Cet article examine la genèse du processus de politisation de la Francophonie à partir du sommet de Versailles en 1986 jusqu’au sommet de Chaillot en 1991. S’appuyant sur des recherches archivistiques et un recueil de témoignages, il retrace l’appropriation par la Francophonie des enjeux de la construction de l’État de droit, de la promotion de la démocratie et de la défense des droits de l’homme dans un contexte de crises produites par la fin de la bipolarité. La période 1986-1991 constitue un véritable tournant démocratique de la Francophonie à partir de la seconde moitié des années 1990 qui aboutit à la déclaration de Bamako en 2000.
Article
À l’occasion du vingtième anniversaire de la déclaration de Bamako, la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, souligne que, depuis son adoption en 2000, cet acte est devenu « la boussole de la communauté francophone sur les 5 continents pour la démocratie, les droits et les libertés ». À partir du bilan réalisé sur la pratique de la démocratie dans l’espace francophone, il aurait permis la définition de grands principes en matière de démocratie et de respect des droits de l’homme et constituerait donc un tournant décisif dans l’histoire de la Francophonie politique.
La déclaration de Bamako, suivie par celle de Saint-Boniface (Canada) en 2006 sur la prévention des conflits et la sécurité humaine, sert de base doctrinale à l’action de la Francophonie en matière de prévention et de gestion des crises dans l’espace francophone. Elle résulte d’un processus de politisation progressif de la Francophonie qui remonte à ses origines institutionnelles. Le premier sommet des chefs d’État et de gouvernement a eu lieu en 1986, soit seize ans après la naissance de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), en 1970. Ce sommet consacre leur choix de se doter d’une instance politique. Cette instance suprême de la Francophonie, à l’instar d’autres instances de dialogue multilatérale telles que l’Assemblée générale des Nations Unies, a conduit à l’adoption de résolutions importantes sur les conflits et les crises à l’œuvre dans l’espace francophone. Elle a également servi à construire l’idée que la Francophonie pouvait adopter une vision commune sur de grands enjeux internationaux…
Résumé
Plan
- De la francophonie culturelle et linguistique à la francophonie politique
- Du sommet de Dakar au sommet franco-africain de la Baule : le décentrement de la francophonie vers les thèmes de la démocratie et des droits de l’homme
- Des paroles aux actes : l’annulation du sommet de Kinshasa et l’ambition normative du sommet de Chaillot
- Conclusion
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/12/2021
- https://doi.org/10.3917/ri.188.0107
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