La Lettre au père de Franz Kafka est un document clinique tout à fait singulier, voire exceptionnel à plus d’un titre, tant du point de vue de la littérature que de celui de l’orientation subjective de son auteur. Cette orientation se dévoile ici et contribue à nous faire entrevoir l’intrication du troumatisme dans une nécessité d’écriture, nécessité mêlant avec férocité les dimensions du comique et du tragique afin de soutenir ce qui apparaît comme l’horizon du pire lorsque le père fait ravage. Cette nécessité d’écrire apparaît comme un traitement singulier de la honte et de la hantise qui marque irrémédiablement la vie de l’auteur. L’analyse de ces écrits dans cette perspective peut permettre au clinicien un repérage différentiel des concepts de trauma et de ravage.
Article
« La vie de Kafka a été un combat obscur, protégé par l’obscurité », a écrit Maurice Blanchot (1981, p. 206). Et dans cette obscurité, le labyrinthe semble être une forme tout à fait adéquate pour décrire les récurrences paradigmatiques trouvées dans l’œuvre de Franz Kafka. Cette modalité de l’espace revient de multiples manières dans les écrits et correspondances de Kafka. Dans cette topologie torique, le corridor, la galerie, le terrier, ou le labyrinthe sont autant de variations d’un modèle de discrimination (sociale, familiale) dans lequel le sujet s’avance et s’engage seul, éprouvant par le corps les limites de la cohérence du monde et celles des lois langagières. En effet, la position et l’œuvre de Franz Kafka nous permettent de concevoir un processus de ségrégation de l’humain, dans son rapport au langage, au corps et à la mort, où la loi est père-versement orientée, où la figure obscène du surmoi jouisseur se déploie jusqu’à l’absurde en écrasant la subjectivité.
Comme nous allons le développer, l’écriture de Franz Kafka est une écriture du désastre, pour reprendre le beau titre de Maurice Blanchot (1980). Son œuvre fait culminer le rapport d’engagement du sujet faisant toujours émerger l’image du couloir, de passage exigu, impliquant de fermer l’issue comme le note Lacan : ce faisant, il s’agit toujours de s’avancer dans la structure du tore pour s’apercevoir que l’être parlant reste au fond « un animal de terrier, un animal de tore » (Lacan, 1961-1962) et que la structure subjective prend toujours ses racines dans la structure des choses…
Résumé
Plan
Auteur
5, avenue de Contades
49000 Angers
France
- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/10/2020
- https://doi.org/10.3917/psys.203.0183
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