CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Cet article aborde la problématique sécurité-libertés à travers le cas particulier de la politique des États-Unis en Afrique, avec cette question sous-jacente : comment concilier la défense des intérêts stratégiques américains avec la volonté de promouvoir la démocratie et plus largement des objectifs de gouvernance et développement, éléments-clés à la fois de la stratégie pour l’Afrique subsaharienne [1] et de la stratégie contre-terroriste américaines [2] ? Concrètement, ce dilemme se traduit pour les États-Unis par la question de savoir comment protéger les intérêts stratégiques américains sur le continent africain sans imposer une présence militaire américaine préjudiciable sur le long terme, voire contradictoire avec les objectifs poursuivis. On est là dans un cas typique de contradiction potentielle entre les intérêts à court terme de la lutte contre-terroriste et les intérêts à long terme, soit la résolution des causes du terrorisme, qui dans la vision américaine se nourrit de la faillite des ÉtatÉtats et des mauvaises conditions de sécurité et de développement [3]. Plus largement, cette problématique s’inscrit très précisément dans ce qui était le principe directeur de la politique étrangère d’Obama à l’origine en 2009 : tourner la page des années Bush et mettre fin à une décennie de guerres, pour reformuler le leadership américain afin de restaurer l’image et le prestige (et donc le soft power) des États-Unis [4].

2Le cas de l’Afrique est particulièrement éclairant, pour deux raisons :

3La premier aspect justifiant l’étude du cas particulier de l’Afrique dans la politique américaine est la création d’AFRICOM (Africa Command), dernier-né des commandements militaires américains, né sous Bush en 2007 avec l’ambition d’être un commandement d’un nouveau type mettant en avant une approche globale mêlant militaires et civils (soit une réponse au dilemme sécurité-libertés-développement). L’audition de la commission des affaires étrangères du Sénat sur la création d’AFRICOM en 2007 était très claire à cet égard, puisqu’il s’agissait pour le commandement d’instituer une « nouvelle relation stratégique avec l’Afrique », reposant sur une approche globale pour harmoniser les actions des agences militaires et civiles (approche rebaptisée du vocable « smart power » par l’administration Obama) [5]. Washington s’est donc efforcé par ses actions d’apaiser les craintes nombreuses nées à l’époque de la création du commandement, crainte notamment d’une militarisation de la politique américaine [6]. Il est d’ailleurs intéressant de noter aujourd’hui une certaine inversion de cette tendance, avec de nombreux États africains qui réclament une présence et une implication militaires accrues des États-Unis [7].

4En réalité, en quelques années, le lien entre AFRICOM et « smart power » a disparu du langage. Cette vision était portée par le premier commandant d’AFRICOM, le général William « Kit » Ward, et par son adjointe et numéro 2 d’AFRICOM, l’ambassadrice Mary Carlin Yates. Elle ne leur aura guère survécu. Il faut dire que le successeur de Ward, le général Carter Ham, a eu dès son entrée en fonction à mener une guerre : l’intervention en Libye, ce qui a entraîné la transformation d’AFRICOM en commandement militaire opérationnel, par nécessité.

5En second lieu, AFRICOM et le continent africain sont devenus le symbole et le laboratoire de l’empreinte légère (light footprint), élément-clé de la réorientation stratégique engagée par le Pentagone sous Obama, reposant sur l’usage des drones, des forces spéciales et autres modalités discrètes d’intervention [8], sur l’importance de la surveillance, enfin sur les partenariats – toutes choses symptomatiques d’une approche ou même d’une « doctrine » Obama en matière d’interventions américaines. La directive stratégique de 2012 [9] (confirmée par la revue quadriennale de défense 2014 [10] du Pentagone) parle de « small low-cost innovative approaches » (le « light footprint », ou empreinte légère) ; au niveau politico-stratégique, elle s’inscrit dans le cadre de la « doctrine de responsabilité [11] », conséquence de la priorité d’Obama déjà évoquée (mettre fin à une décennie de guerres) et des contraintes intérieures qui en sont à l’origine (« war fatigue » de l’opinion, pression politique pour réduire le coût des interventions extérieures).

6On notera d’ailleurs que l’on retrouve ici une autre définition du smart power proposée par son concepteur, le politologue Joseph Nye, également auteur avec le diplomate Richard Armitage du rapport de la Commission sur le smart power du CSIS, dont les conclusions ont été largement reprises par l’administration Obama et notamment par sa secrétaire d’État Hillary Clinton. Dans cette conception, le smart power est une approche « reposant sur la puissance militaire, mais investissant fortement dans les alliances, les partenariats et les institutions pour étendre l’influence américaine et renforcer la légitimité de l’action des États-Unis [12] ». Or on le verra, cette approche, qui définit le concept d’empreinte légère ou light footprint, vise à répondre au dilemme sécurité-libertés, mais n’est pas exempte de contradictions, en raison de ses effets potentiellement contre-productifs sur le long terme.

Smart power américain en Afrique : AFRICOM et la stratégie américaine

De la fin de la guerre froide à la guerre contre le terrorisme

7L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde à avoir échappé jusqu’en 1960 au quadrillage mondial des commandements militaires régionaux américains. Pour autant, et contrairement à ce que pourraient faire croire certains articles contemporains, l’intérêt américain pour l’Afrique n’est pas inédit dans l’histoire. Comme en témoigne le chant des Marines américains intitulé « Les rives de Tripoli », les premières interventions militaires américaines ont eu lieu au début du 19e siècle au large de l’Afrique et la Navy doit même son existence à ces corsaires d’Afrique du Nord. Plus près de nous, pendant la guerre froide, l’Afrique deviendra un temps le terrain d’affrontement indirect entre les deux blocs après les décolonisations, avant de perdre son intérêt stratégique pour les Américains, en particulier après l’expérience traumatisante de Mogadiscio en octobre 1993 [13]. Ainsi, en 1995, un document stratégique officiel du Pentagone déclare les intérêts stratégiques américains en Afrique « inexistants [14] ». Pendant cette décennie 1990, l’intérêt pour ce continent est surtout porté par le Congrès et les ONG qui agissent à travers lui pour faire pression sur les élus américains. Avec l’aide du Black Caucus, le groupe des élus afro-américains, ces pressions conduisent au vote de la loi économique AGOA sous Clinton. Via la Coalition chrétienne au Congrès, elles entraînent également les États-Unis dans un rôle actif vis-à-vis du Sud-Soudan par exemple [15].

8Le tournant vient en 1998, avec les deux attentats simultanés contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie [16]. Ce tournant est évidemment confirmé après les attentats du 11 septembre 2001. Dans la stratégie nationale de sécurité publiée par l’administration Bush en 2002, l’Afrique devient l’un des fronts de la « guerre globale contre la terreur ». Cette importance stratégique nouvelle de l’Afrique est entérinée en 2007 par la décision de créer un nouveau commandement militaire pour l’Afrique, AFRICOM (jusque-là, c’était le commandement européen EUCOM qui avait la charge des engagements militaires américains en Afrique). Le commandement d’AFRICOM reste cependant localisé à Stuttgart, comme EUCOM. Il comporte 2000 personnes, dont 40 % de civils. Le nombre de militaires américains présents en 2014 sur le terrain en Afrique varie entre 5000 et 6000 hommes selon les opérations en cours [17].

9Comme l’explique un rapport d’inspection du Bureau des affaires africaines du département d’État (2009), AFRICOM vient aussi « combler un vide créé par la pénurie des moyens au service du développement et de la diplomatie [18] » (en raison des coupes drastiques imposées par le Congrès républicain de la deuxième moitié des années 1990 sous la houlette du sénateur Jesse Helms). Il s’agit aussi d’harmoniser et de rationaliser la gestion des différents programmes concernant l’Afrique [19].

Les principaux éléments de la stratégie actuelle en Afrique

10La stratégie américaine en Afrique privilégie (dans les textes) une approche intégrée, dans laquelle l’assistance militaire s’accompagne d’un soutien aux institutions démocratiques, à la société civile, au développement et à la croissance économique [20]. La création d’AFRICOM doit ainsi permettre une meilleure coordination de ces différents efforts et est même envisagée comme un laboratoire d’un nouveau smart power américain reposant sur une approche globale des crises et une empreinte légère au sol.

11En pratique, la politique américaine repose sur une stratégie de coopération avec les pays africains partenaires (la quasi-totalité des États africains), à travers des programmes régionaux et des accords bilatéraux. L’objectif principal est d’aider les armées locales à développer leurs capacités. Les effectifs américains déployés en Afrique représentent entre 5 et 6 000 hommes, on l’a dit, avec des variations en fonction des opérations en cours. L’essentiel de ces moyens est déployé à Djibouti sur la base du Camp Lemonnier (2 500 hommes), qui est également la principale base de drones américains dans le monde. Il existe par ailleurs de nombreuses autres bases ou installations américaines sur le continent, certaines très légères et que l’on retrouve dans un grand nombre d’États africains, en particulier dans la zone qui va du golfe de Guinée à la corne de l’Afrique. Emblématiques du changement d’époque, d’adversaire et de conflit que nous vivons actuellement, elles se résument le plus souvent à un hangar quelconque, une poignée de soldats et une flotte plus ou moins importante de petits avions de tourisme truffés d’électronique.

12La mission principale du Pentagone en Afrique est la lutte contre les groupes terroristes islamistes de la corne de l’Afrique (Somalie) et de la péninsule Arabique (Yémen [21]), à travers deux types d’actions : formation et entraînement des forces africaines locales dans le cadre du programme Partnership for Regional East African Counter Terrorism, et actions directes des forces américaines par l’emploi des drones armés et des forces spéciales [22]. Le Sahel est également un enjeu depuis 2002, date de lancement de la Pan-Sahel Initiative par le département d’État, dont l’objectif est de renforcer la sécurité aux frontières et les capacités contre-terroristes de quatre pays d’Afrique de l’Ouest : Mali, Tchad, Niger et Mauritanie. Le programme devient le Trans-Sahara Counter-Terrorism Partnership en 2005 et son volet militaire, sous la bannière de l’opération Enduring Freedom, vise à combattre et défaire les organisations terroristes opérant au Maghreb et au Sahel. Le nombre de partenaires est étendu : aux quatre pays de Pan-Sahel s’ajoutent désormais l’Algérie, le Burkina Faso, le Maroc, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie, pour un budget annuel d’environ 100 millions de dollars.

Un nouveau tournant ? Les événements de Libye (2011-2012)

13L’intervention de l’OTAN en Libye en 2011 a d’abord obligé AFRICOM à devenir un véritable commandement militaire opérationnel, le rapprochant de l’expérience de CENTCOM (Central Command), le commandement qui a mené les opérations en Irak et Afghanistan. Jusque-là, AFRICOM fonctionnait davantage comme SOUTHCOM (Southern Command –- Amérique du Sud), qui lui aussi privilégie une approche globale civilo-militaire.

14Mais le véritable tournant est lié à l’attaque en septembre 2012 par des groupes terroristes du consulat américain de Benghazi qui a entraîné l’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye. Ce dernier événement a eu deux conséquences (sans parler de l’affaire politique) aux États-Unis : une attention nouvelle portée par les Américains (tout particulièrement au Congrès) au terrorisme en Afrique, dans une région autre que la Corne et envisagée de manière nouvelle comme pouvant menacer directement les intérêts américains, mais surtout a imposé parmi les priorités d’AFRICOM le sentiment d’avoir une nouvelle mission à accomplir celle d’intervenir.

15Cette nouvelle mission s’est traduite très rapidement par de nouvelles initiatives, dont la mise en place de forces d’interventions d’urgence des Marines et la création d’un commandement pour lesdites interventions en octobre 2012 [23] : ce Combatant Commander’s In-extremis Force (CIF) pour AFRICOM disposera de trois brigades établies dans trois lieux stratégiques – Djibouti, Moron en Espagne et un troisième en Afrique de l’Ouest non communiqué [24].

16L’augmentation de l’attention portée à l’Afrique a été très nette au Congrès où « l’affaire de Benghazi a donné des ailes au commandement et à ses demandes » [25]. Elle se manifeste en particulier dans l’évolution de la nature de l’attention du Congrès sur l’Afrique, visible dans l’évolution des sujets des auditions parlementaires et des rapports demandés au service de recherche du Congrès (CRS) [26].

Risques et contradiction du light footprint

Light footprint et forces spéciales, le laboratoire africain

17Le light footprint repose en priorité sur l’emploi de forces spéciales américaines ainsi que de brigades spécialisées par région, et surtout sur la coopération (formation entraînements conjoints) entre les militaires américains et les forces armées locales, qui doivent à terme prendre en charge l’essentiel du travail (les fameuses « solutions africaines aux problèmes africains »).

18SOCOM, le commandement américain des forces spéciales, a été protégé des coupes qui frappent le budget américain de la défense [27], alors même que le commandement avait déjà vu son budget quintupler sur la décennie 2000. Ces dernières années ont vu notamment SOCOM prendre une importance croissante en tant que planificateur et acteur principal de la coopération de sécurité au Pentagone, en particulier l’ensemble des programmes de formation et entraînement des armées partenaires. L’amiral McRaven, commandant de SOCOM de 2011 à 2014, a joué un rôle majeur dans cette évolution. Aujourd’hui, les effectifs des forces spéciales américaines atteignent près de 70 000 hommes (moins de 5 % des forces militaires totales américaines) pour un budget en 2012 de 10,5 milliards de dollars (1,4 % du total budget défense). Parmi les forces de SOCOM, 45 % viennent de l’armée de Terre, 28 % de l’Air Force et 14 % de la Navy[28].

19Les forces spéciales américaines ont deux emplois majeurs : la « chasse à l’homme » (au terroriste — « counterterrorism manhunting capability ») et la formation-coopération, c’est-à-dire le travail avec et aux côtés des forces armées locales pour combattre les terroristes, insurgés et autres réseaux criminels transnationaux à travers toute une série de programmes et d’actions de défense et de formation [29], mais aussi de programmes civils dans les domaines les plus variés. On évoque pour simplifier deux approches : une approche directe de court terme et une approche indirecte de long terme, la première étant nécessaire pour permettre la mise en place et surtout le bon fonctionnement de la seconde, elle-même indispensable pour apporter des solutions durables aux problèmes révélés par le terrorisme (les travaux plus récents préfèrent les termes de « surgical strike » et « special warfare »). Les exemples de réussite de l’approche indirecte le plus souvent cités sont la Colombie et les Philippines [30]. En Afrique, des exercices comme Flintlock permettent aussi d’assurer la nécessaire interopérabilité et la standardisation des doctrines des forces spéciales [31].

20Les forces spéciales, considérées comme une « force tactique avec un impact stratégique » (aux États-Unis comme ailleurs de plus en plus), sont aujourd’hui l’instrument de choix pour affronter de nombreuses menaces contemporaines. Cette évolution devrait durer en raison de la contrainte budgétaire et de la prévalence des guerres et menaces irrégulières [32]. Cette volonté d’appui sur les forces spéciales est par ailleurs soutenue par le Congrès américain : ainsi un récent rapport de la Commission des forces armées de la Chambre des représentants réclamait une « utilisation plus agressive et chirurgicale des forces spéciales en Afrique » dans le contre-terrorisme et en particulier pour la « réforme des secteurs de sécurité [33] ».

21Enfin, la formation par les forces spéciales semble être l’une des voies les plus prometteuses pour le long terme et l’objectif d’apporter des « solutions africaines aux problèmes africains ». Ainsi, l’une des rares études approfondies sur le retour d’expérience (« lessons learned ») des programmes de formation par les forces conventionnelles et spéciales américaines au Mali (analyse de fond sur l’effort de formation américain après les critiques suite au coup d’État de 2012) analyse les différentes approches mises en œuvre par les différents programmes américains de formation (IMET, ACRI, CFTP) et compare les résultats et comportements des unités maliennes qui en ont bénéficié. La conclusion est sans appel : seul un effort continu (référence au dernier concept de formations de SOCOM, par les forces spéciales donc) est efficace en terme de formation des armées partenaires (building partner capacity[34]).

22Hormis les forces spéciales, l’autre mode d’intervention mis en avant dans le concept de light footprint et privilégié par les Américains en Afrique est la voie des partenariats.

Limites et coûts des partenariats

23Le principal risque lié au light footprint et à l’accent mis sur la priorité sécuritaire est la contradiction potentielle avec les objectifs de gouvernance et de développement, objectifs de long terme essentiels car censés garantir la lutte contre les causes du terrorisme. Un autre risque est que l’aide et le soutien américains soient instrumentalisés par les autorités locales pour combattre des groupes qui ne sont pas forcément des terroristes – et ne menacent que les intérêts politiques du gouvernement en question.

24Ainsi, ce choix de « guerre contre le terrorisme par procuration » a certes des avantages en termes de coûts : ainsi le coût du soutien direct américain à AMISOM depuis 2007 est de 512 millions de dollars, auxquels il faut ajouter quelques dizaines de millions de dollars par an d’aide bilatérale aux principaux alliés concernés (Kenya et Ethiopie en particulier), des sommes dérisoires au regard des dépenses américaines en Afghanistan par exemple, qui représentaient au plus fort de la guerre près de 300 millions de dollars par jour. Pour autant, cette solution peut aussi avoir des « coûts cachés », voire des effets contre-productifs sur le long terme – en l’occurrence dans le cas somalien entretenir, aggraver et prolonger la violence et l’instabilité politique de la Somalie [35]. Par ailleurs le soutien américain peut également être instrumentalisé par les États de la région, en fonction de leurs propres intérêts et parfois en contradiction avec d’autres objectifs de la politique américaine en Afrique. Enfin, les États alliés aux États-Unis peuvent devenir à leur tour la cible d’attaques terroristes, jusqu’à voir la stabilité de leur régime – mais aussi son caractère démocratique – menacé (voir l’évolution récente de la situation au Kenya où certains considèrent la multiplication des actes terroristes des Shebabs comme une conséquence directe des succès obtenus contre eux sur le terrain somalien).

25L’un des garde-fous dont les États-Unis disposent à cet égard consiste en l’arsenal de lois votées par le Congrès pour encadrer l’aide américaine à des pays étrangers. L’assistance militaire américaine est ainsi limitée et contrainte par plusieurs lois du Congrès dont les plus connues sont les lois Leahy, du nom du sénateur démocrate qui en est à l’origine. Ces lois veillent au respect de certains critères lorsque les États-Unis versent de l’aide à un pays, critères qui imposent une supervision et une validation par le département d’État pour tous les programmes, y compris ceux qui sont gérés directement par le Pentagone. Elles représentent donc un garde-fou au regard des risques évoqués ci-dessus du light footprint. Ainsi, les lois Leahy interdisent par exemple le versement de l’aide (même si elle a été votée par le Congrès) à toute unité militaire si un membre a été convaincu de « grossière violation des droits de l’homme [36] ».

26Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ces lois ont été de plus en plus contestées récemment, et tout particulièrement par des militaires dépendant d’AFRICOM. L’amiral McRaven a même expliqué très franchement à plusieurs reprises à la presse et au Congrès que ces lois « compliquent son travail » [37]. Or l’aide militaire prend une part croissante dans la politique africaine des États-Unis et constitue le pilier du light footprint. Et les études sur le sujet montrent que, si les lois Leahy sont souvent contournées par les pays bénéficiaires, y compris parfois grâce aux conseils des militaires américains eux-mêmes, elles ont cependant le mérite d’exister et, le plus souvent, de provoquer au moins un débat sur les méthodes et les objectifs poursuivis [38].

27Sans se noyer dans les chiffres et le détail des innombrables programmes d’aide américaine du département d’État et du département de la Défense, il est néanmoins utile de rappeler ici quelques tendances et chiffres importants. En premier lieu, la moitié des programmes d’assistance dans le domaine de la sécurité sont aujourd’hui gérés par le Pentagone, y compris (tendance récente) les programmes d’entraînement et d’équipement (train and equip). L’aide militaire sous l’autorité du Pentagone (notamment les sections 1203, 1206 et 1208 des lois de budget du Pentagone) a plus que doublé depuis 2005 et concerne de plus en plus l’Afrique. La section 1206 en particulier a été créée en 2005 spécifiquement dans le contexte de la lutte contre-terroriste par la formation des armées étrangères (building partner capacity). Elle est donc l’un des instruments privilégiés de mise en œuvre du light footprint[39]. Enfin, il faut évoquer également la section 1208, dont les fonds sont également en augmentation : elle a été créée spécifiquement pour les programmes d’assistance aux forces spéciales, et McRaven a dit lors d’une récente audition au Congrès qu’il s’agissait de « l’outil le plus important dans la lutte contre-terroriste » [40].

28Plus globalement, la montée des pays africains dans le top 10 des pays bénéficiaires de l’aide américaine est indéniable depuis quelques années, notamment concernant le Nigeria, qui passe devant l’Irak dans la requête 2014, ainsi que le Kenya et la Tanzanie [41]. Cette évolution est tout particulièrement flagrante si l’on considère uniquement l’assistance militaire, avec le Soudan, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud figurant parmi les grands bénéficiaires, mais aussi la Somalie, la Mauritanie et le Tchad (dans ces derniers cas, les chiffres absolus sont beaucoup moins élevés mais il faut rapporter à la taille des pays) [42]. De même, pour les programmes d’entraînement et de formation, il faut garder en tête la taille des pays et de leurs forces armées : il faut alors ajouter parmi les bénéficiaires importants le Burundi, l’Ouganda, le Ghana et la Sierra Leone [43].

29Cette évolution n’est pas sans risques. Les États-Unis sont en effet en train de nouer des partenariats de plus en plus étroitement (et essentiellement) sécuritaires avec la plupart des pays d’Afrique. Le risque pour eux est de se trouver entraînés du soutien sécuritaire au soutien politique, et loin des objectifs affichés en termes de défense des libertés politiques et religieuses et de promotion des institutions démocratiques, au vu de l’évolution de la situation dans plusieurs pays du continent [44], et de refaire les mêmes erreurs qu’au Moyen-Orient par exemple (soutenir des dictateurs pour contrer un danger terroriste plus ou moins aigu), avec des conséquences qui peuvent être dramatiques voire contre-productives sur le long terme.

30Barack Obama en est conscient et a tenté de corriger le tir par plusieurs initiatives à haute visibilité : la tonalité résolument axée sur la démocratie et le développement économique de sa tournée africaine de juin 2013, le lancement à cette occasion d’une nouvelle initiative « Power Africa » pour développer l’accès à l’électricité en Afrique, ou encore la tenue pour la première fois dans l’histoire d’un sommet États-Unis-Afrique en août 2014 à Washington, sommet à vocation avant tout économique [45]. Il n’est pas certain que ces initiatives suffisent.

Notes

  • [*]
    Chercheur associée à l’Université Paris III – Sorbonne Nouvelle (CREW/CRAN) ; l’auteur dirige le programme sur les États-Unis à l’IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire). Son dernier ouvrage, Mourir Pour Sarajevo ? Les États-Unis et l’éclatement de la Yougoslavie a été publié en 2013 aux Editions du CNRS.
  • [1]
    The White House, U.S. Strategy Toward Sub-Saharan Africa, juin 2012 : http://www.whitehouse.gov/sites/default/files/docs/africa_strategy_2.pdf
  • [2]
    The White House, National Strategy for Counterterrorism, juin 2011 : http://www.whitehouse.gov/sites/default/files/counterterrorism_strategy.pdf
  • [3]
    Marc-Antoine Brillant, « L’analyse américaine de la menace en Afrique », in Maya Kandel (dir.), La stratégie américaine en Afrique, Paris : IRSEM, 2014.
  • [4]
    Voir Maya Kandel et Maud Quessard (dir.), Les stratégies du smart power : redéfinir le leadership dans un monde post-américain, Etude de l’IRSEM, 2014.
  • [5]
    Hearing of the Subcommittee on African Affairs of the Committee on Foreign Relations, US Senate : “Exploring the U.S. Africa Command and a new strategic relationship with Africa”, August 1, 2007 : http://www.gpo.gov/fdsys/pkg/CHRG-110shrg44135/html/CHRG-110shrg44135.htm
  • [6]
    J. Peter Pham, « AFRICOM from Bush to Obama », South African Journal of International Affairs, vol. 18, n°1, avril 2011.
  • [7]
    Voir Beth Elise Whitaker : « African Reactions to U.S. Counter-Terrorism Policies : Kenya, From Reluctance to Resolve », in Maya Kandel (dir.), La stratégie américaine en Afrique, Paris : IRSEM, 2014. L’auteur s’intéresse à la manière dont les États africains réagissent à la stratégie américaine et donc concrètement la manière dont ils collaborent avec Washington dans la politique contre-terroriste. Elle se penche dans son article sur le cas du Kenya, l’un des plus anciens alliés américains en Afrique de l’Est, passé d’une attitude réticente vis-à-vis des États-Unis à une coopération beaucoup plus ouverte, alors même que Étatsceux-ci, en particulier sous Obama, ont tenté de maintenir une certaine distance avec des dirigeants inculpés par la Cour Pénale Internationale. Par ailleurs, le cas du Kenya (et a contrario celui de l’Ouganda ou de l’Éthiopie) illustre qu’il est parfois plus difficile de collaborer avec des régimes en transition démocratique qu’avec des ÉtatÉtats plus autoritaires.
  • [8]
    Sur la présence et le rôle des forces spéciales en Afrique (et le rôle des forces spéciales dans la transformation stratégique américaine), voir l’article clairvoyant de Robert D. Kaplan, « Supremacy by Stealth », The Atlantic Monthly, juillet-août 2003. Sur le même thème, voir aussi Thomas Donnelly, Vance Serchuk, « Toward a Global Cavalry : Overseas Rebasing and Defense Transformation », AEI Online, 1er juillet 2003. Ces auteurs annoncent une partie de ce que Mark Mazzetti décrit en 2013 dans son livre sur la transformation parallèle des forces spéciales et de la CIA pendant la décennie 2000 : Mark Mazzetti, The Way of the Knife : the CIA, a Secret Army, and a War at the Ends of the Earth, New York : Penguin Press, 2013.
  • [9]
    US Department of Defense, Sustaining U.S. Global Leadership : Priorities for the 21st Century, janvier 2012 : http://www.defense.gov/news/defense_strategic_guidance.pdf
  • [10]
    US Department of Defense, 2014 Quadriennal Defense Review, mars 2014 : http://www.defense.gov/pubs/2014_Quadriennial_Defense_Review.pdf
  • [11]
    Voir Nina Hachigian, David Schorr, « The Responsibility Doctrine », The Washington Quarterly, 36 :1, hiver 2013, pp.73-91.
  • [12]
    Richard Armitage, Joseph S. Jr. Nye, CSIS Commission on Smart Power : A smarter, more secure America, CSIS, 2007, p. 4.
  • [13]
    Sur le traumatisme les conséquences de Mogadiscio pour les Américains et voir Maya Kandel, Mourir pour Sarajevo. Les États-Unis et l’éclatement de la Yougoslavie Paris : CNRS Editions, 1993, p. 203-205 (« Octobre noir »).
  • [14]
    Lauren Ploch, Africa Command : U.S. Strategic Interests and the Role of the U.S. Military in Africa, Congressional Research Service (CRS), July 2011.
  • [15]
    Sur cette période, voir Jennifer G. Cooke, « De Clinton à Obama, les États-Unis et l’Afrique », Politique étrangère, 2 : 2013, pp.67-80.
  • [16]
    Voir par exemple Daniel Benjamin, Steven Simon, The Age of Sacred Terror : Radical Islam’s War Against America, New York : Random House, 2002, Richard A. Clarke, Against All Enemies. Inside America’s War on Terror, Londres : Simon & Schuster, 2004.
  • [17]
  • [18]
    U.S. Deparment of State, Report of Inspection : The Bureau of African Affairs, août 2009 : http://oig.state.gov/documents/organization/127270.pdf
  • [19]
    Maya Kandel, « AFRICOM, laboratoire du smart power américain ? », Froggy Bottom Blog, 9 décembre 2013 : http://froggybottomblog.com/2013/12/09/africom-laboratoire-du-smart-power-americain/
  • [20]
    Maya Kandel, « Les États-Unis, l’Afrique et la guerre au Mali », Orion, Observatoire de la défense, Note n° 22, Fondation Jean-Jaurès, 7 février 2013.
  • [21]
    Le Yémen dépend de CENTCOM mais les drones qui y frappent décollent de Camp Lemonnier à Djibouti.
  • [22]
    Lauren Ploch, Countering Terrorism in East Africa : The U.S. Response, Congressional Research Service (CRS), novembre 2010.
  • [23]
    Voir ce Powerpoint présenté par le Commandement des forces spéciales (USSOCOM) à l’occasion de la création des CIF en octobre 2012 et intitulé « United States Army, Special Operations Forces and Conventional Forces, Partnering to Prevent, Shape, and Win » : http://www.ausa.org/meetings/2012/annualmeeting/Documents/ILWPresentation_ ArmySpecialOPrForces.pdf
  • [24]
    Jim Dorschner, « The Era of the Operator”, Jane’s Defense Weekly, 21 mars 2013.
  • [25]
    Entretiens au Congrès (mars 2014).
  • [26]
    Travail statistique sur les sources primaires, Library Of Congress, Washington DC. Voir aussi Frank Oliveri, « Senators to Turn Attention to Africa Command », Congressional Quarterly News, 24 janvier 2013 et Jonathan Broder, « The Battlefield Grows Larger », Congressional Quarterly Weekly, 26 janvier 2013.
  • [27]
    Voir Maya Kandel (dir.), États-Unis, quelle transition stratégique ? La politique de défense américaine sous Obama, entre dynamiques internes et évolutions internationales, Etude de l’IRSEM n° 29, Paris : IRSEM, 2013.
  • [28]
    Sur le rôle et l’avenir des forces spéciales dans la stratégie globale américaine, voir cet excellent rapport : Linda Robinson, The Future of U.S. Special Operations Forces, Council on Foreign Relations Special Report No.55, 2013. L’auteur (qui a depuis publié également un livre sur le sujet) montre que les États-Unis se trouvent aujourd’hui à un point d’inflexion dans le développement et l’utilisation des forces spéciales, en raison des contraintes intérieures qui donnent la priorité aux opérations à faible empreinte et avec des partenaires avant tout pour des raisons de meilleur coût-efficacité.
  • [29]
    Plusieurs niveaux sont possibles : entraîner et conseiller ; conseiller pendant le combat ; donner une assistance restreinte telle que ravitaillement, renseignement ; entraînements techniques conjoints entre forces spéciales…
  • [30]
    Sur les exemples de la Colombie et des Philippines, la RAND a publié une étude bienvenue qui montre que le contexte et surtout le gouvernement local (force et capacités d’action) sont la clé, d’où le problème pour transposer et généraliser ces succès dans des pays aux caractéristiques différentes. La conclusion de l’étude de la RAND est que la réussite américaine dans ces deux pays a davantage à voir avec la nation partenaire qu’avec la politique américaine : Stephen Watts, Jason Campbell, Patrick Johnston, Sameer Lalwani, Sarah Bana, Countering Others’ Insurgencies : Understanding US Small-Footprint Interventions in Local Context, RAND, 2014.
  • [31]
    J. Dorschner, « The Era of the Operator », art. cit.
  • [32]
    Sur les forces spéciales, voir aussi : Scott Morrison, « Redefining the Indirect Approach, Defining Special Operations Forces (SOF) Power, and the Global Networking of SOF », PRISM, 4, n°3, 2013. Major Fernando M. Lujan, Light Footprints : The Future of American Military Intervention, CNAS Report, 2013. Andrew Feickert, U.S. Special Operations Forces : Background and Issues for Congress¸ CRS Report for Congress, 6 février 2013. Stephen Watts, Stephanie Pezard, « Rethinking Small-Footprints Interventions », Parameters, 44(1), printemps 2014.
  • [33]
    Report of the Committee on Armed Services, House of Representatives on the National Defense Authorization Act for FY2013, 11 mai 2012 : http://www.gpo.gov/fdsys/pkg/CRPT-112hrpt479/pdf/CRPT-112hrpt479.pdf
  • [34]
    Simon J. Powelson, Enduring Engagement Yes, Episodic Engagement No : Lessons for SOF From Mali, Naval Postgraduate School Thesis, Monterey, California, Décembre 2013 : http://calhoun.nps.edu/public/bitstream/handle/10945/38996/13Dec_Powelson_Simon.pdf?sequence=1
  • [35]
    Bronwyn Bruton, Paul D. Williams, « The hidden costs of outsourcing the ‘war on terrorism’ in Africa », in Maya Kandel (dir.), La stratégie américaine en Afrique, Paris : IRSEM, 2014. Voir aussi dans le même volume l’article de Beth Elise Whitaker : « African Reactions to U.S. Counter-Terrorism Policies : Kenya, From Reluctance to Resolve », sur le cas du Kenya.
  • [36]
    Nina Serafino, June Beittel, Lauren Ploch Blanchard, Liana Rosen, ‘Leahy Law’ Human Rights Provision and Security Assistance : Issue Overview, Congressional Research Service (CRS) Report, 29 janvier 2014.
  • [37]
    Eric Schmitt, « Military Says Law Barring US Aid to Rights Violators Hurts Training Mission », The New York Times, 20 juin 2013.
  • [38]
    Nathanael Tenorio Miller, « The Leahy Law : Congressional Failure, Executive Overreach, and the Consequences », Cornell International Law Journal, vol.45, 2012, et aussi Winifred Tate, « Human Rights Law and Military Aid Delivery : A Case Study of the Leahy Law », Political and Legal Anthropology Review, vol.34, n°2, novembre 2011.
  • [39]
    Nina Serafino, Security Assistance Reform : ‘Section 1206’, Background and Issues for Congress, Congressional Research Service (CRS) Report, 4 avril 2014. En l’occurrence, 1206 a permis d’inclure dans les programmes de coopération des États-Unis des pays qui n’en faisaient pas partie (1206 finance notamment l’AMISOM, le TSCTP) – par opposition à IMET et FMF (qui regroupent l’assistance bilatérale, formation et livraison d’équipements), dont les programmes les plus importants ont toujours concerné le Moyen-Orient – c’est-à-dire surtout l’Égypte, Israël et la Jordanie. Cela dit, presque tous les pays y compris africains sont aujourd’hui aussi concernés par IMET et FMF (mais pour des sommes plus petites).
  • [40]
    Sandra Ewin, « In Game of Strategy, SOCOM Outsmarting Conventional Military », National Defense Magazine, 8 mars 2014.
  • [41]
    Susan Epstein, Alex Tiersky, Marian Lawson, State, Foreign Ops and Related Programs : FY2014 Budget and Appropriations, Congressional Research Service (CRS) Report, 3 janvier 2014.
  • [42]
    US Census Bureau, « US Economic and Military Aid by Major Recipient Country, 2001-2009 », Statistical Abstract of the United States, 2012 : http://www.census.gov/compendia/statab/2012/tables/12s1299.pdf
  • [43]
    US Department of Defense, US Department of State, Foreign Military Training, Joint Report to Congress, FY2011 & 2012 : http://www.state.gov/documents/organization/197595.pdf
  • [44]
    Kofi Nsia-Pepra, « Militarization of US Foreign Policy in Africa : Strategic Gain or Backlash ? », Military Review, janvier-février 2014. Voir aussi le numéro spécial CTC Sentinel de Westpoint avec un article de Michael Sheehan et Geoff Porter, « The Future Role of US Counterterrorism Operations in Africa », vol.7, n° 2, février 2014.
  • [45]
    Voir Maya Kandel, « La veille de l’été 1914 », Froggy Bottom Blog, 30 août 2014 : http://froggybottomblog.com/2014/08/30/la-veille-de-lete-2014/
Français

Cet article entend aborder la problématique sécurité-libertés à travers le cas particulier de la politique des États-Unis en Afrique, emblématique du dilemme entre ces deux principes et qui pourrait se résumer par cette question : comment concilier la défense des intérêts stratégiques américains avec la volonté de promouvoir la démocratie et plus largement la gouvernance ou, pour le dire autrement, comment concilier objectifs à court terme et objectifs à long terme, c’est-à-dire la défense des intérêts américains contre une menace terroriste estimée en hausse, tout en cherchant à résoudre les causes du terrorisme et à régler ce problème sur le long terme ? L’étude de la politique américaine en Afrique est particulièrement pertinente dans cette optique, car Washington a voulu faire du continent africain le laboratoire de la réorientation stratégique engagée par Barack Obama et en particulier de la nouvelle stratégie d’empreinte légère ou light footprint. Or cette approche, si elle cherche à apporter une réponse novatrice prenant en compte le dilemme sécurité-libertés, n’est pas exempte de contradictions ; dans certains cas, elle pourrait même avoir des effets contre-productifs illustrant la difficulté de dépasser les contradictions entre certains objectifs fondamentaux de la politique américaine.

Bibliographie indicative

  • Livres

    • Jennifer Cooke, J. Stephen Morrison, U.S. Africa Policy beyond the Bush Year : Critical Challenges for the Obama Administration, Washington D.C., CSIS, 2009.
    • Robert D. Kaplan, Imperial Grunts. On the ground with the American Military, New York, Random House, 2005.
    • Robert D. Kaplan, Hog Pilots, Blue Water Grunts. The American Military in the Air, at Sea and on the Ground, New York, Random House, 2007.
    • En ligneGeorge Klay Kieh, Kelechi Kalu, West Africa and the U.S. War on Terror, London, Routledge, 2013.
    • Alvin B. Tillery Jr., Between Homeland and Motherland : Africa, U.S. Foreign Policy, and Black Leadership in America, Ithaca, Cornell University Press, 2011.
  • Articles

    • En ligneJennifer G. Cooke, « De Clinton à Obama, les États-Unis et l’Afrique », Politique étrangère, vol. 2, 2013, p.67-80.
    • En ligneNina Hachigian, David Schorr, « The Responsibility Doctrine », The Washington Quarterly, vol. 36, n° 1, hiver 2013, p.73-91.
    • Nathanael Tenorio Miller, « The Leahy Law : Congressional Failure, Executive Overreach, and the Consequences », Cornell International Law Journal, vol.45, 2012.
    • Scott Morrison, « Redefining the Indirect Approach, Defining Special Operations Forces (SOF) Power, and the Global Networking of SOF », PRISM, vol. 4, n°3, 2013.
    • Kofi Nsia-Pepra, « Militarization of US Foreign Policy in Africa : Strategic Gain or Backlash ? », Military Review, janvier-février 2014.
    • En ligneJ. Peter Pham, « AFRICOM from Bush to Obama », South African Journal of International Affairs, vol. 18, no.1, avril 2011.
    • En ligneWinifred Tate, « Human Rights Law and Military Aid Delivery : A Case Study of the Leahy Law », Political and Legal Anthropology Review, vol. 34, no. 2, novembre 2011.
    • En ligneStephen Watts, Stephanie Pezard, « Rethinking Small-Footprints Interventions », Parameters, vol. 44, n° 1, printemps 2014.
  • Rapports et travaux de think tanks

    • Alexis Arieff, Crisis in Mali, Congressional Research Service (CRS) Report, janvier 2013.
    • Richard Armitage, Joseph S. Jr. Nye, CSIS Commission on Smart Power : A smarter, more secure America, CSIS, 2007.
    • Maya Kandel (dir.), États-Unis, quelle transition stratégique ? La politique de défense américaine sous Obama, entre dynamiques internes et évolutions internationales, Étude de l’IRSEM n° 29, Paris, IRSEM, 2013
    • Maya Kandel et Maud Quessard (dir.), Les stratégies du smart power : redéfinir le leadership dans un monde post-américain, Etude de l’IRSEM, 2014.
    • Lauren Ploch, Africa Command : U.S. Strategic Interests and the Role of the U.S. Military in Africa, Congressional Research Service (CRS), juillet 2011.
    • Richard Reeve, Zoë Pelter,« From New Frontier to New Normal : Counter-Terrorism Operations in the Sahel-Sahara », Londres, Oxford Research Group, août 2014.
    • Linda Robinson, « “The Future of U.S. Special Operations Forces »”, Council on Foreign Relations Special Report, No.55, 2013.
    • Nina Serafino, June Beittel, Lauren Ploch Blanchard, Liana Rosen, « “‘Leahy Law’ Human Rights Provision and Security Assistance : Issue Overview »”, Congressional Research Service (CRS) Report, janvier 2014.
    • Nina Serafino, « “Security Assistance Reform : ‘Section 1206’, Background and Issues for Congress »”, Congressional Research Service (CRS) Report, avril 2014.
    • Stephen Watts, Jason Campbell, Patrick Johnston, Sameer Lalwani, Sarah Bana, « “Countering Others’ Insurgencies : Understanding US Small-Footprint Interventions in Local Context »”, RAND, 2014.
Maya Kandel [*]
  • [*]
    Chercheur associée à l’Université Paris III – Sorbonne Nouvelle (CREW/CRAN) ; l’auteur dirige le programme sur les États-Unis à l’IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire). Son dernier ouvrage, Mourir Pour Sarajevo ? Les États-Unis et l’éclatement de la Yougoslavie a été publié en 2013 aux Editions du CNRS.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 06/05/2015
https://doi.org/10.3917/polam.024.0129
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