Depuis plus d’une vingtaine d’années, les psychothérapeutes se sont accaparé les avantages offerts par la réalité virtuelle (RV). Scientifiques et cliniciens se sont alliés pour mettre au point des recherches et des applications, et ont témoigné de l’efficacité thérapeutique de cette nouvelle technique. Leur domaine d’utilisation repose sur les thérapies d’exposition du patient à des stimuli complexes et interactifs en 3D. Initialement réservée au traitement des phobies, la réalité virtuelle connait chaque année de nouveaux domaines d’application : traitement de la distorsion de l’image du corps dans l’anorexie mentale et dans la schizophrénie, acrophobie ou peur des hauteurs, peur de tomber chez les personnes âgées et les patients atteints de maladies neurologiques.
Par ailleurs, le développement de ces nouvelles technologies en psychiatrie nous amène à poser sous un angle nouveau la question du rapport entre le réel et l’imaginaire, allant même jusqu’à envisager la réalité virtuelle comme outil pour penser le réel.
Bien souvent, dans l’esprit du grand public, la réalité virtuelle peut provoquer un questionnement entre fantasme et technologie, entre rêve et réalité. Certains même s’alarment de la possible dissolution du lien avec le réel, tandis que d’autres encensent les prouesses technologiques. Cette contradiction pourrait émaner d’une compréhension incomplète, voire d’une mécompréhension de la RV, et semblerait expliquer le fait que son champ d’application en psychiatrie reste encore trop peu exploité…