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Le domaine de la langue est libre et semble toujours être gêné par la liberté : il y a toujours eu demande de règles formulées par une autorité et contestation dès qu’elles sont formulées, sans oublier qu’aucune autorité n’est unanimement reconnue. Et qui va édicter les règles, et comment faire respecter ces règles ? L’idée même de police linguistique fait sourire ou frémir, selon le tempérament. Le pouvoir a toujours essayé, plus ou moins fermement, de légiférer en ce domaine. Et toujours l’usage a continué d’ignorer les règles ou de s’y opposer. Le domaine de la langue est aussi le champ libre à l’évolution, au mouvement dont personne ne peut revendiquer la responsabilité : la langue est indifférente aux personnes, même aux linguistes, qui sont toujours en retard sur l’usage (Le dictionnaire intègre les mots nouveaux en usage en 2020 et jusqu’au début de 2021 ; l’édition de 2022 a été imprimée en avril 2021).Les dictionnaires sont les acteurs de la lutte que mènent les linguistes pour être au courant du mouvement, pour feindre de l’organiser, alors qu’ils décrivent les faits sans en être les initiateurs ou les auteurs, étant toujours à la poursuite de l’usage qui, comme l’amour, ne connaît pas de loi. Ainsi, par exemple, les dictionnaires – les plus populaires, les plus consultés – changent chaque année d’édition (le Petit Larousse illustré [PLi] en est à la 170e), en y incluant chaque fois de nouveaux mots, dont des néologismes, tout en faisant disparaître des mots « hors d’usage », morts de désuétude : introduire de nouveaux mots a pour contrecoup – sans ordre mathématique – le bannissement d’autres mots, désuets ou vieillis (bannissement dont on parle peu : voir B…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/04/2022
- https://doi.org/10.3917/rpre.221.0055
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