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Jean-Louis Quermonne, disparu en janvier 2021 à l'âge de 94 ans, fut d'abord, au double sens, chronologique et méthodologique, un juriste depuis sa thèse dirigée par Georges Morange où l'influence de la théorie pure du droit de Kelsen est sensible et il le resta largement toute sa vie. Juriste, tel que conçu à l'époque, il se tenait comme Georges Burdeau (avec qui il n'avait que ce point en commun) éloigné, sans bien savoir pourquoi, de la philosophie et de l'épistémologie de manière analogue à la position de Tocqueville. Il ne réalisait pas que cet éloignement n'était pas d'abord celui d'un juriste (car de nombreux juristes ont désormais réhabilité la philosophie du droit qui n'exista longtemps que par Michel Villey) mais celui d'un « politiste avant la lettre », conscient que la politique n'est pas le lieu de la philosophie mais des passions, et que les principes d'une philosophie a priori n'y ont pas leur place. Tout comme les principes juridiques qui seraient considérés comme indépendants des contextes qui les ont vus naitre.
Il vaut la peine de s'arrêter un instant sur ce « métier de juriste » ou encore d'auteur de « théorie juridique et politique », terme que Quermonne choisit parfois pour ses articles dont celui sur la décolonisation. Il ne le perdit jamais de vue, qu'il le pratiquât dans ses articles sur « le droit public prétorien de la grève » (son intérêt pour la jurisprudence du Conseil d'État remontait à l'époque où, sans position académique, il osa annoter l'arrê…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/11/2021
- https://doi.org/10.3917/poeu.072.0006
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