CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1 Dans cet article, nous allons comparer les expériences et résultats de Freud avec la cocaïne et ceux plus actuels de psychopharmacologie et de biologie psychiatrique sur le Prozac (ISRS), le plus connu mais aussi le plus controversé des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine de ces vingt dernières années. Je présenterai et analyserai d’abord les trois textes pré-analytiques de Freud sur la cocaïne. Je m’essayerai ensuite à une perspective lacanienne d’interprétation de la légitimité de ces expériences pour la psychanalyse et la psychopharmacologie. Dans un second temps, je discuterai brièvement les éléments clé du livre Listening to Prozac[1] de Peter Kramer – qui est certainement l’étude actuelle la plus optimiste et la plus indulgente sur ce médicament, tout comme ce qu’était De la coca [2] sur la cocaïne à son époque. Cela nous servira de point d’entrée pour percevoir la manière dont la psychopharmacologie moderne est conçue et prescrite. Cet article compare les approches, les idées et les résultats de ces deux études, celle de Freud et de Kramer, qui, similaires sur le principe, diffèrent quand elles sont confrontées au champ d’application psychopathologique.

2 Dans le champ biologique et pharmacologique, ce qui peut être perçu comme une similarité, de prime abord, est en fait clairement distinct et généré par la distanciation de l’approche psychanalytique freudienne d’avec le discours médical de la psychopharmacologie et de la psychiatrie biologique au travers d’expérimentation des psychotropes.

3 Freud avait initialement entrepris une approche de la cocaïne en lien avec le discours médical de l’époque sur les psychotropes. Il cherchait à pondérer les effets et les dosages de l’alcaloïde et à les paramétrer et les opérationnaliser. Il croyait que la contingence et les effets indéterminés de cette drogue pouvaient être supprimés, délimitant l’espace de l’usage pathologique et normal. Cependant, il finit par mettre fin à cette conception. Il se mit alors à explorer une nouvelle voie épistémologique qui l’amena à inventer la psychanalyse. Nous allons voir comment il fit d’abord une expérience inédite de la cocaïne, qui était considéré comme un mélange expérimental à usage multiple à la fin du XIXe siècle. En dernier lieu, cet article va ouvrir sur une analyse de l’approche de Lacan des trois registres – Symbolique, Imaginaire et Réel – dans le but d’observer les manières dont l’usage de substances pharmacologies s’articule avec la triade, constituant la réalité de chaque sujet, mais aussi comment un individu peut en venir à faire face aux effets de la drogue d’une manière unique et caractéristique.

La cocaïne de l’Occident et la coca mythique

4 Les premières expériences de Freud sur l’alcaloïde datent de 1884. Dans une lettre, il parle de cette substance comme un « projet thérapeutique… [qui] a de l’espoir. » Il se base à cette époque largement sur le teste d’Aschenbrandt sur la manière dont la cocaïne augmentait l’énergie et l’endurance des soldats durant les entraînements. À partir de la littérature existante, Freud pensait qu’il avait trouvé une propriété unique de l’alcaloïde. Il décida alors de l’expérimenter sur lui-même. Il découvrit alors une substance extraordinaire, qui changeait l’humeur, lui donnait énergie, vitalité, lui donnait sang-froid et retardait la sensation de faim.

5 À ce moment, il souffrait de neurasthénie – un mal très répandu et sur-diagnostiqué à cette époque, caractérisé par de la fatigue chronique. Il se sentit soulagé par l’usage fréquent de cocaïne, particulièrement dans les moments d’angoisse et d’interaction sociale avec des collègues et des spécialistes de sa discipline. Il cherchait ainsi à découvrir la base biologique de la névrose et de la maladie des nerfs grâce à la cocaïne, et à faire valoir l’alcaloïde comme la drogue de prédilection dans le champ de la neurologie et de la psychiatrie. Pour lui, ce stimulant, résultant de la synthèse et transformation de la feuille de coca, pouvait offrir la même capacité de travail et la même résistance que ce que la feuille de coca provoquait chez les Amérindiens qui la consommaient quotidiennement. Il partait donc de l’hypothèse que le modèle des Indiens d’Amérique du Sud pouvait être transposé à la culture européenne.

6 Cependant, Freud fit face à la déception lors de sa troisième évaluation sur la cocaïne. En effet, cette dernière étude contrastait avec De la coca, son premier article sur le sujet, dans lequel il relatait son expérimentation de la cocaïne sur lui-même, attribuant à l’alcaloïde une importante capacité d’action, et trouvant une forme de satisfaction et de jouissance dans la consommation de la drogue – de ce qu’il dit dans ses lettres à sa fiancée Martha.

7 Pour lui, il y avait une élimination des symptômes de dépression et de fatigue par l’usage de la cocaïne. De plus, la satisfaction amenée par les effets de jouissance du toxique était à son sens un substitut aux symptômes corporels. Or les symptômes sont faits, comme le dit Jacques Lacan, pour le plaisir, plaisir pour lui-même. Freud fit donc la découverte du revers de la médaille. Cette jouissance avait en effet un aspect mortifère : la compulsion répétitive de l’addiction et son indissociable Thanatos. Ceci fut le cas pour son cher ami Ernst Von Fleischl-Marxow. Alors que Freud considérait la cocaïne comme un remède substitutif, miracle contre la névrose, restaurant l’idéal de normalité, amenant une forme de plaisir et soulageant l’anxiété, la cocaïne montra sa face destructrice sur Von Fleischl. Ce dernier souffrait au départ d’une addiction à la morphine pour soulager la peine immense causée par une amputation partielle de la main. Freud, après la lecture d’un article de W.H. Bentley dans le Detroit Therapeutic Gazette, fut convaincu que la cocaïne serait un très bon moyen de faire face aux symptômes de manque de morphine. Il conseilla alors à son ami d’en prendre régulièrement, par des injections sous la peau. Mais ceci fut une décision malavisée : non seulement il faillit à sortir son ami de son addiction à la morphine, mais celui-ci devint aussi dépendant à la cocaïne, et son état de santé se détériora. Il mourut en 1891 d’une overdose de cocaïne, probablement une tentative de suicide. Freud réalisa alors que l’inscription des effets de cette substance psychoactive dans les normes du discours scientifique n’empêchait pas les résultats délétères. De plus, il ne disposait d’aucune ressource pour prédire les effets de la substance. Trente-cinq ans plus tard, Freud s’appuya pour une grande part sur le cas de Von Fleischl pour écrire son essai intitulé Au-delà du principe de plaisir, dans lequel il dépeint la compulsion de répétition comme un résultat de la pulsion de mort.

8 C’est d’ailleurs à cet endroit que Lacan situe la jouissance comme un élément contradictoire avec le plaisir, élément qui va au-delà du principe de plaisir. Lacan place la jouissance comme suivant la même logique que la pulsion. Il écrit :

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Il y a incontestablement jouissance au niveau où commence d’apparaître la douleur, et nous savons que c’est seulement à ce niveau de la douleur que peut s’éprouver toute une dimension de l’organisme qui autrement reste voilée. [3]

10 C’était dans la lutte contre la souffrance, dans un dilemme du lien entre poison et jouissance, que s’inscrivait Von Fleischl. Freud aborda furtivement à cette époque la dimension de souffrance et d’impossibilité de trouver une homéostasie. Le pharmakon[4] s’offre comme remplacement de la douleur par une autre forme de jouissance qui libère le sujet du monde terrestre et de son propre corps. Notons au passage que ce dernier point ouvre sur un questionnement sur le recours aux drogues et à l’excès de médication dans notre société contemporaine.

11 Dans ces premières études sur la cocaïne, une des erreurs commise par Freud fut de confondre feuille de coca et cocaïne. Déjà, les structures chimiques des deux produits sont très différentes (le chlorhydrate de cocaïne, l’alcaloïde actif, n’est présent qu’entre 0,1 % et 0,8 % dans la feuille de coca, contre 80 à 90 % dans la cocaïne). Mais surtout, il y a une grande différence d’appréhension sociale et culturelle. L’usage sud-américain de la feuille de coca s’origine dans d’anciennes traditions. La feuille y était utilisée pour des rites. Cet usage prend donc ses racines dans le registre du mythe ancestral. Freud était conscient de ce caractère fictionnel de la coca. Pourtant, à cette époque, il ne semblait pas prendre en compte cet aspect crucial dans son analyse. Sa volonté de transposer les propriétés de la coca dans le monde occidental était en fait une tentative d’introduire la cocaïne dans le champ du discours scientifique. En ce sens, la coca se trouvait désacralisée de son aspect mythique. Il était supposé possible d’extraire les agents convertibles de la coca et d’isoler le principal composant stimulant au travers de méthodes scientifiques complexes. Cependant, les choses furent plus compliquées. Il n’était pas possible de réduire et sectionner les propriétés de la plante. Nous passons alors d’un remède, un stimulant, une substance toute-puissante à la coca s’apparentant à un poison, aux effets non-désirés, qui fut finalement interdite et pénalisée. La société occidentale en son intégralité semblait s’être fourvoyée dans cette tentative de retirer la part du mythe et des codes symboliques qui entourent et limitent le rituel de la coca. Ceci est comparable à ce qui arriva avec l’extraction du cactus peyote de la mescaline, puis l’usage de cette dernière par les natifs amérindiens et les tribus mexicaines et la reprise de cette pratique par les Hippies et les groupes de marginaux qui aboutit à la prohibition de la substance.

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13 Lacan a pointé combien le mythe a pour fonction de structurer quelque chose qui concerne une vérité appartenant à une culture. Ce quelque chose est le rapport direct de l'homme à la nature : à ce que signifient être, mourir, naître. C'est aussi et surtout son rapport à la sexualité et au corps. Dans les cultures où le monde mythique est riche, l'image du corps est le résultat d'une construction artificielle dans laquelle le sujet voit son existence autorisée dans le symbolique et soutenue par la figure de l'Autre. Ainsi, le corps est une fiction, une tentative de résoudre la tâche impossible de se défendre de la jouissance de l'Autre. Si nous poursuivons ce raisonnement, l’imaginaire – le stade du miroir, ainsi que la confirmation symbolique conférée par l'Autre – est essentiel à la construction d'un corps unifié. Par conséquent, la coca, au sein d'un cadre ritualisé tenu en place par un univers symbolique de mythes et de fictions, fonctionne comme une barrière à la jouissance des débordements d’usage des toxiques.

14 La singularité des expériences avec la cocaïne menées par Freud réside dans la capacité du jeune scientifique à appréhender la confrontation à l'altérité. De plus, cela l’amène à la conclusion qu'il est impossible d'universaliser les effets des psychotropes sur l’individu. Ici, les notions de subjectivité et de caractère individuel sont fondamentales. Les variations individuelles que nous retrouvons dans les expériences de Freud, ainsi que dans celles d'autres chercheurs tels que Schroff ou Aschenbrandt, reflètent combien il est difficile d'anticiper avec précision les effets des drogues sur l'être humain. Nous sommes loin de l'approche de psychotropes modernes tels que le Prozac, tant dans leur conception que dans leur prescription. Dans Contribution à la connaissance de l'action de la cocaïne, Freud se croyait capable de chiffrer les effets de l'alcaloïde. La mesure quantitative était à son sens une étape nécessaire pour déterminer les effets de la substance. Il se heurta alors à cette « chicane symbolique », [5] pour reprendre l'expression d’Allouch, qui est à la fois un obstacle et de l'ineffable. Il se heurtait en fait au réel, constitué des restes de l'histoire du sujet, restes qui dépassent ce dernier et l’aliènent. Le réel qui est la condition même de la subjectivité. Le fait que la sensibilité à la cocaïne soit spécifique à chaque sujet et extrêmement variable d’une prise à l’autre chez le sujet lui-même rend difficile, sinon impossible, d'anticiper les effets du produit et donc de prédire les facteurs qui détermineraient l'intoxication ou l'addiction. Et à Freud d'écrire :

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Il est important de noter que pareilles intoxications se produisent aussi lorsqu'on ne donne que de petites quantités de cocaïne. C'est pourquoi on a qualifié d'idiosyncrasie la sensibilité de certaines personnes à la cocaïne, comparée à l'absence de réaction à des quantités plus grandes chez d'autres personnes. Je crois que cette impossibilité de prévoir les effets de la cocaïne (c'est-à-dire que l'on ne peut savoir dans quelles conditions il y aura effet toxique) dépend très étroitement d'un autre facteur d'incertitude que je dois mettre sur le compte de l'alcaloïde : on ne sait pas bien quand ni chez qui s'attendre d'une façon générale à ce que la cocaïne exerce une action. [6]

Écouter autrement les traitements psychiatriques

16 En Europe et aux États-Unis, au cours des années 1950, des chimistes et pharmacologistes ont fait la découverte fortuite des effets antidépresseurs de deux molécules, l'imipramine et l'iproniazid. Cela leur a permis d'étudier à une échelle microscopique l'action de ces deux substances sur le système nerveux. De plus, le pharmacologue Julius Axelrod permit de faire un grand bond en avant dans la production et la synthèse de traitements psychiatriques, en élaborant des techniques notamment de test sur des cochons d’Inde, permettant à l'industrie pharmaceutique de développer de nouveaux composants sans avoir à recourir à des cobayes humains – modèle d’expérimentation qu'avait suivi Freud en se prenant lui-même comme sujet d’analyse. Lorsque Axelrod étudiait les effets de la norépinephrine sur le système nerveux sympathique, il découvrit les effets des IMAO (inhibiteurs de monoamine oxydase) et des antidépresseurs tricycliques sur l’inhibition de la recapture des catécholamines dans la fente pré-synaptique. Plus tard, il sera découvert que les IMAO et les tricycliques avaient le même effet inhibiteur sur la recapture de la sérotonine, quoique de façon plus minimale.

17 Dans les années 1960, il fut constaté que deux monoamines avaient un effet sur l’humeur : la norépinephrine et la sérotonine. Une fois que les pharmacologues comprirent ce processus, ces derniers cherchèrent à développer un antidépresseur aussi efficace que l’imipramine mais avec une action ciblée et moins d’effets secondaires. Les laboratoires pharmaceutiques se lancèrent ainsi dans la recherche acharnée d'un produit qui inhiberait certains neurotransmetteurs dans la fente synaptique des neurones – et pas un produit qui agirait sur les signifiants du sujet ni sur sa manière de relier ces signifiants à son corps.

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Moins une découverte qu'un projet soigneusement planifié et exécuté, le Prozac a été créé grâce aux efforts d'une grande entreprise pharmaceutique, avec des modèles animaux et cellulaires derniers cris, et avec les compétences des chercheurs venant de diverses disciplines. […] L'histoire du Prozac est typique d'une autre façon aussi : les chimistes qui travaillent actuellement sur le développement de drogues pour l'esprit prennent pour point de départ non pas des patients malades mais des modèles de neurotransmission, et ils peaufinent les molécules pour qu'ils agissent sur un processus simple. Le but, ce sont des drogues propres – drogues qui sont de plus en plus puissantes dans leurs effets sur la neurotransmission. Le résultat probable de ce genre de recherches ne sera pas des médicaments correcteurs d'une maladie particulière mais plutôt des médicaments qui agissent sur des groupes de fonctionnements dans le cerveau humain, souvent chez des gens sains aussi bien que chez des malades. [7]

19 Le psychiatre Peter Kramer allait dépasser tout ce balbutiement scientifique et redonner au produit ses lettres de noblesse. Tout comme Freud avec la cocaïne en son temps, Kramer a dépeint le Prozac comme un produit miracle aidant à la socialisation. En donnant au produit une face humaine, Kramer a embelli l’image de la molécule, ce qui permit un grand succès commercial. À la différence de la cocaïne, qui résulte d’une tradition millénaire et des aventures de la chimie du XIXe siècle, le Prozac a été conçu entièrement par la pharmacologie et la neurochimie modernes pour avoir une action ciblée et pour être « propre ». Eli Lilly a promu le Prozac comme un produit plus que parfait, infaillible, sans aucun effet secondaire gênant, conçu pour être une alternative aux autres antidépresseurs ; le résultat d’un projet bien planifié et bien exécuté par des laboratoires scientifiques, comme le raconte Kramer dans son ouvrage très élogieux sur le produit, mais très controversé. L’auteur y présentait le Prozac comme une substance parfaitement adaptée aux syndromes psychiatriques tels que la dépression, l’anxiété, les TOC et qui, de surcroît, donnait un boost aux systèmes biologiques légèrement perturbés, rendant les gens « mieux que bien ». [8] Non seulement un patient sous Prozac retrouverait l’état de santé d’avant, confortablement campé dans un « silence des organes », mais cela lui permettrait aussi d’optimiser sa personnalité et son caractère. Selon Kramer, l’antidépresseur induit un changement significatif à l’identité et aux relations sociales du sujet. Nous aurions alors affaire à une « psychopharmacologie cosmétique », qui rend le Prozac similaire dans sa fonction à l’abus de psychotropes illicites et l’addiction aux drogues. [9]

20 Le médicament apparaît comme un stimulant, un « stéroïde » psychique qui stimule la sociabilité et la personnalité, de la même manière que la cocaïne a délié la langue de Freud lors des réunions, le rassurant et lui donnant de l’éloquence. Ainsi, les démarches de Freud, dans Sur la cocaïne, et celle de Kramer coïncident jusqu’à un certain point, en ce sens que l’une et l’autre se montrent très optimistes sur les possibilités de cette nouvelle drogue pour eux ou pour leurs patients, avec l’espoir partagé d’amener les patients vers un mieux-être au-delà de la normalité ; et cela malgré le manque presque total de connaissance concernant la substance.

21 Maintenant, d'une perspective lacanienne, analysons comment le pharmakon s'articule aux dimensions subjectales du symbolique, de l'imaginaire, et du réel, afin de développer une meilleure lecture de l’idiosyncrasie. [10]

Lacan à propos du Prozac

22 La conséquence de cette bio-ingénierie est l'absence du discours sur le sujet, de la relation de ce dernier envers son corps et ses symptômes et ses liens avec la jouissance. Le médicament ne peut pas être uniquement réduit à une substance chimique, comme il ne peut pas être séparé de sa définition et de l'histoire de sa conception à partir de tests pharmaceutiques qui encadrent les indications et contre-indications du produit, ni même des rapports qui décrivent ses effets, tant désirables qu'indésirables. Nous ne pouvons ignorer le réseau symbolique de la genèse du produit, car cela fait partie intégrante des choix de mise en circulation du traitement et de la manière dont le produit affecte le consommateur.

23 Actuellement, ce sont des arguments biologiques et neurologiques qui sont privilégiés, facteurs qui sont influencés par des intérêts économiques et qui arrivent à faire taire les constats et plaintes des consommateurs au quotidien. Cela amène à ce que le discours mis en avant soit que le Prozac active un lien entre des prédispositions biologiques et les expériences sociales. Selon les idéaux véhiculés par la société et ses médecins, la personnalité, ainsi biologiquement déterminée, peut être réordonnée grâce aux substances psychoactives. La réussite sociale et économique, le charisme, la confiance en soi, la popularité, l'optimisme et le renforcement du caractère jouent le rôle des signifiants-maîtres des cultures occidentales contemporaines. Le Prozac n'est pas « juste » une substance chimique, mais une source de qualités et d'idéaux prête à être injectée dans le système nerveux. L'ouvrage de Kramer trahit des biais et des idéaux moralisateurs qui à terme déforment une analyse qu’il veut critique.

24 Dans un article sur les traitements psychiatriques pharmacologiques [11], Éric Laurent considère les effets du Prozac sous l'optique des trois registres lacaniens qui composent la réalité. Selon Laurent, la médication se noue dans le registre imaginaire au travers d’effets sur le signifiant. Il s’agit en ce sens de tout ce que le sujet attend de la drogue et des divers effets contenus dans sa propre expérience de la substance. Les sentiments d'omnipotence, de confiance, d’ivresse, de joie, de somnolence et d’obnubilation forment entre autres le large spectre des significations corrélées à l’effet du médicament pour le sujet. Ceci permet à Laurent d'assimiler la pharmacologie cosmétique de Kramer – où les effets du Prozac rappellent des effets déjà présents dans des psychotropes connus depuis des siècles – à l'addiction et à la quête de jouissance via le pharmakon. Cependant, nous pourrions tout aussi bien penser à la conception de la cocaïne de Freud comme une aide à la socialisation et une source de vitalité. La cocaïne freudienne et son consommateur éloquent, débordant d'énergie, à la langue déliée, avec laquelle Freud espérait guérir la névrose, appartient à ce registre de l’imaginaire. Mais cela doit aussi être considéré dans sa suture au réel. L'idéal du moi joue un rôle fondamental dans la signification que le sujet alloue aux effets de la drogue dans son corps et dans ses fantasmes. Les altérations de la personnalité induites par la prise de produit et la tentative de retrouver ces états correspondent à une position imaginaire dans laquelle l'idéal du moi prend une place prépondérante. Le champ d’application de la médication du sujet doit aussi être examiné, surtout quand elle dépasse le champ de l'indication thérapeutique, faisant de la drogue un objet de confort. C'est dans ce registre que nous pourrions situer les expériences de Moreau de Tours avec le haschich : les effets toxiques sont assimilés aux rêveries ou aux fantaisies.[12]

25 Là où Freud, dans son dernier texte sur la cocaïne, Cocaïnomanie et cocaïnophobie, s'est montré plus réservé concernant cette substance, il n’en va pas de même pour Kramer et la flouxétine. Il en encourage même l'usage étendu, ce qui sous-entend une rupture avec les normes préconisées par les manuels médicaux tels que le DSM. Il suggère même que certains comportements banals soient considérés comme des symptômes ou des maladies potentielles. Là où Freud observe les ravages de la cocaïne chez Von Fleischl et en vient à tempérer ses éloges de l'alcaloïde, Kramer, quant à lui, minimise les débordements attribués au Prozac et préconise des médications psychiatriques en tant que « drogues de confort » vers un mieux-être au quotidien. Le Prozac ne vient ni d'une ethnie mythologique ni d'un rituel signifiant qui saurait poser une limite à la jouissance. Néanmoins, il est inscrit dans le champ de l'Autre. Il émerge d'un engagement entre tiers payants, fonctionnaires du secteur de la santé publique, entreprises pharmaceutiques, chercheurs, médecins et consommateurs. Il s'inscrit dans un discours capitaliste de profit et de développement personnel à coût minimum. Il est le résultat d'une convergence entre science, business et politique. Ce qui manque à cette « chicane », c'est le réel.

26 Sur cette question, Freud écrivait :

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C'est pourquoi je suppose que l'action irrégulière de la cocaïne est due à la sensibilité différente d'un individu à l'autre aux excitants ainsi qu'à l'instabilité dans l'état des nerfs vasomoteurs sur lesquels la cocaïne agit. Étant donné qu'en général on ne connaît pas le degré de cette sensibilité, qu'on n'a guère accordé beaucoup d'importance à ce facteur de disposition individuelle ; je pense qu'il convient de cesser le plus vite possible de soigner les maladies nerveuses par des injections sous-cutanées de cocaïne. [13]

28 À la fin de son livre, Kramer met en question et pondère la responsabilité du Prozac dans les divers passages à l'acte suicidaires ou criminels qui lui ont été attribués. Kramer met en avant des faits divers très médiatisés, autour de patients au lourd passé (comportements hétéro et auto-agressifs, dépressions, idéations suicidaires, idées imposées...). Ainsi, tel fut le cas de Joseph Wesbecker, ancien employé d'imprimerie qui a massacré huit personnes et en a blessé douze autres avant de mettre fin à ses jours. Sa famille a fait un procès contre la firme pharmaceutique Eli Lilly, arguant la responsabilité du Prozac dans l'acte meurtrier. Il s'avéra que Wesbecker avait été plusieurs fois interné en hôpital psychiatrique, qu'il souffrait de délires de persécution, qu'il était hypocondriaque, irascible et socialement inapte. Il avait aussi fait plusieurs tentatives de suicide. Un jour, il était allé à l'imprimerie où il travaillait avec une arme à feu et avait menacé son ancien chef. Il avait plusieurs fois répété à sa femme qu’il irait « flinguer un tas de gens » sur son ancien lieu de travail. Plusieurs psychiatres lui avaient diagnostiqué une psychose maniaco-dépressive avec éléments paranoïaques. En ce sens, il serait sans doute extrême de dire que c’était le Prozac qui avait causé directement ce passage à l’acte, ou acting-out. Néanmoins, nous pouvons affirmer que le Prozac a des effets de désinhibition et a la capacité de casser les défenses contre l'angoisse, induisant une confrontation immédiate du sujet psychotique avec un objet insupportablement persécuteur. Le sujet se trouve en face d'un objet vers lequel sa seule réponse possible est l'acte. Si la fonction médiatrice du langage échoue dans la psychose, le sujet est confronté dans le réel à la présence angoissante de l'Autre et de la jouissance. Ici, nous faisons cette analyse de la manière dont la drogue est influencée par et « vient du » réel.

29 Pour Laurent, les façons dont la drogue et le réel sont liés se trouvent dans les effets du produit sur le corps du sujet et sur sa « nomination dans le réel ». Cette nomination dans le réel n'est pas identique à la dimension imaginaire ; elle la dépasse. À chaque sujet son propre système de signes, un système qui se réfère à ce que Lacan nomme, en un mot, « lalangue », comme le seul et unique moyen pour chaque sujet d'incorporer la langue commune et de structurer le rapport avec ses modes de jouissance et son appréhension du réel. L'effet de la drogue pourrait être un « retour au réel » ou, selon nous, un « retour du réel », permettant à lalangue de nommer, pour chacun de manière unique, un point de capiton ou un impossible. Cependant, cette articulation peut être perçue comme un non-sens venant du réel. Tel est le cas de certains patients psychotiques quand le traitement vient du réel en tant qu'objet persécuteur. Et il en est de même pour le Prozac et ses effets énigmatiques sur le corps, éprouvés en non-sens par le sujet comme une ineffable jouissance. Mais le réel peut aussi être nommé et ainsi lié à un événement ou affect subjectif.

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L'effet réel du médicament est un effet hors sens. […] Par le médicament, le sujet découpe autrement son organisme. Il le découpe par cet instrument de savoir spécifique qu'est le médicament. Si le signifiant cisaille le corps à sa façon, le savoir contenu dans le médicament le cisaille autrement. Il fait connaître au sujet une « jouissance inconnue de lui-même », absolument inconnue. Elle n'est accessible que par cet artefact. Avant que ne soient mis au point les neuroleptiques et antidépresseurs, on ne savait pas comment jouir de la sérotonine ou de la dopamine. […] Le médicament déborde d'emblée l'indication thérapeutique que lui confère un diagnostic. Produit du savoir, c'est une machine, un instrument d'exploration du corps. Par le médicament, le sujet es amené à pouvoir jouir de nouvelles parties de son corps. [14]

31 On pourrait aussi considérer le « bad trip » comme une forme d'insertion de la drogue dans le registre du réel. Vue sous cet angle, la drogue devient un impossible à être capté dans le symbolique et dans l'imaginaire. Ceci est encore une manière dont le toxique affecte le corps. La drogue nous permet d'envisager une autre manière de gérer le réel du corps dans la maladie, la souffrance, le sexuel comme une relation impossible. Gonon suggère, à partir d’autres études, que le taux de rechute chez des patients sous traitement antidépresseur approche les 70 %, et que la différence entre traitement et placebo n'est guère significative, hors cas de dépression sévère. [15] Ainsi, la drogue n'arrive pas à satisfaire les espérances exprimées par le discours médical, à savoir l'élimination du symptôme et le rétablissement du sujet. Il faudrait que les pharmacologues et médecins d'aujourd'hui tiennent compte de cette réalité du pharmakon.

Conclusion

32 Nous observons donc qu'il existe une perspective différente à celle adoptée par la psychiatrie biologique et sa « dissection pharmacologique ». Au sein de la psychanalyse lacanienne, il est question de découvrir d'autres moyens d'explorer le corps – où ce corps ne serait pas réduit à « l'organisme » – au travers d’une jouissance inconnue occasionnée par la molécule. Cela n’a pas à voir avec la découverte de nouvelles maladies ou de nouveaux syndromes causés par la drogue (à la manière de la psychiatrie biologique de Moreau de Tours). Il s’agit plutôt de l’observation de la manière dont la drogue aide à réguler, bloquer ou multiplier la jouissance, jouissance renfermée dans le lien entre symptôme et corps, entre symptôme et langage. D'autres ont essayé d'évaluer des ISRS à partir d’un point de vue phénoménologique. [16]

33 Cependant, ni l'analyste, ni le psychothérapeute n’ont à être d’accord ou en désaccord avec un traitement. Il leur incombe bien plus d'analyser ses retentissements et la manière dont ces effets se lient aux trois registres. Comment le sujet éprouve-t-il d’une manière totalement subjective les effets de la consommation du produit ? Le modèle proposé par Kramer va au-delà de ce qui incomberait à la mission de l’analyste puisqu’il dépeint les imperfections de la personnalité comme des dysfonctionnements biologiques localisés dans le cerveau. Il soutient même que les troubles classés par le DSM ne sont pas représentatifs des aires neurochimiques du cerveau à considérer comme anormales ou déséquilibrées.

34 Par ailleurs, je me suis attaché dans cet article à mettre en avant les distinctions entre Prozac et cocaïne. Il importe de souligner que ces distinctions tiennent à la manière dont tous deux ont été conçus et acceptés, avec leurs propres effets et leur propres niveaux de toxicité, malgré la différence d'époque et de contexte. Si le premier jouit aujourd'hui d'une large diffusion et d'une considérable popularité grâce à un discours scientifique qui prépare le terrain et à un marketing intensif qui participe à sa propagation, la deuxième a rapidement été vouée à l'échec en raison des effets dévastateurs du Thanatos chez de nombreux patients et en raison de sa prise hors prescriptions médicales. Or, l'avenir du Prozac peut être compromis si on persiste à le considérer comme une drogue de confort et si les aspects toxiques et les excès qui peuvent exister pour certains patients sont écartés ou minimisés.

35 Promouvoir un modèle d’action du médicament uniquement centré sur la maladie [17] est une position épistémologique en fort contraste avec celle tenue par Freud lorsqu'il décida de nuancer sa vision de la cocaïne comme un remède tout-puissant, lorsqu'il laissa tomber l'idée que le pharmakon permettrait de découvrir les bases biologiques de la névrose. D’abord pris dans une démarche s’apparentant à ce modèle centré sur la maladie, tentant d'appréhender la drogue dans un cadre scientifique, Freud s'est ensuite rendu compte que les connaissances acquises de cette manière n'étaient pas fiables et éludaient les risques et les contingences d'une consommation de masse. En effet, la particularité de chaque sujet, ainsi que ses caractéristiques sociales et culturelles, déterminent la façon dont chacun éprouvera et s'appropriera les effets d'une drogue. [18]

36 Dans le prolongement de cette idée, l'enseignement de Lacan nous montre comment le sujet est aux prises avec sa propre jouissance lorsqu’il consomme ces molécules. Le sujet est alors confronté en plein à la présentification de son corps dans le réel, mais aussi à sa dimension imaginaire et aux règles symboliques dont cette drogue est empreinte.

37 La psychopharmacologie contemporaine semble poursuivre une approche universalisante où statistique et probabilité ont le dernier mot sur ce qui prend valeur de médication, mais aussi sur la manière dont la médication est classifiée, conçue et prescrite. Freud de son côté semble s'être rendu compte très vite du caractère complexe des drogues, qu’elles résistent à toute tentative d’homogénéisation et d’analyse de leurs effets. Cette approche du produit conduit à une impasse que Freud a signalée très vite, dans Contribution à la connaissance de l'action de la coca. C'est d’ailleurs cette impasse qui a ouvert la voie à la découverte de la spécificité des rêves et à celle de l'inconscient quelques années plus tard. Il en viendra alors à esquisser les éléments structurels de la psyché. Freud avait réalisé que la représentation soutenue par des processus scientifiques sur la drogue à son époque – représentation toujours largement active aujourd’hui – était instable et volatile. [19] Cet idéal de la drogue comme un élément détenteur d'une vérité biomédicale, libre de toute contingence, organisée et construite selon les principes de la raison, traçant la frontière entre le normal et la pathologique, cet idéal était à son sens inatteignable. Le cas Wesbecker montre très précisément comment la médecine dite personnalisée n'arrive pas à limiter les particularités subjectives, surtout lorsque cette médecine ne tient pas compte du réel de la jouissance véhiculée par le pharmakon.

Notes

  • [1]
    Kramer, P. (1993). Listening to Prozac. New York : Viking, Penguin Books.
  • [2]
    Freud, S. (1974). De la cocaïne. Bruxelles : Éditions Complexe. Cocaine Papers. New York : Stonehill Publishing Company.
  • [3]
    Lacan, J. (1966). La place de la psychanalyse dans la médecine, leçon du 16/02/1966. Conférence et débat du Collège de Médecine à la Salpêtrière. Cahiers du Collège de Médecine, 12, 761-774.
  • [4]
    Dans le Phèdre de Platon, le mot pharmakon est utilisé pour indiquer à la fois le remède et le poison.
  • [5]
    Allouch, J. (1984). Lettre pour lettre. Transcrire, traduire, translittérer. Toulouse : Erès éditions, 35-36.
  • [6]
    Freud, S., Op. cit., p. 174
  • [7]
    Kramer, P., Op. cit., 60, 64.
  • [8]
    La psychiatre Joanna Moncrieff et le psychologue David Cohen considèrent les antidépresseurs SSRI de manière tout à fait différente ; Cf. la liste des ouvrages consultés.
  • [9]
    Nordenfelt, L. (2010). On Concepts and Theories of Addiction. Philosophy, Psychiatry & Psychology, (1), 27-30.
  • [10]
    Idiosyncrasie : les manières d’être particulières à chaque individu qui l’amènent à tel comportement ou réaction qui lui est propre.
  • [11]
    Laurent, E. (2003). Comment avaler la pilule ? Ornicar ? Revue du champ freudien, 50, 61-73.
  • [12]
    Moreau de Tours, J.-J. (1973). Hashish and Mental Illness. New York : Raven Press.
  • [13]
    Freud, S., Op. cit., p. 175.
  • [14]
    Laurent, E., Op. cit., p. 71.
  • [15]
    Gonon, F. La psychiatrie biologique : une bulle spéculative ? Esprit, 54, 73.
  • [16]
    Hadeas, P. (2010). Husserlian Self-Awareness and Selective Serotonin Reuptake Inhibitors. Philosophy, Psychiatry & Psychology, (1), 43-51.
  • [17]
    Moncrieff, J. (2009). The Myth of the Chemical Cure: A Critique of Psychiatric Drug Treatment. London : Palgrave MacMillan.
  • [18]
    Rego, M. D. (2010) Subjective Knowledge, Mental Disorders, and Meds: How to Parse the Equation. Philosophy, Psychiatry & Psychology, 17 (1), 57-60.
  • [19]
    Dagognet, F. (1964). La raison et les remèdes. Paris : PUF, 37-38.
Français

Il s'agit d'une analyse sur le changement épistémique entre les deux démarches initiées, d’un côté par Freud, après avoir connu la cocaïne, et celles poursuivies par la psychiatrie biologique et la psychopharmacologie qui ont conduit à la vision contemporaine des antidépresseurs prises par P. Kramer, liées au livre emblématique, Listening to Prozac. Une évaluation comparative et analytique entre les œuvres de Freud et la nouvelle « écoute » est proposée ici dans le cadre de la jouissance et les trois registres de Jacques Lacan.

Mots-clés

  • psychopharmacologie
  • subjectivité
  • trois registres
  • jouissance
  • psychanalyse
  • psychiatrie biologique

Mots-clés

  • psychopharmacology
  • subjectivity
  • three registers
  • psychoanalysis
  • biological psychiatry
English

From Freud’s Cocaine to Kramer’s Modern Prozac

A Look at an Epistemic Rupture from a Lacanian Perspective

This is an analysis on the epistemic change between both the approach initiated by Freud after experiencing cocaine, and the ones pursued by biological psychiatry and psychopharmacology which led to the contemporary vision of antidepressants taken by P. Kramer, linked to the iconic book Listening to Prozac. A comparative and analytical assessment between Freud’s works and the new “listening” is proposed here within the scope of Jacques Lacan´s jouissance and the three registers.

Bibliographie

  • Allouch, J. (1984). Lettre pour lettre. Transcrire, traduire, translittérer. Toulouse : Erès éditions.
  • Assoun, P.-L. (2011). Freud avec la cocaïne. Préhistoire toxicologique de la psychanalyse. Alcoologie et Addictologie, 33 (4), 315-324.
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  • Dagognet, F. (1964). La raison et les remèdes. Paris : PUF.
  • Freud, S. (1974). Cocaine Papers. New York: Stonehill Publishing Company.
  • En ligneGonon, F. (2011). La psychiatrie biologique: une bulle spéculative ? Esprit, 54-73.
  • Hadreas, P. (2010). Husserlian Self-Awareness and Selective Serotonin Reuptake Inhibitors. Philosophy, Psychiatry & Psychology, 17 (1), 43-51.
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  • Kramer, P. (1993). Listening to Prozac. New York: Viking, Penguin Books.
  • Lacan, J. (1966). La place de la psychanalyse dans la médecine, leçon du 16/02/1966. Conférence et débat du Collège de Médecine à la Salpetrière. Cahiers du Collège de Médecine, 12, 761-774.
  • Laurent, E. (2003). Comment avaler la pilule ? Ornicar ? Revue du champ freudien, 50, 61-73.
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  • Moncrieff, J. (2009). The Myth of the Chemical Cure: A Critique of Psychiatric Drug Treatment. London: Palgrave MacMillan.
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  • En ligneNordenfelt, L. (2010). On Concepts and Theories of Addiction. Philosophy, Psychiatry & Psychology, 17 (1), 27-30.
  • En ligneRego, M. D. (2010). Subjective Knowledge, Mental Disorders, and Meds: How to Parse the Equation. Philosophy, Psychiatry & Psychology, 17 (1), 57-60
  • En ligneWilliams, C.R. (2008). Vice and naturalistic ontology. Philosophy, Psychiatry & Psychology, 15 (1), 39-41.
Diego E. Londoño
Psychologue clinicien, PhD., “Consultations externes”, Clínica la Inmaculada, Cra. 7 N° 68-70, Bogota, Colombia.
Membre associé du laboratoire de recherche « Recherches en psychopathologie : nouveaux symptômes et lien social » (EA 4050). Université Rennes 2. Place du Recteur Henri Le Moal C.S. 24307 35043 Rennes Cedex, France.
Membre de Psyconex, groupe d’investigation, Département de psychologie.
Universidad de Antioquia.
Cll. 67 N° 53-108 Medellín
Colombie
Traduit de l’anglais par
Tamara Guénoun
Traduit de l’anglais par
Emily Lechner
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 08/07/2014
https://doi.org/10.3917/rep.017.0035
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