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1Avec la sécularisation historique de la société française, les croyances religieuses ont peu à peu régressé dans l’ensemble de la population, et les comportements sociaux se sont affranchis des normes et prescriptions inculquées par les institutions religieuses. Mais qu’en est-il exactement de domaines qui relèvent de l’intimité, telle que la sexualité qui a longtemps été très encadrée ? En revisitant trois enquêtes sur la sexualité en France, Marion Maudet rend compte à la fois des transformations majeures du rapport à la sexualité depuis les années 1970 dans toutes les couches de la société, mais également des clivages entre hommes et femmes de l’engagement religieux. L’analyse montre que ce ne sont pas tant les pratiques sexuelles, mais davantage le degré de tolérance à l’égard des différentes formes de sexualité, qui distinguent croyants et non-croyants, catholiques ou musulmans.

2Si la France est engagée, comme de nombreux autres pays européens, dans un processus de sécularisation, celui-ci se caractérise moins par la disparition du religieux que par sa recomposition (Portier, 2012b). La forte mobilisation, notamment catholique mais aussi musulmane, dans le débat lors de la légalisation du « mariage pour tous » en France en 2013 témoigne de la place encore importante de la religion dans l’espace public français sur les questions de sexualité. Elle distingue en outre la France d’autres pays comme la Belgique, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, dans lesquels des lois comparables ont été adoptées, tout en soulevant une mobilisation de moindre ampleur (Paternotte et al., 2016). Ce travail vise à questionner, à partir de données quantitatives antérieures à la légalisation du mariage entre personnes de même sexe en France, la manière dont s’articulent les rapports de genre et de religion en matière de sexualité, sans se limiter à la question de l’homosexualité.

3On constate une remarquable convergence des dynamiques ayant transformé les paysages religieux et sexuels au cours des dernières décennies : les trajectoires affectives et sexuelles tout autant que religieuses se diversifient, les pratiques s’individualisent, des normes morales se redéfinissent. Le paysage religieux français a ainsi été traversé par des bouleversements majeurs au cours du xxe siècle. En premier lieu, le catholicisme est confronté à la « fin d’un monde » (Hervieu-Léger, 2003) : le nombre de personnes catholiques est en nette diminution, la pratique religieuse s’essouffle et, de manière générale, les « modalités du croire » se recomposent (Hervieu-Léger, 1999 ; Raison du Cleuziou, 2014). Ce premier constat se double d’une augmentation prononcée de la non-appartenance religieuse, même si celle-ci prend des formes diverses (Bullivant, 2012). Enfin, l’islam progresse dans la période récente et s’impose plus souvent qu’avant comme un élément important dans la vie des personnes musulmanes (Dargent, 2010).

4L’islam comme le catholicisme affirment l’ordre inégal des sexes. Ils considèrent les femmes et les hommes comme complémentaires, et leur attribuent des rôles de genre clairement définis (Fortier, 2013 ; Rochefort et Sanna, 2013). Si l’Église a pu infléchir ses positions en matière de sexualité, elle reste étroitement attachée à la défense du couple hétérosexuel biparental (Carnac, 2013). Dans l’islam, malgré une organisation institutionnelle beaucoup moins hiérarchique et une variabilité des normes de sexualité (Fortier, 2013), celle de la virginité reste un référentiel important, particulièrement pour les femmes (Ben Dridi, 2013), tout autant qu’une sexualité conjugale, reproductive et hétérosexuelle pour les deux sexes.

5L’existence de normes religieuses régissant dans le détail la sexualité et les relations entre les hommes et les femmes ne doit pas laisser penser que celles-ci sont rigoureusement suivies, voire même simplement connues (Portier, 2012a). La pluralité des positionnements à l’égard de la sexualité parmi les catholiques (Béraud, 2016) et les musulman·e·s (Larisse, 2016) ne doit pas être ignorée. Il en va de même à propos des normes sexuelles : les individus sont en effet entrés dans un « nouveau régime de normativité », caractérisé par un détachement à l’égard des grands principes intangibles imposés de l’extérieur et par une mise en cohérence interne des comportements (Bozon, 2004).

6Pour appréhender la sexualité des personnes catholiques et musulmanes, il faut situer historiquement ces groupes. La diminution des déclarations d’appartenance à la religion catholique est nette : alors que 70 % des individus se déclaraient catholiques en France en 1981, ils ne sont plus que 42 % en 2008 selon les enquêtes European Values Survey-EVS (Bréchon, 2009). Malgré cela, le catholicisme est souvent encore décrit comme la religion française « populaire » (Hervieu-Léger, 2003, p. 7).

7À l’inverse, on observe, depuis la fin des années 1990, une forte hausse des déclarations d’appartenance à la religion musulmane dans les enquêtes : la proportion de musulman·e·s passe ainsi, selon le Cevipof, de moins de 1 % dans les années 1990 à 2,6 % en 2004 et 5 % en 2007 (Dargent, 2010). Patrick Simon et Vincent Tiberj (2016) estiment le nombre de musulman·e·s à environ 2,4 millions à partir de l’enquête Trajectoire et origines (TeO). D’après l’enquête EVS 2008, 4,5 % des Français·e·s déclarent appartenir à la religion musulmane en 2008, chiffre qui serait sous-évalué (Bréchon, 2009). La position minoritaire de l’islam en France peut alors conduire à la stigmatisation des personnes musulmanes (Deltombe, 2007). Celle-ci prend souvent sa source dans la dénonciation d’une sexualité masculine violente et dominatrice, et oscillant entre passivité et lascivité pour les femmes, les enfermant dans des catégories naturalisées et faussement homogènes (Fassin et Fassin, 2009 ; Guénif-Souilamas, 2002). Par ailleurs, l’attachement à l’islam chez les jeunes se renforce, notamment chez les descendant·e·s d’immigré·e·s. Celui-ci peut s’expliquer entre autres par la volonté d’échapper à des formes diverses de dévalorisation sociale (scolaire, professionnelle), l’islam leur offrant des possibilités de « requalification symbolique » (Kakpo, 2007). Il faudrait, enfin, tenir compte de la situation migratoire d’une partie de la population. En effet, depuis les années 1970, « les principaux pays d’émigration ne se situent plus dans l’orbite du catholicisme » mais plus souvent de l’islam, pays dans lesquels « la religion continue à imprégner la vie quotidienne et, pour nombre d’entre eux, occupe une position officielle reconnue par les institutions publiques » (Simon et Tiberj, 2016). On ne traitera cependant pas ici de la question des migrations, car les enquêtes sur la sexualité n’ont pas été conçues pour saisir les origines et les trajectoires migratoires (les effectifs étaient trop réduits, ce qui complique la différenciation des trajectoires migratoires selon le pays d’origine des individus).

8On interroge donc ici la manière dont les questions religieuses, en articulation avec les rapports de genre, interfèrent avec les recompositions de la sexualité contemporaine. Dans quelle mesure les catholiques et musulman·e·s se distinguent-ils des personnes sans religion en matière de sexualité, dans un contexte de diversification et d’individualisation des trajectoires religieuses, affectives et sexuelles ? L’article s’appuie sur trois grandes enquêtes quantitatives sur la sexualité en France dans lesquelles les individus ont également été interrogés sur la place de la religion dans leur vie. On s’intéresse, dans le cadre de cette étude, au catholicisme et à l’islam du fait de leur position majeure dans le paysage religieux français, la comparaison ne pouvant pas être étendue aux autres religions en raison de leurs effectifs insuffisants dans les enquêtes.

I – Méthodologie de recherche

1 – Description des enquêtes

9L’Enquête sur le comportement sexuel des Français, dite « Enquête Simon » (tableau 1), a été coordonnée par Pierre Simon en 1970 et a interrogé 2 625 personnes âgées de 20 ans et plus. L’enquête portait sur les réalités de la sexualité ordinaire, telle qu’elle est pratiquée au sein du couple marié. Elle met au jour les évolutions de la sexualité au fil des générations dans un contexte de début de diffusion de la contraception médicalisée. La contraception orale est légalisée en 1967 [1], contre la position de l’Église réaffirmée par le Vatican en 1968 avec l’encyclique Humanae Vitae. Les résultats montrent notamment que l’impératif reproductif décroît au fil des générations, au profit de la recherche du plaisir sexuel pour lui-même. Les données brutes de l’enquête ont été perdues et tous les traitements reposent sur les données publiées dans le Rapport sur le comportement sexuel des Français de 1972. Dans celui-ci, les questions posées ont été croisées avec un ensemble de variables sociodémographiques, les « critères de l’analyse systématique », dont l’âge, le sexe, l’habitat, le niveau d’études, l’activité professionnelle et la pratique religieuse. Les analyses qui suivent sont donc strictement tributaires des choix effectués par les responsables de l’enquête au moment du traitement des données, puis lors de leur publication. La pratique religieuse n’a été étudiée que pour deux groupes d’âges, les 20-49 ans et les 50 ans et plus, il n’est donc pas possible d’affiner l’analyse avec des groupes d’âges plus réduits.

Tableau 1

Description des trois enquêtes sur la sexualité en France

Tableau 1
Enquête sur le comportement sexuel des Français « Enquête Simon », Ifop, 1970 Analyse des comportements sexuels en France, Inserm, 1992 Contexte de la sexualité en France, Ined/Inserm, 2006 Problématique Décrire précisément les comportements sexuels des couples mariés dans le contexte d’une forte diffusion des méthodes contraceptives Apporter une connaissance précise des comportements sexuels individuels, mais surtout appréhender les comportements sexuels à risque (notamment la transmission du VIH) Étudier la diversification des trajectoires affectives et sexuelles et les rapports entre femmes et hommes, en tenant compte des conditions de vie et des dimensions de santé (risque, prévention) Champ 2 625 individus âgés de 20 ans et plus 20 055 individus âgés de 18 à 69 ans 12 364 individus âgés de 18 à 69 ans Procédure d’échantillonnage Sondage par quota puis redressement Échantillon probabiliste Échantillon probabiliste Variables sur la religion Pratique religieuse (fréquence de participation aux offices religieux). Pas de distinction selon la religion dans les données publiées Affiliation religieuse ; importance accordée à la religion dans la vie (très important, important, peu important, pas important) Affiliation religieuse ; importance accordée à la religion dans la vie (très important, important, peu important, pas important) Traitement des données Pas de traitement possible des données brutes. Utilisation de tableaux imprimés. Seul le groupe d’âges des 20-49 ans est étudié selon la pratique religieuse. Traitement des données brutes possible Traitement des données brutes possible

Description des trois enquêtes sur la sexualité en France

10Lors de la deuxième enquête Analyse des comportements sexuels en France (ACSF), coordonnée en 1992 par Alfred Spira et Nathalie Bajos, ce sont les problématiques du sida, de sa diffusion et des méthodes de prévention qui sont au cœur des préoccupations (Spira et al., 1993). L’approche est pluridisciplinaire, et des épidémiologistes, des sociologues, des démographes, des économistes, des psychologues, des psychosociologues et des psychanalystes ont été associés à l’élaboration du questionnaire. Répondant à un appel d’offre de l’Agence nationale de la recherche sur le sida (ANRS), il s’agissait à la fois de mieux connaître les facteurs de risques mais aussi les comportements des individus et la manière dont ils géraient le risque, afin de mettre au point une prévention efficace. L’enquête s’appuyait sur une définition large de la sexualité, qui intègre notamment une dimension psychologique (rapport à la mort, capacité à maîtriser les événements, etc.), une dimension relationnelle et une série de représentations relatives à la sexualité.

11La dernière enquête, Contexte de la sexualité en France (CSF), a été coordonnée en 2006 par Nathalie Bajos et Michel Bozon. Elle prend en compte la diversification des trajectoires affectives et conjugales (période de jeunesse plus longue, augmentation de la mobilité conjugale, allongement de la vie sexuelle), les rapports de pouvoir entre hommes et femmes qui orientent leur sexualité, et enfin les conditions de vie matérielles qui sont un facteur déterminant de la manière dont les individus vivent leur sexualité (Bajos et Bozon, 2008).

12Utiliser les données sur la sexualité de plusieurs enquêtes impose une réflexion sur leur comparabilité. La formulation des questions varie d’une enquête à l’autre, tout comme la signification des catégories construites, ce qui nous conduit à raisonner en termes d’indicateurs en trouvant des « équivalents fonctionnels » (Hubert, 1998) de manière à rendre possible la comparaison des enquêtes.

2 – Un indicateur de religiosité

13L’indicateur de « religiosité » regroupe à la fois des informations sur l’appartenance religieuse (catholique, musulmane ou sans religion) et sur le rapport qu’entretient l’individu à sa religion. Pour l’enquête de 1970, il s’agit de la pratique religieuse, et pour les deux enquêtes suivantes de « l’importance » accordée à la religion dans la vie. Dans le rapport Simon de 1972 sont distingués les « pratiquants réguliers » qui assistent aux offices religieux au moins une fois par mois, les « pratiquants occasionnels » qui y assistent moins d’une fois par mois et les individus ne déclarant aucune pratique religieuse. Pour les deux enquêtes suivantes, on définit comme catholiques et musulman·e·s « affirmé·e·s » celles et ceux qui déclarent que la religion est « importante » ou « très importante dans leur vie », et comme catholiques et musulman·e·s « indifférent·e·s » celles et ceux qui la considèrent « peu » ou « pas du tout importante ». Les personnes « sans religion » n’ont déclaré aucune religion d’appartenance.

14La comparaison entre les indicateurs de religiosité en 1970 et dans les enquêtes suivantes est donc à mener avec prudence, la première mesurant une pratique, les secondes la place qu’occupe la religion dans la vie. Elle est cependant justifiée par la logique de l’analyse : on se propose de comparer des écarts de pratiques relatives à la sexualité entre les hommes et entre les femmes en fonction de leur degré de religiosité, et on ne compare donc jamais de manière absolue un niveau de pratique entre deux enquêtes. L’analyse de l’évolution de la sexualité entre 1970 et 2006 n’est menée que pour les catholiques et les personnes sans religion, le nombre de personnes musulmanes interrogées étant trop faible pour être analysé dans les enquêtes antérieures à celle de 2006.

15Entre 1970 et 2006, les déclarations d’appartenance à la religion catholique connaissent une relative stabilité entre 1970 et 1992 suivie d’une baisse nette entre 1992 et 2006, quel que soit le degré d’importance accordée par les individus à la religion dans leur vie (tableau 2). Alors qu’en 1992 et en 2006, les écarts sont très limités entre femmes et hommes parmi les catholiques indifférent·e·s, la proportion de femmes catholiques affirmées est supérieure à celle des hommes catholiques affirmés de près de huit points de pourcentage. Le groupe des personnes sans religion est quant à lui plus masculin, une situation qui se maintient depuis 1970.

Tableau 2

Répartition des catholiques et des personnes sans religion par sexe en 1970, 1992 et 2006 (%)

Tableau 2
Simon 1970 ACSF 1992 CSF 2006 Femme Homme Femme Homme Femme Homme Pratique régulière 28,5 18,5 Catholique affirmé 28,6 20,5 21,1 13,3 Pratique occasionnelle 49,3 45,9 Catholique indifférent 44,3 45,1 35,2 35,1 Pas de pratique 22,2 35,6 Sans religion 22,3 28,5 33,8 41,0 Ensemble 100 100 Autre* 4,8 5,9 9,9 10,6 (effectif) (891) (805) Ensemble 100 100 100 100 (effectif) (1 757) (2 152) (4 967) (4 173)

Répartition des catholiques et des personnes sans religion par sexe en 1970, 1992 et 2006 (%)

* La catégorie « Autre » regroupe les autres religions déclarées, la modalité « autre religion » ainsi que les non-réponses. Elle n’est pas analysée par la suite.
Lecture : En 1970, 28,5 % des femmes déclaraient une pratique religieuse régulière au moins une fois par mois.
Champ : Individus âgés de 20 à 49 ans.
Sources : Enquête sur le comportement sexuel des Français, Ifop, 1970 ; Analyse des comportements sexuels en France, Inserm, 1992 ; Contexte de la sexualité en France, Ined/Inserm, 2006.

3 – Des indicateurs de pratiques et de représentations de la sexualité

16Les pratiques relatives à la sexualité sélectionnées sont les suivantes : avoir eu un premier rapport sexuel précoce [2], avoir une consommation élevée de livres érotiques – cinq ou plus au cours de la vie (Simon, 1970) – ou de films pornographiques (ACSF, 1992 ; CSF, 2006), s’être déjà masturbé·e, avoir déjà eu un rapport anal hétérosexuel et avoir eu recours à un moyen contraceptif lors du premier rapport sexuel. Même si elles sont loin de décrire l’ensemble du répertoire sexuel, ces cinq pratiques témoignent des évolutions de la sexualité contemporaine (Bozon, 2013).

17L’âge au premier rapport sexuel a fortement diminué au cours de la deuxième moitié du xxe siècle et il s’est rapproché entre les sexes. Les films pornographiques sont devenus des « produits culturels banals » (Bajos et Bozon, 2008, p. 279), la pratique masturbatoire s’est fortement répandue, même si elle reste toujours moins déclarée par les femmes que par les hommes, et la sexualité contemporaine peut être décrite comme une sexualité « contraceptée » (Bajos et al., 2012 ; Bozon et Leridon, 1993, p. 1180).

18Ces pratiques font par ailleurs l’objet d’un puissant discours normatif de la part des institutions religieuses. Le Magistère catholique condamne la masturbation (catéchisme de l’Église catholique, 1999, §2352) [3], la pornographie (ibid., §2354), les méthodes de contraception artificielle (Encyclique Humanae Vitae, Paul VI, 1968 ; catéchisme de l’Église catholique, 1999, §2370) et les relations sexuelles hors mariage (ibid., §2353). Si la pénétration anale n’est pas explicitement évoquée dans le catéchisme de l’Église catholique, cette pratique est considérée comme allant à l’encontre d’une sexualité procréative et donc souvent décriée.

19Dans l’islam, la sexualité illicite est définie par le zinâ qui désigne l’adultère ou la fornication (Fidolini, 2015 ; Lagrange, 2008). Le droit musulman (fiqh), loin d’être immuable, s’appuie sur une logique pragmatique (Fortier, 2010b) et dépend des interprétations des docteurs en jurisprudence islamique. Il repose cependant sur des principes communs issus du Coran et de la Sunna (regroupant les dits – hadith – du prophète) : la virginité avant le mariage est prescrite, la pornographie est interdite, tout comme la pénétration anale. La masturbation l’est si elle est pratiquée en solitaire et non avec l’épouse (Fortier, 2010a). Enfin, les positions vis-à-vis de la contraception sont plus nuancées : le coït interrompu est généralement admis, tout comme l’utilisation du préservatif et de la pilule dans le cadre du mariage (Fortier, 2010b).

20En ce qui concerne les représentations à l’égard de la sexualité, on retient quatre indicateurs : la fidélité, la pornographie, la prostitution et le fait de penser que des rapports sexuels réguliers sont nécessaires pour « être bien » (formulation dans l’enquête de 2006). Les trois premiers sont très présents dans les conceptions catholique et musulmane de la sexualité. Le dernier est quant à lui caractéristique de la place nouvelle de la sexualité dans la vie des individus, qui s’est imposée au cours du xxe siècle comme un élément central de la conjugalité contemporaine (Bozon, 1991).

21D’autres pratiques et représentations auraient pu être choisies. Celles étudiées ici présentent cependant deux avantages : elles sont disponibles dans les différentes enquêtes, ce qui permet de mener l’analyse sur le temps long, et elles reflètent, en tendance, ce que l’on peut observer pour toute une série d’autres pratiques et représentations relatives à la sexualité (les pratiques bucco-génitales, le fait de parler de ses problèmes sexuels, celui d’avoir déjà été amoureux dans sa vie ou encore d’avoir eu quatre partenaires ou plus au cours de sa vie).

II – L’évolution de la sexualité des catholiques de 1970 à 2006

1 – Pratiques sexuelles : une proximité croissante entre catholiques et personnes sans religion

22En 1970, les catholiques ont une sexualité nettement distincte des personnes sans religion (tableau 3). En premier lieu, leur premier rapport sexuel est plus tardif, une situation plus marquée pour les hommes que pour les femmes. Ainsi, 7,8 % des hommes pratiquants réguliers de 20-49 ans ont eu un premier rapport sexuel précoce alors que c’est le cas de 28,6 % des hommes non pratiquants du même âge. Par ailleurs, la proportion de ceux ayant eu d’« autres expériences sexuelles », pour reprendre la terminologie de l’enquête [4] est plus faible que celle des personnes sans religion. La proportion d’hommes pratiquants réguliers à avoir déjà expérimenté la pénétration anale est en effet beaucoup plus faible (11,5 %) que celle des hommes non pratiquants (32,3 %).

Tableau 3

Pratiques relatives à la sexualité des hommes et des femmes selon leur rapport à la religion catholique lors des trois enquêtes (1970, 1992 et 2006)

Tableau 3
1970 1992 2006 Pratiquant régulier Pratiquant occasionnel Pas de pratique Catholique affirmé Catholique indifférent Sans religion Catholique affirmé Catholique indifférent Sans religion Premier rapport sexuel « précoce » (1) F 10,6 30,4 25,8 20,1 26,5 37,7 *** 15,9 24,1 32,8 *** H 7,8 20,7 28,6 19,5 21,5 23,2 *** 21,4 18,4 24,6 *** Contraception au premier rapport F 40,0 52,5 50,0 np np np 66,4 70,1 70,3 ns H 36,8 35,4 44,4 np np np 56,9 58,9 61,0 *** Masturbation (au moins une fois dans la vie) F 20,7 18,1 27,5 47,3 55,4 59,8 *** 59,9 66,7 62,4 *** H 73,9 76,3 84,7 86,8 85,2 87,3 ns 90,7 96,8 93,7 *** Pornographie (souvent ou parfois) (2) F 2,2 5,3 7,4 24,6 30,3 24,5 ** 22,6 22,5 21,8 ** H 8,5 18,3 24,2 48,5 56,9 53,3 ns 52,2 62,9 57,2 *** Pénétration anale (au moins une fois) (3) F 8,2 19,6 16,5 np np np 19,1 23,5 18,3 * H 11,5 17,2 32,3 np np np 24,5 31,2 31,1 ***

Pratiques relatives à la sexualité des hommes et des femmes selon leur rapport à la religion catholique lors des trois enquêtes (1970, 1992 et 2006)

np : question non posée lors de l’enquête.
Seuils de significativité statistiques des écarts entre les hommes et les femmes : * 10 %, ** 5 %, *** 1 % ; ns : non significatif. La significativité se lit en ligne pour chaque pratique. Il n’est pas possible de calculer la significativité des résultats pour l’enquête de 1970, car on ne dispose pas des données brutes.
(1) Le premier rapport sexuel est considéré comme précoce s’il a lieu à 18 ans ou avant pour les femmes, à 16 ans ou avant pour les hommes en 1970 ; à 16 ans ou avant pour les femmes, à 15 ans ou avant pour les hommes en 1992 et en 2006.
(2) 1970 : a lu « 5 livres érotiques ou plus au cours de sa vie » ; 1992 : a vu « souvent » ou « parfois » un « film ou spectacle pornographique au cours de sa vie » ; 2006 : a vu « souvent » ou « parfois » un « film pornographique au cours de sa vie ».
(3) 1970 : « Il arrive que l’homme (la femme) s’unisse par le rectum (anus). Vous est-il arrivé d’avoir un rapport sexuel de cette manière avec une femme (homme) ? ».
Lecture : En 1970, 10,6 % des femmes catholiques pratiquantes régulières ont eu un premier rapport sexuel à 18 ans ou avant.
Champ : Individus âgés de 20 à 49 ans (n = 2 625 pour Simon ; n = 3 909 pour ACSF ; n = 7 658 pour CSF).
Sources : Enquête sur le comportement sexuel des Français, Ifop, 1970 ; Analyse des comportements sexuels en France, Inserm, 1992 ; Contexte de la sexualité en France, Ined/Inserm, 2006.

23Les écarts relatifs entre femmes selon leur pratique religieuse sont, de manière générale, moins marqués en 1970 que les écarts entre les hommes, concernant le fait d’avoir lu au moins cinq livres érotiques au cours de sa vie, de s’être masturbée au moins une fois dans sa vie et avoir déjà pratiqué la pénétration anale [5]. Cette situation pourrait s’expliquer par une plus forte proximité entre les normes de genre et les normes religieuses à l’époque, qui tendrait à atténuer l’effet de la pratique religieuse sur la sexualité des femmes.

24En 1992 et en 2006, on constate un net rapprochement des pratiques sexuelles entre les catholiques et les personnes ne déclarant pas de religion. Pour les hommes, les écarts entre catholiques affirmés et personnes sans religion sont faibles voire non significatifs pour toutes les pratiques sexuelles considérées, sauf la pénétration anale en 2006 (respectivement 24,5 % et 31,1 %). Pour les femmes, les résultats sont plus nuancés. Alors que pour la pornographie, les femmes catholiques et les femmes sans religion ont des niveaux de pratiques proches dès 1992, l’écart est encore prononcé pour la masturbation en 1992 (12,5 points de pourcentage) mais le rapprochement a lieu en 2006. En revanche, en 1992 comme en 2006, l’âge au premier rapport sexuel continue à différencier les individus selon leur engagement religieux, surtout les femmes : en 1992, seules 20 % des femmes catholiques affirmées ont eu un premier rapport sexuel à 16 ans ou avant, contre 37,7 % des femmes sans religion, une situation qui se maintient en 2006.

25Les écarts entre les pratiques sexuelles des catholiques et des personnes sans religion tendent à s’estomper au fil du temps, sauf pour l’âge au premier rapport sexuel qui est, encore en 2006, plus tardif chez les catholiques que chez les personnes sans religion, et ce particulièrement pour les femmes. En 1970, l’influence de la pratique religieuse était marquée sur la sexualité masculine pour certaines pratiques, elle était moins nette pour les femmes du fait de l’entremêlement des normes de genre et des normes religieuses. Ce n’est en revanche plus le cas en 2006.

2 – Représentations de la sexualité : des clivages persistants

26De manière générale, les hommes et les femmes déclarant une pratique religieuse tiennent en 1970 des discours moins libéraux sur le plan de la sexualité que les personnes sans religion (tableau 4). Les catholiques pratiquant·e·s sont plus souvent critiques envers l’infidélité des femmes et des hommes que les personnes sans religion, la pornographie et la prostitution sont moins acceptées et la régularité des rapports sexuels est plus rarement considérée comme « nécessaire pour se porter bien ». Les discours des hommes au sujet de la vente de livres érotiques et de la prostitution divergent selon la pratique religieuse. La proportion d’hommes catholiques pratiquants considérant que « la prostitution est intolérable » est deux fois plus importante que celle des hommes sans religion (respectivement 36 % et 15 %). Pour les femmes, ce sont les opinions à l’égard de l’interdiction de la pornographie et du fait de considérer que des « rapports sexuels réguliers sont nécessaires pour se porter bien » qui différencient le plus nettement les pratiquantes des femmes sans religion. Enfin, si le degré de pratique religieuse ne distingue pas particulièrement les femmes et les hommes sur le fait d’accorder de l’importance à la fidélité au sein du couple marié en 1970, les avis relatifs à la fidélité deviennent autrement plus clivants dans les décennies suivantes.

Tableau 4

Représentations de la sexualité des hommes et des femmes selon leur rapport à la religion catholique lors des trois enquêtes (1970, 1992 et 2006)

Tableau 4
1970 1992 2006 Pratiquant régulier Pratiquant occasionnel Pas de pratique Catholique affirmé Catholique indifférent Sans religion Catholique affirmé Catholique indifférent Sans religion L’infidélité d’un homme n’est pas acceptable (1) F 48,0 44,0 40,0 51,2 44,2 41,3 *** 56,2 42,9 43,1 *** H 55,0 49,0 43,0 38,5 28,0 30,5 *** 57,2 41,3 36,7 *** L’infidélité d’une femme n’est pas acceptable (2) F 49,0 51,0 44,0 56,7 44,8 40,5 *** 56,2 42,9 43,1 *** H 57,0 54,0 50,0 43,9 31,6 33,9 *** 57,2 41,3 36,7 *** Il faut interdire la pornographie (3) F 25,6 10,4 6,5 np np np 28,5 17,0 16,0 *** H 18,3 11,3 6,6 np np np 14,6 7,0 8,9 *** Il faut faire reculer la prostitution (4) F 35,0 28,0 25,0 np np np 51,2 44,7 49,3 *** H 36,0 13,0 15,0 np np np 32,8 22,9 29,2 *** Des rapports sexuels réguliers sont nécessaires pour être bien (5) F 37,0 50,0 57,0 np np np 58,4 61,4 58,9 ns H 49,0 57,0 55,0 np np np 66,3 70,7 68,4 *

Représentations de la sexualité des hommes et des femmes selon leur rapport à la religion catholique lors des trois enquêtes (1970, 1992 et 2006)

np : question non posée lors de l’enquête.
Seuils de significativité statistiques des écarts entre les hommes et les femmes : * 10 %, ** 5 %, *** 1 % ; ns : non significatif. La significativité se lit en ligne pour chaque pratique. Il n’est pas possible de calculer la significativité des résultats pour l’enquête de 1970, ne disposant pas des données brutes.
(1) 1970 : « La femme doit considérer l’infidélité occasionnelle de son mari comme impardonnable » ; 1992 : « Il n’est pas du tout acceptable qu’un homme puisse avoir des aventures au cours de son mariage » ; 2006 : se sent proche de « La fidélité pour la vie ».
(2) 1970 : « Le mari doit considérer l’infidélité de sa femme comme impardonnable » ; 1992 : « Il n’est pas du tout acceptable qu’une femme puisse avoir des aventures au cours de son mariage » ; 2006 : se sent proche de « La fidélité pour la vie ».
(3) 1970 : « La vente de livres érotiques doit être interdite, quel que soit l’âge de ceux qui voudraient en acheter » ; 2006 : « Il faut interdire la pornographie ». En 1970, en raison du nombre important de non-réponses, les résultats sont donnés uniquement pour les individus ayant répondu à la question. Les taux de non-réponse sont les suivants, respectivement pour les femmes et pour les hommes : 29 % et 22 % pour les pratiquant·e·s régulières, 29 % et 23 % pour les pratiquant·e·s occasionnelles et 24 % et 23 % pour les non-pratiquant·e·s.
(4) 1970 : « La prostitution est intolérable, il faut s’efforcer de la faire disparaître à tout prix » ; 2006 : « Il faut faire reculer la prostitution ».
(5) En raison du nombre important de non-réponses, les résultats sont donnés uniquement pour les individus ayant répondu à la question. Les taux de non-réponse sont les suivants, respectivement pour les femmes et pour les hommes : 37 % et 16% pour les pratiquants réguliers, 28 % et 26 % pour les pratiquants occasionnels et 31 % et 23% pour les non-pratiquants.
Lecture : En 1970, 48 % des femmes catholiques pratiquantes régulières déclarent que « la femme doit considérer l’infidélité occasionnelle de son mari comme impardonnable ».
Champ : Individus âgés de 20 à 49 ans (n = 2 625 pour Simon ; n = 3 909 pour ACSF ; n = 7 658 pour CSF).
Sources : Enquête sur le comportement sexuel des Français, Ifop, 1970 ; Analyse des comportements sexuels en France, Inserm, 1992 ; Contexte de la sexualité en France, Ined/Inserm, 2006.

27Entre 1970 et 2006, l’écart entre catholiques affirmé·e·s et personnes sans religion a fortement diminué pour certaines représentations de la sexualité. C’est le cas de la prostitution et de l’importance des rapports sexuels pour être bien. Cette dernière s’inscrit dans un nouveau contexte de normalisation de la sexualité, considérée comme indispensable au bien-être individuel et conjugal (Bajos et al., 2008 ; Bozon, 2013). Les avis divergent cependant à propos de la fidélité et de la pornographie entre les catholiques et les personnes sans religion, les premiers étant notamment beaucoup plus attachés à l’idée de fidélité.

28L’étude de l’évolution des pratiques et des discours sur la sexualité semble indiquer que, hormis l’âge au premier rapport sexuel, ce sont à présent surtout certaines opinions sur la sexualité qui distinguent les individus selon leur religiosité. Afin de le vérifier, on se centre sur les jeunes catholiques et musulman·e·s de 18 à 29 ans observés dans l’enquête la plus récente (CSF, 2006). Ce sont en effet les premiers concernés par la « réorganisation profonde des normes du passage à la sexualité adulte » (Bozon, 2004), soit l’individualisation et l’intériorisation de normes sociales et sexuelles qui ne seraient plus perçues par les individus comme étant le produit d’institutions extérieures à elles et eux-mêmes.

III – Les pratiques sexuelles des jeunes catholiques et musulman·e·s en 2006

29En 2006, les conduites sexuelles varient pour les jeunes selon le sexe et la religiosité [6], invitant à penser ensemble rapports de genre et de religion. Hormis pour l’âge au premier rapport sexuel des femmes, les jeunes catholiques et les jeunes sans religion se différencient peu pour l’ensemble des pratiques relatives à la sexualité (tableau 5). Les femmes catholiques affirmées ont beaucoup moins souvent un premier rapport sexuel précoce que les femmes sans religion (respectivement 25,4 % et 40 %), confirmant chez les jeunes ce qui a été observé pour les 20-49 ans. C’est aussi le cas des femmes musulmanes affirmées. La signification associée à ce premier rapport varie selon la religiosité : pour plus de la moitié des musulmanes affirmées, le premier partenaire sexuel était considéré comme un « conjoint » ou « futur conjoint », alors que ce n’est le cas que pour 24 % des femmes catholiques affirmées et 16 % des femmes sans religion (résultats non présentés). L’engagement religieux vient structurer, pour les femmes, le premier rapport sexuel et ses significations, alors que ce n’est pas le cas pour les hommes, ce qui témoigne d’agencements différenciés de la religion et de la sexualité selon le genre. Les musulmanes affirmées déclarent par ailleurs moins fréquemment avoir pratiqué une fellation au cours des douze derniers mois (46,2 % contre 60,3 % des femmes sans religion). Ce résultat peut, entre autres, signifier une pratique réellement plus faible chez les femmes musulmanes tout autant qu’une plus grande difficulté à déclarer une telle pratique (Lahire, 1998).

Tableau 5

Pratiques sexuelles des hommes et des femmes de 18 à 29 ans selon la religiosité en 2006 (%)

Tableau 5
Sexe Catholique affirmé·e Musulman·e affirmé·e Catholique indifférent·e Sans religion Ensemble A eu un premier rapport sexuel précoce (1) Femme 25,4 14,4 34,3 40,0 34,0 *** Homme 22,9 38,5 24,6 28,5 28,1 *** A utilisé un moyen contraceptif au premier rapport Femme 77,1 31,5 81,2 78,3 73,9 *** Homme 74,0 60,9 79,5 75,0 74,8 *** A pratiqué souvent ou parfois la fellation (12 derniers mois) Femme 67,4 46,2 67,0 60,3 67,0 *** Homme 69,5 66,3 79,3 77,0 77,5 *** S’est masturbé·e souvent ou parfois (12 derniers mois) Femme 16,4 5,9 20,4 18,7 17,4 *** Homme 45,5 25,9 54,3 55,2 51,4 *** A regardé souvent ou parfois des films pornographiques (12 derniers mois) Femme 22,4 11,7 14,2 17,4 17,0 ** Homme 51,3 50,0 58,7 57,3 56,2 ns A déjà fréquenté un site de rencontre Femme 25,8 29,9 25,2 25,8 25,9 ns Homme 26,4 46,0 24,8 24,3 26,1 ***

Pratiques sexuelles des hommes et des femmes de 18 à 29 ans selon la religiosité en 2006 (%)

(1) La précocité du premier rapport sexuel est déterminée à partir de l’âge au premier rapport sexuel délimitant le premier quartile. En 2006, le premier rapport sexuel précoce est fixé à 15 ans ou avant pour les hommes et à 16 ans ou avant pour les femmes.
Seuils de significativité statistiques des écarts entre les hommes et les femmes : * 10 %, ** 5 %, *** 1 % ;
ns : non significatif. La significativité se lit en ligne pour chaque pratique.
Lecture : 22,4 % des femmes catholiques affirmées de 18-29 ans ont regardé souvent ou parfois des films pornographiques au cours des douze derniers mois.
Champ : Individus de 18 à 29 ans interrogés dans le questionnaire long (n = 2 819).
Source : Contexte de la sexualité en France, Ined/Inserm, 2006.

30Pour les hommes, ce sont la masturbation et la fréquentation de sites de rencontre sur internet qui différencient le plus les musulmans des hommes sans religion. Les musulmans affirmés déclarent se masturber moins fréquemment que les hommes sans religion et plus souvent consulter des sites de rencontre sur internet. Le recours plus fréquent aux sites de rencontre des jeunes musulmans peut s’expliquer par la recherche d’un entre-soi, et par la consultation de sites « sur mesure », notamment « géo-ethniques et confessionnels » (Bergström, 2011), par la volonté d’échapper au contrôle des pairs et des proches, ou celle de limiter les relations à un jeu de séduction n’impliquant pas forcément de rencontre physique proprement dite (Bergström, 2012 ; Bozon, 2013). Par ailleurs, les personnes musulmanes faisant, plus que les autres groupes religieux et non religieux, l’expérience de discriminations (Brinbaum et al., 2016), le recours à ces sites pourrait leur permettre d’éviter les situations d’exclusion et de mise à l’écart des lieux de rencontre.

31Finalement, chez les plus jeunes en 2006, les déclarations de pratiques sexuelles sont très proches entre les personnes catholiques et celles sans religion, à l’exception de l’âge au premier rapport sexuel pour les femmes. En revanche, la sexualité des musulman·e·s est plus éloignée de celle des personnes sans religion, et se caractérise pour les femmes par une entrée dans la sexualité pénétrative plus tardive et plus souvent liée à un engagement conjugal. Les pratiques sexuelles (fellation, masturbation, pornographie) sont moins déclarées par les personnes musulmanes, surtout les femmes, et les hommes consultent davantage les sites de rencontre sur internet. Ainsi, alors que les conduites sexuelles des jeunes catholiques sont semblables à celles des jeunes sans religion, les musulman·e·s de 18 à 29 ans se distinguent de ces deux groupes par une sexualité plus tardive et indissociable d’un engagement conjugal pour les femmes, et par une entrée dans la sexualité précoce mais un répertoire sexuel moins diversifié pour les jeunes hommes.

IV – L’attachement des jeunes à la famille hétérosexuelle

32S’intéresser aux représentations des individus en matière de sexualité permet de caractériser une conception plus globale de ce qu’ils considèrent comme la « bonne » sexualité. Cette dernière peut s’appréhender sous différents aspects (tableau 6). Il s’agit, en premier lieu, de prendre en considération des représentations qui ne sont pas directement liées à la sexualité mais qui concernent plus généralement l’égalité formelle entre femmes et hommes (la manière d’élever les filles et les garçons, les représentations associées aux métiers que peuvent faire ou non les femmes et les hommes). En second lieu, on cherche à identifier des rapports à la sexualité (à propos de la fidélité, de la pornographie et de la prostitution). Enfin, les représentations à l’égard de la sexualité se fondent aussi sur les positionnements à l’égard de l’hétéronormativité conjugale (représentations à l’égard des rapports homosexuels, de l’homoparentalité et de la parentalité).

Tableau 6

Représentations de la sexualité selon le sexe et la religiosité en 2006 (%)

Tableau 6
Sexe Catholique affirmé·e Musulman·e affirmé·e Catholique indifférent·e Sans religion Ensemble Groupe 1 : Égalité formelle 1. « Certains considèrent qu’il y a des métiers qui ne peuvent être bien exercés que par des hommes et d’autres que par des femmes. » (d’accord ou pas tout à fait d’accord) Femme 48,9 59,8 48,4 43,4 47,3 *** Homme 54,9 57,3 54,5 51,8 53,0 ns 2. « Aujourd’hui on élève de plus en plus les filles et les garçons de la même manière ». Selon vous, « c’est une erreur » Femme 6,5 14,7 4,0 4,2 5,3 *** Homme 18,1 21,6 10,4 11,7 13,0 *** Groupe 2 : Rapport à la sexualité 3. Selon vous, « il faut faire reculer la prostitution » Femme 62,5 77,4 63,5 62,8 64,0 *** Homme 46,7 67,4 42,0 40,9 44,5 *** 4. Selon vous, « il faut interdire les films pornographiques » Femme 26,4 52,3 22,3 14,5 22,6 *** Homme 15,6 39,3 9,2 8,3 12,0 *** 5. Se sent proche de l’affirmation : « la fidélité pour la vie » Femme 55,8 58,8 49,1 44,6 49,6 *** Homme 53,2 41,9 40,6 32,1 37,6 *** Groupe 3 : Hétéronormativité conjugale 6. Vous diriez plutôt que : les rapports homosexuels sont le « signe d’une sexualité contre nature » ou d’un « problème psychologique » Femme 34,4 61,0 21,4 18,4 25,8 *** Homme 55,8 77,7 37,9 39,9 40,2 *** 7. Deux hommes peuvent élever un enfant ensemble (pas d’accord ou pas du tout d’accord) Femme 47,9 73,5 41,6 33,3 43,3 *** Homme 66,9 84,9 58,0 48,6 57,0 *** 8. Deux femmes peuvent élever un enfant ensemble (pas d’accord ou pas du tout d’accord) Femme 46,0 66,5 36,3 29,6 39,0 *** Homme 61,3 78,2 51,2 39,5 48,8 *** 9. Aux personnes n’ayant pas d’enfant (n = 2 287) : si un de vos enfants vous apprenait qu’il/elle était homosexuel·le, « cela vous poserait des problèmes » ou « vous ne l’accepteriez pas » Femme 44,5 84,6 33,6 23,9 37,5 *** Homme 62,5 85,5 56,1 46,4 54,8 *** 10. Aux personnes ayant un enfant (n = 532) : si un de vos enfants vous apprenait qu’il/elle était homosexuel·le : « cela vous poserait des problèmes » ou « vous ne l’accepteriez pas » Femme 45,6 92,3 38,8 37,4 49,1 *** Homme 60,1 - 60,9 59,7 64,1 ns 11. Une femme peut réussir pleinement sa vie sans avoir d’enfant (non ou difficilement) Femme 74,4 85,1 66,6 62,8 68,4 *** Homme 57,7 77,8 61,8 54,0 54,6 ***

Représentations de la sexualité selon le sexe et la religiosité en 2006 (%)

Note : Détails des questions et des réponses possibles dans le document annexe A.1.
Seuils de significativité statistiques des écarts entre les hommes et les femmes : * 10 %, ** 5 %, *** 1 ;
ns : non significatif. La significativité se lit en ligne pour chaque pratique.
Lecture : 62,8 % des femmes sans religion considèrent qu’une femme ne peut pas, ou difficilement, réussir sa vie sans avoir d’enfant.
Champ : Individus âgés de 18 à 29 ans interrogés dans le questionnaire long (n = 2 819).
Source : Contexte de la sexualité en France, Ined/Inserm, 2006 ; Rault (2016).

33Concernant les rapports à la sexualité, on distingue deux positionnements différents chez les catholiques : des représentations proches de celles des personnes sans religion à l’égard de la prostitution, et d’autres qui s’en éloignent au sujet de la pornographie (les catholiques déclarent moins fréquemment en regarder) et de la fidélité (les catholiques y sont plus attaché·e·s). Pour les musulman·e·s en revanche, les différences sont marquées pour ces trois représentations. Les femmes et les hommes musulman·e·s affirmé·e·s déclarent plus souvent que les catholiques et les personnes sans religion qu’il faut « faire reculer la prostitution » et « interdire les films pornographiques ». Les hommes musulmans sont plus de quatre fois plus nombreux que les hommes sans religion à s’opposer catégoriquement à la pornographie (respectivement 39,3 % et 8,3 %).

34Les opinions sur la fidélité au sein du couple rassemblent ici les personnes catholiques affirmées et musulmanes affirmées, qui y sont plus attachées que les personnes sans religion.

35Cet attachement est particulièrement net pour les hommes catholiques affirmés : 53,2 % d’entre eux se sentent proches de l’idée « la fidélité pour la vie », contre 32,1 % des hommes sans religion. Alors que, de manière générale, les jeunes générations se reconnaissent plus dans la norme de la « fidélité tant que l’on est ensemble » que dans « la fidélité pour la vie » (Bajos et al., 2008), ce n’est pas le cas pour la majorité des jeunes hommes catholiques affirmés, pour qui la norme de fidélité absolue est l’horizon.

36Le troisième groupe comprend les représentations qui signalent un attachement fort à l’hétéronormativité conjugale. Selon la définition donnée par Cynthia Kraus (Kraus, 2005) on entend par hétéronormativité « le système, asymétrique et binaire, de genre, qui tolère deux et seulement deux sexes, où le genre concorde parfaitement avec le sexe (au genre masculin le sexe mâle, au genre féminin le sexe femelle) et où l’hétérosexualité (reproductive) est obligatoire, en tout cas désirable et convenable » (p. 24). Il s’agit donc de représentations qui valorisent, consolident et invisibilisent la force de ce système asymétrique, ainsi que l’ordre hétérosexuel. Elles concernent l’homosexualité, l’homoparentalité, ainsi que la place de la procréation dans la vie des femmes.

37Comme l’ont déjà montré de nombreuses recherches (Bajos et Beltzer, 2008 ; Rault, 2016 ; Rault et Hamel, 2014), les représentations associées à l’homosexualité sont fortement genrées, les femmes étant de manière générale plus tolérantes que les hommes. Mais elles sont aussi diverses, et il est nécessaire de prendre en compte différents indicateurs pour saisir les positionnements des individus à son égard (Rault, 2016). De manière générale, les hommes sont moins tolérants que les femmes vis-à-vis de l’homosexualité, quel que soit l’indicateur considéré, et les fidèles (catholiques et musulman·e·s) sont moins tolérant·e·s que les personnes sans religion ou les catholiques indifférent·e·s (tableau 6).

38Si chez les personnes catholiques affirmées, une majorité de femmes et un peu moins de la moitié des hommes ne considèrent pas l’homosexualité comme un problème, la tolérance est cependant bien moins forte que pour les personnes sans religion. Une régression logistique menée sur cette question atteste de l’influence, toutes choses égales par ailleurs, d’un fort attachement au catholicisme ou à l’islam des représentations négatives à l’égard de l’homosexualité (tableau annexe A.1).

39La catégorie sociale des personnes enquêtées, ici appréhendée à partir de la catégorie socioprofessionnelle de leurs parents, a elle aussi une influence sur le fait de considérer les rapports homosexuels comme un problème, et celle-ci varie selon le sexe de l’individu. Pour les femmes comme pour les hommes, avoir une mère appartenant aux professions intermédiaires diminue la probabilité de considérer les rapports homosexuels comme un problème. Pour les hommes, avoir des parents appartenant à la catégorie des ouvriers non qualifiés augmente cette probabilité.

40L’appartenance aux milieux populaires semble donc agir négativement sur la perception de l’homosexualité pour les hommes. Il faut cependant remarquer qu’il s’agit ici d’une acceptation ou rejet « de principe », à opposer à une acceptation « pragmatique » (comme accepter que deux personnes de même sexe élèvent un enfant ensemble) qui est plus fréquente dans les milieux populaires (Rault, 2016, p. 53).

41Le clivage entre individus catholiques, musulmans et sans religion est encore plus prononcé à propos des discours sur l’homoparentalité (tableau 6). Même si, sur ce point encore et indépendamment de la religiosité, les femmes sont plus tolérantes que les hommes, la majorité des personnes catholiques et des musulmanes sont opposées au fait que deux personnes de même sexe puissent élever un enfant ensemble, contrairement aux personnes sans religion (qui sont néanmoins près d’un tiers à se déclarer hostile à l’homoparentalité, notamment masculine). Enfin, les catholiques et les musulman·e·s affirmé·e·s, principalement les femmes, tendent à valoriser plus fortement la maternité que les personnes sans religion, puisque les trois quarts d’entre elles considèrent qu’une femme ne peut pas « réussir pleinement sa vie sans avoir d’enfant ».

42Pour la majeure partie des catholiques et des musulman·e·s, l’attachement à l’hétéronormativité conjugale constitue un élément de distinction important par rapport aux personnes sans religion, tant du point de vue des représentations de l’homosexualité, de l’homoparentalité, ou du rôle de la procréation pour les femmes. Ce positionnement contribue en partie à expliquer l’existence de « dissonances identitaires » ou « cognitives » chez des personnes homosexuelles chrétiennes ou musulmanes (Brault, 2013 ; Gross, 2008). Celles-ci ne prennent pas leur source uniquement dans les discours des institutions religieuses mais aussi dans ceux des fidèles elles et eux-mêmes.

43Les résultats sur les rapports à la sexualité et les opinions concernant l’hétéronormativité conjugale sont d’autant plus intéressants que les représentations à l’égard de l’égalité formelle entre femmes et hommes ne varient pas ou très peu entre catholiques, musulman·e·s et personnes sans religion. Les « discours égalitaires » sont tenus dans des proportions relativement similaires par ces trois groupes, principalement chez les femmes. Près de la moitié des femmes et des hommes de 18-29 ans sont d’accord ou tout à fait d’accord avec l’affirmation selon laquelle « il y a des métiers qui ne peuvent être bien exercés que par des hommes ou que par des femmes », même si les femmes catholiques sont surreprésentées. Par ailleurs, moins de 10 % des femmes catholiques et des femmes sans religion considèrent que « c’est une erreur d’élever les filles et les garçons de la même manière ». Les résultats sont plus élevés cependant pour les hommes catholiques affirmés et les musulman·e·s affirmé·e·s. Une telle proximité au regard de l’égalité formelle va de pair avec des positionnements distincts à l’égard des rapports à la sexualité et de l’hétéronormativité conjugale.

Conclusion

44Comprendre la sexualité contemporaine, c’est observer les pratiques et les représentations de la sexualité des individus, mais aussi leurs situations et trajectoires sociales en dehors de la sexualité proprement dite (Bessin, 2009). On s’est intéressé ici à l’influence imbriquée de la religion et du genre sur la sexualité. Le fait de se définir comme catholique ou musulman·e est plus fortement lié aux discours sur la sexualité qu’aux pratiques sexuelles : c’est surtout dans la manière dont les individus se positionnent d’un point de vue normatif vis-à-vis de la sexualité que se construit une part de leur altérité religieuse.

45Partir des pratiques et des représentations de la sexualité des individus est une façon de ne pas supposer en amont un effet des normes religieuses sur les conduites et les discours des fidèles, mais d’observer en aval les similitudes et/ ou différences entre les personnes catholiques et musulmanes et les personnes sans religion. L’utilisation de données quantitatives a permis d’observer de manière précise une pluralité d’aspects de la sexualité sur quatre décennies, tout en prenant en compte deux groupes souvent ignorés des travaux sur la religion : celui des catholiques à la religiosité faible, que l’on nomme ici « catholiques indifférent·e·s », et celui des personnes sans religion [7]. On a ainsi mis en évidence que pour une majorité de pratiques sexuelles, les femmes et les hommes catholiques se comportent à présent de manière similaire aux femmes et hommes sans religion, et ce même concernant des pratiques fortement genrées, comme la masturbation, la lecture de livres érotiques ou le visionnage de films pornographiques, ce qui n’était pas le cas en 1970. En effet, à cette date, avoir une pratique religieuse indiquait souvent, surtout pour les hommes, une entrée dans la sexualité plus tardive et des pratiques sexuelles moins variées que pour les personnes sans religion. Ce rapprochement entre les pratiques sexuelles des catholiques et celles des personnes sans religion fait écho aux travaux menés sur la diffusion rapide de la contraception orale chez les catholiques (Sevegrand, 1995 ; Toulemon et Leridon, 1992), tout en l’élargissant à d’autres pratiques.

46Seul l’âge au premier rapport sexuel continue de différencier les femmes catholiques et les femmes sans religion. On peut supposer que, si la plupart des jeunes catholiques ne restent pas vierges jusqu’au mariage, la norme de la virginité reste un horizon moral pour une partie d’entre elles. On pourrait alors parler, en l’opposant à une virginité effective, d’une « virginité morale ». Par ailleurs, l’injonction à « attendre le bon moment » ou la peur de salir sa réputation, surtout quand les jeunes filles vivent encore dans le foyer familial, peut expliquer la moindre présence des jeunes filles catholiques affirmées parmi celles ayant eu un rapport sexuel précoce. Ces éléments ont été attestés par des travaux à propos des enfants d’immigrés (Tersigni, 2016) et des jeunes filles issues de milieux populaires (Clair, 2008), mais moins dans le cadre du catholicisme contemporain.

47Les résultats à propos des plus jeunes dans l’enquête de 2006 mettent en évidence un lien particulier entre appartenance à la religion musulmane et sexualité. De manière générale, les femmes et les hommes musulman·e·s se caractérisent par une sexualité moins diversifiée que les personnes sans religion : les pratiques bucco-génitales sont moins fréquentes, tout comme le visionnage de films pornographiques ou la masturbation. Les liens existants entre religiosité musulmane et sexualité ne sont cependant pas univoques. Ainsi, l’âge au premier rapport sexuel est plus tardif pour les femmes musulmanes et souvent précoces pour les hommes musulmans.

48Le rôle de la religion s’observe aussi, et souvent plus nettement, à propos des représentations de la sexualité. Tandis que la religion n’influence pas ou peu les opinions concernant l’« égalité formelle » entre les sexes, les résultats sont plus marqués concernant les rapports à la sexualité. Alors que les catholiques se positionnent de manière relativement similaire aux personnes sans religion, ce n’est pas le cas pour les personnes musulmanes qui montrent des positions plus conservatrices à l’égard de la pornographie et de la prostitution.

49Enfin, c’est principalement autour de l’hétéronormativité conjugale que s’expriment le plus clairement les différences selon la religiosité. Cet ordre hétéronormatif se caractérise moins par un rejet de l’homosexualité en tant que telle – finalement limité chez les catholiques, même affirmé·e·s – que par un attachement fort, pour une majorité des fidèles, à la famille hétérosexuelle. Les résultats sont amplifiés dans le cas des personnes musulmanes. Ceci ne doit pas laisser penser que les catholiques et les musulman·e·s constituent des ensembles homogènes caractérisés par le rejet d’une sexualité non hétérosexuelle, ce que montrent Céline Béraud et Philippe Portier (2015) dans leurs travaux sur les « métamorphoses catholiques », mais invite plutôt à détailler leurs situations sociales et contextes de socialisation.

50On peut ainsi conclure en soulignant que l’opposition à l’homoparentalité, tout autant que les résistances à l’égard de rôles féminins qui s’écarteraient de l’assignation à la procréation et aux attentes familiales traditionnelles, éclairent les mobilisations contre le mariage entre personnes de même sexe au cours des années 2012-2013 en France. Celles-ci avaient porté davantage sur la défense de la filiation hétérosexuelle que sur l’opposition à l’ouverture de la conjugalité aux personnes de même sexe.

Annexes

Document A.1. Détail des questions et réponses proposées dans l’enquête Contexte de la sexualité en France (2006). Résultats dans le tableau 6

Groupe 1 : Égalité formelle

51

  1. Certains considèrent qu’il y a des métiers qui ne peuvent être bien exercés que par des hommes et d’autres que par des femmes. Êtes-vous d’accord avec ce point de vue ?
    • □ tout à fait d’accord
    • □ plutôt d’accord
    • □ plutôt pas d’accord
    • □ pas du tout d’accord
  2. Aujourd’hui, on élève de plus en plus les filles et les garçons de la même manière. Selon vous…
    • □ c’est une très bonne chose
    • □ c’est bien mais il ne faut pas aller trop loin
    • □ c’est une erreur

Groupe 2 : Rapports à la sexualité

52

  1. Au sujet de la prostitution, quel est votre point de vue ?
    • □ la prostitution est nécessaire
    • □ elle est inévitable mais il faut la réglementer
    • □ il faut essayer de la faire reculer
  2. À propos des films pornographiques, quel est votre avis ?
    • □ il faut interdire ces films
    • □ ces films sont choquants mais il ne faut pas les interdire
    • □ les films pornographiques ne sont pas particulièrement choquants
  3. Lorsque deux personnes sont en couple, quelle est la position dont vous vous sentez le plus proche ?
    • □ la fidélité pour la vie
    • □ la fidélité tant que l’on est ensemble
    • □ la fidélité avec la possibilité de quelques aventures

Groupe 3 : Hétéronormativité conjugale

53

  1. À propos des rapports homosexuels, diriez-vous plutôt que… ?
    • □ c’est une sexualité comme une autre
    • □ c’est le signe d’une sexualité libérée
    • □ c’est le signe d’un problème psychologique
    • □ c’est une sexualité contre nature
  2. Un enfant peut être élevé par deux hommes
    • □ tout à fait d’accord
    • □ plutôt d’accord
    • □ plutôt pas d’accord
    • □ pas du tout d’accord
  3. Un enfant peut être élevé par deux femmes
    • □ tout à fait d’accord
    • □ plutôt d’accord
    • □ plutôt pas d’accord
    • □ pas du tout d’accord
  4. Aux personnes n’ayant pas d’enfant : Imaginez que l’un de vos enfants vous apprenne qu’il/elle était homosexuel-le…
    • □ vous l’accepteriez sans problème
    • □ cela vous poserait des problèmes
    • □ vous ne l’accepteriez pas
  5. Aux personnes ayant des enfants : Si un de vos enfants vous apprenait qu’il/ elle était homosexuel-le…
    • □ vous l’accepteriez sans problème
    • □ cela vous poserait des problèmes
    • □ vous ne l’accepteriez pas
  6. À votre avis, une femme peut-elle réussir pleinement sa vie sans avoir d’enfant ?
    • □ oui
    • □ difficilement
    • □ non

Tableau A.1

Rapport de risque (Odds ratio) de considérer les rapports homosexuels comme le « signe d’un problème psychologique » ou comme « le signe d’une sexualité contre nature »

FemmesHommes
Odds ratiopOdds Ratiop
Constante0,25***0,68***
Âge
 18-24 ans (Réf.)11
 25-29 ans1,12ns0,77***
Religion
 Catholique affirmé·e2,51***1,81***
 Catholique indifférent·e1,12ns1,30**
 Musulman·e affirmé·e5,98***6,45***
 Musulman·e indifférent·e0,98ns1,83ns
 Autre religion6,62***2,73***
 Sans religion (Réf.)11
Vie en couple
 Oui (Réf.)11
 Non0,96ns0,92ns
Profession du père
 Agriculteur1,27ns0,90ns
 Artisan, commerçant, chef d’entreprise1,20ns0,86ns
 Cadre, profession intellectuelle supérieure0,94ns0,75ns
 Profession intermédiaire1,36ns0,76ns
 Employé (Réf.)11
 Ouvrier qualifié1,16ns1,25ns
 Ouvrier non qualifié1,70**1,98ns
Profession de la mère
 Agricultrice0,64ns1,34ns
 Artisane, commerçante, cheffe d’entreprise0,76ns0,81ns
 Cadre, profession intellectuelle supérieure0,51***0,72ns
 Profession intermédiaire0,57**0,63*
 Employée0,67*0,85ns
 Ouvrière qualifiée0,94ns0,92ns
 Ouvrière non qualifiée0,60*0,91ns
 Jamais travaillé (Réf.)11
Tableau A1

Rapport de risque (Odds ratio) de considérer les rapports homosexuels comme le « signe d’un problème psychologique » ou comme « le signe d’une sexualité contre nature »

Seuils de significativité statistiques : * < 10 %, ** < 5 %, *** < 1 % ; ns : non significatif.
Lecture : La probabilité pour qu’une femme catholique affirmée considère les rapports homosexuels comme un problème est 2,5 fois plus élevée que celle d’une femme sans religion, toutes choses étant égales par ailleurs.
Champ : Individus de 18 à 29 ans interrogés dans le questionnaire long (n = 2 819).
Source : Contexte de la sexualité en France, Ined/Inserm, 2006.

Notes

  • [1]
    Les décrets d’application de la loi datent de 1972.
  • [2]
    Un premier rapport sexuel précoce a lieu à l’âge délimitant le premier quartile pour les femmes comme pour les hommes. En 1970, le calcul dépend des données publiées. L’âge de 16 ans a été fixé pour les hommes (21,6 % des hommes de 20-49 ans ayant déjà un rapport sexuel ont eu leur premier rapport avant 17 ans) ; tandis que 28 % des femmes ont eu leur premier rapport sexuel à 18 ans ou avant. En 1992 et en 2006, un premier rapport sexuel précoce a eu lieu à 16 ans ou avant pour les femmes (27,1 % des femmes en 1992, 24,4 % en 2006), à 15 ans ou avant pour les hommes (22,2 % des hommes en 1992, 22,5 % en 2006).
  • [3]
    Catéchisme de l’Église catholique, première édition en 1992. Version avec modifications datant de 1999 http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_INDEX.HTM).
  • [4]
    Avoir lu au moins cinq livres érotiques, s’être masturbé au moins une fois, avoir eu recours à un moyen de contraception au premier rapport sexuel, avoir déjà pratiqué la pénétration anale hétérosexuelle.
  • [5]
    Concernant la masturbation, on peut supposer que la pratique est sous-déclarée pour les femmes (Béjin, 1993). En revanche, les niveaux déclarés étant très faibles pour les femmes indépendamment de leur appartenance religieuse, il est possible que l’ampleur de la sous-déclaration soit relativement similaire pour les femmes catholiques et les femmes sans religion.
  • [6]
    Parmi les personnes musulmanes, seul·e·s les « affirmé·e·s » sont ici pris en compte du fait de la faiblesse des effectifs de musulman·e·s déclarant que la religion est « peu » ou « pas du tout importante dans leur vie ». Cela ne doit toutefois pas donner l’illusion que ce groupe est homogène (voir notamment le travail de Valdislav Serikov (2014) sur les personnes musulmane à Francfort). Les effectifs restant néanmoins faibles, les résultats avancés doivent être lus avec prudence.
  • [7]
    On peut citer les travaux sur les « sans religion » (nones) de Lois Lee (2011), fondateur du Non-religion and Secularity Research Network (http://nsrn.net/) et Stephen Bullivant (2012).
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La diversification des trajectoires affectives et sexuelles, la perte d’influence des institutions à grands principes, ainsi que l’individualisation des pratiques sexuelles et religieuses, soulèvent la question de l’influence de la religion sur la sexualité contemporaine en France aujourd’hui. S’appuyant sur les trois enquêtes françaises sur la sexualité (1970, 1992 et 2006), cet article étudie la spécificité des pratiques sexuelles et des représentations de la sexualité des personnes catholiques et musulmanes en France. Le questionnement porte particulièrement sur l’intersection des rapports de genre et de religion. On montre qu’au cours de la période, les femmes et les hommes catholiques se rapprochent des personnes sans religion sur une série de pratiques relatives à la sexualité (contraception, masturbation, pornographie). En revanche, l’âge au premier rapport sexuel reste plus tardif pour les femmes catholiques et musulmanes que pour celles ne déclarant pas de religion en 2006. Cette imbrication entre genre et religion à l’égard de certaines pratiques sexuelles s’observe aussi à propos des représentations de la sexualité, notamment à l’égard de l’homosexualité et l’homoparentalité. Comparativement aux personnes sans religion, les catholiques et musulman·e·s, plus particulièrement les hommes, sont très attachés à la famille hétérosexuelle.

Mots-clés

  • religion
  • catholicisme
  • islam
  • sans religion
  • genre
  • sexualité
  • homosexualité
  • hétéronormativité

Références

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Marion Maudet
Institution de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux, Institut national d’études démographiques.
Correspondance : Marion Maudet, Institut national d’études démographiques, 133 bd Davout, 75020 Paris
Mis en ligne sur Cairn.info le 29/03/2018
https://doi.org/10.3917/popu.1704.0701
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