En novembre 2018, la revue The National Interest formulait en ces termes la nécessité d’un réengagement américain en Méditerranée : « La Russie et la Chine ont fait de la Méditerranée une priorité, les États-Unis parviendront-ils à relever le défi ? ». Les politiques et les priorités américaines dans l’espace méditerranéen ont été établies au moment de la guerre froide pour endiguer les velléités expansionnistes de l’Union soviétique en fondant une architecture de sécurité avec les Alliés. Un peu plus de 70 ans après, au cours de la présidence Trump, la stratégie américaine en Méditerranée a été jugée particulièrement obsolète et inadaptée aux enjeux contemporains, alors que « le lac de l’OTAN » de la guerre froide était devenu un bassin des nouvelles compétitions de puissance.
Pourtant, la Méditerranée est demeurée un point central pour les intérêts américains au Moyen-Orient. Au cours de la dernière décennie, la région a connu une succession de crises sans précédent, politiques et économiques puis migratoires, qui ont totalement déstabilisé les pays du littoral méditerranéen et du sud de l’Europe. Par ailleurs, de nouvelles découvertes de gisements gaziers au large des côtes égyptiennes, d’Israël ou de Chypre ont renforcé les possibilités de développement économiques, mais aussi les convoitises et les tensions politiques. Malgré ces évolutions, l’engagement diplomatique, économique et sécuritaire américain en Méditerranée orientale a continué de s’amenuiser. Cette empreinte américaine, de plus en plus légère, a laissé la place à d’autres acteurs d…