aide de l’indice de lien social (ILS)

Mesure de la solitudeIsolement social selon l’indice de lien social (ILS)Résultat du test F basé sur la statistique du Chi2
Oui (0 ou 1 seul contact) n(%)Non (plusieurs contacts) n(%)
À quelle fréquence vous sentez-vous seul ? Vagues 3 à 6 (nombre total d’observations, n = 29 928)
Presque jamais ou jamais232 (1)20 136 (99)F (1,99, 22388) = 81 (p < 0,001)
Parfois180 (2)7 078 (98)
Souvent118 (5)2 184 (95)
Vous êtes-vous senti seul la plupart du temps la semaine dernière ? Vagues 1 à 6 (nombre total d’observations, n = 47 080)
Non611 (1)40 845 (99)F (1, 14439) = 316 (p < 0,001)
Oui305 (2)5 319 (98)
Échelle de solitude UCLA à trois items. Vagues 2 à 6 (nombre total d’observations, n = 36 748)
3189 (1)18 565 (99)F (6, 71818) = 63 (p < 0,001)
482 (1)5 906 (99)
577 (2)4 406 (98)
6106 (3)4 131 (97)
765 (4)1 588 (96)
842 (5)769 (95)
974 (9)748 (91)
Solitude et isolement social, mesurés à l’aide de l’indice de lien social (ILS)

Solitude et isolement social, mesurés à l’aide de l’indice de lien social (ILS)

Note : le nombre d’observations indiqué dans ce tableau se rapporte au nombre total d’observations sur toutes les vagues considérées, c’est-à-dire que chaque personne est comptée autant de fois que le nombre de vagues auxquelles elle a participé.

41En ce qui concerne la corrélation entre le nombre de relations étroites déclarées par les participants et leur sentiment de solitude, les analyses ont montré qu’elle était avérée (tableau 8). Les personnes seules ont été plus nombreuses à déclarer n’avoir qu’une seule ou aucune relation étroite. Cependant, avoir plusieurs relations étroites ne signifie en aucun cas que l’on est satisfait de ses relations : ainsi, 94 % de ceux qui ont déclaré se sentir seuls la plupart du temps la semaine précédente ont déclaré avoir deux relations étroites ou plus.

Tableau 8

Solitude et isolement social, mesurés à l’aide de l’indice des relations étroites (IRE)

Mesure de la solitudeIsolement social selon l’indice de relations étroites (IRE)Résultat du test F basé sur la statistique du Chi2
Oui (aucune ou une seule relation étroite)
n(%)
Non (au moins deux relations étroites) n(%)
À quelle fréquence vous sentez-vous seul ? Vagues 3 à 6 (n = 29 928)
Presque jamais ou jamais275 (2)17 632 (98)F (2, 21155) = 101 p < 0,001
Parfois167 (3)6 077 (97)
Souvent149 (8 %)1 815 (92)
Vous êtes-vous senti seul la plupart du temps la semaine dernière ? Vagues 1 à 6 (n = 40 077)
Non696 (2)35 353 (98)F (1, 21155) = 101 p < 0,001
Oui289 (6)4 439 (94)
Échelle de solitude UCLA à trois items. Vagues 2 à 6 (n = 36 748)
3200 (1)16 285 (99)F (6, 67633) = 88 p < 0,001
496 (2)5 147 (98)
5102 (3)3 794 (97)
6119 (3)3 584 (97)
760 (4)1 341 (96)
860 (9)640 (91)
990 (13)593 (87)
Solitude et isolement social, mesurés à l’aide de l’indice des relations étroites (IRE)

Solitude et isolement social, mesurés à l’aide de l’indice des relations étroites (IRE)

Note : le nombre d’observations se rapporte au nombre total d’observations sur toutes les vagues considérées, c’est-à-dire que chaque personne est comptée autant de fois que le nombre de vagues auxquelles elle a participé.

Discussion

Résumé des principaux résultats

42Notre étude avait pour objet d’examiner l’évolution des réponses aux questions sur le sentiment de solitude sur une période de 10 ans ; de déterminer si certains sous-groupes d’adultes sont plus à risque de souffrir d’exclusion sociale ; et de vérifier l’existence d’une corrélation entre solitude et isolement social. Trois principaux résultats se dégagent de nos analyses descriptives. Premièrement, les données longitudinales ont montré que la solitude fluctue de manière significative au fil du temps et que ce phénomène est plus courant que ce que les chiffres transversaux auraient pu nous amener à penser : 14 % des individus ont déclaré se sentir souvent seuls lors d’au moins une des quatre vagues pour lesquelles des données étaient disponibles dans Elsa, versus 8 % à chaque vague ; et 30 % des participants ont déclaré s’être sentis seuls la plupart du temps la semaine précédente lors d’au moins une des vagues 1 à 6, versus 12 à 14 % à chaque vague. Deuxièmement, les analyses de sous-groupes ont montré que la fréquence du sentiment de solitude était plus grande chez les personnes âgées de plus de 80 ans, les veufs et veuves, les plus pauvres ou les personnes souffrant d’une maladie chronique invalidante. Troisièmement, nous avons constaté que solitude et isolement social étaient corrélés, mais que ces deux expériences se recoupaient peu. Avoir accès à des contacts sociaux ou à des relations étroites n’empêche pas la solitude, et inversement.

Nos résultats en contexte

43Les analyses présentées ici constituent la première exploration des schémas longitudinaux de la solitude sur plus de deux vagues. Des travaux théoriques et empiriques antérieurs ont montré la nature dynamique de l’exclusion sociale au cours de la vie (Walsh, Scharf et al., 2017) ; par ailleurs, des analyses basées sur des données portant sur deux périodes différentes ont montré qu’en matière de relations sociales, les sentiments n’étaient pas statiques (Tijhuis, 1999 ; Jylha, 2004 ; Victor, 2012). Ces analyses sont nécessairement limitées par le nombre de points de données, de sorte qu’elles ne peuvent permettre de repérer qu’une augmentation, une diminution ou une stabilité entre les deux mesures disponibles. En nous fondant sur un maximum de six points dans le temps, nos analyses ont montré que les réponses concernant le sentiment de solitude évoluent de manière significative au fil du temps ; et que les profils longitudinaux des participants présentent une forte hétérogénéité.

44La variabilité du sentiment de solitude et de l’isolement social chez les individus suggère que ces expériences sont sans doute davantage liées à des événements (par exemple, un changement dans la situation de la personne ou des circonstances particulières) qu’aux traits individuels (caractéristiques individuelles relativement permanentes, voir Weiss, 1973). Des études des facteurs de risque de solitude nous ont appris qu’un certain nombre de facteurs liés à la situation des individus peuvent influer sur l’évolution des relations sociales et la façon dont celles-ci sont perçues. Le veuvage, l’éloignement des réseaux sociaux établis et/ou une dégradation de la santé sont parmi les situations pouvant conduire à un renforcement du sentiment de solitude. La perte d’un conjoint a toujours été associée à une solitude accrue, dans différentes cultures et divers contextes (Lichtenstein, 1996 ; Samuelsson, 1998 ; Van Baarsen, 1999). Les expériences de vie telles que la migration, le départ en retraite et l’entrée en maison de retraite s’accompagnent toujours d’une diminution de la qualité et/ou du nombre de relations sociales d’un individu (McWhirter, 1990 ; Tijhuis, 1999 ; Wu, 2015). Les personnes dont les capacités fonctionnelles ou la santé se détériorent sont davantage susceptibles de ressentir une solitude accrue, tandis que le diagnostic d’une maladie chronique telle que le cancer peut entraîner une diminution de l’activité sociale (Dykstra, 2005 ; Andreassen, 2007). Inversement, certains changements de situation peuvent favoriser les interactions sociales et réduire le sentiment de solitude. La naissance de petits-enfants, par exemple, peut amener à avoir des contacts plus fréquents avec ses enfants plus tard dans la vie, et les recherches montrent que les adultes plus âgés, même à un âge avancé, continuent à acquérir de nouvelles connaissances et à raviver des liens affaiblis (Bowling, 1995 ; van Tilburg, 1998 ; Lang, 2000). Si une mauvaise santé peut rendre plus difficile le maintien de certaines relations, un besoin de soutien accru pourrait mobiliser les aidants et augmenter le niveau d’aide apporté aux individus (Stoller, 1988 ; Miller, 1991).

45L’objectif de notre étude n’était pas de chercher à expliquer les transformations des relations sociales mais plutôt d’en décrire les schémas. De ce fait, il ne nous est pas possible de confirmer si l’hétérogénéité observée chez les individus est due aux changements intervenus dans leur situation à différents moments de leur vie. Nos analyses ont en effet montré qu’il existait une corrélation entre solitude et isolement social, c’est-à-dire que les caractéristiques objectives du réseau social d’une personne sont liées aux sentiments que celle-ci éprouve envers ses relations. En utilisant une mesure différente des relations sociales, Shankar et Steptoe ont également relevé cette corrélation entre solitude et isolement social, mais aussi le fait que de nombreuses personnes connaissent l’une indépendamment de l’autre (Shankar, 2011 ; Steptoe, 2013b). Alors que les analyses de Shankar et Steptoe ne portaient que sur un seul moment dans le temps, nos analyses confirment, en prenant en compte plusieurs vagues, que la solitude et l’isolement social sont loin d’être vécus systématiquement de façon simultanée. Non seulement ce résultat remet en cause l’équation solitude-isolement social, mais il nous invite à explorer plus avant le caractère multidimensionnel, dynamique et hétérogène de l’exclusion sociale : pourquoi, dans certains cas, l’isolement social s’accompagne-t-il de solitude, et non dans d’autres ?

Points forts et limites

46L’utilisation des données d’Elsa, vaste cohorte représentative de la population, est l’un des principaux atouts de ces analyses. La grande diversité des variables collectées dans Elsa nous a en effet permis d’étudier simultanément la solitude et l’isolement social et d’explorer les éventuelles différences entre les sous-groupes. Les questions sur les contacts avec la famille, les amis et la communauté au sens le plus large ont été combinées afin d’obtenir une mesure exhaustive de l’isolement social, c’est-à-dire l’indice de lien social. Dans un domaine où il existe un consensus limité sur la meilleure façon d’évaluer les perceptions relatives aux relations sociales et à leurs caractéristiques les plus objectives, Elsa nous a donné la possibilité de réaliser des analyses à partir de plusieurs mesures et d’établir des comparaisons. Si cette étude n’avait pas pour objectif de déterminer l’existence d’une éventuelle concordance entre les différentes mesures de la solitude, il est toutefois intéressant de noter que ces différentes mesures offrent une vue d’ensemble similaire en termes de stabilité au niveau de la population entre les différentes vagues, et de fluctuation dans le temps au niveau individuel.

47Jusqu’à présent, les études portant sur la solitude ou l’isolement social au fil du temps ne se basaient que sur deux vagues de données. Le fait de pouvoir disposer des données des six vagues de l’étude Elsa nous a permis de suivre les changements sur plusieurs périodes et de mieux comprendre la variabilité des relations sociales dans le temps. Comparativement à d’autres études, où l’intervalle entre deux moments dans le temps peut aller jusqu’à 20 ans (Wenger, 2004 ; Patterson, 2010), le fait que l’étude Elsa prévoie une collecte de données tous les deux ans fait de cette dernière une base particulièrement bien adaptée à l’étude de la variation sur une période relativement brève. Néanmoins, il importe de reconnaître qu’Elsa n’a permis d’obtenir que des « instantanés » de la solitude et de l’isolement social, et non un tableau complet des sentiments et des interactions sociales durant toute la période étudiée, soit 10 ans. Lorsque les personnes ont donné une même réponse deux fois de suite, on ne doit pas y voir un signe de stabilité pendant la période de deux ans qui sépare les deux moments dans le temps.

48Des réponses différentes aux questions sur la solitude et l’isolement peuvent refléter un changement de perception et/ou de circonstances ; elles peuvent aussi résulter d’une erreur de mesure (Viswanathan, 2013). À l’instar d’autres mesures de l’isolement social, nous ne connaissons pas la validité et la fiabilité des deux indices utilisés ici pour mesurer l’isolement social, l’ILS et l’IRE (Berkman, 1977 ; Shankar, 2011 ; Steptoe, 2013b). Il est difficile de déterminer dans quelle mesure les contacts déclarés par les individus correspondent à un contact réel. De même, les informations fournies sur le nombre de leurs relations étroites peuvent ne pas être le reflet exact de leurs réseaux sociaux. Bien que les questions utilisées pour créer ces deux indices ne soient pas étiquetées comme appartenant à un seul et même indice mais soient issues de sections différentes du questionnaire général, on ne peut ignorer le fait que les personnes déclarent sans doute plus de contacts sociaux et/ou de relations plus étroites qu’elles n’en ont effectivement (Victor, 2005). Outre les problèmes de validité et de fiabilité, l’interprétabilité d’une mesure telle que l’échelle de solitude UCLA à trois items est problématique : la formulation de chaque item, associée au système de notation, signifie que des scores plus élevés ne peuvent pas être automatiquement interprétés comme preuves d’une plus grande solitude.

49L’ajout de nouveaux participants aux vagues 3, 4 et 6 d’Elsa a permis de garantir, à chaque moment dans le temps, la représentativité de l’échantillon en termes de population cible, c’est-à-dire les personnes de 50 ans et plus résidant en Angleterre. Les personnes ayant abandonné l’étude étant davantage susceptibles d’être issues de milieux socio-économiques défavorisés, d’être plus âgées et en moins bonne santé, on ne peut extrapoler les résultats de nos analyses à des groupes de population plus vulnérables. Les analyses de sous-groupes que nous avons effectuées afin de déterminer s’il existait des différences lorsque les individus étaient âgés de plus de 80 ans, veufs ou veuves, moins riches ou souffrant d’une maladie chronique invalidante, visaient principalement à identifier les personnes présentant des types de relations sociales potentiellement similaires. Dans nos analyses, nous n’avons pas tenu compte des facteurs de confusion possibles ni des éventuels changements de circonstances dans le temps comme le deuil. Nous ne pouvons donc pas en déduire que le fait d’être âgé de plus de 80 ans, veuf, moins riche ou de déclarer souffrir d’une maladie chronique invalidante entraîne une solitude accrue.

Implications pour les recherches à venir

50Les individus déclarent rarement ressentir fréquemment la solitude de façon répétée sur une longue période, ce qui a une incidence importante sur le calendrier des mesures visant à lutter contre l’exclusion sociale des personnes âgées. À partir des données Elsa, il n’est pas possible de déterminer si les personnes qui, d’une vague à l’autre, ont déclaré ressentir moins fréquemment la solitude avaient pris des mesures formelles pour renforcer leurs relations dans l’intervalle ; il se peut qu’une diminution du sentiment de solitude soit liée à d’autres changements dans la vie de ces personnes, qui n’ont pas nécessité d’intervention extérieure. À l’avenir, l’expérience des individus ayant surmonté avec succès la solitude chronique pourrait être mise à profit pour identifier les mécanismes sous-jacents et les déterminants de cette transition afin de permettre la mise en œuvre d’initiatives appropriées. À l’heure actuelle, les documents et rapports relatifs aux politiques des organisations du secteur tertiaire ont adopté une vision avant tout statique du « problème » de la solitude, en s’appuyant sur des données transversales (Campaign to end loneliness, 2011 ; Département de la santé du Royaume-Uni, 2012). Les initiatives de dépistage et de recensement telles que les cartes de risque de solitude de l’association Age UK (Age UK, 2016) ne s’appuient que sur les informations collectées à un seul moment dans le temps. Les analyses longitudinales présentées ici laissent à penser que cela pourrait conduire à sous-estimer l’ampleur du phénomène : si seulement 8 % des personnes de plus de 50 ans ont déclaré ressentir souvent de la solitude lorsqu’elles étaient interrogées directement, ce pourcentage atteint entre 12 et 14 % lorsque les personnes étaient interrogées sur leurs sentiments sur une période de six ans. Pour tout un ensemble de raisons, y compris des changements dans la situation familiale, professionnelle ou de l’état de santé, les personnes qui n’ont pas été identifiées comme se sentant isolées à une occasion peuvent en faire l’expérience par la suite. Du point de vue de la prévention primaire de la solitude – c’est-à-dire la prévention de sa survenue –, il est primordial que les efforts visant à mesurer l’ampleur de ce phénomène chez les personnes âgées prennent en compte l’évolution de leur situation sociale dans le temps.

51Les fluctuations que nous avons identifiées suggèrent que la solitude et l’isolement social s’apparentent davantage à des états qu’à des traits de caractère. Aux fins de l’élaboration des interventions, il serait par conséquent plus approprié de s’intéresser au contexte changeant dans lequel les individus font l’expérience de la solitude qu’aux traits de caractère, plus stables, de ces derniers. Nos analyses des sous-groupes ont montré que les personnes les plus âgées, les veufs, les moins fortunés et les personnes atteintes de maladies chroniques invalidantes sont particulièrement susceptibles d’avoir besoin de soutien pour atténuer leur solitude. Les interventions futures devraient déterminer la meilleure façon de renforcer les relations sociales de ces groupes de population.

52Fait important pour le contenu des interventions, nos analyses ont révélé que les personnes qui déclaraient se sentir seules la plupart du temps avaient la possibilité d’avoir un contact avec d’autres personnes, que ce soit des relations étroites ou plus distantes, comme des collègues ou des personnes avec lesquelles elles participent à des activités sociales. Ce constat laisse à penser que l’intensification des contacts sociaux, qui constitue l’objectif principal de nombreuses initiatives actuellement mises en œuvre pour atténuer la solitude, pourrait ne pas suffire à lutter contre ce phénomène. Compte tenu de la complexité des facteurs associés à la solitude – y compris la situation sociale, culturelle, politique et économique des individus et leur état de santé –, il semble particulièrement important de prendre en compte le poids relatif de ces facteurs dans la prévention de la solitude, et la façon dont les initiatives pourraient y remédier, afin de garantir le succès des stratégies futures. Il conviendra d’évaluer les interventions futures en tenant compte du fait que des facteurs extérieurs peuvent avoir joué un rôle déterminant dans la modification des aspects subjectifs et objectifs des relations sociales.

Conclusion

53Avec l’augmentation du nombre de vagues dans l’étude Elsa comme dans d’autres études (Tilda [The Irish longitudinal study on ageing] en Irlande et HRS [Health and retirement study] aux États-Unis, il sera possible d’étudier les modèles de relations sur de plus longues périodes afin de construire une image plus claire de la façon dont les relations sociales se développent à la vieillesse. Compléter les analyses des cohortes âgées par des études des relations sociales tout au long de la vie peut contribuer à identifier les facteurs précoces déterminants et, potentiellement, à prévenir la solitude chronique ou l’isolement à un âge plus avancé. Compte tenu des limites des grandes études quantitatives – par exemple, la collecte bisannuelle de données dans le cas d’Elsa – un travail qualitatif sera nécessaire pour mieux comprendre la dynamique et le contexte qui sous-tendent l’évolution de la solitude et des relations sociales. Les journaux intimes, les mises à jour quotidiennes via des applications mobiles ou des entretiens sont des méthodes susceptibles de nous aider à mieux comprendre et contextualiser les expériences au fil du temps. Celles-ci seront d’un intérêt essentiel pour identifier les situations et événements déclencheurs conduisant à une évolution du sentiment de solitude, de manière à éclairer les stratégies futures de prévention susceptibles de prévenir l’exclusion sociale chez les personnes âgées.

Annexe I > Vue d’ensemble des analyses de la solitude dans Elsa

figure im10
Au total, 29 tests statistiques ont été effectués pour cette étude. Pour éviter d’obtenir des résultats positifs faussés et tenir compte du risque d’un rejet erroné d’hypothèses qui augmenterait avec chaque test supplémentaire, nous avons contrôlé les tests multiples à l’aide de l’ajustement de Bonferroni (Miller, 1981). Cet ajustement consiste à diviser le niveau critique de signification statistique choisi par le nombre de tests effectués ; pour cette étude, cela est revenu à diviser le niveau de signification choisi de 0,05 par 29, le niveau critique approprié étant donc de 0,002.

Notes

  • [1]
    English Longitudinal Study of Ageing.
  • [[2]
    Ce texte a été traduit de l’anglais.]
  • [3]
    Un échantillon équilibré comprend un même nombre d’observations pour chaque participant, tandis qu’un échantillon non équilibré comprend un nombre d’observations temporelles différent pour chaque individu. Un échantillon restreint ne couvre que des périodes chronologiques consécutives pour chaque personne, ce qui signifie qu’il ne manque aucune vague (Diggle, 2002).
Français

Au cours de la dernière décennie, les gouvernements et les sociétés civiles de toute l’Europe ont fait de l’exclusion sociale des personnes âgées une priorité d’intervention. De nombreuses solutions ont été proposées, dont certaines ont été mises en œuvre, mais la plupart n’ont pas fait l’objet d’une évaluation. De ce fait, il demeure une incertitude quant à la meilleure façon de s’attaquer à ce problème. Dans cet article, nous cherchons à apporter des éléments de réponse en décrivant dans un premier temps les différentes formes de solitude d’après l’étude longitudinale anglaise sur le vieillissement (Elsa) lancée en 2002, puis en en déduisant les implications pour l’intervention. Les réponses des 15 783 participants à au moins une des six premières vagues d’Elsa montrent que les cas de solitude autodéclarée fluctuent considérablement dans le temps ; que certains sous-groupes d’adultes plus âgés sont particulièrement à risque de se sentir souvent exclus des relations sociales ; enfin, que solitude et isolement social ne se superposent que très peu. Ces résultats soulèvent un certain nombre de défis pour les politiques, mais laissent également entrevoir des opportunités en termes de stratégies de prévention.

Mots-clés

  • solitude
  • isolement
  • Elsa
  • vieillissement
  • Age UK, 2016, « Loneliness heat maps » [online]. http://www.ageuk.org.uk/professional-resources-home/research/loneliness-maps/
  • En ligneAndreassen S., Randers I., Nyhlin K.T. et al., 2007, « A meta-analysis of qualitative studies on living with esophageal and clinically similar forms of cancer, seen from the perspective of patients and family members », International Journal of qualitative studies on health and well-being, 2, p. 114-127.
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  • Beaumont J., 2013, Measuring national well-being : older people and loneliness, Office for national statistics, London, UK.
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Nicole K. Pitcher Valtorta
Épidémiologiste en chef, Centre d’épidémiologie clinique, Hôtel-Dieu, Paris
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2020
https://doi.org/10.3917/rs1.082.0037
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