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1Dans plusieurs grands pays d’Asie comme l’Inde ou la Chine, l’augmentation parfois forte du taux de masculinité à la naissance est un des effets du maintien d’une forte préférence pour les garçons dans un contexte de baisse rapide de la taille des familles. Cette discrimination à l’égard des filles peut être le résultat de trois phénomènes : leur sous-enregistrement à la naissance, l’avortement sélectif selon le sexe et une surmortalité des filles dans la première année, liée à une inégalité de traitement. Danièle Bélanger et ses collègues ont étudié le cas du Vietnam qui a en commun avec la Chine, outre une parenté culturelle, le fait d’avoir mis en place une politique de planification familiale, la politique des deux enfants, stricte dans les objectifs mais inégale dans l’application. Les données analysées par les auteurs, parmi lesquelles de précieuses données hospitalières, ne permettent pas de conclure à une augmentation significative des taux de masculinité à la naissance, même si dans certains groupes sociaux (les cadres de l’État), ou aux parités supérieures à deux, on observe des valeurs plus élevées du taux de masculinité. Si cette non-discrimination envers les filles se confirmait, elle serait l’une des manifestations d’un statut plus élevé des femmes au Vietnam qu’en Chine.

2L’augmentation des rapports de masculinité constatée dans certains pays d’Asie a suscité une vive attention au cours des dix dernières années. Depuis le décompte des « filles disparues » dans le monde, effectué par Amartya Sen (1990) et Ansley Coale (1991) et dont on estimait déjà le nombre à 60 à 100 millions au début des années 1990, les recherches se sont multipliées (Aghihotri, 2002 ; Das Gupta et Bhat, 1997 ; Klasen et Wink, 2002 ; Li et al., 2000 ; Poston et al., 1997). Ces travaux s’interrogent notamment sur les causes et les conséquences d’un nombre anormalement élevé de garçons par rapport aux filles. Les facteurs expliquant cette augmentation des rapports de masculinité à la naissance présentent un intérêt particulier pour les démographes (Hull, 1990 ; Li et al., 2000 ; Park et Cho, 1995 ; Unisa et al., 2002 ; Zeng et al., 1993). On trouve dans la littérature démographique trois facteurs expliquant les rapports de masculinité élevés en Chine, en Corée du Sud et en Inde : un sous-dénombrement des filles à la naissance, le recours à des techniques d’avortement sélectif des fœtus féminins et un délaissement des filles – pouvant aller jusqu’à l’infanticide –, cause d’une mortalité plus forte que chez les garçons au cours de la première année de vie. L’importance relative de chaque facteur varie en fonction des politiques démographiques du pays, de la facilité avec laquelle on peut avorter, de l’accès à la technologie médicale pour déterminer le sexe du fœtus et des différentes pratiques dans les soins prodigués aux garçons et aux filles. Cependant, de l’avis général, l’avortement sélectif selon le sexe est, pour une grande part, à l’origine de ce manque de filles, surtout dans l’Asie confucianiste, c’est-à-dire la Chine, Taiwan, Hong-Kong et la Corée du Sud, où les taux de fécondité sont faibles, le recours à l’avortement fréquent et l’accès à l’échographie répandu. Par contre, en Inde, c’est la conjugaison de stratégies prénatales et postnatales qui perpétue la discrimination envers les filles (Cohen, 2002 ; Das Gupta et Bhat, 1997 ; Sudha et Rajan, 1999 ; Unisa et al., 2002).

3La cause fondamentale de ces rapports de masculinité élevés à la naissance réside dans une préférence marquée pour les garçons. Ces sociétés ont en commun une structure sociale de type patrilinéaire, patrilocal et patriarcal, dans laquelle les fils ont un statut plus prestigieux et davantage de valeur aux yeux de leurs parents que les filles. Avoir des fils est indispensable pour les parents et les autres membres de la famille pour des raisons économiques, sociales, culturelles et spirituelles. Si la valeur des fils en tant que source de main-d’œuvre est connue s’agissant des sociétés en développement, le cas de la Corée du Sud démontre la force de la valeur culturelle et spirituelle accordée aux fils, qui persiste dans un contexte de développement socio-économique (Larsen et al., 1998). Malgré une fécondité faible et en baisse, la préférence pour les fils reste vive et peut même être exacerbée par la tension qui résulte du nécessaire compromis entre une faible demande d’enfants – les gens veulent une famille peu nombreuse – et une forte demande de fils (Croll, 2000 ; Das Gupta et Bhat, 1997). La fécondité peut demeurer faible alors que le projet parental reste dominé par le désir d’avoir des fils. Or, sans intervention humaine, il est impossible à une majorité de parents de limiter le nombre de leurs enfants tout en ayant au moins un ou deux fils. La préférence pour les garçons, qui serait semble-t-il en progression dans certaines sociétés asiatiques, a été attribuée à des valeurs culturelles susceptibles d’annuler l’influence des facteurs – taille réduite de la famille et incidence du développement économique – qui tendraient à promouvoir davantage d’égalité entre les enfants des deux sexes (Croll, 2000).

4Le Vietnam partage avec la Chine et la Corée du Sud la même structure sociale fondée sur la parenté et le même héritage culturel confucianiste. Cependant, on ne sait guère si les rapports de masculinité ont augmenté et si l’on y pratique l’avortement sélectif des fœtus féminins. Les statistiques d’état civil sont incomplètes et le premier recensement général n’a eu lieu qu’en 1989 [1]. Il a été suivi d’un autre, en 1999, dont les résultats ont été publiés fin 2001. On peut donc maintenant procéder à une analyse de la situation du Vietnam, qui s’impose d’autant plus que la recherche démographique a clairement montré que la préférence pour les garçons influence profondément le comportement de la population en matière de contraception et de fécondité (Haughton et Haughton, 1995 ; Johansson, 1996, 1998). De plus, l’avortement y est légal et courant (Goodkind, 1994), et les échographies sont pratiquées depuis le début des années 1990. Cependant, aucun travail de recherche ne s’est intéressé jusqu’à présent aux rapports de masculinité à la naissance au Vietnam malgré les similitudes qu’il présente avec d’autres pays où l’existence de rapports de masculinité élevés est avérée. Le présent article s’efforce de combler cette lacune. S’il est important de traiter ce sujet, c’est aussi parce que le Comité national de la population et du planning familial vietnamien a récemment décidé (en décembre 2002) de préparer un texte de loi qui interdirait l’identification par une technique médicale du sexe du fœtus, une pratique jusqu’à présent non réglementée au Vietnam. Cet article présente donc les résultats d’une étude des rapports de masculinité à la naissance à partir des recensements de 1989 et 1999, des statistiques hospitalières pour Hanoï et Hô Chi Minh-Ville et de l’enquête sur les niveaux de vie au Vietnam (Vietnam Living Standard Survey) réalisée en 1997-1998.

I – Comportement démographique et préférence pour les garçons au Vietnam

5Le Vietnam présente les mêmes caractéristiques que d’autres pays d’Asie ayant des rapports de masculinité élevés : faible fécondité et préférence pour les garçons. Sur le plan culturel, on peut considérer que le Vietnam fait partie de l’Asie de l’Est en raison de la forte influence du confucianisme [2]. Les pays confucianistes (la Chine, Taiwan et la Corée) ont connu des transitions démographiques parmi les plus rapides du monde en développement (Rele et Alam, 1993). Le Vietnam fait aussi partie de ce groupe en raison d’une baisse rapide de la fécondité (Allman et al., 1991 ; Haughton, 1997) et d’un taux global d’avortement élevé (Goodkind, 1994 ; Goodkind, 1995a ; Henshaw, 1999). Comme la Chine, le Vietnam est déterminé à freiner sa natalité. Depuis la fin des années 1980 est prônée une politique de limitation de la descendance à un ou deux enfants (Population and Development Review, 1989) qui est cependant appliquée de manière inégale suivant les provinces et les régions (Goodkind, 1995b ; San et al., 1999). Quoique les sanctions puissent être sévères dans certaines zones rurales, la contrainte, sous la forme de travaux d’intérêt collectif et d’amendes, ne s’applique principalement qu’aux fonctionnaires et aux militaires.

6La transition démographique vietnamienne est très avancée. Pour la première moitié des années 1990 (1992-1996), l’indice synthétique de fécondité estimé par l’enquête démographique et sanitaire de 1997 était de 2,6 enfants par femme (Comité national de la population et du planning familial, 1999). Les chiffres les plus récents, ceux de l’enquête sur les niveaux de vie au Vietnam réalisée en 1997-1998, indiquent un indice égal à 2,2 enfants par femme en 1998, c’est-à-dire proche du niveau de remplacement des générations [3] (Le et al., 2001). Dans les zones urbaines, l’indice est déjà en dessous de ce niveau de remplacement depuis près de dix ans et il est actuellement inférieur à 3 dans les campagnes (Office général de statistique, 2000b ; Comité national de la population et du planning familial, 1999).

7Les analyses de la fécondité et du comportement contraceptif réalisées au Vietnam ont confirmé que la préférence pour les garçons affecte le projet parental. Les familles vietnamiennes ayant deux filles ont plus souvent un troisième enfant que celles ayant au moins un fils et les femmes n’ayant que des filles sont moins susceptibles de recourir à la contraception que les femmes qui ont un ou plusieurs fils (Haughton, 1997 ; Haughton et Haughton, 1995). En outre, la préférence pour les garçons, telle qu’elle s’exprime dans les comportements procréateurs, est restée forte tout au long des années 1990 tandis que l’indice synthétique de fécondité ne cessait de chuter (Le et al., 2001). D’autres travaux de recherche ont révélé un taux élevé d’échec apparent de la contraception chez les femmes porteuses d’un stérilet (Johansson, 1998). En réalité, « l’échec de la contraception » est une manœuvre répandue visant à masquer le retrait d’un stérilet chez les couples qui essaient d’avoir un fils ; ils contournent la politique n’autorisant que deux enfants, une stratégie qu’on retrouve aussi en Chine (Johansson, 1998). Des recherches ethnographiques ont également mis en évidence ce fort désir d’avoir des garçons et la nette préférence manifestée pour les fils par rapport aux filles, malgré les politiques et les lois de promotion de l’égalité des sexes, au sein de la famille notamment, qui ont prédominé pendant quarante années de socialisme (Bélanger, 2001 ; Bélanger, 2002b). En cela le Vietnam s’apparente beaucoup aux pays voisins où l’on observe des rapports de masculinité élevés à la naissance ainsi que des stratégies pré ou postnatales en faveur des garçons.

II – Données et méthode

8Le rapport de masculinité à la naissance est le rapport entre les naissances d’enfants vivants de sexe masculin et de sexe féminin. La valeur attendue pour les populations humaines s’établit à 105 (entre 104 et 107), ce qui veut dire que pour 105 garçons environ naissent 100 filles. Le sexe des premiers enfants nés dans une famille ne semble pas avoir d’influence sur le sexe des cadets (Jacobsen et al., 1999). Un autre indicateur fréquemment utilisé en lieu et place du rapport de masculinité à la naissance est le rapport de masculinité de la population à l’âge 0, calculé à partir des données des recensements. Les données du présent article provenant de trois sources différentes, nous préciserons à chaque fois l’estimation du rapport de masculinité à la naissance. Premièrement, nous utilisons le comptage des enfants à l’âge 0, par sexe, à partir des données des recensements de 1989 et 1999 (Office général de statistique, 1992, 2001). Pour l’année 1999, nous reprenons également les conclusions tirées de l’analyse de l’échantillon au 1/20 du recensement. Ces résultats reposent sur un échantillon pondéré comprenant 2 % des ménages en zone rurale et 7 % en zone urbaine (Office général de statistique, 2000a). Il est statistiquement représentatif de l’ensemble de la population. Le Vietnam ayant scindé 15 de ses provinces entre 1989 et 1999, leur nombre est passé de 43 à 61 au cours de cette décennie. À des fins de comparaison, nous avons regroupé les nouvelles provinces issues de la division administrative afin de conserver le même nombre de provinces en 1999 qu’en 1989. L’estimation du rapport de masculinité de la population à l’âge 0 à partir du recensement appelle deux remarques. La première est que les données du recensement sont entachées de sous-déclaration du nombre de bébés, cette lacune pouvant favoriser l’un ou l’autre sexe ; deuxièmement, la mortalité infantile affecte les résultats.

9Les statistiques d’état civil sur le sexe des enfants par rang de naissance ne sont pas disponibles au Vietnam. Or, en Corée du Sud, ce sont principalement les analyses des rapports de masculinité par rang de naissance qui ont révélé l’existence de rapports très élevés (Park et Cho, 1995). Ces données montrent une augmentation du ratio pour les enfants des rangs supérieurs, ce qui indique une motivation croissante des familles à avoir un fils à mesure que se constitue la famille. Afin d’obtenir des données sur les rapports de masculinité par rang de naissance, nous avons donc rassemblé l’information relative à toutes les naissances survenues dans deux grands hôpitaux, l’un situé à Hanoï et l’autre à Hô Chi Minh-Ville. Ces deux hôpitaux sont parmi ceux qui pratiquent le plus d’accouchements et d’avortements dans ces deux villes. L’hôpital de Hanoï ne dispose de statistiques que pour 2001, celui de Hô Chi Minh-Ville pour 1996, 1999 et 2001. Le nombre total des naissances enregistré à l’hôpital de Hanoï en 2001 est de 9 924 et, à Hô Chi Minh-Ville, il s’élevait à 31 942 en 1996, 26 893 en 1999 et 29 437 en 2001. Hélas, ces statistiques ne donnent aucune indication quant au sexe des enfants que les femmes ont eus précédemment.

10Pour pouvoir appréhender l’effet de la parité et du sexe des enfants nés précédemment, nous avons utilisé le module relatant l’histoire génésique de l’enquête sur les niveaux de vie au Vietnam réalisée en 1997-1998 (Office général de statistique, 2000b). Cette enquête est la plus récente qui fournisse des données familiales rétrospectives obtenues auprès d’un échantillon aléatoire de 5 823 femmes mariées en âge de procréer (de 15 à 49 ans). Toutes les femmes interrogées ont relaté leur histoire génésique complète et donné des informations concernant l’utilisation de contraceptifs, la vaccination des enfants, les soins prénataux et l’accouchement. À partir de ces données, nous avons estimé les rapports de masculinité à la naissance en fonction du sexe des enfants nés précédemment. Nous avons également comparé les répartitions théoriques – en faisant l’hypothèse d’indépendance du rapport de masculinité à la naissance à chaque parité – et observées des familles en fonction du sexe de leurs enfants. Soulignons que la possibilité d’une sous-déclaration des naissances par les femmes interrogées, en particulier pour les enfants décédés en bas âge, est une carence des données de l’enquête lorsqu’il s’agit d’estimer les rapports de masculinité des naissances.

III – Résultats

1 – Recensements de 1989 et 1999

11Les rapports de masculinité de la population à l’âge 0 calculés à partir des recensements de 1989 et 1999 figurent au tableau 1. La colonne 1 reprend les données exhaustives du recensement de 1989, la colonne 2 les résultats de l’échantillon au 1/20 de 1999 et la troisième les données exhaustives du recensement de 1999. En 1989, le rapport de masculinité national à l’âge 0 s’établissait à 107, dans la fourchette attendue de 104 à 107. Les données par province montrent que les rapports de masculinité étaient plus élevés dans les provinces méridionales que dans le nord. Sept provinces du sud du pays avaient des rapports masculinité supérieurs à 110. Dans les deux provinces où se trouvent les deux plus grandes villes du pays, Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, les taux atteignaient respectivement 105 et 107. La province de Thai Binh, où sera imposée, par la contrainte, la politique limitant le nombre des enfants à deux pendant les années 1990 (Goodkind, 1995b ; Pham et al., 1999 ; San et al., 1999 ; Scornet, 2000), avait en 1989 un rapport de masculinité à la naissance égal à 105. Dans l’ensemble, les rapports de masculinité ne sont pas spécialement élevés ; néanmoins, les provinces du sud affichent toutes un rapport compris entre 110 et 115.

Tableau 1

Rapports de masculinité à l’âge 0 au Vietnam par province et suivant le lieu de résidence

Tableau 1
Province Recensement 1989 Recensement 1999 Évolution 1989-1999 Données exhaustives (1) Échantillon 1/20 (2) Données exhaustives (3) (4) = (3) – (1) Hanoï 105,0 110,5 104,5 – 0,5 Hô Chi Minh-Ville 107,0 112,4 106,6 – 0,4 Haiphong 105,7 101,2 104,3 – 1,3 Cao Bang 98,3 92,1 98,9 0,6 Ha Tuyen 101,7 99,6 103,4 1,7 Lang Son 103,0 112,8 99,5 – 3,4 Lai Chau 101,8 115,9 102,5 0,7 Hoang Lien Son 102,7 107,5 103,4 0,6 Bac Thai 106,4 113,6 105,8 – 0,7 Son La 102,0 102,2 100,3 – 1,6 Vinh Phu 104,9 102,7 106,4 1,4 Ha Bac 104,7 97,5 103,4 – 1,4 Quang Ninh 106,8 123,2 102,6 – 4,3 Ha Son Binh 105,9 100,4 103,3 – 2,6 Hai Hung 105,0 108,8 103,7 – 1,3 Thai Binh 105,5 118,4 103,2 – 2,4 Ha Nam Ninh 105,7 110,8 106,4 0,7 Thanh Hoa 104,6 117,4 105,0 0,4 Nghe Tinh 104,2 98,9 104,5 0,3 Quang Binh 104,0 106,5 100,1 – 3,8 Quang Tri 104,5 100,9 108,8 4,2 Thua Thica 104,9 112,5 105,3 0,3 Quang Nam - Da Nang 107,7 97,3 105,6 – 2,0 Quang Ngai 109,4 91,4 107,2 – 2,2 Binh Dinh 106,3 110,1 108,6 2,3 Phu Yen 110,7 103,0 107,9 – 2,7 Khanh Hoa 109,3 108,4 104,8 – 4,5 Thuan Hai 107,3 108,8 109,0 1,7 Gia Lai - Kon Tum 102,1 116,5 101,1 – 1,0 Dac Lac 104,9 93,8 103,8 – 1,1 Lam Dong 104,1 105,9 102,8 – 1,3 Song Be 105,9 117,0 104,9 – 1,0 Tay Ninh 109,5 108,8 107,1 – 2,4 Dong Nai 108,6 109,3 106,8 – 1,8 Long An 113,0 111,5 109,0 – 4,0 Dong Thap 114,3 104,9 108,8 – 5,5 An Giang 113,3 125,1 108,1 – 5,2 Tien Giang 113,2 97,0 108,7 – 4,5 Ben Tre 113,9 109,5 105,2 – 8,7 Cuu Long 111,4 110,6 106,1 – 5,3 Hau Giang 112,7 115,9 109,6 – 3,1 Kien Giang 109,0 128,7 106,8 – 2,2 Minh Hai 111,9 107,8 105,8 – 6,2 Vung Tau 104,9 116,6 109,5 4,6 Total pays zones urbaines 107,0 111,5 106,6 – 0,4 Total pays zones rurales 106,9 106,9 104,9 – 2,0 Total pays 106,9 107,7 105,2 – 1,7 Sources : Recensement de 1989 et recensement de la population et du logement de 1999. Échantillon au 1/20 et données exhaustives.

Rapports de masculinité à l’âge 0 au Vietnam par province et suivant le lieu de résidence

12Pour 1999, les résultats varient selon les données utilisées pour calculer les rapports de masculinité chez les bébés de moins d’un an. En prenant les données de l’échantillon au 1/20 (colonne 2), on obtient un rapport de masculinité national de 107,7 pour 1999, les valeurs fluctuant d’une province à l’autre. Dans les provinces de Hanoï et Hô Chi Minh, les rapports s’élèvent à 110,5 et 112,4 respectivement, contre 118,4 dans celle de Thai Binh. Dans l’ensemble, dix-huit provinces ont un rapport supérieur à 110, le plus élevé atteignant 128,7, à Kien Giang. Les résultats établis à partir des données exhaustives ont été publiés fin 2001, après ceux de l’échantillon en 2000. Ces données ont été corrigées après une enquête de contrôle qui a fait apparaître un sous-dénombrement des enfants (Le et al., 2001). Cependant, ces corrections pourraient aussi avoir été faites pour des raisons politiques (voir les commentaires de la section suivante).

13Les rapports calculés à partir des données exhaustives du recensement (colonne 3) sont inférieurs, à l’âge 0, à ceux obtenus à partir de l’échantillon au 1/20, avec un ratio national de 105,2. Dans aucune province le rapport ne dépasse 110. Dans vingt-sept provinces, il a été revu à la baisse après correction tandis qu’il a été augmenté dans les dix-sept autres. Dans tous les cas sauf un, la hausse porte sur des provinces ayant des rapports de masculinité inférieurs à 105 d’après les résultats de l’échantillon. En outre, les rapports de masculinité à l’âge 0 du recensement de 1999 sont inférieurs à ceux de 1989 dans trente et une des quarante-quatre provinces. D’après ces données, les rapports de masculinité de 1999 sont normaux dans la grande majorité des provinces. Dans neuf d’entre elles, ils se situent entre 108 et 110. Il s’agit de provinces du centre et du sud du pays.

14Au vu des estimations établies à partir des recensements de 1989 et 1999, la question de savoir si les rapports de masculinité chez les enfants en bas âge progressent au Vietnam reste ouverte. Si l’on compare les indicateurs estimés à partir des données exhaustives, on constate une baisse de 1989 à 1999, ce qui est assez improbable compte tenu des relations, observées ailleurs, entre baisse de la fécondité et préférence pour les garçons. Parmi les questions relatives à la fécondité posées aux femmes en âge de procréer, le recensement de 1999 n’a porté que sur le nombre total de naissances et le sexe du dernier-né (et pas celui de chacun des enfants déjà nés). Comme on le voit dans le tableau 2, le rapport de masculinité des derniers-nés augmente avec l’âge de la mère, passant de 107 lorsque la mère a entre 20 et 24 ans à 110 pour les mères de 35 à 39 ans. Ces chiffres semblent cohérents puisque les femmes plus âgées ont plus de chances d’avoir des enfants de rang élevé et désirent davantage avoir un garçon. Quoi qu’il en soit, l’augmentation reste modeste et n’apparaît pas chez les femmes de 40 à 44 ans. Enfin, le rapport de 139 pour les femmes de 45 à 49 ans est probablement calculé sur un nombre limité de naissances (le document du recensement ne fournit pas ces effectifs ; voir Office général de statistique, 2000, p. 186).

Tableau 2

Rapports de masculinité pour le dernier-né suivant l’âge de la mère

Tableau 2
15-19 ans 98 20-24 ans 107 25-29 ans 108 30-34 ans 111 35-39 ans 110 40-44 ans 106 45-49 ans 139 Total 107 Source : Recensement de la population et du logement de 1999. Échantillon au 1/20, p. 186.

Rapports de masculinité pour le dernier-né suivant l’âge de la mère

2 – Données hospitalières sur les naissances à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville

15Le tableau 3 reproduit les données relatives aux naissances survenues à l’hôpital de Hanoï pour l’année 2001. Le rapport de masculinité correspondant au nombre total de naissances est de 103,9. Les rapports de masculinité à la naissance augmentent fortement avec le rang de naissance. Aux rangs 3 et 4, qui ne sont pas détaillés dans le tableau, ils sont respectivement de 147 et 223. Si l’on combine les naissances de parité 3 ou plus, on obtient un rapport de masculinité de 156,4. Ces données montrent qu’aux parités élevées, les naissances de garçons sont plus nombreuses que prévu.

Table 3

Rapports de masculinité des naissances vivantes, par parité (données hospitalières de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville)

Table 3
Parité Hanoï Hô Chi Minh-Ville 2001 1996 1999 2001 Toutes 103,9 109,5 109,0 107,5 Première 99,4 110,6 109,4 108,9 Deuxième 108,6 106,8 109,0 106,1 Troisième ou plus 156,4 110,7 105,9 104,0 Source : données non publiées de l’Hôpital obstétrique et gynécologique de Hanoï et de l’Hôpital obstétrique et gynécologique Tu Du de Hô Chi Minh-Ville.

Rapports de masculinité des naissances vivantes, par parité (données hospitalières de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville)

16Les rapports de masculinité pour l’ensemble des naissances survenues à l’hôpital de Hô Chi Minh-Ville sont en général supérieurs à 107 et ont baissé au niveau global de 109,5 à 107,5 entre 1996 et 2001, comme l’indique le tableau 3. Les rapports de masculinité par rang de naissance n’augmentent pas de la parité 1 à la parité 3 ; en revanche, ils sont généralement supérieurs à 107 pour le premier et le second enfant. Le rapport le plus élevé est celui des naissances de rang 3 ou plus qui atteignait 110,7 en 1996. Dans l’ensemble, ces données n’indiquent pas que les rapports de masculinité aient augmenté au cours des trois années sur lesquelles a porté l’observation, ni globalement ni par rang de naissance. Les rapports plus élevés constatés pour les premières et les secondes naissances pourraient vouloir dire que les couples qui ne veulent que peu d’enfants, mais au moins un fils, mettent peut-être en œuvre des stratégies de sélection de leurs enfants en fonction du sexe dès le début de la constitution de la famille. Une constatation similaire a été faite par Park et Cho (1995) pour les petites familles urbaines de Corée du Sud.

17Les données hospitalières fournissent aussi des renseignements sur l’activité professionnelle de la mère. Ce genre d’information est très utile parce que certaines personnes sont moins tenues que d’autres de se conformer à la politique interdisant d’avoir plus de deux enfants. De précédents travaux de recherche ont montré que les cadres et les fonctionnaires sont davantage exposés à des sanctions pour non-respect de cette politique et devraient par conséquent être beaucoup plus incités que d’autres à limiter leur famille à deux enfants, tout en ayant au moins un fils (Bélanger, 2001 ; Bélanger, 2002b ; Goodkind, 1995b). De ce fait, ils auront davantage tendance à sélectionner leurs enfants en fonction du sexe. Le tableau 4 indique les taux de masculinité à la naissance suivant la profession de la mère, dans les hôpitaux étudiés. À Hanoï, toutes naissances confondues, les taux sont les plus élevés chez les cadres et les ouvrières – tout en restant dans la fourchette attendue. Par rang de naissance, l’incidence de l’activité de la mère se fait sentir à la seconde naissance chez les cadres (121,8) [4]. Pour les enfants de rang 3 ou plus, nés à Hanoï en 2001, les rapports de masculinité sont les plus élevés chez les agricultrices (158,5). Cependant, l’analyse des résultats pour la parité 3 ou plus suivant la profession ne portant que sur un nombre réduit de naissances à Hanoï, la prudence doit être de mise pour leur interprétation.

18À Hô Chi Minh-Ville, comme le montre le tableau 4, les données selon l’activité professionnelle de la mère ne font apparaître aucune tendance pour aucune des trois années sur lesquelles porte l’observation. En 2001, les rapports de masculinité pour les enfants des agricultrices et des cadres étaient supérieurs à 107 (111 et 109,9). S’agissant des différences de comportement des mères selon leur profession à la naissance, aucun lien précis ne peut être identifié. En revanche, les données pour Hô Chi Minh-Ville ventilées par activité professionnelle et rang de naissance indiquent effectivement qu’au troisième rang, les enfants des agricultrices et des cadres ont un rapport de masculinité élevé à la naissance, comme on peut le voir dans le tableau 5. Cet élément n’était pas visible dans le tableau 3 qui prenait toutes les naissances en considération. Le tableau 5 semble indiquer que l’activité professionnelle a également une incidence à Hô Chi Minh-Ville et, compte tenu du grand nombre de naissances enregistrées dans cette ville, les analyses en fonction de l’activité et du rang de naissance sont plus fiables que celles réalisées à Hanoï.

Tableau 4

Rapports de masculinité des naissances vivantes, suivant l’activité professionnelle de la mère données hospitalières de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville

Tableau 4
Profession Hanoï Hô Chi Minh-Ville 2001 1996 1999 2001 Indépendante 100,6 109,3 108,5 106,7 Agricultrice 105,3 105,0 120,4 111,0 Cadre 107,3 110,4 106,9 109,9 Ouvrière 107,0 113,6 111,2 102,4 Autre 70,6 106,5 108,7 119,4 Total 103,9 109,4 108,9 107,5 Source : données non publiées de l’Hôpital obstétrique et gynécologique de Hanoï et de l’Hôpital obstétrique et gynécologique Tu Du de Hô Chi Minh-Ville.

Rapports de masculinité des naissances vivantes, suivant l’activité professionnelle de la mère données hospitalières de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville

Tableau 5

Rapports de masculinité à la naissance suivant la profession de la mère (cadre et agricultrice uniquement) et la parité données hospitalières de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville

Tableau 5
Profession Hanoï Hô Chi Minh-Ville 2001 1996 1999 2001 Agricultrice Première naissance 108,5 112,2 111,0 100,8 Deuxième naissance 91,5 93,8 127,2 116,8 Troisième naissance ou plus 158,5 102,2 135,8 126,9 Cadre Première naissance 100,9 108,9 104,4 111,2 Deuxième naissance 121,8 109,3 113,2 104,9 Troisième naissance ou plus * 148,1 107,7 125,4 * Moins de 100 naissances. Source : données non publiées de l’Hôpital obstétrique et gynécologique de Hanoï et de l’Hôpital obstétrique et gynécologique Tu Du de Hô Chi Minh-Ville.

Rapports de masculinité à la naissance suivant la profession de la mère (cadre et agricultrice uniquement) et la parité données hospitalières de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville

19Dans l’ensemble, les données relatives aux naissances à l’hôpital indiquent qu’à Hanoï, les rapports de masculinité à la naissance augmentent avec le rang de naissance, alors qu’aucune tendance particulière n’apparaît pour Hô Chi Minh-Ville. Dans les deux villes, les enfants nés de mères cadres semblent avoir des rapports de masculinité à la naissance supérieurs à partir du rang 3. On constate aussi que le rapport de masculinité est plus élevé par rang de naissance chez les agricultrices de Hanoï en 2001 et à Hô Chi Minh-Ville dans les deux dernières années pour lesquelles nous disposons de données (1999 et 2001).

3 – L’enquête de 1997-1998 sur les niveaux de vie au Vietnam

20Les données fournies par l’enquête sur les niveaux de vie au Vietnam confortent l’hypothèse suivant laquelle les familles vietnamiennes ayant plus de deux enfants sont prêtes à recourir à des stratégies pour influencer le sexe de l’enfant à venir. On a estimé le rapport de masculinité pour les naissances de rang 3 à partir d’informations sur toutes les naissances vivantes de 965 femmes qui avaient trois enfants au moment de l’enquête. Les résultats figurant au tableau 6 indiquent que les femmes qui ont d’abord eu deux filles ont une probabilité beaucoup plus forte d’avoir un garçon ensuite (rapport de masculinité de 169,4) que celles qui avaient eu un garçon et une fille (rapport de 98,4) ou deux garçons (rapport de 79,4). Soulignons le faible rapport de masculinité à la troisième naissance chez les femmes ayant deux fils, qui suggère le désir d’avoir une fille. Le souhait d’avoir à la fois un fils et une fille a d’ailleurs été identifié dans des analyses de la fécondité réalisées par Haughton et Haughton (1999) à partir des données de l’enquête sur les niveaux de vie au Vietnam de 1992-1993.

Tableau 6

Rapports de masculinité à la troisième naissance suivant le sexe des enfants précédemment nés

Tableau 6
Sexe des 2 premiers enfants Garçon Fille Total Rapport de masculinité 2 filles 144 85 229 169,4 1 fille et 1 garçon 244 248 492 98,4 2 garçons 108 136 244 79,4 Total 496 469 965 105,8 Source : enquête sur les niveaux de vie au Vietnam réalisée en 1997-1998.

Rapports de masculinité à la troisième naissance suivant le sexe des enfants précédemment nés

21Le tableau 7 compare les répartitions théoriques des différentes compositions familiales suivant le sexe (en prenant pour hypothèse que le rapport de masculinité à la naissance est indépendant des enfants nés préalablement) aux répartitions observées [5]. Les différences relevées entre les deux répartitions sont statistiquement significatives. Nous limitons l’analyse aux femmes ayant eu un, deux ou trois enfants nés vivants, étant donné la faible proportion de femmes concernées au-delà. D’une manière générale, les familles avec fils sont plus fréquentes qu’en théorie et les familles avec filles moins fréquentes que prévu. Dans les familles ayant trois enfants, les mères de deux filles et un fils sont plus fréquentes que ce que l’on attendrait (+ 4,1 points) et les familles avec trois filles moins répandues (– 2,8 points). Il est intéressant de noter que les familles ayant trois fils sont moins nombreuses que dans les prévisions (– 2,2 points). Les familles composées de deux filles sont celles pour lesquelles l’écart est le plus important entre les répartitions attendue et observée (– 5,3 points). Cela pourrait indiquer que les couples sur lesquels pèse davantage l’interdiction d’avoir plus de deux enfants sont plus enclins à tenter d’influencer le sexe de leur second enfant. Bien que les écarts entre les répartitions attendue et observée soient, dans l’ensemble, statistiquement significatifs, les différences restent faibles. Ces données ne prennent pas en compte le rang de naissance des enfants suivant le sexe, mais uniquement le nombre des naissances suivant le sexe.

Tableau 7

Répartition théorique et observée du sexe des enfants nés d’une même mère

Tableau 7
Répartition des sexes Cas observés Cas théoriques Répartition observée (a) Répartition théorique (b) Différence (a) – (b) ?2 Valeur de p Un enfant 688 688 1 1 0 6,19 < 0,02 1 garçon 385 352 0,560 0,512 0,047 3,02 1 fille 303 336 0,440 0,488 – 0,048 3,17 Deux enfants 1 198 1 198 1 1 0 18,24 < 0,001 2 garçons 346 314 0,289 0,262 0,027 3,21 1 garçon et 1 fille 629 599 0,525 0,500 0,025 1,54 2 filles 223 285 0,186 0,238 – 0,053 13,49 Trois enfants 965 965 1 1 0 14,75 < 0,01 3 garçons 108 130 0,112 0,134 – 0,022 3,63 2 garçons et 1 fille 380 370 0,394 0,384 0,010 0,25 1 garçon et 2 filles 392 353 0,406 0,366 0,041 4,36 3 filles 85 112 0,088 0,116 – 0,028 6,52 Source : enquête sur les niveaux de vie au Vietnam réalisée en 1997-1998.

Répartition théorique et observée du sexe des enfants nés d’une même mère

22Dans le tableau 8, on utilise les informations relatives au sexe des enfants de femmes n’ayant eu que trois enfants pour comparer les fréquences théoriques et observées de la composition familiale (y compris le rang de naissance suivant le sexe). Ces résultats sont statistiquement significatifs (p < 0,02) et indiquent que le sexe du troisième enfant est affecté par le sexe des deux premiers. Comme on avait pu le constater dans le tableau précédent, les familles de trois enfants de même sexe, qu’il s’agisse de garçons ou de filles, sont moins fréquentes que prévu. Toutefois, les femmes qui ont d’abord eu deux filles sont plus susceptibles d’avoir ensuite un garçon que celles qui ont eu d’abord deux fils d’avoir une fille pour troisième enfant.

Tableau 8

Répartition théorique et observée du sexe des enfants nés de la même mère, suivant la séquence des naissances

Tableau 8
Répartition des sexes Cas observés Cas théoriques Répartition observée (a) Répartition théorique (b) Différence (a) – (b) ?2 Valeur de p Garçon, garçon, garçon 108 130 0,112 0,134 – 0,022 3,63 Garçon, garçon, fille 136 124 0,141 0,128 0,013 1,26 Garçon, fille, garçon 125 124 0,130 0,128 0,0015 0,02 Fille, garçon, garçon 119 124 0,123 0,128 – 0,0047 0,17 Garçon, fille, fille 127 118 0,132 0,122 0,0097 0,75 Fille, garçon, fille 121 118 0,125 0,122 0,0035 0,10 Fille, fille, garçon 144 118 0,149 0,122 0,0273 5,91 Fille, fille, fille 85 112 0,088 0,116 – 0,0280 6,52 Total 965 965 1,000 1,000 0,000 18,35 < 0,02 Source : enquête sur les niveaux de vie au Vietnam réalisée en 1997-1998.

Répartition théorique et observée du sexe des enfants nés de la même mère, suivant la séquence des naissances

IV – Discussion

23Nos résultats ne démontrent pas de manière incontestable que le rapport national de masculinité à la naissance augmente au Vietnam. D’après les données du recensement, on peut conclure que la tension entre la préférence pour les garçons et le désir d’avoir une petite famille n’a pas entraîné de relèvement des rapports de masculinité à la naissance (à l’âge 0), comme c’est le cas en Chine (Lavely, 2001). Le fait que les rapports de masculinité de la population à l’âge 0 par province aient diminué entre 1989 et 1999 est toutefois déroutant compte tenu de la tendance observée dans les pays de la région qui est en général à l’opposé. En fait, l’écart entre les résultats tirés de l’échantillon au 1/20 et les données exhaustives (par province) du recensement de 1999 soulève d’importantes questions quant à la qualité des données et la nature des corrections qui leur sont apportées. Il se pourrait que ces corrections aient été influencées par des considérations d’ordre politique. La publication de rapports de masculinité dissymétriques pourrait avoir de lourdes conséquences politiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. En janvier 2003 a été votée une ordonnance interdisant de déterminer le sexe du fœtus par quelque moyen que ce soit. Le texte prévoit des sanctions, amendes et poursuites pénales pour les contrevenants (article 38). Il se pourrait que, malgré leurs irrégularités, les résultats tirés de l’échantillon soient plus proches de la réalité que les estimations faites à partir des données exhaustives. Il a même été suggéré que c’étaient les résultats de l’échantillon qui avaient suscité l’intervention du législateur. Cependant, cette hypothèse relève de la spéculation et la question de savoir si les rapports de masculinité augmentent ou non au Vietnam reste ouverte. Une chose est sûre, c’est que la question des avortements sélectifs de fœtus féminins n’a guère éveillé l’attention au Vietnam et qu’elle reste plus ou moins taboue. La grande majorité des médecins, des chercheurs et des décideurs auxquels nous avons fait part de cette recherche nous ont répondu d’emblée que l’avortement avec sélection sexuelle n’est pas pratiqué au Vietnam, tout en reconnaissant unanimement l’existence d’une forte demande de moyens permettant de concevoir et donner naissance à des garçons.

24Contrairement aux données nationales, celles des hôpitaux et des enquêtes font effectivement apparaître des rapports de masculinité à la naissance anormaux dans certains groupes de la population vietnamienne. Les données relatives aux naissances survenues à l’hôpital montrent que, dans le nord, ces rapports augmentent avec la parité, une tendance qui n’apparaît pas dans le sud. L’incidence de l’activité professionnelle des mères sur les rapports de masculinité à la naissance indique que ceux-ci ont tendance à être plus élevés pour les enfants des cadres et des agricultrices, en particulier aux parités élevées. Ces résultats sont cohérents avec ceux d’études sur la mise en œuvre du programme de planning familial qui montrent que les cadres subissent fortement la politique de restriction de la descendance à deux enfants.

25Enfin, les données de l’enquête de 1997-1998 sur les niveaux de vie au Vietnam montrent que le rapport de masculinité à la naissance augmente avec la parité chez les femmes qui n’ont eu que des filles, et révèlent un fait intéressant : les familles ayant trois enfants du même sexe sont moins fréquentes que prévu. On aurait pu supposer qu’il soit désirable d’avoir trois fils ; or, d’après nos données ethnographiques (Bélanger, 2002b), les paysans du nord évitent d’avoir trois fils. Les parents craignent en effet que le fait de devoir partager leur terre entraîne son morcellement en trois lopins beaucoup trop exigus. C’est pourquoi la retenue est de mise (dans ce village) et la crainte d’avoir trop de fils retient les couples ayant déjà deux garçons d’essayer d’avoir une fille. De plus, ceux qui ont déjà deux fils interrompent plus volontiers une grossesse pour éviter les problèmes que leur occasionnerait une infraction à la politique de natalité.

26Parmi les trois grands facteurs contribuant aux différences entre les rapports de masculinité en Asie, la sous-déclaration des bébés de sexe féminin est considérée comme un facteur important en Chine où, face à une politique démographique rigoureuse, les familles en viennent à dissimuler les naissances de filles ou à les proposer à l’adoption et ne pas déclarer leur naissance. Dans le cas du Vietnam, un sous-dénombrement systématique des enfants de sexe féminin semble peu probable en ce qui concerne les recensements et l’enquête sur les niveaux de vie réalisée en 1997-1998. Contrairement à ce qui se passe en Chine, la notion de naissance non autorisée est absente dans ce pays et la politique vietnamienne de limitation des naissances à un ou deux enfants ne s’accompagne pas de sanctions qui pèsent directement sur les enfants de rang trois et au-delà, via un accès réduit aux soins de santé et à l’éducation par exemple. S’il se peut que les ouvriers soient davantage pénalisés que les paysans pour une infraction à cette politique, tous reçoivent en général une amende qu’ils doivent acquitter en nature (paddy) ou en espèces. Toutefois, son montant varie et, dans certaines zones rurales, il arrive que l’amende ne soit réclamée que plusieurs années après la naissance de l’enfant. La nature de la politique de planning familial et la relative indulgence qui accompagne, dans certaines provinces, l’application de l’interdiction d’avoir plus de deux enfants ne devraient pas provoquer une sous-déclaration systématique des bébés de sexe féminin. Quoi qu’il en soit, il reste possible que certaines familles omettent de déclarer leurs filles pour donner l’impression qu’elles se conforment aux directives des pouvoirs publics. Pour s’en assurer, il faudrait effectuer des études complémentaires sur l’exactitude de la déclaration des enfants en fonction du sexe et enquêter sur d’autres types de comportement, comme l’abandon pour l’adoption des petites filles qui pourrait avoir une influence sur leur déclaration.

27Le deuxième facteur pouvant expliquer des rapports de masculinité à la naissance supérieurs à la normale est une surmortalité des filles résultant de différences dans les soins et les traitements reçus dans la petite enfance. En Inde, par exemple, la discrimination dont sont victimes les filles en raison de la préférence pour les garçons se traduit par une surmortalité alors que, pour des raisons biologiques, ce sont les jeunes garçons qui devraient avoir une mortalité plus élevée que les filles (Das Gupta, 1999 ; Das Gupta et Bhat, 1997). Dans le cas du Vietnam, la plupart des recherches démographiques et de santé ont montré que, une fois nés, filles et garçons sont traités de la même manière (Bélanger, 2002a). L’état nutritionnel ne varie pas en fonction du sexe, et la fréquentation par les parents des services de santé n’est pas moindre pour les filles (Haughton et Haughton, 1997). Les mères allaitent leurs filles aussi longtemps que leurs fils (Comité national de la population et du planning familial, 1999 ; Swenson, 1993) et le sexe n’est pas un facteur explicatif des différences de la couverture vaccinale (Office général de statistique, 2000b). Globalement, l’appartenance ethnique et le statut socio-économique, plus que le sexe, sont à l’origine des différences observées dans la mortalité infantile. De nombreuses recherches ont également montré que la mortalité infantile est conforme à ce que l’on attend pour chaque sexe (Swenson, 1993 ; Banque mondiale, 2001). Nous avons estimé le taux de mortalité infantile d’après l’enquête sur les niveaux de vie au Vietnam réalisée en 1997-1998 (à partir de l’histoire génésique) en prenant en compte l’ensemble des décès déclarés de jeunes enfants : il s’élève respectivement à 47,9 pour mille pour les garçons et à 39,3 pour mille pour les filles.

28Enfin, le dernier facteur susceptible d’expliquer les rapports de masculinité élevés à la naissance est la pratique consistant à déterminer le sexe du fœtus par échographie ou toute autre technique dans le but de recourir à des avortements sélectifs en fonction du sexe. L’avortement est légal au Vietnam depuis 1954 et, à la fin des années 1980, on a assisté à un développement des services pratiquant l’avortement ainsi qu’à une légalisation des cliniques privées spécialisées. Les statistiques du ministère de la Santé font état de taux d’avortement très élevés, avec une progression très rapide au début des années 1990 (Goodkind, 1994). Une source plus récente, reposant aussi sur les statistiques officielles, estimait le taux d’avortement total du Vietnam à 2,5 pour mille habitants en 1996, soit le plus élevé de tous les pays en développement (Henshaw, 1999). En 1996, on comptait 43,7 avortements pour cent grossesses connues (Henshaw, 1999). Malgré l’importance de ces chiffres, la plupart des avortements sont pratiqués dans les trois premiers mois de grossesse car on peut difficilement avorter plus tard au Vietnam. Les statistiques officielles sont même muettes à propos des avortements pratiqués dans le deuxième trimestre de la grossesse. De plus, les données indiquent que, dans les principaux hôpitaux, ces avortements tardifs sont en recul en raison de l’hésitation des praticiens à recourir à une technique qui n’est ni sans danger ni garantie. Cette technique, appelée méthode Kovac [6], est la seule actuellement approuvée par le ministère vietnamien de la Santé pour les avortements pratiqués entre le quatrième et le sixième mois. Une des deux plus grandes cliniques obstétriques de Hanoï qui pratiquait couramment des avortements entre le quatrième et le sixième mois ne le fait plus. De même, plusieurs hôpitaux qui pratiquaient l’avortement au-delà du premier trimestre de grossesse ont cessé de le faire. Dans une grande clinique obstétrique du sud du pays, beaucoup de femmes venant demander un avortement tardif sont encouragées à mener leur grossesse à terme et à proposer l’enfant à l’adoption. La clinique dispose même d’un hébergement pour celles qui souhaitent y séjourner jusqu’à l’accouchement [7]. Le nombre d’avortements qu’on y pratique dans le deuxième trimestre de la grossesse a diminué, passant de 970 en 1998 à 548 en 2001, soit de 2,8 % à 1,8 % de l’ensemble des avortements pratiqués. Les données relatives à un hôpital de la province de Quang Ninh indiquent des taux plus élevés d’avortements tardifs, mais aussi un recul plus marqué, de 12,6 % à 7,5 % du nombre total d’avortements [8].

29L’échographie a fait son apparition au début des années 1990 et a commencé à être disponible dans les grands hôpitaux au milieu de la décennie. Tous les hôpitaux provinciaux et nationaux sont maintenant équipés d’appareils à ultrasons et certains, dans les plus grandes villes, ont des appareils en trois dimensions. Les lourds investissements consentis ces dernières années dans le secteur de la santé ont ainsi permis d’équiper les centres sanitaires de district d’un appareillage à ultrasons. Le nombre d’appareils installés n’est pas connu ; cependant, fin 2001, le département de diagnostic par imagerie médicale de l’École de médecine de Hanoï estimait que l’immense majorité des centres sanitaires de district disposaient d’au moins un de ces appareils. L’échographie est également pratiquée dans des cabinets privés des principales villes du pays.

30Toutefois, bien que la détermination du sexe du fœtus par échographie soit plus précise pendant le second trimestre de la grossesse, étant donné la difficulté d’obtenir un avortement pendant cette période, le nombre de femmes ayant la possibilité de recourir à cette stratégie reste limité. Cela pourrait expliquer que les rapports de masculinité à la naissance restent normaux au Vietnam, en dépit de la faiblesse de la fécondité combinée avec une préférence pour les garçons, la disponibilité du diagnostic par échographie et l’accès à l’avortement ; une conjugaison d’éléments qui ont entraîné, ailleurs, un recours accru à l’avortement sélectif.

31Une autre explication au fait que le rapport national de masculinité à la naissance n’ait apparemment pas augmenté entre les deux années de recensement serait une différence d’attitude des Vietnamiens et des Chinois face au désir d’avoir un fils. Il se peut que la majorité des Vietnamiens soient moins enclins à l’action lorsque la nature ne répond pas à leurs aspirations en matière de reproduction. Il est évidemment difficile de comparer l’intensité de la préférence pour les garçons entre deux pays, mais le fait que le rapport national de masculinité ne semble pas augmenter pourrait indiquer une préférence moins marquée au Vietnam qu’en Chine ou en Inde. Des recherches sur les rapports de genre, qui ont montré que les femmes ont un statut social plus élevé au Vietnam qu’en Chine, pourraient en fait donner à penser que, dans ce pays, les femmes et les couples sont plus réticents à faire disparaître des filles déjà conçues. En d’autres termes, si les résultats du recensement sont exacts, soit le Vietnam réagit avec retard, soit il répond différemment à la préférence pour les fils dans un contexte de faible fécondité. Cependant, les résultats obtenus à partir des données des hôpitaux et de l’enquête sur les niveaux de vie conduisent à s’interroger sur l’exactitude des données du recensement.

Conclusion

32Les données fournies par les recensements de 1989 et 1999 au Vietnam n’indiquent pas de progression ou même de rapports de masculinité exceptionnels à l’âge 0. Toutefois, une analyse plus fine des données des hôpitaux et de l’enquête sur les niveaux de vie de 1997-1998 montre en fait que les rapports de masculinité à la naissance, selon la parité et le sexe des enfants précédents, sont plus élevés que prévu. L’analyse par activité professionnelle de la mère révèle que certaines catégories sociales – notamment les cadres de la fonction publique – semblent plus désireuses d’influencer le sexe de l’enfant à naître, que cela résulte de leur motivation ou d’une pression exercée plus fortement à leur égard. La préférence des Vietnamiens pour les garçons est confirmée par leur comportement en matière de fécondité et leur pratique contraceptive ainsi que par des études ethnographiques sur la valeur des enfants. Toutefois, cette préférence et la discrimination envers les filles ne semblent pas aussi vives au Vietnam qu’en Chine, en Inde ou en Corée du Sud.

33Bien qu’actuellement les rapports de masculinité à la naissance obtenus à partir des données hospitalières laissent penser que certaines familles vietnamiennes pourraient recourir à l’avortement sélectif, rien ne permet de corroborer cette hypothèse à Hanoï. Il semble que le Vietnam, avec une politique non contraignante de limitation de la descendance à deux enfants, ait réussi à limiter la discrimination vis-à-vis des filles. Toutefois, le désir d’avoir une petite famille, auquel s’ajoute la disponibilité croissante de l’échographie et d’autres moyens permettant d’influencer le sexe des enfants, pourrait entraîner un désir plus prononcé d’avoir des garçons dans un avenir proche. La limitation de l’accès à l’avortement tardif pourrait contrecarrer la volonté de recourir à l’avortement sélectif afin d’obtenir la composition de la famille souhaitée. Mais cela pourrait également favoriser un essor des avortements tardifs proposés dans le privé pour autant que la demande existe. Enfin, il ne faut pas non plus écarter la possibilité de réactions différentes des Vietnamiens confrontés au dilemme de limiter leur descendance tout en affirmant leur préférence pour les garçons. Des recherches complémentaires restent à mener sur la préférence pour les garçons dans un contexte de faible fécondité et ses implications potentielles sur la répartition par sexe de la population, les inégalités entre les enfants et les déséquilibres de genre des systèmes familiaux et de parenté.

Remerciements

Cette recherche a été financée par le Conseil canadien de la recherche en sciences sociales et humaines. Les auteurs remercient le Dr T.R. Balakrishnan pour ses commentaires sur une version précédente de cet article.

Notes

  • [*]
    Danièle Bélanger et Liu Jianye : Département de sociologie et Centre d’études démographiques, The University of Western Ontario, London, Canada ; Khuat Thi Hai Oanh : Centre d’études sur le développement social, Hanoï, Vietnam ; Le Thanh Thuy, Hôpital d’obstétrique et de gynécologie d’Hanoï, Hanoï, Vietnam ; Pham Viet Thanh, Hôpital d’obstétrique et de gynécologie Tu Du, Hô Chi Minh-Ville, Vietnam.
    Traduit par C. Schellings.
  • [1]
    Un recensement général de la population fut réalisé en 1979 mais ses données sont limitées et leur qualité faible. Par exemple, aucune information sur le statut matrimonial n’a été collectée.
  • [2]
    Géographiquement, le Vietnam fait partie de l’Asie du Sud-Est qui se distingue en général par des systèmes familiaux bilatéraux et des relations entre sexes plus égalitaires. Bien que la question de l’influence relative des cultures de l’Asie du Sud et du Sud-Est ne fasse pas l’unanimité, l’occupation séculaire du Vietnam par la Chine a laissé l’empreinte profonde du confucianisme, dans le nord et le centre du pays en particulier.
  • [3]
    D’après les données du recensement de 1999, le taux global de fécondité était très semblable aux chiffres de l’enquête sur les niveaux de vie au Vietnam de 1997-1998. Le recensement faisait état de 2 enfants par femme, mais ce nombre a été porté à 2,3 après correction pour cause de dénombrement incomplet (Le et al., 2001).
  • [4]
    Les indicateurs ne sont pas fournis pour toutes les professions ; voir le tableau 5 pour les cadres et les agricultrices.
  • [5]
    Bien que ces données se rapportent aux naissances vivantes issues de femmes en âge de procréer, nous utilisons le terme « famille » afin de simplifier. Nous sommes conscients néanmoins que les naissances vivantes d’une femme puissent ne pas correspondre à la situation familiale de celle-ci au moment de l’enquête.
  • [6]
    La méthode Kovac consiste en l’insertion extra-amniotique d’un cathéter recouvert d’un préservatif. Une solution saline est ensuite instillée par le cathéter jusque dans le préservatif qui devient ainsi une poche remplie de solution. Cette poche, combinée à une injection intraveineuse d’oxytocine, provoque dans la majorité des cas les contractions et un travail comparable à un accouchement. En moyenne, le délai séparant l’insertion du cathéter de l’avortement est d’une trentaine d’heures (Hôpital Phu San, 2000). Cette méthode comporte un risque élevé d’infection et d’autres complications (Organisation mondiale de la santé, 1999). Elle ne donne de bons résultats qu’à partir de 18 semaines de grossesse.
  • [7]
    Observations personnelles du second auteur de l’article.
  • [8]
    Ces données ont été communiquées par les hôpitaux au second auteur de l’article. Elles n’ont jamais été publiées.
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Français

Résumé

Une faible fécondité et une préférence pour les garçons sont à l’origine des taux élevés de masculinité à la naissance constatés en Inde, en Corée du Sud et en Chine. Dans cet article, nous nous intéressons aux rapports de masculinité à la naissance calculés à partir des recensements effectués en 1989 et 1999 au Vietnam, des statistiques obtenues auprès d’hôpitaux à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville et de l’enquête sur les niveaux de vie au Vietnam réalisée en 1997-1998.
D’une manière générale, les données des recensements ne font apparaître aucune progression des rapports de masculinité à la naissance. En revanche, les données hospitalières de 2001 ventilées par rang de naissance indiquent une augmentation des rapports de masculinité à la naissance selon le rang de naissance, s’agissant des naissances survenues à l’hôpital de Hanoï, ce qui n’est pas le cas à Hô Chi Minh-Ville. Les données fournies par l’enquête de 1997-1998 sur les niveaux de vie au Vietnam indiquent que la proportion de garçons est généralement plus forte chez les enfants de rang de naissance élevé. L’article discute des facteurs susceptibles d’expliquer ces constatations.

Español

Resumen

La investigación existente muestra que la baja fecundidad y la preferencia por hijos varones observada en la India, Corea del Sur y China han resultado en ratios de masculinidad elevados. En este artículo presentamos ratios de masculinidad basados en los censos de población llevados a cabo en Vietnam en 1989 y 1999, en datos de hospitales de Hanoi y de la ciudad de Hô Chi Minh y de la Encuesta de Calidad de Vida de Vietnam 1997-98.
Globalmente, los datos censales no muestran un aumento del ratio de masculinidad. Los datos hospitalarios por orden de nacimiento para 2001, sin embargo, sugieren que los ratios aumentan por orden de nacimiento entre los nacimientos registrados en el hospital de Hanoi, pero no en el hospital de la ciudad de Hô Chi Minh. Los datos de la Encuesta de Calidad de Vida de Vietnam 1997-98 indican que los hijos de paridad elevada tienen mayor probabilidad de ser varones. El artículo discute los posibles factores explicativos.

RÉFÉRENCES

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Danièle Bélanger
Khuat Thi Hai Oanh
Liu Jianye
Le Thanh Thuy
Pham Viet Thanh [*]
Danièle Bélanger, Department of Sociology and Population Studies Center, The University of Western Ontario, London, ON, Canada N6A 5C2
courriel: dbelang@uwo.ca
  • [*]
    Danièle Bélanger et Liu Jianye : Département de sociologie et Centre d’études démographiques, The University of Western Ontario, London, Canada ; Khuat Thi Hai Oanh : Centre d’études sur le développement social, Hanoï, Vietnam ; Le Thanh Thuy, Hôpital d’obstétrique et de gynécologie d’Hanoï, Hanoï, Vietnam ; Pham Viet Thanh, Hôpital d’obstétrique et de gynécologie Tu Du, Hô Chi Minh-Ville, Vietnam.
    Traduit par C. Schellings.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2007
https://doi.org/10.3917/popu.302.0255
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