CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Nous présentons ici les résultats de plusieurs études économétriques que nous avons publiées sur la spatialisation de l’agriculture biologique (AB) (Allaire et al., 2014, 2015a et b). La répartition spatiale de l’AB en France présente des contrastes importants (carte 1) ; nos travaux montrent tant une hétérogénéité des dynamiques de diffusion de l’agriculture biologique selon les régions et au sein de celles-ci, que des phénomènes de dépendance temporelle qui expliquent la concentration géographique des producteurs en AB, que l’on peut observer à plusieurs échelles (régions, départements, bassins de vie et localités) et qui diffèrent selon les types de production.

Carte 1

Part d’exploitations en Agriculture biologique en 2010 par canton (%)

Carte 1

Part d’exploitations en Agriculture biologique en 2010 par canton (%)

Source : AGRESTE, INAO. Produt le 09/07/2015 par Carto Dynamique INRA 2005.

2La question de la conversion à l’AB a été abordée avec le cadre conceptuel de la diffusion de l’innovation (Padel, 2001) dans de nombreux travaux mettant en évidence tant le rôle des capacités et des motivations personnelles que celui des opportunités économiques (Geniaux et al., 2010). Pour autant que l’on admette que des facteurs économiques influencent les décisions de conversion ou d’installation en AB, la géographie de l’AB est à mettre en rapport avec les avantages économiques que les différentes localités peuvent procurer aux producteurs. Si, au temps des pionniers et jusqu’aux années 1980, la diffusion des produits biologiques se limitait à des réseaux spécifiques regroupant producteurs, militants et consommateurs, les deux dernières décennies ont vu l’AB pénétrer de nouveaux compartiments de la société : émergence d’une politique européenne et nationale et de politiques régionales ou locales de soutien dédiées, multiplication des marchés de producteurs, création d’un débouché pour la restauration collective, ainsi que la prise en charge de la diffusion des produits biologiques par la grande distribution. Autant de processus qui sont des facteurs économiques nouveaux de localisation de la production.

3Des études statistiques ont mis en lumière la dimension spatiale de la diffusion de l’AB, pour différents pays, en rapport avec l’hétérogénéité territoriale (variation du contexte, que ce soit les conditions naturelles, la distance entre les exploitations et les débouchés, ou encore des traits culturels) ou avec des phénomènes de dépendance spatiale (effets d’agglomération et de contagion). Il est à noter cependant que ces travaux, où la variable à expliquer (nombre de producteurs, par exemple) est agrégée à une échelle territoriale plus ou moins fine (une municipalité, un canton ou district, voire une région) s’appuient de fait sur la seule considération des comportements individuels et non l’effort ou la capacité d’adoption qui est propre à un territoire. Pour notre part, nous nous sommes intéressés aux caractéristiques des territoires pour expliquer la diffusion spatiale de l’AB.

4La première section de l’article propose un bref état de la localisation de l’AB en France et de l’évolution des marchés (des informations complémentaires figurant ailleurs dans ce numéro) ; la seconde section présente les sources et les analyses conduites et la troisième une synthèse des résultats.

Localisation de l’AB et l’évolution des marchés

5Avec une succession de phases de croissance et de stagnation au cours des années 2000, en lien avec les évolutions des filières et des marchés et celles des dispositifs d’aide publics, la part de la Surface Agricole Utilisée (SAU) en AB en France est passée de 1,2 % en 2000 à 3,1 % en 2010 et 3,6 % en 2011 (Agence Bio, 2012). La moitié des surfaces consacrées à l’AB se concentre dans 5 régions, qui ne totalisent que 30 % de la SAU française. Quelin (2010) met en évidence le rôle des crédits attribués aux structures régionales d’information, d’animation et de conseil. Par ailleurs, l’importance de l’AB selon les régions est liée aux systèmes de production dominants, ce que montrent les cartes pour les différentes catégories d’aide à la conversion, qui dépendent de la nature des productions (cartes 2 à 5) ; il en va de même au niveau départemental. Enfin, on observe des phénomènes de concentration locaux ; la majorité des communes (environ 26 000 sur 36 600 au total) ne compte aucune exploitation en agriculture biologique, en 2010, cf. Tableau 1.

Carte 2

Nombre de bénéficiaires d’une mesure CAB 1 (Prairies permanentes) entre 2007 et 2010

Carte 2

Nombre de bénéficiaires d’une mesure CAB 1 (Prairies permanentes) entre 2007 et 2010

Source : Observatoire du développement rural (ODR).
Carte 3

Nombre de bénéficiaires d’une mesure CAB 2 (Cultures annuelles et prairies temporaires) entre 2007 et 2010

Carte 3

Nombre de bénéficiaires d’une mesure CAB 2 (Cultures annuelles et prairies temporaires) entre 2007 et 2010

Source : Observatoire du développement rural (ODR).
Carte 4

Nombre de bénéficiaires d’une mesure CAB 3 (Cultures légumières de plein champ, viticulture et PPAM) entre 2007 et 2010

Carte 4

Nombre de bénéficiaires d’une mesure CAB 3 (Cultures légumières de plein champ, viticulture et PPAM) entre 2007 et 2010

Source : Observatoire du développement rural (ODR).
Carte 5

Nombre de bénéficiaires d’une mesure CAB 4 (Maraîchage et arboriculture) entre 2007 et 2010

Carte 5

Nombre de bénéficiaires d’une mesure CAB 4 (Maraîchage et arboriculture) entre 2007 et 2010

Source : Observatoire du développement rural (ODR).
Tableau 1

Répartition des communes selon la présence de l’agriculture biologique en 2010

Tableau 1
Type d’opérateurs concernés (producteurs, transformateurs, distributeurs) Nombre total d’opérateurs certifiés Nombre de communes avec au moins un opérateur Nombre de communes sans opérateur Exploitation agricole AB (seulement) 19 938 10 474 26 094 Opérateurs aval AB (seulement) 9 820 4 652 31 916 Exploitation agricole ET opérateur aval AB – 2 281 –

Répartition des communes selon la présence de l’agriculture biologique en 2010

Source : INAO/ODR.

6Selon le principe des mesures agro-environnementales, l’aide à la conversion (CAB), en place depuis une vingtaine d’années, vise à compenser la perte de revenu engendrée lors de la période de conversion, l’écoulement de la production sous le label AB n’étant pas possible. Le montant de la compensation est différent selon le type de production et, dans certains cas, notoirement insuffisant durant la période 2000-2006 [1]. Ainsi, la CAB a participé à l’hétérogénéité régionale du développement de l’AB, au vu de la répartition spatiale des productions favorisées ou défavorisées par le niveau des aides. Celles-ci sont désormais plus attractives que précédemment dans les secteurs viticole, maraîcher et arboricole. Dans ce dernier secteur, des problèmes sanitaires ont pu contribuer à limiter la diffusion de l’AB. De même, pour les secteurs maraîcher et viticole, d’autres phénomènes que le montant des aides peuvent décourager la certification AB (opportunités de circuit de proximité ou concurrence des vins « naturels », par exemple).

7Au niveau des marchés, la « conventionnalisation » de l’AB passe par l’importance croissante des acteurs dominant l’agroalimentaire : les grandes coopératives, les multinationales agroalimentaires et la grande distribution. Or les statistiques publiées par l’Agence bio suggèrent que les liens de proximité et les circuits courts continuent de jouer un rôle significatif dans l’organisation de la production et des marchés. Nos travaux montrent que nous assistons en fait tant à un redéploiement des marchés locaux qu’à une intégration de l’AB dans les circuits conventionnels et à la diversification des produits et des lieux d’achat.

8Plusieurs faits attestent de l’importance des marchés locaux et des circuits courts. Parmi les agriculteurs en AB, 53 % déclaraient écouler tout ou partie de leur production en vente directe en 2010 (Agence Bio, 2011) ; à titre de comparaison, la proportion tombe à 21 % si on considère l’ensemble des exploitations (source RA 2010, Agreste, 2012). Mais, les circuits se diversifient. Les opérateurs conventionnels, notamment les coopératives, participent de plus en plus à la collecte des produits de l’AB (lait, céréales, fruits et légumes). Au niveau de la consommation, l’approvisionnement reste dépendant des importations (un tiers des produits avec un label AB consommés sont importés). Les acteurs de la grande distribution prennent une place croissante : 47 % (en valeur) des produits de l’AB ont été commercialisés en Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) en 2011 (hors magasins spécialisés) (Agence Bio, 2012). Cette part a sensiblement progressé depuis 2005 (39 %), elle reste toutefois en deçà des 66,7 % de part de marché des GMS dans l’alimentaire (chiffres INSEE pour 2010).

Analyse spatiale de la production AB

9Les travaux dont nous présentons les résultats ont été conduits à partir de deux sources de données principales [2] : (i) la liste exhaustive des producteurs et opérateurs certifiés en AB fin 2010, en France métropolitaine, localisés à la commune (tableau 1) et avec la date de première habilitation de l’opérateur (source INAO [3]), (ii) les données individuelles des aides à la conversion (CAB), sous les différentes formes qu’elles ont prises depuis leur création en 1993 (source : ASP [4]). Le tableau 2 indique le nombre d’individus et les surfaces engagées selon les dispositifs publics impliqués et les périodes. Ces aides, dont le montant à l’hectare varie selon le type de culture (tableau 3), ont concerné la très grande majorité des exploitations converties à l’AB. Les bénéficiaires sont localisés au niveau communal.

Tableau 2

Surfaces converties aidées durant la décennie 2000, par dispositif et par période

Tableau 2
Dispositifs de financement des aides à la conversion (CAB) Avant 2000 2001-2003 2004-2006 2007-2009 Cumul Mesure agro-environnementale (MAE) du règlement européen 2078 (1993-1999) (ha) 237 452 – – – 237 452 CTE (contrat territorial d’exploitation) (1999-2002) (ha) 8 374 185 804 – – 194 178 CAD (contrat d’agriculture durable) (2002-2007) (ha) – – 84 700 2 257 86 957 MAE du 2e Règlement de Développement Rural (2007-2013) (ha) – – – 87 940 87 940 Surfaces totales bénéficiant d’une CAB (comptées une fois, la première année) (ha) 245 826 185 804 84 700 90 197 606 527 Nb de communes en 2010 selon ancienneté de la première CAB 4 259 1 322 977 2 610 9 168

Surfaces converties aidées durant la décennie 2000, par dispositif et par période

Source : ASP/INAO/ODR.
Tableau 3

Les différents types de CAB pour la période 2007-2010*,**

Tableau 3
Type de CAB (aide à la conversion) (2007-2010) Montant/ha (€) Bénéficiaires Surfaces concernées Prairies et châtaigneraies 100 2 556 74 561 Cultures annuelles et prairies temporaires 200 4 153 133 964 Cultures légumières de plein champ, viticulture et PPAM 350 1 871 19 686 Maraîchage et arboriculture* 900 1 208 5 699 6 642 233 910**

Les différents types de CAB pour la période 2007-2010*,**

* Aide réévaluée en 2009 ; pour 2007-2008, l’aide était de 600 euros/ha pour le maraîchage et de 350 euros/ha pour l’arboriculture.
** Ce chiffre diffère de celui du tableau précédent non seulement car il inclut 2010, mais aussi l’ensemble des surfaces aidées y compris celles correspondant à des contrats signés avant 2007 (les MAE sont payées 5 années).

10Les données mobilisées ne permettent pas l’étude des stratégies individuelles du fait d’une information très limitée sur les structures de production, mais, par leur exhaustivité, leur localisation et leur dimension temporelle, elles rendent possible l’analyse de la diffusion spatiale de l’AB. Nous n’avons pas utilisé directement les données individuelles, mais, à partir de ces sources, nous avons construit des indicateurs agrégés de la présence de l’AB ou de son importance (nombre de producteurs ou de nouvelles conversions, surfaces converties…), par année ou par période (depuis 1993) et pour des unités territoriales locales, que nous appelons dans ce texte microterritoires ou localités (communes, cantons et fractions homogènes de cantons). À partir des sources statistiques publiques (Agreste, INSEE) et des ressources de l’Observatoire du Développement Rural (ODR), nous avons également caractérisé et situé les microterritoires étudiés dans différents contextes géographiques et temporels, afin de cerner les facteurs intervenant à des échelles distinctes (régions, départements, bassins de vie, microterritoires et communes). Nous avons conduit des analyses (tester des modèles statistiques) pour le niveau hexagonal et pour certaines régions [5]. Pour chaque article, nous avons conduit une analyse particulière, en variant l’indicateur utilisé et le niveau d’agrégation, ainsi que le type de modèle statistique (nous avons notamment utilisé, pour étudier la présence de l’AB, des modèles de choix discret – Probit –, soit multiniveaux, soit en tenant compte du voisinage spatial) et les variables explicatives, abordant ainsi plusieurs questions [6].

Résultats

11Allaire et al. (2014) mettent en évidence des phénomènes de concentration aux échelles régionale, départementale ; d’agglomération locale et de contagion dans la croissance de l’AB entre 1993 et 2009. Nous avons assisté à la fois à un élargissement géographique de la diffusion de l’AB, ce qui va dans le sens de l’hypothèse de conventionnalisation, et à un phénomène persistant de dépendance spatio-temporelle (l’AB se développe dans les territoires où elle est déjà présente ou à proximité). Elle se concentre significativement au niveau départemental au cours de la décennie 2000 et il subsiste de nombreux territoires sans AB. Dans Allaire et al. 2015b, les communes ont été regroupées en niveaux par bassin de vie, par département et par région ; chacun de ces niveaux a un effet propre significatif. Ce qui veut dire notamment que des facteurs de localisation différents interviennent pour expliquer la concentration à ces différentes échelles.

12L’ancienneté de la présence de l’AB dans les microterritoires a un impact positif sur leur propension à accueillir durant la période 2007-2010 au moins un nouveau bénéficiaire d’une CAB, quel qu’en soit le type (Allaire et al., 2015a). Cette dépendance temporelle, concernant l’intensité de la contractualisation durant cette période, est moins marquée pour les types CAB3 et CAB4 que pour les deux autres, une grande partie des conversions pour la vigne ou l’arboriculture étant récentes. La dépendance spatiale, c’est-à-dire l’influence des territoires voisins, est la plus élevée pour l’arboriculture et le maraîchage (du fait de la spécialisation des bassins de production) (CAB4) et pour la CAB2, qui correspond notamment à des zones de polyculture et à des zones laitières des régions Bretagne et Pays de la Loire. Dans le cas de la vigne (CAB3), le phénomène de concentration locale est également significatif, mais une diffusion de l’AB s’opère dans l’ensemble des bassins viticoles.

13Le fait d’être dans une zone défavorisée ou en piémont a un impact positif sur l’intensité de la contractualisation, de manière générale et particulièrement pour CAB2 et CAB4 ; des marchés urbains sont généralement peu éloignés ou ces zones bénéficient du tourisme. La présence de l’AB dans ces zones à handicaps, bien que ceux-ci soient compensés par l’ICHN, renvoie à la nécessité pour les petites exploitations d’améliorer la valeur ajoutée de la production. Par contre la localisation en zone montagne ou haute montagne n’a pas d’effet global positif. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation : un plus faible attrait pour la certification AB (accès aux marchés spécialisés plus difficiles ou, à l’inverse, la possibilité d’autres formes de valorisation, produits de montagne en vente locale, AOC fromagère, etc.), mais aussi un antagonisme entre la CAB1 (prairies) et la PHAE [7].

14La part de STH dans la SAU, et donc l’importance de l’élevage de ruminants, n’a pas d’effet statistique repérable au niveau global (car elle recoupe les variables montagne et piémont), mais en a un dans plusieurs de nos analyses régionales, avec des signes opposés selon les régions. En Midi-Pyrénées, où les montagnes sont éloignées de la capitale régionale, l’effet de cette variable est négatif, tandis que la localisation en montagne n’a pas d’effet significatif ; à l’inverse, en Rhône-Alpes, les communes de montagne (mais pas de haute montagne) attirent significativement l’AB et la variable STH ne joue pas. Par contre en Bretagne, Pays de la Loire et en Picardie, les zones herbagères attirent significativement l’AB, en lien avec le développement de la collecte de la production laitière en AB.

15La localisation périurbaine (en comparaison des communes rurales) n’est pas favorable, en général, au développement de l’AB. La ville a un effet complexe, dépendant de sa taille, qui d’un côté semble attirer les producteurs AB, pour lesquels elle constitue un débouché direct, et en même temps les repousse, du fait de la pression foncière.

16La présence d’opérateurs de l’aval certifiés AB dans la commune joue globalement positivement. Il en va de même des variables concernant la présence en 2000 dans les exploitations agricoles de la commune d’activités de transformation ou de vente directe ou liées au tourisme, confirmant une corrélation territoriale entre le développement de ces activités de diversification et celui de l’AB. Au total, sous des formes variables selon les contextes régionaux, les résultats montrent le rôle structurant des marchés locaux et une dépendance spatio-temporelle du développement de l’AB. Mais, le fait que la présence d’un opérateur aval dans la commune ne joue pas dans certaines analyses régionales (en Bretagne, Pays de la Loire et PACA) indique le poids dans ces régions d’un nouveau secteur de l’AB empruntant les circuits de collecte et de distribution conventionnels (le lait et les fruits et légumes).

17L’analyse de la localisation de l’AB permet également d’éclairer les zonages agro-environnementaux. Toutes choses égales par ailleurs, les zones « vulnérables » (au sens de la Directive Nitrate) ont un effet apparemment répulsif. Il s’agit de zones de grandes cultures ou d’élevage intensif, avec des systèmes de production moins enclins que d’autres à la conversion en AB. Une aide supérieure à la CAB peut être accordée dans certains territoires prioritaires du point de vue de la protection de l’eau ou de la biodiversité (dispositif des MAE territorialisées, mis en place en 2007). Le fait qu’une commune appartienne (en tout ou partie) à un territoire doté d’un projet agro-environnemental local (zone MAET) a un effet très légèrement positif qui n’est significatif que pour les zones Natura2000. Cet effet ne se retrouve pas dans les analyses régionales réalisées et il est même possible de déceler des effets négatifs pour les zones avec un enjeu eau (par exemple en Rhône-Alpes). Ce résultat a une certaine logique puisque ces territoires pour lesquels ont été ciblées des MAE sont précisément parmi ceux où existait initialement un déficit de l’AB, qui n’a pas été comblé, sans doute parce que d’autres MAE, moins contraignantes que l’AB, étaient également proposées dans ces zones.

18En conclusion, la « conventionnalisation » de l’AB n’a pas produit des changements radicaux dans la distribution spatiale de l’AB et les évolutions sont contrastées selon les régions. Nos travaux suggèrent un effet complexe des politiques publiques sur la distribution spatiale de l’AB. Il est délicat d’en tirer des recommandations générales pour les décideurs. En premier lieu, du fait qu’il est difficile, pour des raisons méthodologiques, de clairement distinguer les effets des causes. En second lieu, parce que les résultats montrent des variations entre les filières et les types de production. Les politiques de support mises en œuvre au niveau européen (aide à la conversion et aide au maintien, cette dernière peu utilisée en France), national (crédit d’impôt, recherche et formation) et régional ont eu un rôle dans le développement général de l’AB et sa répartition régionale. Mais elles ne font pas seules ce développement dans lequel interviennent de nombreux paramètres socio-économiques. Des politiques plus ciblées sur les dynamiques locales et les réseaux d’innovation sont sans doute nécessaires.

Notes

  • [1]
    Alors que la CAB n’était pas plafonnée dans le cadre des CTE (ce qui a conduit à quelques abus en 2001 et 2002), elle l’a été dans le cadre des CAD en 2003, le rythme des conversions chute de 2003 à 2007.
  • [2]
    Ces données sont conservées sur la plateforme de l’Observatoire du développement rural (ODR) : http://odr.supagro.inra.fr. Les auteurs appartiennent à l’unité INRA qui gère cet observatoire. Il est possible de consulter sur ce site des tableaux statistiques et cartes régulièrement mises à jour sur l’agriculture biologique élaborées à partir de ces sources. Sont également disponibles sur l’ODR des données sur l’emploi agricole (source Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole), sur l’ensemble des Signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) et la mise en œuvre des programmes de Développement Rural, financés par le FEADER (source ASP), qui ont été mobilisées pour caractériser les microterritoires.
  • [3]
    Institut national de la qualité et de l’origine.
  • [4]
    Agence de service et de paiement.
  • [5]
    Pays-de-la-Loire ; Midi-Pyrénées ; Rhône-Alpes ; Languedoc-Roussillon ; Provence-Alpes-Côte-D’azur ; Alsace ; Picardie ; Bretagne.
  • [6]
    On trouvera dans chaque article cité les spécifications de ces modèles, les listes de variables explicatives et leurs définitions, les résultats détaillés des tests, ainsi que des références bibliographiques.
  • [7]
    Prime Herbagère Agro-Environnementale.

Bibliographie

  • Agence Bio (2011). L’agriculture biologique française : les chiffres clés – Édition 2011 (Chiffres 2010), 243 p.
  • Agence Bio (2012). L’agriculture biologique française : les chiffres clés – Édition 2012 (Chiffres 2011), 260 p.
  • Agreste (2012). « Un producteur sur cinq vend en circuit court », Agreste Primeur n° 275, janvier 2012, 4 p.
  • En ligneAllaire G., Cahuzac E., Poméon T., Simioni M. (2014). « Approche spatiale de la conversion à l’agriculture biologique : les dynamiques régionales en France », Économie rurale, n° 339-340, p. 9-31.
  • Allaire G., Poméon T., Maigné E., Cahuzac E., Simioni M., Desjeux Y. (2015a). « Territorial Analyses of the diffusion of organic farming : between heterogeneity and spatial dependence », Ecol. Indicat., http://dx.doi.org/10.1016/j.ecolind.2015.03.009
  • En ligneAllaire G., Cahuzac E., Maigné E. et T. Poméon (2015b). « Localisation de l’agriculture biologique et accès aux marchés », Revue d’Action en Agriculture et Environnement (RAEStud), n° 96(2).
  • Geniaux G., Latruffe L., Lepoutre J., Mzoughi N., Napoléone C., Nauges C., Sainte-Beuve J. et Sauterau N. (2010). « Les déterminants de la conversion à l’AB : une revue de la littérature économique », Projet INRA AgriBio3 – EPAB – PEPP, 28 p. + annexes.
  • En lignePadel S. (2001). « Conversion to organic farming : A typical example of the diffusion of an innovation ?”, Sociologia Ruralis, n° 41(1), p. 40-61.
  • Quelin C. (2010). Agriculture biologique : la fin du retard français ?, Les études de l’Agence de Services et de Paiement, 17 p.
Éric Cahuzac
Élise Maigné
Thomas Poméon
INRA, US0685 ODR, F-31326 Auzeville.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 02/03/2016
https://doi.org/10.3917/pour.227.0237
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