CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1‪Nous poursuivons la réflexion articulant les formes de mobilisation en ligne et les actes de mise en visibilité de l’intime. Si la « visibilité est un combat », comme l’écrit André Gunthert (2018 : 152), elle est aussi le fruit d’un travail de mise en forme narrative qui nécessite certaines compétences sociales et médiatiques, notamment la capacité à respecter un ensemble de conventions discursives, continuellement négociées au sein des communautés d’internautes. En lien avec « l’impact social » des images circulant en ligne, « la formation de l’opinion » dont parle l’auteur (‪‪ibid.‪‪) est tributaire de formats discursifs spécifiques qui aujourd’hui ont la capacité d’alimenter la « critique participative » qu’il mentionne (‪‪ibid. ‪‪: 151).‪

2‪Nous nous intéressons à un type de contenu médiatique relativement nouveau dans le paysage de la participation civique et politique, qui est largement impulsée par les jeunes générations : le ‪‪vlog‪‪ [1]‪ ‪‪intimiste et militant‪‪ [2]‪‪. Dans de récents travaux investiguant la mise en scène de l’intimité sur YouTube par le prisme des processus de socialisation adolescente, nous avons analysé la manière dont les‪‪ vlogs‪‪ réalisés par des adolescentes et adolescents participaient à la formalisation des rôles et des identités de genre (Balleys, 2017). Le ‪‪vlog‪‪ présente la particularité de produire l’impression d’une conversation entre proches, entre membres d’une même catégorie d’appartenance identitaire (Raun, 2012 ; Rotman, Preece, 2010 ; Burgess, Green 2018), par exemple les jeunes homosexuels, les jeunes ‪‪vegans‪‪, ou plus simplement les garçons ou les filles (Balleys, 2017). Ces catégories sont pensées et énoncées par les youtubeurs et youtubeuses comme communautés, entités formées par des publics anonymes et non captifs, mais dont la réception est visible et incarnée. En effet, les vidéastes ont accès au nombre de vues pour chaque ‪‪vlog‪‪ réalisé, mais aussi au nombre de « j’aime », de « je n’aime pas », au nombre et aux contenus des commentaires publiés, ainsi qu’aux messages postés en parallèle sur les réseaux sociaux. Nous questionnons ici est la dimension militante d’un type spécifique de ‪‪vlogs‪‪ : les vidéos intimistes thématisant la sexualité féminine dans un objectif de transmission du savoir, d’éducation et finalement de changement social.‪

3‪Plusieurs travaux se sont intéressés aux dimensions politique et civique des «‪‪ vlogs‪‪ orientés vers le changement social » (Caron, Raby, Mitchell ‪‪et al‪‪., 2018 : en ligne), qui traitent de sujets liés à des préoccupations sociales des vidéastes et sont constitués comme outils de lutte face à des discriminations sociales ou des facteurs de marginalisation : le racisme, le sexisme, l’homophobie, la grossophobie, etc. Youtube est alors mobilisé, en particulier par les jeunes, comme outil créatif de contestation des normes sociales et des enjeux de pouvoir (Kellner, Kim, 2010 ; Jenkins, Ford, Green, 2013). Les luttes féministes sont aujourd’hui largement mises en forme et diffusées ‪‪via‪‪ l’internet (Vitis, 2016 ; Ringrose, Lawrence, 2018) et notamment ‪‪via‪‪ Youtube. Nous proposons de déconstruire le format de confession intime sur lequel sont réalisées de multiples vidéos postées sur Youtube par de jeunes femmes dans la vingtaine pour parler de leur sexualité. L’objectif est de comprendre, par ce processus, en quoi les usages de Youtube participent à de nouvelles formes d’expression, de visibilisation et d’appropriation du féminisme : un féminisme juvénile, créé et diffusé entre pairs, profondément ancré dans l’expérience intime. Par le terme ‪‪appropriation‪‪, nous désignons les manières de ‪‪faire siennes ‪‪les expériences et pratiques sociales. C’est donc un double mouvement que nous observons dans ce contexte : un premier allant de l’expérience sociale de la féminité au récit de l’expérience intime de la sexualité : un second allant de l’expérience intime de la sexualité au destin social, c’est-à-dire à la volonté d’encourager un changement social.‪

‪Des ‪‪vlog‪‪s construits sur un format de confession ‪intime

4‪Pour comprendre ce double mouvement et ses significations, nous proposons d’analyser trois ‪‪vlog‪‪s‪‪ ‪‪réalisés par deux jeunes femmes de 22 ans, chacune gérant une chaîne Youtube : Carolina (La Carologie) et Chloé (PureHumanSoul). Carolina est étudiante en sociologie et vit en Suisse. Sa chaîne Youtube a été ouverte en janvier 2014, possède 247 991 personnes abonnées et totalise 17 588 285 vues sur l’ensemble de ses vidéos, en avril 2019. Chloé vit en France et suit actuellement une formation en psycho-sexologie. Créée en mai 2018, sa chaîne comptabilise déjà 340 404 personnes abonnées et 22 583 866 vues en avril 2019 pour la totalité de ses vidéos. Il s’agit de deux jeunes femmes blanches et éduquées qui ont une pratique amateur sur Youtube, à côté d’études universitaires proches des thématiques abordées en ligne‪‪ [3]‪‪.‪

5‪Les chaînes de Carolina et de Chloé proposent des vidéos réalisées selon un format de confession intime, ce qui ne leur est pas propre. En effet, ce format était aussi mobilisé dans les vidéos analysées dans notre enquête sur les modes de présentation de soi des adolescentes et des adolescents. En voici les caractéristiques :‪

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  • ‪d’abord, les youtubeuses et youtubeurs parlent au public des internautes en créant l’impression d’un espace restreint et partagé, c’est-à-dire qu’ils et elles se filment face caméra, les yeux rivés sur l’objectif, la plupart du temps en gros plan. Le décor est le plus souvent celui de la chambre, la prise de parole se faisant assise ou assis sur le lit. L’adresse au public est énoncée à la deuxième personne du pluriel, voire du singulier, ce qui renforce le sentiment de proximité entre énonciatrice ou énonciateur et destinataires : « Prends bien soin de toi et n’oublies jamais que je t’aime très fort » conclut par exemple Carolina pour clore sa vidéo intitulée « Dans ma tête : le Clitoris » (03/10/2016)‪‪ [4]‪‪. Chaque ‪‪vlog‪‪ de Carolina commence par une mention au lien avec la communauté des abonné·e·s, soit par le prisme des demandes de cette dernière (« Cette vidéo m’a été inspirée par les questions que tu m’as posées », ‪‪ibid.‪‪), soit par le prisme de ses propres impulsions (« Coucou ! On se retrouve aujourd’hui dans une nouvelle vidéo qui n’était pas prévue et que franchement j’aurais préféré ne pas avoir à faire, […] mais je n’ai pas le choix il faut absolument que j’en parle, je pense que cette vidéo va servir à beaucoup de personnes », « La pose du stérilet DIU [dispositif intra-utérin] », 18/04/2019‪‪ [5]‪‪) ;‪
  • ‪ensuite, les ‪‪vlogs‪‪ réalisés selon un format de confession intime thématisent l’intimité, c’est-à-dire ce qui, de « l’expérience et de l’identité de l’individu, n’est pas visible ou saisissable de l’extérieur, par autrui, et donc qui appartient en propre à la subjectivité individuelle » (Latzko-Toth, Pastinelli, 2013 : en ligne).‪

7‪En l’occurrence, les ‪‪vlogs‪‪ sélectionnés pour notre propos traitent de sexualité : « Dans ma tête : Le Clitoris » ; « Première fois : conseils aux garçons » (‪‪La Carologie‪‪, 14/03/2018)‪‪ [6]‪‪ et « La virginité n’existe pas (scientifiquement) » (‪‪PureHumanSoul‪‪, 23/12/2018)‪‪ [7]‪‪. Il s’agit d’aborder publiquement, et face à une audience importante, des thématiques qui relèvent traditionnellement du domaine du privé, de la médecine ou de l’éducation.‪

‪Le registre du conseil à visée militante : un dialogue entre expérience et savoirs‪

8‪Il y a donc un travail de mise en forme et de mise en mots de l’intimité sur Youtube, corrélé à la dimension dialogique et participative qui caractérise toute plateforme sociale. Au « registre du témoignage » que mentionne André Gunthert (2018 : 144) en lien avec « la mobilisation contre les violences sexistes lancées en octobre 2017 par le ‪‪hashtag‪‪ ‪‪#Metoo‪‪ », s’ajoute un registre du conseil militant délivré dans le but de servir une cause, en l’occurrence la libération sexuelle des femmes. Dans la lignée de la diffusion massive de la parole publique dénonçant le harcèlement sexuel à laquelle nous assistons depuis 2017, les ‪‪vlogs‪‪ thématisant la sexualité féminine se sont multipliés (Gill, Orgad, 2018).‪

9‪Dans les trois vidéos sélectionnées, le récit est structuré autour d’un alliage entre ressources externes de savoir et ressources propres, fondées sur l’expérience intime de la Youtubeuse. Ainsi ce qui est de l’ordre de l’intime et ce qui appartient au domaine des problèmes publics sont-ils conjugués dans les discours de manière originale et efficace en termes de diffusion auprès des audiences, étant donné le nombre de vues enregistrées. Par exemple, dans sa vidéo intitulée « La virginité n’existe pas (scientifiquement) », Chloé annonce la structure de son propos comme suit :‪

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‪« Cette vidéo va se dérouler en deux parties. Premièrement je vais vous expliquer les choses qui font que scientifiquement la virginité n’existe pas. Et dans un second temps je vais vous expliquer mes croyances personnelles par rapport à la virginité, et là bien évidemment là ce sera une interprétation et ce sera quelque chose qui n’aura jamais été prouvé par la science mais qui a été prouvé par moi ».‪

11‪Caution scientifique et caution « personnelle » sont mises côte-à-côte dans le discours de Chloé qui invoque successivement l’une et l’autre en les distinguant clairement :‪

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‪« Scientifiquement les saignements lors du premier rapport ne prouve en aucun cas la virginité car, dans la plupart des cas, selon une étude très sérieuse, plus de 50 % des femmes n’ont pas saigné lors de la première fois, […] d’ailleurs moi c’est exactement ce qui m’est arrivé, lors de ma première fois je n’ai pas saigné, mais par contre lors de ma deuxième fois j’ai saigné ».‪

13‪Faits scientifiques et « croyances personnelles » ne sont donc pas confondus, mais mis sur un pied d’égalité pour créer un discours convaincant qui trouve un écho auprès du public. Les sources scientifiques ne sont pas mentionnées. En revanche, l’approbation d’experts est indiquée dans la barre d’informations qui se trouve sous chaque vidéo : « Texte validé par un médecin, un gynécologue, une sexologue et une psychologue ainsi que tous les scientifiques dont j’ai trouver [‪‪sic‪‪] leurs recherches excellentes ! (Google est votre ami pour plus de détails) ».‪

14‪La visée énoncée est de déconstruire certaines croyances vis-à-vis de la virginité à des fins de militantisme féministe. Pour Chloé, parler de virginité est un moyen de dénoncer le double standard qui persiste dans les représentations et pratiques sexuelles féminines et masculines :‪

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‪« On est tous des humains, on a tous des envies sexuelles, donc maintenant en 2019, il serait temps de remettre un petit pied d’égalité, donc voilà, les femmes veulent être épanouies sexuellement autant que les hommes veulent être épanouis sexuellement. […] Si j’avais quelque chose à vous dire pour 2019, laissez les femmes libres, chaque femme a le droit de disposer de ‪son‪ corps comme elle veut, chaque femme fait ce qu’elle veut de sa vie et n’a besoin de l’approbation ou de la validation de personne, voilà ».‪

16‪Le message délivré par Chloé est donc double : la virginité n’a pas de réalité physiologique car la présence d’un hymen ou de saignements lors du premier rapport n’est pas vérifiée chez toutes les femmes ; les croyances liées à la virginité sont des moyens d’entretenir un double standard en matière de sexualité et d’ainsi contraindre les femmes :‪

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‪« Le problème ce n’est pas la virginité, le problème ce n’est pas le sexe, le problème je pense que c’est la liberté sexuelle de la femme, voilà ça dérange […] et ouais ça fait mal, je sais ça fait mal, mais c’est comme ça, il faut l’accepter on est en 2019, laissez chacun vivre sa sexualité comme il l’entend, laissez chacun s’occuper de son cul ».‪

18‪Les réactions des internautes sur le fil des commentaires donnent un aperçu de la réception effectuée par le public qui souligne les apports du propos tant en termes de savoir, de lutte sociale que de référence identitaire. Chloé est décrite comme « une grande sœur » dont on « admire la manière de penser »‪‪ [8]‪‪ :‪

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« Bonjour Chloé ! Je voulais te dire que je suis d’accord avec toi. Mais que surtout j’admire énormément ta manière de pensée, j’ai 16ans et demi, et mes parents trouvent que parler de l’univers du sexe est un grand tabou a mon âge. Et je trouve cela dommage de leur part car de ce fait sans toi j’aurais été complètement perdu pour ma première fois ! Je t’en remercie beaucoup !! Tu es là meilleure ! »

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« Moi je suis né sans limen et y des des gens qui me disent que t’es plus vierge qui me dit sa alors que sa se trouve eux aussi ils ont pas limen »

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« Une femmes violées est toujours vierge ,tu me donne de la force merci beaucoup vraiment »

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« Merci beaucoup pour cette vidéo ! Ma mère arrêter pas de me dire arrête de mettre des tampons tu sera plus “vierge” j’ai dit regarde la vidéo de Chloé  »

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« T comme une grande soeur pour moi je t’adore  »

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« Bonne chance pour ton combat je t’adore »

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« J’ai étrangement eu les larmes aux yeux pendant cette vidéo mais j’ai aussi beaucoup rigolé! Ton franc-parler est touchant et, d’expérience je comprends aussi la pression des femmes sur ce sujet. Cette vidéo doit être vu par le monde entier, pour que la mentalité et la société évolue. Merci Chloé. »

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« Tjr bien mrc de partager ce que tu sais e de faire evoluer les mentaliters kiss »

27P‪ublié sur la chaîne ‪‪La Carologie‪‪, le ‪‪vlog‪‪ intitulé « Dans ma tête : le clitoris » a aussi vocation à participer à une action militante, par la dénonciation du double standard et la honte sociale qui accompagne le désir et le plaisir sexuels féminins :‪

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‪« En général dans notre société, la sexualité des hommes est beaucoup plus valorisée et mise en avant que la sexualité des femmes. Un homme qui pécho beaucoup, c’est un champion, une femme qui pécho beaucoup c’est une pute ! […] Il y a une honte persistance chez les personnes à clitoris à montrer qu’elles prennent du plaisir ».‪

29‪Comme Chloé, Carolina mobilise sa propre expérience de la sexualité pour problématiser la question sociale et politique de la sexualité féminine, ce qui devient une manière de se réapproprier le stigmate de « pute » et, par conséquent, de le décharger de toute force de frappe :‪

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‪« De ce point de vue-là, lorsque l’on possède un clitoris, lorsque l’on possède un vagin, on peut ressentir une certaine honte à assumer le fait qu’on aime coucher, à assumer le fait qu’on aime la sexualité, qu’on aime ressentir du plaisir, qu’on aime ce que la personne est en train de nous faire, parce que, on va passer pour une pute ! Alors si c’est comme ça je suis une énorme pute, voilà. T’as pas besoin de me le dire, t’as pas besoin de m’insulter, je le sais ! »‪

31‪Les propos de Carolina transmettent à la fois une certaine perception de la sexualité, axée sur la liberté des femmes à ressentir du plaisir sexuel, et à la fois des conseils, notamment en matière de communication entre partenaires : ‪

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‪« Le clitoris est l’organe du plaisir, il ne sert strictement à rien d’autre qu’à te donner du plaisir, donc pourquoi ne pas valoriser la présence de cet organe intact sur ton corps ? Oui, si tu possèdes un clitoris, c’est pour que tu ressentes du plaisir, c’est pour que tu puisses le stimuler et pour que d’autres gens puissent venir le stimuler comme toi tu le souhaites, mais pour ça il faut pouvoir les guider, il faut pouvoir dire aux personnes qu’est-ce que tu aimes, si tu veux qu’elle aille plus vite, plus doucement, si tu veux qu’elle aille avec la langue, avec les lèvres, avec les doigts, avec un objet, n’importe quoi, ça peut être ce que tu veux, mais il faut parler ! »‪

33‪La dimension militante de cette transmission de conseils en matière de sexualité est clairement énoncée en fin de vidéo : « On peut dire encore énormément de chose à ce sujet, mais voilà, j’ai passé le message que je voulais faire passer ! ».‪

‪L’intimité militante : un outil pour pallier un manque ‪institutionnel

34‪Dans une autre vidéo de Carolina, intitulée « Première fois : conseils aux garçons », la volonté de combler ce qui est perçu comme un défaut d’éducation sexuelle s’ajoute à la dimension militante appelant au changement des mœurs et des représentations sociales :‪

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‪« ‪‪N’hésites pas à la partager parce que c’est important ce genre de vidéo, moi j’ai envie qu’elle soit partagée parce que c’est de l’instruction publique ! Moi je me dis qu’il faut qu’on fasse l’éducation des gens parce que si c’est pas l’éducation publique qui le fait, ben c’est nous qui allons le faire ! »‪

36‪Le choix du ‪‪nous‪‪ est intéressant car il porte une dimension d’éducation entre pairs, qui se veut substitutive à « l’éducation publique », jugée insuffisante et insatisfaisante en matière de sexualité :‪

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‪« Et ça m’énerve de me dire que dans les livres d’éducation sexuelle on passe à côté de ça et puis on dit : voilà le clitoris c’est voilà et pfuit ! On n’explique même pas vraiment à quoi il sert ! Pourquoi est-ce qu’il est là sur le corps ! Et voilà, ça me tend ! C’est un organe extrêmement mal connu et je pense qu’il faut qu’on diffuse le savoir autour du clitoris, donc voilà, informes-toi sur le clitoris ! »‪

38‪Le principe de cette vidéo est collaboratif. Carolina a « demandé de l’aide » aux membres masculins de sa communauté ‪‪via‪‪ les réseaux sociaux ainsi qu’aux hommes de son entourage afin de récolter toutes ‪

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‪« les idées préconçues, toutes les peurs, tous les malentendus qui pourraient y avoir dans leur tête et qui pourraient du coup poser problème lorsqu’ils vont avoir leur première fois, notamment avec une femme cis‪‪ [9]‪‪. Et donc j’ai posé ces questions sur les réseaux sociaux, j’ai reçu des réponses récurrentes très intéressantes, et donc je vais venir te partager ce qui est revenu le plus ».‪

40‪La notion de partage de savoir au sein d’une même communauté représentée par l’usage de la deuxième personne du singulier (« te partager ») rejoint une volonté de « dévoilement de l’ordre social » pour reprendre les termes d’André Gunthert (2018 : 150) et une intention de nourrir la « critique participative » (‪‪ibid.‪‪) :‪

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‪« ‪‪C’est une vidéo collaborative du coup avec mes abonnés je suis vraiment très contente que tu aies participé ! ça me fait beaucoup de bien de faire cette vidéo parce que franchement je pense qu’elle pourra être utile, […] n’hésites pas à réagir, n’hésites pas à compléter cette vidéo parc que je n’ai sûrement pas tout dit […] j’espère qu’elle t’aura plu, qu’elle aura pu t’aider, qu’elle aura pu t’instruire plus, donc voilà ».‪

42‪Ce genre de vidéo donne accès à ce que l’on peut considérer comme les coulisses de l’éducation sexuelle, celle effectuée dans l’entre-soi juvénile, mais dont la visée dépasse la transmission de savoirs techniques ou anatomiques. Il s’agit de « rendre manifestes [d]es effets de norme » comme c’est le cas des montages visuels dont parle André Gunthert (‪‪ibid. ‪‪: 149), mais aussi de les contrer. Sur Youtube, la parole des jeunes femmes se libère dans un objectif d’émancipation sexuelle donc politique. La sexualité féminine n’est pas la seule concernée par cette libéralisation des corps par la parole intime, puisque, dans cette vidéo, Carolina s’adresse spécifiquement aux garçons dans le but de les aider à déconstruire les injonctions sociales qu’ils subissent par leur appartenance de genre. Elle évoque notamment la pression sociale au dépucelage pour les garçons et le fait que beaucoup de jeunes garçons vierges en ressentent de la honte sociale :‪

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‪« Il n’y a aucune honte à avoir, il n’y a pas de quoi se sentir humilié, complexé ou que sais-je, c’est juste un fait. Et ce n’est pas grave. Tu n’as fait de mal à personne et tu ne passes pour un con à aucun moment, et tu n’es pas moins valorisé aux yeux de ton ou ta partenaire, si tu ne l’as jamais fait ».‪

44‪Aux conseils liés à la perception de la sexualité, s’ajoutent des conseils plus pragmatiques liés à la nécessité du port du préservatif ou encore l’importance de considérer les médias pornographiques comme « un ‪‪show‪‪ », « des acteurs », « du théâtre ». Cette réflexion est aussi l’occasion d’évoquer la « diversité » en matière d’apparence des organes sexuels féminins et masculins, très éloignée des modèles anatomiques véhiculés par la pornographie. Cette vidéo a récolté 269 commentaires au 30 avril 2019, dont certains ont donné lieu à des interactions entre garçons sur le fil, témoignant de leur expérience intime et sollicitant des conseils de leurs pairs :‪

45

‪« Bon allez, être un gars et regarder cette vidéo sans gène, J’ME LANCE !!‪‪‪‪ »‪

46

‪« Il n’y a pas de honte ! Je regarde presque toute les vdo de Caro même celles qui me concerne pas forcement, mais c’est toujours super instructif !‪‪‪‪ »‪

47

‪« Il n’y a aucune honte à avoir on s’en fiche ! »‪‪‪‪ ‪

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‪« Vidéos à diffuser de toute urgence dans les lycées‪‪ »‪

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‪« Moi ce que je trouve bloquant pour un mec c’est que pas mal de filles ont tendances a raconter dans les détails leur premier rapport avec un nouveau partenaire. Sans parler des “c’est un bon coup” ou “il a pas réussi à b..der”. Je ne fais pas une généralité mais la performance est quelque chose qui compte trop souvent malheureusement. D’où la peur de ne pas assurer pour un mec. Après si on est dans une relation amoureuse et non un coup d’un soir les choses sont bien différentes ».‪‪‪

50‪Les réponses des internautes à ce dernier commentaire :‪

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‪« Storm trooper C’est vrai qu’il y a des filles franchement pas fines parfois…‪‪‪‪ »‪

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‪« J’avoue que, fille ou garçon, on n’a pas à raconter ses relations comme un potin dans le sens où, justement il y a des complexes ; on a le droit de raconter ses relations sexuelles mais il faut le faire avec finesse et bienveillance. sinon adieu la perte de confiance en soi. (je crois que le pire ce sont les individus qui détaillent le corps entier de leur partenaire à leurs amis. c’est glauque.)‪‪ »‪

53

‪« Je suis entièrement d’accord. Si on veut parler de sa sexualité, je pense qu’il faut que sa compagne ou son compagnon soit là. Pour moi c’est une forme de respect. »‪

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‪Visibilité, légitimité et intimité dans le contexte de la socialisation juvénile‪

55‪À l’équation proposée par André Gunthert (2018 : 152), à savoir que la visibilité des images médiatiques couplée à une forme de légitimité reconnue par le public donne lieu à « la formation de l’opinion », nous aimerions ajouter, en ce qui concerne les exemples de ‪‪vlogs‪‪ féministes que nous avons présentés, la dimension de l’intimité. L’expérience intime est un point de départ dans les récits de jeunes youtubeuses qui militent pour la libération sexuelle sur Youtube car elle permet de se distinguer d’autres types de savoirs qui sont considérés comme incomplets et/ou normatifs, comme ceux issus de l’industrie pornographique ou de l’institution scolaire. Lorsque Carolina évoque « la diversité des bites » existant sur Terre, pour contrer tout canon normatif en la matière, elle ajoute : « J’en ai vu des bites ! », ce qui renforce la pertinence de son propos et montre que son expertise n’est pas celle que l’on trouve « dans les livres d’éducation sexuelle ». Le format de confession intime permet d’activer un processus d’identification par le sentiment de proximité qui est créé entre la youtubeuse et son public. Le fait que de nombreuses jeunes filles, souvent mineures, postent des commentaires en mentionnant leur âge et en exprimant la portée réflexive et émancipatrice de leurs apprentissages montre que l’intimité militante répond à des besoins et à des attentes spécifiques.‪

56‪Pour le comprendre, il faut expliquer l’étroite articulation qui existe entre les notions d’intimité, de visibilité et de légitimité en vigueur dans les processus de socialisation juvénile (Balleys, 2015). Cette dernière se caractérise notamment par le besoin et l’expression de reconnaissance sociale « entendue dans le double sens de ‪‪se reconnaître ‪‪dans autrui et d’‪‪être reconnu ‪‪par autrui (Balleys, 2017 : en ligne). Nous nous référons ici à la notion d’autruis significatifs (« ‪‪significant others‪‪ ») théorisée par Peter L. Berger et Thomas Luckman (1991). L’autrui significatif représente la figure qui, pour l’individu socialisé, donne du sens au monde, joue le rôle de modèle identitaire et reconnaît la personne commue individu ayant une valeur sociale (‪‪ibid‪‪. : 151). Si les premiers agents de socialisation sont les parents et les membres de la famille, l’accès au statut d’adolescent implique une prise d’autonomie identitaire, sociale et relationnelle qui s’effectue ‪‪via‪‪ la référence à des autruis significatifs choisis et non plus donnés (Balleys, 2015). Dans ce contexte, l’intimité représente une ressource symbolique importante car elle signifie que l’individu est capable de choisir et d’entretenir des liens forts en dehors du cercle familial, en intégrant un groupe de pairs, en investissant une relation sentimentale, en confiant « toute sa vie » à sa meilleure amie et non plus (uniquement) à sa mère, par exemple. Les pratiques de sociabilité juvénile sont constitutives d’un « nous », délimité autour de l’appartenance commune à un groupe ou une communauté de pairs, qui prend la forme d’un territoire intime et exclusif constitué entre ses membres (Balleys, 2012, 2016). Les exclus de ces processus sont d’ailleurs désignés par leurs pairs comme « les sans-ami » qui, au même titre que les « sans-abri », les « sans-papier » ou les « sans-emploi » dans la société des adultes, sont définis par le défaut de ressources (Castel, 2006).‪

57‪Pour être facteur de prestige social, cette intimité relationnelle doit être visible (Balleys, Coll, 2016). Les réseaux sociaux notamment offrent des plateformes idéales pour la mise en scène de cette intimité entre pairs, que chacun et chacune peut reconnaître et valider. Les intimités corporelle et sexuelle constituent également un ressort important dans les processus de socialisation juvénile. Avoir un corps pubère, être en couple, avoir une première relation sexuelle (et le faire savoir) constituent, surtout pour les garçons, des enjeux importants dans la capacité à grandir et à se faire reconnaître comme un « grand » (Balleys, 2016).‪

58‪Il a été observé que les processus de réception et d’appropriation des produits culturels sont également corrélés à des sentiments d’appartenance commune ou, au contraire, à des mécanismes d’exclusion (Dayan, 1992 ; Pasquier, 1999, 2005). Sur Youtube, les différentes « communautés » existent à travers « des valeurs et des discours autour de l’authenticité et des connections sociales » (Burgess, Green, 2018 : 95, nous traduisons). La mobilisation de l’intimité peut être un moyen d’aborder des thématiques « inconfortables » ou « difficiles » dont les médias traditionnels ne parlent pas ou mal (Lange, 2007). Plusieurs travaux ont montré que l’intimité est parfois devenue une « monnaie » qui vise le gain d’audience et les profits qui l’accompagnent potentiellement, ‪‪via‪‪ la création d’une identité présentée comme une marque (« ‪‪brand’s identity‪‪ », Abidin, 2015 ; Raun, 2018). Ainsi le succès d’une chaîne Youtube, d’un compte Instagram ou Twitter est-il tributaire d’un travail subtil de mise en scène d’une forme d’authenticité, de proximité avec la communauté des internautes et d’incarnation d’un idéal qui puisse fonctionner pour ses membres comme référence identitaire (Marwick, 2016). Ce processus ne va pas de soi. Le degré de légitimité à prendre la parole en ligne et présenter une identité jugée valable est tributaire de compétences sociales acquises dans la vie réelle (Denouël, Granjon, 2011). Dans ce contexte, Carolina et Chloé représentent une jeunesse spécifique puisqu’universitaire et blanche.‪

Conclusion

59‪« Le personnel est politique » (« ‪‪The personal is political‪‪ ») écrivait Sheila Rowbotham en 1973 déjà, faisant référence à la nécessité, pour les femmes en tant que catégorie sociale soumise à une forme spécifique de domination, de changer le regard sur soi et sur son propre corps afin de redéfinir les relations de pouvoir au sein de la société. Une enquête sur l’engagement féministe des jeunes femmes en ligne reprend cette affirmation pour questionner le féminisme contemporain à l’ère numérique (Rogan, Budgeon, 2018). Les auteures constatent que les communautés féministes constituées et interagissant sur l’internet se regroupent autour du sentiment de reconnaissance sociale et de partage d’expérience (‪‪ibid. ‪‪: 14). Ainsi les pratiques numériques des jeunes femmes rencontrées dans le cadre de leur enquête ne remplissent-elles pas (uniquement) une « fonction individualiste » (« ‪‪individualistic function‪‪ »), mais visent aussi « l’élévation des consciences » (« ‪‪consciousness arising‪‪ ») et une participation à des changements sociaux à l’échelle globale.‪

60‪La spécificité des ‪‪vlogs‪‪ sur la sexualité que nous avons consultés repose sur le fait que la valeur de l’intimité partagée dépasse la fonction de témoignage de l’expérience vécue. Elle a valeur en soi. L’intimité sexuelle que Chloé et Carolina problématisent n’est pas uniquement un point de départ des discours, alimentant un processus de conscientisation politique par identification au récit personnel ; elle est valorisée comme la clé de voûte d’un modèle féminin qui assume publiquement ses désirs et ses plaisirs sexuels. La force du double standard exercée aujourd’hui encore au sein des sociabilités juvéniles (Clair, 2012) suffit à souligner la dimension militante de cette proposition. En effet, dans tous les milieux sociaux, il est socialement interdit aux jeunes femmes « de prendre les hommes pour des objets », raison pour laquelle elles sont soumises à l’injonction des sentiments, c’est-à-dire qu’elles sont autorisées à avoir des relations sexuelles avec des garçons pour lesquelles elles disent éprouver des sentiments, ce qui participe à la valorisation les garçons comme sujets et leur évite de perdre la face‪‪ [10]‪‪. Au contraire, les garçons peuvent parfaitement « se glorifier d’avoir des rapports sexuels sans sentiment » (‪‪ibid.‪‪).‪

61‪Sous la forme d’une conversation entre proches, ces youtubeuses créent, par les coulisses, de nouvelles formes d’éducation entre pairs qui mêlent discours savants, participation des internautes et preuves par l’intime. L’innovation vis-à-vis d’anciens formats de diffusion des discours féministes réside dans la large audience atteinte, notamment auprès des populations juvéniles, si l’on se fie aux contenus des commentaires. De ce point de vue, il est difficile de savoir à quelles catégories sociales appartiennent les membres du public, mais il reste possible de rendre compte de la véritable alternative, politique, sociale et institutionnelle, que ces discours représentent pour elles et pour eux.‪

Notes

  • [1]
    ‪Le ‪‪vlog‪‪ est un blog‪‪ ‪‪réalisé sous forme vidéo, c’est-à-dire l’enregistrement de récits d’expériences, d’opinions ou de pensées filmées par l’auteur·e ou l’auteur puis publiées en ligne.‪
  • [2]
    ‪Nous entendons le terme ‪‪militant ‪‪au sens du dictionnaire Larousse : « Qui lutte, combat pour une idée, une opinion, un parti ».‪
  • [3]
    ‪Contrairement à l’enquête mentionnée en introduction sur la mise en scène de l’intimité adolescente sur l’internet, ces chaînes Youtube et leurs auteures ne font pas partie d’un terrain de recherche fondamentale. Nous les avons connues et suivies lors de projets de politique publique menés en Suisse et au Québec.‪
  • [4]
    ‪Accès : https://‪‪www.youtube.com/watch?v=4uQ_Fj64nO4.‪‪ Le 10 avril 2019, cette vidéo comptabilisait 127 414 vues. ‪
  • [5]
    ‪Accès : https://‪‪www.youtube.com/watch?v=TxtlVuTqNtM.‪‪ Le 23 avril 2019, cette vidéo comptabilisait 91 548 vues. ‪
  • [6]
    ‪Accès : https://‪‪www.youtube.com/watch?v=uRtfEbSdWDU.‪‪ Le 11 avril. 2019, cette vidéo comptabilisait 56 544 vues.‪
  • [7]
    ‪Accès : https://‪‪www.youtube.com/watch?v=OQiiLhDBl10.‪‪ Le 10 avril. 2019, cette vidéo comptabilisait 81 893 vues.‪
  • [8]
    Les émoticônes utilisées dans les commentaires originaux ne sont pas reproduites ci-dessous.
  • [9]
    ‪Carolina utilise les termes ‪‪femmes cis‪‪ et ‪‪hommes cis‪‪, des diminutifs du terme ‪‪cisgenre‪‪ qui désigne toute personne s’identifiant au genre attribué à la naissance.‪
  • [10]
    ‪Restitution de résultats d’enquête lors d’une interview d’I. Clair diffusée sur Youtube, chaîne du Centre Hubertine Auclert. Accès : https://‪‪www.youtube.com/watch?v=BzAkG3dRSTk&t=1s.‪
Français

‪Nous nous intéressons à une forme de militantisme en ligne aux caractéristiques nouvelles et à la diffusion fulgurante : les ‪‪vlogs‪‪ intimistes qui problématisent la sexualité dans un but de changement social. Cette catégorie de vlogs semble configurer un nouveau type de féminisme : juvénile, créé et diffusé entre pairs, profondément ancré dans l’expérience intime, en particulier sexuelle. Grâce à la visibilité médiatique acquise sur YouTube, des jeunes femmes éduquées mais amatrices luttent pour la libération sexuelle des femmes et des hommes, faisant de la plateforme un espace de critique sociale et de dénonciation des normes de genre. Thématisant la sexualité à partir d’un dialogue entre expérience intime, format collaboratif et savoirs experts, ces vlogs ont pour vocation « d’être utiles », de faire « passer un message » et de combler ce qui est perçu comme un manque institutionnel. C’est l’articulation entre la visibilité médiatique acquise par ces vidéos, la légitimité accordée par les publics et la force symbolique de l’intimité mise en scène et thématisée qui en fait des supports de formation et de diffusion de l’opinion.‪

  • genre
  • jeunesse
  • intimité
  • YouTube
  • féminisme en ligne
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Claire Balleys
Centre de recherches sociales
Haute école spécialisée de Suisse occidentale
CH-1211
claire.balleys[at]hesge.ch
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 15/11/2019
https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.19109
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