Ce n’est qu’en 1982 que le terme autiste apparaît en chinois, introduit par un médecin formé en Californie à la psychologie en 1948 : Tao Guotai, né en 1915, publie alors dans le Chinese journal of nervous and mental diseases un article intitulé “Le diagnostic de l’autisme chez les enfants”. Il utilise l’expression gudu zheng qui connote la solitude alors que plus tard lui sera préférée celle de zi bi zheng qui définit la fermeture sur soi. Au début des années 90 l’autisme fait ses premières percées publiques en Chine, dans une conjoncture de développement capitaliste fulgurant, initié par les réformes économiques débutées en 1978. Des établissements prévus sont fondés par des mères d’enfants décrétés autistes qui les gèrent. En effet, ne serait-ce qu’à Canton, capitale de la province la plus industrielle du sud, limitrophe de Hong Kong et ouverte à toutes les expérimentations sociales, il faudra attendre 2007 pour que l’autisme soit intégré dans la notion officielle de handicap et qu’un programme spécifique soit développé, 2009 pour voir ouverte la première école publique destinée aux enfants autistes. Aujourd’hui, faute de prise en charge étatique, les établissements privés se sont multipliés et on en compte déjà en 2006 plus d’une trentaine uniquement à Canton. « Ça pousse comme des bambous » dit-on, dans un contexte où est répandue l’opinion que « l’État ne peut déjà pas se charger des pauvres et des normaux, comment pourrait-il se charger des anormaux ? ».
Alors qu’en France, le débat s’est durci pour exclure, sous la pression des associations de parents d’autistes, la psychanalyse et privilégier les méthodes comportementalistes d’origine anglo-saxonne, la Chine a – comme dans de nombreux domaines – sauté les étapes intermédiaires …