L’appellation « société du commun » connaît un usage croissant dans le monde de la recherche et, plus largement, dans celui de la société civile. Pour le premier, nous trouvons par exemple les travaux de Bauwens (2015) inspirés par le coopérativisme des plateformes, ceux de Dardot (2019) renvoyant aux mouvements sociaux ou ceux de Borits (2018) reliés aux coopératives, même si ce dernier parle plus de « l’économie des communs ». Du côté de la société civile, nous pensons au « Pacte du pouvoir de vivre », qui se réfère à la société du commun comme horizon souhaitable, et aussi à l’appel lancé par Jérôme Saddier, président d’ESS France, lors du premier confinement, dans lequel il est affirmé que « la reconstitution des communs est l’enjeu des prochaines décennies ». Si elle n’en est pas l’alpha et l’oméga, l’économie sociale et solidaire, tout au moins une partie d’entre elle, est bien présente dans ce mouvement qui fait de la société du commun le nouvel horizon du dépassement du capitalisme. Après avoir développé de premières thèses sur la société du commun dans son lien avec l’ESS (Defalvard, 2017a), nous proposons, dans cet article, d’approfondir cet angle théorique en développant de nouveaux matériaux conceptuels.
À partir d’une lecture rétrospective des mouvances des communs, qui met en avant le rôle singulier joué aujourd’hui par la mouvance sociale, nous abordons dans un premier temps le concept de territoires en commun. Parce que la mouvance sociale des communs opère une jonction avec les deux mouvances apparues auparavant (autour du « libre » et de l’écologie), elle ouvre sur la perspective d’une société fondée sur les communs…