CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Des progrès récents en imagerie en Tenseur de diffusion suggèrent une intégration plus fine entre les données cliniques et l’observation de données anatomiques jusqu’ici difficilement accessibles. Les traumatismes intracrâniens ne sont pas systématiquement visibles à l’aide des techniques modernes d’imagerie. Ces « traumas non imagés » constituent parfois, aux yeux de la justice, des médecins et des patients eux-mêmes, des handicaps invisibles, doués en somme d’une réalité indirecte et purement clinique et psychologique. Il est donc crucial, dans certains cas, de pouvoir déterminer si l’absence de lésion visible est due à l’absence véritable de lésion ou à l’utilisation d’une technique d’imagerie inadaptée à sa visualisation. Deux points sont à développer : 1) qu’est-ce que le Faisceau arqué ? 2) qu’est-ce que le Tenseur de diffusion ?

Anatomie et fonction du Faisceau arqué

2Le Faisceau arqué ou « Faisceau du savoir » a été décrit par le Français Jean Déjerine (fasciculus arcuatus de Burdach ou Faisceau longitudinal supérieur), anatomiste, en 1895 [4] [Fig. 1a] et redécrit par Gobbi et Motta [6] [Fig. 1b]. Catani [1] propose une analyse fonctionnelle précise des fibres périsylviennes, en particulier en relation avec des cas cliniques d’aphasie de conduction (comme dans le cas 1 ci-dessous).

Figure 1a

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Figure 1a

Figure 1b

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Figure 1b

3Le Faisceau arqué est un Faisceau de fibres blanches immédiatement souscortical encerclant de chaque côté du cerveau la Scissure de Sylvius qui sépare la Région fronto-pariétale (en haut) du Lobe temporal (en bas) [Fig. 2]. Le Faisceau arqué ressemble à un U ouvert en avant, et horizontalisé d’un diapason. Le Faisceau arqué unit le Centre de Wernicke au Centre de Broca. On peut le « voir » fonctionner à l’aide de la Fig. 2 ci-dessous : ses fibres postéroinférieures aspirent les vibrations venues de l’avant du centre auditif de Helsch (J’ENTENDS) siégeant au milieu de la première circonvolution temporale. Ces vibrations atteignent en arrière le centre de Wernicke (JE COMPRENDS ce que j’ai entendu). Des fibres blanches conduisent alors vers le haut puis l’avant ce que j’ai compris, passant en arrière du fond de la Scissure de Sylvius, atteignant enfin tout en avant le pied de la 3e Circonvolution frontale où demeure le Centre de Broca (Je vérifie la grammaire des mots et prépare mon langage). Des pulsations atteignent alors le pied de la 3e Circonvolution ascendante avec son aire linguale (JE PARLE).

Figure 2

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Figure 2

4Pour savoir, outre entendre, il faut voir. Les vibrations visuelles parties de l’aire 18 primitive occipitale postérieure atteignent en avant l’aire de Wernicke (Je comprends ce que j’ai vu) puis l’aire de Broca (Je vérifie les mots du texte que je lis) conduites par les fibres supéro-antérieures du Faisceau arqué. Ma langue « se mobilise enfin pour réciter le poème que j’ai lu, compris et appris ». Rappelons pour finir ce survol fonctionnel que le centre de la parole est à gauche chez le droitier, siège chez le gaucher à droite dans 10 % des cas, à droite et à gauche dans 15 % des cas, à gauche dans 75 % des cas, ainsi que l’a prouvé l’IRM fonctionnelle [7 ; 12 ; 13].

Qu’est-ce que le Tenseur de diffusion ?

5L’imagerie IRM du Tenseur de diffusion (DTI) donne une information sur la distribution de probabilité de diffusion des molécules d’eau en chaque voxel. En ce sens, elle est particulièrement sensible à des altérations de la matière blanche. Denis le Bihan est l’inventeur du DTI – diffusion Tensor Imaging – en 1992 et 1994, avec Peter Basser et James Mattiello [10, p. 136-7]. Pour la DTI, tout se passe comme si ces molécules d’eau étaient des voitures circulant sur des routes (les fibres de matière blanche) que nous survolons en hélicoptère. Cependant, il fait nuit, il y a de la brume et les routes ne sont pas clairement visibles. L’astuce consiste à observer le mouvement des voitures dont les phares sont allumés comme les molécules d’eau, aimantées, qui donnent lieu à un signal IRM. En général, sauf en cas de neige ou de verglas, on peut considérer que le mouvement des voitures (ou de leurs phares) se fait dans le sens des routes, et non perpendiculairement. C’est l’équivalent de l’anisotropie de la diffusion de l’eau dans la matière blanche. On peut donc reconstituer le réseau routier à partir de l’observation des phares des voitures. C’est le principe de la tractographie par DTI qui permet de reconstituer les « autoroutes » du cerveau dans la matière blanche. Mais l’analogie va plus loin. De même que, par ce procédé, l’origine et la destination finale des voitures et leur contenu ne sont pas connus (on observe leur mouvement que sur quelques mètres), la tractographie ne nous donne pas d’information fonctionnelle sur la nature du trafic au sein de la matière blanche. L’information reste purement anatomique, simple carte des voies de communication intra-cérébrale, ce qui est déjà une avancée considérable. Peut-être un jour parviendra-t-on à capter l’information qui circule dans ces fibres ?

6Fredy a progressivement amélioré une technique d’imagerie en Tenseur de diffusion pour l’étude du Faisceau arqué. Une première étape de 2005 à 2007 avec vue générale au sein de l’ensemble des fibres blanches intra-hémisphériques ; une deuxième étape en mai 2010 par application de la localisation stéréotaxique [Fig. 3] selon la méthode de Jean Talairach et Pierre Tournoux [14] pour extraire de manière isolée le Faisceau arqué en volume plein. La mise en œuvre de cette technique est réalisée à l’aide d’une IRM General Electric de 1,5 Tesla ; avec 27 coupes axiales parallèles au grand axe antéro-postérieur du Corps Calleux perpendiculaires au plan frontal coupant ce dernier en son centre, sur une matrice de 128x128 pixels, dans 35 directions orientées droite-gauche (pour éviter les artefacts) : TE (temps d’écho) : 97,6 ; TR (temps de répétition) : 6575,0 ; phase FOV (focal optique visuel) à 1 : 24.0. La durée de l’examen est d’environ 4’30’’ suivi d’un traitement des données d’une durée de 3’ sur une console ultrarapide.

Figure 3 : le Faisceau arqué gauche chez un droitier (profil)

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Figure 3 : le Faisceau arqué gauche chez un droitier (profil)

7L’étude du Faisceau arqué est réalisée au sein d’un protocole en cinq étapes destiné à l’étude des séquelles des traumatismes crâniens. Ce protocole comprend successivement des séquences Flair (imagerie T2 pour l’étude de l’attrition des tissus) ; T2* (pour la recherche de Ferritine et d’Hémosidérine exprimant un saignement pétéchial initial post-traumatique) ; Fiesta (mélange à égalité des imageries T1 – morphologie – et T2 – tissu) ; 3D SPGR T1 (en écho de gradient rapide) et de Tenseur de diffusion en 2D et 3D. Nous détaillons l’application et les résultats de ce protocole dans l’analyse du premier cas ci-dessous.

8Il est intéressant lors l’étude des Faisceaux arqués droit et gauche d’y associer l’étude du Corps Calleux, des deux Noyaux lenticulaires et des fibres « verticales » cortico-spinales surtout postérieures siégeant de part et d’autre de la Substance Réticulée à l’étage pédonculaire cérébral.

9Nous rendons compte ici de trois cas (issus d’une base de données en comportant plusieurs dizaines pour lesquels la même technique d’investigation a été appliquée) illustrant de quelle manière des séquences d’imagerie en Tenseur de diffusion ont pu confirmer et préciser l’atteinte traumatique du Faisceau arqué vers laquelle pointait l’examen clinique. Les principes de l’imagerie en Tenseur de diffusion et son utilité ont été soulignés dans la littérature des dix dernières années [8]. L’imagerie en Tenseur de diffusion présente quelques avantages comparatifs relativement à l’IRMf dans sa capacité à repérer la présence de lésions profondes, atteignant le Corps Calleux (p = 0,001), les ganglions de la base (p = 0,01), l’hippocampe, les structures mésencéphales p = 0,001), la partie dorso-latérale de la moelle épinière (p = 0,05), en nombre de lésions détectées (> 3) (p < 0,01) [15], et en association de plusieurs types de lésions (lésions axonales, hématomes) [10].

Les cas

Cas n° 1

10Patiente âgée de 40 ans ayant subi une collision frontale lors d’un accident automobile 18 ans auparavant. Traumatisme crânien avec brève perte de connaissance et fracture en paramédian gauche des os propres du nez. À la suite de son accident, on note un appauvrissement de son stock lexical, de même qu’une paraphasie en contexte de fatigue.

11Séquence 3D SPGR T1 : présence d’une petite zone pathologique en hypoflash T1 relatif sur les images 2D dans les trois plans de l’espace. Ces images analysées en comparaison des planches stéréotaxiques de l’Atlas de J. Talairach et P. Tournoux [14] révèlent l’aspect d’une séquelle contusionnelle post-traumatique à la partie postérieure du segment supérieur du Faisceau arqué gauche [Fig. 4abc-4a’b’c’].

Figures 4a à 4c. Figures 4a’-b’-c’ : correspondances stéréotaxiques de la lésion détectée dans les trois plans de l’espace (vues 4a coronale ; 4b sagittale ; 4c axiale)

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Figures 4a à 4c. Figures 4a’-b’-c’ : correspondances stéréotaxiques de la lésion détectée dans les trois plans de l’espace (vues 4a coronale ; 4b sagittale ; 4c axiale)

12La lésion se présente en outre :

  • En hyperflash axial Flair relatif en faveur d’une attrition [Fig. 5].
  • En hypoflash net T2* axial et coronal lié à la présence de grains de Ferritine/ Hémosidérine témoins de micropétéchies hémorragiques initiales post-traumatiques [Fig. 6 a et b].
  • L’étude en Tenseur de diffusion 3D (DTI) surprend tout d’abord une lacune pathologique en hyperflash frontal relatif de diffusion [Fig. 7a] siégeant à l’endroit du Faisceau arqué (Faisceau longitudinal supérieur) gauche en coordonnée stéréotaxique coronale de Talairach [Fig. 7b].
  • L’étude directe du Faisceau arqué gauche en Tenseur de diffusion 3D surprend une blessure avec effilochage de fibres blanches à l’union de ses deux segments supérieur et postérieur… avec raréfaction des fibres blanches verticales postérieures [Fig. 8a]. La lésion est mieux appréciée en grossissement [Fig. 8b].

Figure 5. Zone arrondie en hyperflash relatif axiale Flair ; variablement homogène

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Figure 5. Zone arrondie en hyperflash relatif axiale Flair ; variablement homogène

Figure 6a : coronale T2*. Figure 6b : axiale T2*

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Figure 6a : coronale T2*. Figure 6b : axiale T2*

Figures 7a et b

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Figures 7a et b

Figures 8a et b

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Figures 8a et b

13Il est très utile d’apprécier l’état du Faisceau arqué droit : l’on repère l’endroit de passage axial de ce dernier [Fig. 9a], l’étude 3D le révèle beaucoup plus épais et normal en ses deux segments supérieur et postérieur [Fig. 9b].

Figures 9a et b

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Figures 9a et b

14Une IRM fonctionnelle (IRMf) chez cette patiente droitière s’impose avec trois épreuves :

  1. Épreuve de fluence verbale (en rouge), à l’aide d’une tâche simple au cours de laquelle elle était invitée à prononcer des mots commençant par la lettre « A » (animal, asperge, apprenti, araignée…). Les activités cérébrales permettent de désigner l’aire de Broca au pied de la troisième Circonvolution frontale ascendante gauche (F3 gauche) [Fig. 10].
  2. L’épreuve de fluence catégorielle (en jaune) consiste à demander à la patiente de prononcer des noms de légumes. Celle-ci répond « salade, tomate, poireaux, artichaut ». Ce second test permet de vérifier le premier test.
  3. . Épreuve d’association sémantique (en violet) consistant à évoquer un nom correspondant à un verbe donné. La patiente répond pour « escalader » : « montagne », pour « bougie » : « souffler ». Transformer un verbe en nom est une activité cérébrale délicate et difficile assurée par le Faisceau arqué, dont une fonction est la transposition de la compréhension du langage à son articulation [2], [3].

Figures 10abc (a : profil ; b : vue axiale ; c : vue axiale agrandie). Les images fonctionnelles en Tenseur de diffusion 3D montrent successivement les activités associées avec la fluence verbale de la patiente (en rouge), sa fluence catégorielle (en jaune) et sa fluence sémantique (violet)

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Figures 10abc (a : profil ; b : vue axiale ; c : vue axiale agrandie). Les images fonctionnelles en Tenseur de diffusion 3D montrent successivement les activités associées avec la fluence verbale de la patiente (en rouge), sa fluence catégorielle (en jaune) et sa fluence sémantique (violet)

15Un fait fondamental apparaît au décours de cette troisième épreuve : aucune image colorée violette n’apparaît à l’endroit du Faisceau arqué gauche qui reste muet ; la couleur violette se présente à l’endroit du Faisceau arqué droit qui a pris le relais de son homologue gauche [Fig. 11]. L’imagerie fonctionnelle décèle une activité compensatrice controlatérale : action compensatrice d’activation controlatérale liée à une lésion post-traumatique séquellaire du Faisceau arqué gauche à l’endroit du Gyrus supramarginal antérieur. Il s’agit d’une aphasie de conduction post-traumatique compensée actuellement par une réorganisation inter-hémisphérique [Fig. 11].

Figure 11 : activité compensatrice controlatérale observée dans l’hémisphère droit de la patiente (vue 3D)

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Figure 11 : activité compensatrice controlatérale observée dans l’hémisphère droit de la patiente (vue 3D)

16Rappelons que le siège de la parole est localisé dans l’hémisphère gauche chez le droitier, mais que cette localisation varie dans les proportions suivantes chez le gaucher (à droite : 10 % ; bilatérale : 15 % ; à gauche : 75 %) [7], [11] et [12]. Seule l’imagerie en Tenseur de diffusion a pu montrer, au-delà de l’examen clinique, qu’il y a eu processus compensateur dû à la lésion post-traumatique du Faisceau arqué gauche de la patiente.

Cas n° 2

17Patient de 51 ans. Traumatisme crânien le 12 avril 1992 sans perte de connaissance (mais patient abasourdi avec coup sur la tempe gauche) survenu lors d’un accident de voie publique (auto tournant légèrement à gauche, heurtée à l’arrière-gauche et au niveau du montant séparant les deux portes gauches par un véhicule rapide dont le conducteur était ivre).

18Depuis son accident :

  • Cervicalgies irradiées en occipital droit avec sensations de brûlures.
  • Céphalées droites parfois ; névralgie d’Arnold droite récente.
  • Troubles visuo-spatiaux, avec gêne de l’œil droit.
  • Insomnie, sommeil difficile perturbé.
  • Troubles de la mémoire récente (note tout sur un carnet).
  • Chute des initiatives et de l’attention dans le travail (était technicien-viticulteur).
  • Devenu plus irritable (dixit sa mère qui l’accompagne).
  • Acouphène ressenti de l’oreille droite.

19a) Il existe une lacune en hypoflash 2D-SPGR T1 siégeant un peu en arrière et au-dessus de la Scissure de Sylvius droite dans les trois plans de l’espace [Fig. 12a de profil et 12b axiale]. Nous savons qu’exactement derrière cette scissure se situe le trajet du Faisceau arqué droit.

Figure 12a : vue sagittale extérieure droite passant par la Scissure sylvienne droite ; image en hypoflash net 2D- SPGR T1. Figure 12b : vue axiale

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Figure 12a : vue sagittale extérieure droite passant par la Scissure sylvienne droite ; image en hypoflash net 2D- SPGR T1. Figure 12b : vue axiale

20b) S’y associe une importante zone ovalaire en hypoflash T2* [Fig. 13].

Figure 13 (vue axiale agrandie) : zone ovalaire en hypoflash T2* correspondant à la lacune ci-dessus

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Figure 13 (vue axiale agrandie) : zone ovalaire en hypoflash T2* correspondant à la lacune ci-dessus

21Il faut ici évoquer la présence de Ferritine/Hémosidérine témoignant d’une macropétéchie hémorragique post-traumatique initiale ou d’un hématome secondairement calcifié. Pour vérifier ces hypothèses nous nous référerons ultérieurement à l’analyse scanographique. Dans la mesure où nous situons à proximité de l’arrière de la Scissure sylvienne, il est pertinent de vérifier l’état du Faisceau arqué en Tenseur de diffusion.

22c) Nous avons ainsi procédé à une étude directe en TDI-3D et découvert une atteinte du Faisceau arqué droit à la jonction des segments supérieur et postérieur accompagnée d’un effilochage de fibres blanches et d’une raréfaction marquée de ses fibres blanches postérieures [Fig. 14b et 14c]… et qui se situe un peu en dedans de la lésion T2* [Fig. 14a].

Figure 14a (axiale). Figure 14b (profil). Figure 14c (profil agrandi). Lésion du Faisceau arqué droit à la jonction des segments supérieur et postérieur juste en dedans +++ de la lésion révélée en hypoflash T2*

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Figure 14a (axiale). Figure 14b (profil). Figure 14c (profil agrandi). Lésion du Faisceau arqué droit à la jonction des segments supérieur et postérieur juste en dedans +++ de la lésion révélée en hypoflash T2*

23L’étude TDI directe du Faisceau arqué gauche le révèle intact [Fig. 15ab].

Figure 15a : vue axiale. Figure 15 b : Faisceau arqué gauche intact (profil)

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Figure 15a : vue axiale. Figure 15 b : Faisceau arqué gauche intact (profil)

24d) L’étude scanographique dans les trois plans de l’espace révèle à l’endroit de la zone suspecte en hypoflash T2* un nodule d’hyperdensité notable de petit volume [Fig. 16 abc].

Figures 16a, b, c.Volume scanographique de la calcification dans les trois plans

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Figures 16a, b, c.Volume scanographique de la calcification dans les trois plans

25L’analyse scanographique montre que le volume de la calcification est nettement inférieur à l’anomalie apparente en IRM. Les mesures scanographiques de la calcification sont résumées dans le tableau suivant :

Tableau 1
Tableau 1
Mesures scanographiques de la calcification Surfaces Vues Densités Diamètres 13 mm² Axiale 42.65 HU 21,3 mm² Coronale 50 HU 17,5 mm² Sagittale 50 HU Axiale antéro-postérieur : 3,3 mm Axiale latéral : 4,4 mm Axiale hauteur : 4,1 mm Sagittale antéro-postérieur : 3,3 mm Mesures en IRM de l’anomalie 42 mm² axiale T2* antéro-postérieur : 6,4 mm 42 mm² axiale T2* latéral : 8,6 mm 37 mm² Cosmic coronale hauteur : 7,1 mm 37 mm² Cosmic coronale latéral : 6,4 mm Tableau 1. NB : La séquence Cosmic (General Electric) est une sequence supplémentaire utilisée dans ce cas (mélange d’Imagerie T1 à 40 % et d’imagerie T2 à 60 %).
NB : La séquence Cosmic (General Electric) est une sequence supplémentaire utilisée dans ce cas (mélange d’Imagerie T1 à 40 % et d’imagerie T2 à 60 %)

26e) Les mesures scanographiques de la calcification sont nettement inférieures aux mesures en IRM, ce qui nous conduit à conclure en faveur d’une lésion hémorragique post-traumatique (macropétéchie hémorragique initiale décelée par l’IRM). Mais une analyse scanographique approfondie peut affirmer que le patient a présenté un hématome intracérébral qui s’est partiellement calcifié secondairement.

27D’autres lésions sont décelées par le Tenseur de diffusion 3D.

28?) Il existe une raréfaction marquée des fibres blanches dans le quart postérieur droit du Corps Calleux [Fig. 17].

Figure 17 : profil droit du Corps Calleux

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Figure 17 : profil droit du Corps Calleux

29?) S’y associe une raréfaction des fibres traversant la partie antérieure des deux Noyaux lenticulaires [Fig. 18]. Cette atteinte bilatérale des Noyaux de la Base peut expliquer les troubles de l’attention et de la concentration rapportées par le patient depuis son accident.

Figure 18 : fibres raréfiées dans les deux Noyaux lenticulaires (vue coronale)

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Figure 18 : fibres raréfiées dans les deux Noyaux lenticulaires (vue coronale)

30Il s’agirait de fibres « coupées » entre les deux lobes frontaux et les Noyaux de la Base au décours d’un traumatisme crânien tel que le relate le Professeur Dominique Laplane [8].

Cas n° 3 : Traumatisme étendu des fibres blanches

31Patient de 19 ans. Traumatisme crânien grave, trois ans auparavant. Après une soirée entre amis, prend la route en scooter à 1 heure du matin. Retrouvé (dans des circonstances inexpliquées) dans le fossé à 5 heures du matin, inanimé. Evacué par les Pompiers. Glasgow à 5. Reste dans le coma probablement induit en raison d’une hypothermie pendant deux jours. Très confus 3 jours. Période d’amnésie post-traumatique d’une durée de 15 jours.

32Scanner initial au Centre Hospitalier : rien de patent.

33IRM Cérébrale : contusion hémorragique de la jonction (corps du Corps Calleux, Splénium) ; pétéchies hémorragiques au niveau du Thalamus droit et en Temporal profond droit.

34Instabilité psychomotrice. Changement de caractère. Anosognosie partielle. Probable confabulation dans le discours. Affaiblissement attentionnel avec ralentissement. Troubles de la mémoire antérograde.

35Remarques : Apprenti mécanicien en Bac Pro. Aucune cicatrice sur la face et le cuir chevelu. Agressif parfois. Ne serait pas dépressif. Garde certaines initiatives. Céphalées parfois.

361. Axiales T2* : présenceen hypoflash T2* de petits grains d’Hémosidérine/ Ferritine situés dans le Lobe temporal droit [19a], dans le Thalamus droit [19b], au niveau du Corps Calleux [19c], témoins de micropétéchies hémorragiques post-traumatiques initiales.

Figures 19abc (axiales)

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Figures 19abc (axiales)

372. Séquence en 3D-SPGR-T1 : zone d’hypoflash 2D au niveau de la partie postéro-para-médiane gauche du Corps Calleux visible dans les trois plans de l’espace [Fig. 20abc].

Figures 20a : vue sagittale ; 20b : vue coronale ; 20c : vue axiale

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Figures 20a : vue sagittale ; 20b : vue coronale ; 20c : vue axiale

383. Séquence Fiesta (mélange à parts égales des imageries T1 et T2) : atteinte postérieure paramédiane bilatérale plus marquée à gauche en hyperflash relatif irrégulier Fiesta au niveau des deux Pédoncules cérébraux témoins de l’atteinte de la Substance réticulée +++ [Fig. 21abc].

Figures 21a : schéma de la Formation réticulée ; 21b : vue sagittale paramédiane gauche ; 21c : vue coronale postérieure au niveau des deux pédoncules cérébraux

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Figures 21a : schéma de la Formation réticulée ; 21b : vue sagittale paramédiane gauche ; 21c : vue coronale postérieure au niveau des deux pédoncules cérébraux

394. Séquence TDI-3D :

40a) Raréfaction bilatérale notable des fibres blanches du Corps Calleux au niveau de son ¼ moyen postérieur [Fig. 22.1ab, 22.2.ab].

Figure 22.1a : Corps Calleux pathologique ; 22.1b : Corps Calleux normal (vues axiales). Figure 22.2a : Corps Calleux pathologique ; 22.2b : Corps Calleux normal (vues de profil)

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Figure 22.1a : Corps Calleux pathologique ; 22.1b : Corps Calleux normal (vues axiales). Figure 22.2a : Corps Calleux pathologique ; 22.2b : Corps Calleux normal (vues de profil)

41b) Raréfaction bilatérale notable des parties antérieure (vue de face) [Fig. 23a] et postérieure (vues droite [Fig. 23b] et gauche [Fig. 23c]) des deux Noyaux Lenticulaires. Cette atteinte bilatérale des Noyaux de la base peut expliquer les troubles de l’attention et de la concentration constatés chez le patient depuis son accident. Il s’agirait de « fibres coupées » entre les deux Lobes frontaux et les Noyaux de la base, au décours d’un traumatisme crânien tel que le relate le Professeur Dominique Laplane dans l’article précité [8].

De gauche à droite. Figure 23a (coronale). Figure 23b. Figure 23c

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De gauche à droite. Figure 23a (coronale). Figure 23b. Figure 23c

42c) Étude directe des deux Faisceaux Arqués : (i) Faisceau Arqué droit [Fig. 24a]. Blessure du Faisceau Arqué droit à la jonction de ses segments supérieur et postérieur avec aspect d’effilochage des fibres blanches [24bc] ; (ii) Faisceau Arqué gauche [Fig. 25a]. Aspect normal du Faisceau Arqué gauche [Fig. 25bc]

Figure 24a : vue axiale. Figure 24b : profil. Figure 24c : profil agrandi

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Figure 24a : vue axiale. Figure 24b : profil. Figure 24c : profil agrandi

Figure 25a : vue axiale. Figure 25b : profil. Figure 25c : profil agrandi

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Figure 25a : vue axiale. Figure 25b : profil. Figure 25c : profil agrandi

43Conclusion du cas : Vu les circonstances de l’accident, il est difficile de définir tout trajet d’onde de choc. Rappel clinique : la gravité d’un traumatisme crânien est d’emblée fonction de deux atteintes associées : celle du Corps Calleux, celle dorso-latérale du Tronc Cérébral (Réticulée +++). (Prof. Jean-Luc Truelle, Neurologue, Conférence de Consensus, 5 octobre 2001, Bordeaux).

Conclusion

44L’imagerie en Tenseur de diffusion 3D est d’un grand apport pour l’étude des deux Faisceaux arqués au décours d’un traumatisme crânien. Notre expérience depuis 2010 à propos d’une cinquantaine de cas nous a montré qu’à l’intérieur d’un même cerveau, les Faisceaux arqués gauche et droit peuvent présenter des différences morphologiques radicales, et a fortiori entre différents cerveaux, comme si l’aspect du Faisceau arqué était une sorte d’« empreinte digitale ». L’étude de la densité des fibres n’a pas constitué un critère premier sous-tendant nos observations. En ce qui concerne le Faisceau arqué la densité ne nous paraît pas un élément décisif du fait de la variabilité morphologique extrême. Le Faisceau arqué gauche est dissemblable du droit, chacun d’eux étant tantôt harmonieux et lisse, tantôt hérissé de petites excroissances. C’est une approche essentiellement morphologique qui nous a guidés dans l’interprétation de nos images afin de compléter ou d’affiner l’analyse clinique.

Français

L’imagerie cérébrale en Tenseur de diffusion (TDI) est devenue un outil central pour repérer des séquelles post-traumatiques atteignant les fibres blanches soupçonnables à un niveau purement clinique. Nous rapportons trois cas dont l’examen clinique nous a conduits à envisager des lésions post-traumatiques du Faisceau arqué chez les patients. Au-delà de l’articulation entre la clinique et les séquences en Tenseur de diffusion que nous mettons en place, quelques leçons d’ordre général peuvent être tirées à partir de l’observation des fibres blanches lésées. Nous adoptons une approche morphologique et qualitative. Le dia- gnostic d’un syndrome de déconnexion (par exemple une aphasie de conduction) semble dépendre davantage de propriétés morphologiques des fibres dans leurs structures organisées de manière extrêmement singulières que de critères quantitatifs tels que leur densité.

Mots-clés

  • tenseur de diffusion
  • faisceau arqué
  • traumatisme
English

Post traumatic lesions of the arcuate tract

Post traumatic lesions of the arcuate tract

Cerebral Tensor Diffusion Imaging (TDI) becomes a major tool to make the dia- gnosis of white matter post traumatic sequela in patients presenting with suggestive clinical symptoms. In this paper, we will report three cases in which clinical symptomatology was suggestive of arcuatetract post traumatic lesions. Our neuroimaging method combines mor- phological and qualitative analyses. A dysconnection syndrome (conduction aphasia) may rather depend on the morphological characteristics and structural organization of fibers than on their density (quantitative measurements) per se.

Keywords

  • tensor diffusion imaging
  • arcuate tract
  • traumatism

Références

Daniel Fredy
Professeur Émérite, Service d’Imagerie Morphologique et Fonctionnelle, Centre Hospitalier Sainte Anne, et Université Paris 5 René Descartes.
Sacha Bourgeois-Gironde
PU, Université Paris 2, LEMMA et Institut Jean-Nicod (CNRS-ENS),
Roland Dardennes
PU-PH, CMME, Centre Hospitalier Sainte Anne, et Université Paris 5 René Descartes.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 17/10/2014
https://doi.org/10.3917/psn.123.0041
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