CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Si la préoccupation environnementale est pluri-centenaire (Fressoz, 2012) et si la menace de la catastrophe écologique est connue depuis plus d’un demi-siècle (Meadows, 1972), la généralisation de la conscience de cette menace ne se réalise que dans le temps présent. Ce fait historique invite à revisiter nos approches de l’ESS. Les spécialistes de l’ESS actent sa naissance à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle, et la considèrent comme un projet d’alternative au capitalisme, non sans considérer qu’elle exerce également une fonction de réparation (Gueslin, 1987). Cette lecture, que je partage, me paraît cependant incomplète : nous n’avons pas porté une attention suffisante aux faits techniques et industriels (Eyguesier, 2016) et, conséquemment, avons mésestimé les effets de l’industrialisation, aussi bien en termes de mode de vie qu’en termes de destruction de la planète.
Comme nous le savons, l’essor de l’industrie entraîne au XIXe siècle un développement inouï des forces productives (Marx, 1983) et une nouvelle division du travail (Durkheim, 2007), mais aussi des pollutions de grande ampleur, un surpeuplement et un enlaidissement des faubourgs, la quasi-disparition des communs, la défiguration des campagnes où des mines sont ouvertes, la paupérisation et la prolétarisation de millions de paysans et de migrants (Brown, 2001 ; Fressoz, 2012 ; Eyguesier, 2016). La révolution des nouvelles technologies agit aujourd’hui comme avait agi en son temps l’industrialisation : les ordinateurs de bureau à la fin des années 1970 et la numérisation des données à partir des années 90 changent la nature du travail à travers l…

Français

La crise sociale et climatique nous incite à revoir nos approches de l’économie sociale et soli-daire (ESS). Celle-ci est généralement pensée comme une économie portant un projet d’alternative tout en assumant d’être également une forme de réparation de l’économie dominante. Cet article montre que l’ESS est plus fondamentalement la forme actuelle de solidarités à l’œuvre depuis des siècles, qui ont longtemps assuré le salut des hommes. L’anthropocène nous conduit à penser une nouvelle économie du salut. L’étude du fait associatif dans l’Occident médiéval s’avère inspirant pour élargir nos conceptions de l’ESS.

Jean-François Draperi
Docteur en géographie rurale et aménagement du territoire (Paris Panthéon-Sorbonne), Jean-François Draperi est maître de conférences en sociologie et directeur du Centre d’économie sociale Travail et société (CESTES) au CNAM, ancien rédacteur en chef de la Revue internationale de l’économie sociale (Recma).
Jean-François Draperi est directeur du Centre d’économie sociale (Cestes) du Cnam, co-président du centre de recherche-action coopérative Acte 1
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Il vous reste à lire 95 % de cet article.
Acheter le numéro 25,00€ 272 pages, électronique uniquement
html et pdf (par article)
add_shopping_cart Ajouter au panier
Acheter cet article 6,00€ 13 pages, format électronique
(html et pdf)
add_shopping_cart Ajouter au panier
Autres options
S'abonner à cette revue link Via la page revue
Membre d'une institution ? business Authentifiez-vous
Mis en ligne sur Cairn.info le 28/04/2022
https://doi.org/10.3917/recma.364.0110
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Association RECMA © Association RECMA. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...