CAIRN.INFO : Matières à réflexion
Non nova sed nove

1La construction du savoir en sciences humaines et sociales obéit à des règles méthodologiques bien codifiées, relevant de ce qu’on appelle plus largement la construction des savoirs scientifiques, et auxquelles les terrains africains ne sauraient déroger ... au moins a priori ! Parmi les principes les mieux établis, on retrouve l’observation, la confrontation des données recueillies, leur interprétation et leur mise à disposition des membres des communautés disciplinaires pour validation et invalidation, la réinterprétation des faits dans des référents théoriques. Cela suppose le partage par les membres de la communauté d’une épistémè, ou, pour le dire de manière plus « moderne » et reprendre le terme de Peter Haas, l’existence de communautés épistémologiques, où se retrouvent des acteurs partageant les mêmes langages savants ou spécialisés, les mêmes enjeux, intérêts, réseaux et représentations dans un secteur donné.

2L’article de Jean-Pierre Olivier de Sardan portant sur l’analyse des bureaucraties africaines est l’occasion de revenir sur cette méthodologie appliquée à la recherche en sciences sociales sur des terrains africains et de s’intéresser à cet objet trop rarement étudié par les chercheurs et universitaires relevant de disciplines généralistes que constituent les administrations et que je préférerais qualifier de dynamiques administratives plutôt que de bureaucraties [1]. Tout lecteur – incluant l’auteur de ce commentaire – s’intéressant aux organisations administratives et aux bureaucraties au Sud comme au Nord ne peut que se sentir gagné par une impression associant abattement et sentiment d’inutilité d’une part, consécration et reconnaissance des efforts réalisés d’autre part. Il est en effet difficile d’accepter, méthodologiquement, que soient associés dans un même article écrit par un auteur reconnu, expérimenté et professionnel, de brillantes intuitions fondées sur des études de terrain, une absence quasi complète de renvois à « l’état de l’art » dans le domaine qu’il se propose d’étudier et un manque de références théoriques, comparatives, épistémologiques, méthodologiques et empiriques aux travaux qui structurent la connaissance de cet objet. Cet article donne une bonne occasion à la fois de marquer un accord complet sur les thèmes proposés et une convergence sur ce que l’auteur appelle ses hypothèses, et de manifester un désaccord radical sur la méthode utilisée, consistant à proposer des hypothèses montées en généralités, tout en ignorant systématiquement la totalité pourtant considérable d’un savoir de qualité existant en la matière. La théorie générale de la bureaucratie, des organisations et des dynamiques administratives ne peut-elle être d’aucune utilité scientifique ici ? L’irréductibilité des terrains africains serait-elle donc telle que toute lecture de travaux théoriques ou portant sur d’autres terrains serait par nature inutile [2] ? Permettez à un auteur qui travaille depuis de longues années sur ces questions, et qui s’est souvent plaint de la faiblesse quantitative des travaux consacrés à cet objet sur des terrains africains, de noter que toutes ces questions se posent à lire ce travail qui vient ainsi questionner une fois de plus nos rapports au terrain, aux disciplines, à la montée en généralité, à la conciliation de l’étude empirique et de la synthèse.

Terrains et état de l’art dans la construction du savoir érudit

3Il est entièrement légitime d’adopter comme méthodologie de départ une posture privilégiant la découverte de terrains hors de toute entreprise de compilation des savoirs érudits déjà produits. L’approche anthropologique classique – mais elle n’est pas la seule, loin de là – est notamment familière de ce choix. L’immersion de longue durée sur les terrains permettant de conquérir les savoirs locaux et de construire une base de données et d’interprétation localement située est absolument irremplaçable. Cette méthodologie a permis notamment de revivifier par son importation aussi bien la science politique (et notamment celle s’intéressant aux terrains des « Afriques ») que l’analyse institutionnelle organisationnelle et la science juridique, pour ne prendre que trois domaines que je fréquente plus assidûment [3].

4L’approche par le bas, ou focalisée sur l’irréductibilité du local, est bien évidemment un point de départ entièrement légitime en matière d’interprétation des dynamiques administratives. C’est ce que montrent les grands travaux fondateurs de la sociologie des organisations depuis les années 1940, qu’il s’agisse, aux États-Unis, de « TVA and the grass-root », en France, plus tard – dans les années 1960 –, du « Phénomène administratif » ou des travaux de Thoenig, Worms, Dupuy, Muller, Grémion et, en Allemagne, ceux de Mayntz [4] … C’est ce que soutiennent aussi les recherches plus récentes menées sur le continent africain en science administrative, en management public et en action publique, notamment celles de Hyden, Jones, Blunt, Darbon, Lanoue, Tidjani Alou, Boone, Leonard, Jaglin, Goux [5] … Les travaux précédents réalisés par J.-P. Olivier de Sardan et de nombreux membres de son équipe s’inscrivent dans cette veine et suffisent, s’il le fallait, pour légitimer la pertinence de cette approche ancienne et son effectivité heuristique.

5Reste, cependant, que cette démarche classique ne s’est jamais faite en privilégiant une rupture avec la production scientifique disciplinaire ou portant plus spécifiquement sur l’objet étudié, bien au contraire. C’est en cela notamment que la démarche de J.-P. Olivier de Sardan pose un certain nombre de problèmes méthodologiques réels. En effet, la montée en généralité suppose de changer de focale. Ces quelques travaux classiques cités plus haut sont tous fondés sur une mobilisation d’autres travaux comparatifs et théoriques permettant à la fois de confirmer ou d’infirmer des hypothèses, de contribuer à la production d’un savoir par accumulation et de monter en généralité pour proposer des interprétations des dynamiques bureaucratiques et administratives. C’est la raison de leur succès scientifique. Faute de réaliser cette démarche de changement de focale par association ou par comparaison, l’auteur en vient à poser comme des hypothèses généralisables des interprétations depuis longtemps données et raisonnées par la littérature scientifique tant au Nord qu’en Afrique. Il découvre un champ déjà fortement cartographié et, en adoptant cette démarche, s’interdit de transformer des observations fondamentales en principes et théories d’interprétation. Autrement dit, il refuse de s’inscrire dans une démarche scientifique d’intensification des savoirs par leur accumulation/validation. Revendiquer la légitimité de la démarche d’observation minutieuse « at grass-root level » et postuler la nécessité de conserver un regard vierge de toute construction théorique a priori sont non seulement acceptables mais même recommandables sur du court à moyen terme. Refuser, tout en prétendant monter en généralité sur du moyen à long terme – car c’est bien cela qui fait débat et problème ici –, de s’inscrire dans les discussions de la communauté épistémique est inacceptable à moins de le revendiquer et de le justifier méthodologiquement, ce qui n’est pas réalisé ici.

6Cette question de l’association des niveaux d’analyse et des perspectives se pose avec d’autant plus d’acuité que sont identifiés des objets – comme ici les bureaucraties, les systèmes juridiques, les productions institutionnelles et la constitution des communautés professionnelles d’agents de l’État – qui dépassent, par leur nature même, l’irréductibilité du local et se construisent sur la connexion par ajout, réappropriation, réinterprétation de systèmes de sens et d’historicité. Par définition, liée à son historicité, l’administration (en tant qu’objet général) est un produit social soumis à une production normalisée et extérieure, ce que nous essayons de caractériser par l’expression « administrations projetées » soulignant à la fois l’extériorité et l’appropriation de ces techniques en Afrique [6]. Les dynamiques administratives ont en effet ces caractéristiques particulières d’être à la fois le produit des dynamiques sociales locales et des contingentements internationaux imposés par les agences de normalisation et de standardisation des modes de gestion sociale relayés par les jeux d’acteurs africains et non africains. Étudier ou poser des hypothèses présentées comme généralisables en adoptant une posture de rupture par rapport au reste des travaux sur cet objet et à son inscription dans le global est ici une erreur méthodologique. On pourra le regretter. Cela ne changera rien à ce constat qui suppose alors d’étudier les dynamiques administratives constamment sous les regards du haut et du bas, du dedans et du dehors, et donc de confronter ses hypothèses à celles des auteurs travaillant sur d’autres terrains tout en adoptant des perspectives changeantes. La nature même de l’objet étudié – l’administration au sens large – dissuade ainsi de se contenter d’une approche « par le bas », « de terrain », sauf à s’interdire toute montée en généralité ou comparaison, au risque de comprendre pour du spécifique ce qui est généralement constaté et pour de l’universel ce qui est propre à certains groupes ou réseaux d’acteurs. On comprend alors bien la frustration ressentie par l’auteur lorsqu’il constate le nombre très élevé de variables intervenant dans ces jeux et la complexité extrême de leurs connexions et capacités d’interconnexions. Rester au « grass-root level » en refusant de se confronter au savoir scientifique constitué, c’est alors s’interdire l’association du global et du local, du spécifique et du commun, le jeu des déclinaisons qui ne s’expliquent que par les racines communes sans pouvoir pour autant s’y réduire, la complexité des trajectoires, etc. Relire ces terrains à l’aune du savoir érudit, c’est comprendre que les acteurs « fonctionnaires» jouent sur des arènes, des forums, des réseaux et des communautés alternatives et cumulables – tout comme les « administrés » –, et que l’ensemble donne un système administratif qui développe ses propres modes de fonctionnement déviants par rapport au modèle théorique bureaucratique bien sûr, mais aussi par rapport aux critères d’efficacité et d’efficience des standards bureaucratiques et organisationnels produits par les espaces spécialisés et, enfin, par rapport aux espaces sociaux et systèmes normatifs locaux. Travailler sur les administrations des Afriques suppose donc de s’inscrire dans une perspective multinodale, insistant sur les pluralismes normatifs, moraux et éthiques, ainsi que les jeux de pouvoir les investissant tant au niveau de l’administré ou du fonctionnaire de base qui contribuent à la construction du système, qu’à celui des groupes de dominants internes et externes qui participent de la spécification et de l’inscription dans un modèle standard [7].

7On ne doit alors pas s’étonner que l’administration ou la bureaucratie en Afrique doive, dans une perspective sociologique, s’écrire toujours au pluriel tellement chaque secteur, chaque espace, voire chaque bureau (comme unité de lecture de l’administration), est susceptible de se construire de manière spécifique. Voici une leçon donnée par les sociologues des organisations du Nord ou les spécialistes de politique publique (sub-system analysis) il y a fort longtemps et reprise pour les Afriques dès le début des années 1980. On ne s’étonnera pas alors, comme c’est encore le cas – y compris dans cet article –, que « ça marche » dans certains secteurs, bureaux, voire pays. On ne cherchera pas plus une variable culturelle universelle pour donner une interprétation globale – sauf à ignorer toute la production scientifique sur l’objet –, mais on privilégiera un ensemble de variables stratégiques et interprétatives, comme le fait d’ailleurs Olivier de Sardan. On le fera cependant non pas comme hypothèses, mais bien comme méthode confirmée d’analyse des administrations. Il s’agit d’un travail de longue haleine, supposant la mobilisation de savoirs très spécifiques, leur confrontation dans des forums bien identifiés producteurs d’un savoir très spécialisé associant toujours théorie et pratiques, notamment au niveau international, et rendant encore plus contestable la démarche d’insularisation.

8Comprendre la complexité de ces jeux de domination et de clientélisme, percevoir la multiplicité des arènes, des forums et des réseaux de politiques (policy networks, advocacy coalition networks …), saisir l’État « au quotidien », appréhender les processus de construction des sens (policy framing) et des problèmes et politiques (agenda setting), c’est se placer au cœur des approches en termes d’action publique telles que menées notamment sur des terrains africains [8].

Peut-on construire comme hypothèses ce que l’état du savoir scientifique consacre ?

9La démarche que propose Jean-Pierre Olivier de Sardan est passionnante. Elle consiste à étudier « l’État en action » (Jobert et Muller [9]), « l’État au concret » (Padioleau [10]), le fonctionnaire ou plutôt l’action administrative « at grass-root level » pour reprendre des expressions consacrées en sociologie des organisations. Une liste impressionnante de caractéristiques des administrations africaines et de leurs dynamiques sociales est alors dressée et présentée comme le résultat de recherches empiriques nouvelles. Or, il y a ici un problème majeur : tous les travaux réalisés à ce jour par les principaux auteurs travaillant sur les administrations des Afriques ont identifié les éléments de cette liste et bien d’autres depuis au moins vingt ans, si ce n’est plus … L’ensemble de ces thèmes posés comme hypothèses ou caractéristiques des bureaucraties africaines aurait ainsi gagné à être confronté avec les interprétations scientifiques poussées – et malgré tout insuffisantes – dont ils ont fait l’objet. La littérature est bien balisée. Les travaux et les interprétations menés par l’auteur, seul ou en collectif, gagneraient à lui être confrontés. Cette « non-méthode » est susceptible de provoquer deux effets pervers : elle risque d’accréditer la thèse d’une paternité d’idées déjà avérées, ce qui serait maladroit mais finalement véniel ; plus grave, elle pourrait faire reculer l’état du savoir érudit en présentant la matière comme construite seulement autour d’hypothèses préalables, alors qu’elle est fortement fondée sur des interprétations jusqu’ici non invalidées, conduisant, par exemple, l’étude des administrations sur les terrains africains à se figer dans un isolement théorique et comparatif complet, et ce, paradoxe des paradoxes, alors même que l’auteur appelle à la comparaison et à l’ouverture sur le Nord.

10Ainsi serait-il dommageable de croire que l’objet administration ou bureaucratie n’est perçu comme un élément de compréhension d’un État enfin incarné que depuis peu. De même, la posture de l’historicité spécifique des administrations africaines, de la continuité coloniale de ces structures, de l’interprétation diachronique et synchronique des administrations et fonctions publiques des Afriques perdrait à n’apparaître que comme une nouvelle hypothèse. Enfin, une approche socio-anthropologique associant les interrogations en termes de pluralisme normatif, éthique et moral, et soulignant l’étrange coexistence de l’échec de l’État et des pratiques déviantes avec un fonctionnement en routine minimal, voire cohérent, assurant un maintien du système serait privée d’une partie de sa capacité à vider de toute substance les interprétations en termes d’inanité ou de vacuité de l’État. Tout cela est constitutif d’un état de l’art, fortement structuré, d’une production cumulative de savoirs raisonnés – essentiellement en anglais, il est vrai –, mais dont la connaissance permet seule de réaliser un élargissement de notre compréhension du social.

11En occultant ces savoirs, l’auteur ne pouvait que poser comme des nouveautés les questions si souvent soulevées de la production de systèmes locaux d’administrations, des modalités de leur historicité ou de l’émergence de nouvelles formes d’administrations adaptées, alors qu’il reprenait sans le savoir des analyses déjà présentes chez les administrateurs coloniaux, comme Robert Delavignette (cité certes par Olivier de Sardan), et dans la littérature scientifique. Ainsi, pour prendre un exemple (mais on pourrait le faire pour chaque ligne de cet article), la rupture bureaucratique présentée ici comme hypothèse a fait l’objet de nombreux travaux théoriques et empiriques : Riggs et Darbon [11], entre autres, indiquent comment se nouent les rapports et les jeux d’indifférence et de positionnement social de manière fluide et variable, notamment via des pratiques d’intermédiation (brokers, gate keepers, « courtiers ») stratégiques et cognitives … Ramener cela à Goffman est certes intéressant mais pourquoi ne pas évoquer les travaux portant précisément sur ces thèmes, notamment en science politique ? Où sont donc passés tous les auteurs canoniques sur ces thématiques et encore plus curieusement sur cet objet administratif ? Certes, l’ouvrage important de Françoise Dreyfus est cité ; mais les incontournables, les travaux structurant « le champ » en sociologie des organisations, en science administrative, en histoire des administrations, en management public, quelle que soit leur discipline de rattachement, sont absents.

12Comment, dans ces conditions, faire progresser le savoir scientifique si le principe méthodologique de l’ignorance (le doute méthodologique) est transformé en principe non méthodologique ? Les idées d’intermédiation ou de courtiers, de corruption et de pluralisme normatif développées depuis fort longtemps – notamment et y compris sur des terrains africains –, et reprises par Olivier de Sardan avec beaucoup de bonheur le plus souvent, auraient gagné à être confrontées aux nombreux travaux déjà réalisés, ne serait-ce que pour les critiquer et participer à la production du savoir par accumulation raisonnée. De même, toutes ces caractéristiques soulignées par l’auteur sur le formel et le réel, le « chacun-pour-soi-isme », les « espaces de soupçon », le « privilégisme », le mépris des usagers anonymes, l’échange de faveurs et la corruption, la culture de l’impunité, la démotivation des fonctionnaires, l’improductivité et le double langage, le pluralisme des normes, la faiblesse des capacités de régulation, la polycéphalie des arènes politiques locales, le caractère non monolithique des administrations, le clientélisme, l’administration comme lieu de ressources et d’échanges, les systèmes de double langage et de légitimation alternative, l’irresponsabilité et la personnalisation, l’absence de coordination, etc., ont fait l’objet de multiples analyses empiriques et de synthèse, avec parfois, il est vrai, des variantes dans les désignations [12]. L’idée de corruption, telle que reprise par Olivier de Sardan, présuppose de même l’acceptation de normes de comportements, la pluralité normative et les logiques d’institutionnalisation associant institué et instituant dans une logique ternaire qui combine production de normes, internalisation de la norme, jeux sur la norme – autant de thèmes qui ont fait l’objet d’une très large discussion et production scientifique.

13Dès lors, peut-on raisonnablement poser comme hypothèse ce qui a déjà fait l’objet d’élaboration et de tests de validation/invalidation, d’expérimentation dans un champ disciplinaire proche et sur des objets similaires depuis plusieurs dizaines d’années, comme si les constats dressés relevaient de l’innovation parfaite et non du non nova sed nove ? La réponse est ici clairement négative. Bien sûr, le changement de regard disciplinaire et de niveau d’analyse, ainsi que l’adoption d’autres méthodes d’observation pour étudier un même objet sont essentiels dans une démarche scientifique. Bien sûr, répétons-le, une posture privilégiant un regard neuf pour éviter de ne voir que ce qui a déjà été construit est tout à fait légitime et, ici encore, les travaux d’Olivier de Sardan sont en ce sens exemplaires. Mais encore faut-il que ces « innovations », ces « nouvelles » interprétations, ces « nouvelles » constructions soient à leur tour confrontées à l’état des savoirs, qu’elles s’inscrivent dans la production de la communauté scientifique au risque de se lancer dans une réinvention permanente de l’eau tiède, dans la re-production de savoirs déjà acquis et d’hypothèses déjà posées.

14Prenons deux exemples tirés des « hypothèses » ou des caractéristiques identifiées par J.-P. Olivier de Sardan pour illustrer ce propos : le caractère non monolithique de l’administration – ou, de manière plus métaphorique, « l’administration en miettes » identifiée par Thoenig et Dupuy, ou encore les « tattered bureaucracies » – est redécouvert avec raison par l’auteur [13]. Fort bien, mais cette hétérogénéité est cependant encore plus étendue et intense qu’il ne le soupçonne, variant selon les secteurs de l’administration, les localisations géographiques, les statuts des fonctionnaires, leurs lieux de formation (encore renforcée avec la place croissante de l’internationalisation des lieux de formation des hauts fonctionnaires). Cette interprétation de l’administration, avec un « petit a et un s à la fin », est balisée depuis longtemps ; elle concerne aussi bien les structures de l’administration (secteurs, modalités d’organisation, strates historiques de construction) que les modalités de leur action, les systèmes de décision (théorie des anarchies organisées ou garbage can model) et finalement les agents de l’État qui n’ont rien d’homogène dans leur profil comme dans leurs fonctions. De même, donner une notion d’usager sous une forme apparemment monolithique est réducteur à en croire les travaux importants menés sur le modelage de l’administration par et autour de son environnement pertinent ou les catégorisations des publics de l’administration par les politiques publiques. Comme le montre d’ailleurs Olivier de Sardan, mais sans en tirer les conséquences théoriques, le rapport entre administré (que je préfère à celui d’usager qui revêt en français une définition juridique précise) et agent de l’administration se décline sur des critères personnalisés/personnifiés, ce qui suppose la différenciation des catégories, voire leur individualisation, traduite par l’auteur autour des expressions de clientélisme, de favoritisme, de chacun-pour-soi-isme.

15L’interprétation de cette « nébuleuse » administrative ne peut être pleinement comprise sans passer par une analyse de son historicité. Ici encore, J.-P. Olivier de Sardan en a l’intuition fondée sur son travail de terrain, mais il n’en tire pas toutes les questions ouvertes par les travaux déjà produits au Nord surtout, mais aussi au Sud et en Afrique en particulier. Il est exclu de s’interroger sur l’État en Afrique sans travailler sur l’historicité de ces administrations ou en comparer les trajectoires avec celles du Nord tellement une partie de l’historicité de ces administrations du Sud ne se construit que par l’extranéité. Perry Anderson est convoqué à cet effet mais l’auteur aurait tout aussi bien pu utiliser, et sans doute avec encore plus de pertinence et de bénéfice, Barrington Moore, Quentin Skinner, Charles Tilly, Norbert Elias, James Iain Gow [14], afin d’expliquer pourquoi le processus de concentration de la capacité d’action de l’État en Europe a donné lieu à une modération du pouvoir et à un processus de « civilisation des mœurs politiques » (Elias), alors qu’en Afrique – sauf dans certains cas dont le Sénégal et l’Afrique du Sud par exemple – ce processus s’est traduit par une concentration du pouvoir. On pourrait aussi convoquer les auteurs africanistes, notamment « administrativistes », qui ont produit des travaux, parfois discutables mais très utiles pour comprendre l’histoire de ces administrations et notamment leur stratification [15]. Quant aux historiens de l’Afrique, ils ont depuis longtemps offert des analyses remarquables très détaillées sur de nombreux pays africains dont on trouve des synthèses très utiles dans l’Histoire de l’Afrique noire dirigée par E. Mbokolo ou chez C. Young [16]. Peut-on raisonnablement comprendre la stratification des phénomènes administratifs en Afrique sans passer par une comparaison diachronique et synchronique systématique dès lors que cette invention administrative, ce mode de gestion organisationnelle qui affecte l’ensemble social est, qu’on le veuille ou non et quel que soit l’impact des réappropriations et réinterprétations, essentiellement un phénomène produit par un groupe spécifique de sociétés et depuis lors érigé en mode de gestion dominant assurant l’entretien de sa domination sans partage ? Une fois de plus, la réponse est clairement non. Il ne s’agit pas d’une hypothèse mais ici encore de ce que propose un état des savoirs. Nombre d’analyses soulignent comment, tant au Nord qu’en Afrique, des administrations « classiques » produiront des effets différents de ceux réalisés par des administrations de mission, des administrations formatées sur les règles du NPM (new public management) ou du fine tuning, des administrations privatisées, etc. On ne peut ainsi qu’être interpellé par le peu de développement accordé à la question de l’extranéité, de l’importation et de la projection des administrations africaines. Certes, J.-P. Olivier de Sardan cite deux auteurs clés comme J.-F. Bayart et B. Badie mais au risque de déroger à sa propre approche méthodologique, ces deux derniers raisonnant, en effet, en termes macropolitiques. Il semble ignorer tout le travail accompli autour de la formulation et de l’exportation des modèles, du rôle et des stratégies de standardisation et de normalisation des experts dans ce domaine, du développement des « epistemic communities » (Haas) permettant de sortir de la « policy primeuval soup » (Kinghorn). Une multitude de travaux montrent comment s’effectue cette importation, comment les administrations africaines se construisent aussi par l’introduction de modèles de règles, de normes, de comportements, de référents, l’adoption de modèles professionnels externes [17] et leur réappropriation (Martin [18]).

16La faible place réservée à ce jeu associant importation, extranéité et réappropriation permet de souligner l’absence de mise en relief de l’une des caractéristiques fondamentales de ces administrations africaines, pourtant présente partout, au moins en filigrane, dans le texte, c’est-à-dire sa politisation. De sa nature à son positionnement social, de l’accès à des ressources directes et indirectes qu’elle ouvre aux statuts sociaux qu’elle offre, du soutien des élites qu’elle apporte au contrôle des actions de l’État qu’elle permet, l’administration est dans un contexte de sous-développement, de « modernisation » et de légitimation à l’international, un enjeu politique essentiel [19]. Ce degré de politisation en est une caractéristique fondamentale, y compris dans les villages. De ces formes de politisation découle un ensemble de conséquences et d’enjeux qui fondent la spécificité des bureaucraties publiques des Afriques et les relations complexes entre la politics et la policy.

Construction scientifique d’un objet social et interdisciplinarité ?

17Enfin, ce texte pose la question méthodologique de l’interdisciplinarité. Travailler sur les administrations suppose, comme d’ailleurs le remarque l’auteur, de raisonner par rapport aux travaux des sociologues mais aussi des politistes, des juristes, des anthropologues (Althabe, Abeles, Bélier, Ferguson), des spécialistes de l’organisation et de l’institution, des historiens, notamment du droit, pour ne citer que les principales disciplines qui structurent la connaissance de cet objet. Cette interdisciplinarité impose quelques règles, à commencer par une absence d’a priori négatifs. Elle suppose clairement une forte inscription dans une discipline qui fournit un cadre de référents stabilisés et une communauté d’évaluations essentielle ; elle demande aussi une ouverture à l’autre, à ses méthodes, à ses travaux et d’adopter une démarche susceptible d’aller à la recherche de nouvelles interprétations, de nouvelles méthodes. Comprendre des phénomènes aussi complexes que les phénomènes administratifs (dont le phénomène bureaucratique analysé par Michel Crozier n’est qu’une variante) implique cette association disciplinaire. Comme le montre Gareth Morgan [20], l’organisation et ici les organisations bureaucratiques publiques sont analysables à travers les images qu’on leur attribue via nos représentations donnant corps au processus d’« imaginization ». Chaque image en éclaire un aspect spécifique tandis que leur confrontation permet de les valider et de les évaluer, tout en précisant les contours complexes de cet objet. C’est en ce sens que les travaux des différentes disciplines sont indispensables. Chacun offre un regard spécifique et vient fonder les intuitions perçues en portant d’autres regards. L’interdisciplinarité se fonde dans la complémentarité et dans l’intervalidation, et non dans l’uniformisation ou dans la dilution dans un monde commun qui ne pourrait être qu’un plus petit dénominateur commun, « a race to the bottom » comme on dit en management public.

18On pourrait lister sur plusieurs pages de la revue les travaux portant sur les dynamiques administratives en Afrique, mais le débat est ici avant tout méthodologique. La force de la sociologie des organisations et de la décision au cours des quarante dernières années est précisément venue de la capacité des auteurs à inscrire résolument leurs analyses dans un champ disciplinaire particulier tout en confrontant leurs perspectives, leurs écrits, leurs niveaux d’analyse et de lecture à d’autres approches en travaillant par capitalisation des connaissances. Les exemples des revues Organizations ou Politique et management public, ou, plus largement, les avancées spectaculaires des approches en termes d’action publique et de politique publique en sont de bonnes illustrations.

19Ce texte ne poursuit qu’un objectif : mener une disputacio scientifique au sens noble du terme, permettant de comparer les connaissances et de s’y confronter pour que la production scientifique ne soit pas une redécouverte permanente mais une découverte à nouveau, que les strates de savoirs en se confrontant et se réinterprétant affinent le savoir et que soient bannies les explications simplistes et si « évidentes » qui conduisent, et je ne peux que marquer mon accord avec J.-P. Olivier de Sardan, à faire que les spécialistes de l’État en Afrique n’aient aucune connaissance empirique et/ou théorique des administrations … Ce qui en dit long sur nos manières de travailler et nous soumet à la critique dévastatrice de Giovani Sartori sur le « conceptual stretching » et le « scientific travelling » en politique comparée.

Notes

  • [*]
    Ce titre fait allusion à mon article « Pour une socio-anthropologie administrative », qui tire quelques leçons de ma thèse publiée sous le titre L’Administration et le paysan en Casamance. Essai d’anthropologie administrative, Paris, Pédone, 1987. Voir D. Darbon, « Pour une socio-anthropologie administrative », Revue française d’Administration publique, n° 35, septembre 1985, p. 457-468.
  • [1]
    C’est donc une réflexion sur la méthodologie qui sera menée ici. Je me permets de renvoyer, pour des réflexions méthodologiques plus complètes sur le travail en administration publique, à deux de mes articles récents : « Peut-on relire le politique en Afrique via les politiques publiques ? », in A. Triulzi (ed.), State Power and New Political Actors in Africa, Milan, Annali, 2004 ; « Comparer les administrations publiques du Nord et du Sud : orientations méthodologiques à partir des administrations des Afriques », in C. Thiriot (dir.), Comparer en politique, Paris, Karthala, 2004. Sur le fond et notamment pour l’ensemble d’une littérature très vaste, je renvoie aux revues spécialisées (Revue internationale de Science administrative, Public Administration and Development, Development Studies …) et à trois numéros de revues consacrés à l’administration en général ou en Afrique : Revue internationale de Politique comparée, vol. 11, n° 2, 2004 ; Autrepart, n° 20, 2001 ; Revue française d’Administration publique, n° 105-106, 2003.
  • [2]
    Par un étrange concours de circonstances, je termine la rédaction de cet article en rendant hommage, au cours d’un colloque, à Jacques Vanderlinden, dont la vie scientifique ne cesse de témoigner de l’étendue et de la richesse de la production de savoirs dans ces matières, tant sur certains terrains africains (anthropologie juridique et production des savoirs dans le secteur de la justice et du droit notamment) que non africains. Voir le document de recherche « Étudier et enseigner le droit : hier, aujourd’hui et demain », colloque en l’honneur de Jacques Vanderlinden, Moncton, Centre de recherche en droit privé et comparé du Québec, McGill University et Ciclef, 22-25 août 2004.
  • [3]
    On renverra ici aux approches « par le bas » liées notamment à J.-F. Bayart, A. Mbembe et C. Toulabor, La Politique par le bas en Afrique noire. Contribution à une problématique de la démocratie, Paris, Karthala, 1992 en science politique ; et, en droit, à tous les courants de l’anthropologie juridique dont notamment J. Vanderlinden, Anthropologie juridique, Paris, Dalloz, 1996, et E. Le Roy, Le Jeu de lois. Une anthropologie dynamique du droit, Paris, LGDJ, 1999.
  • [4]
    P. Selznick, TVA and the Grass-Roots : A Study in the Sociology of Formal Organization, New York, Harper and Row, 1966 (1re éd. 1949) ; M. Crozier, Le Phénomène administratif. Essai sur les tendances bureaucratiques des systèmes d’organisation modernes et sur leurs relations en France avec le système social et culturel, Paris, Le Seuil, 1971 ; J.-P. Worms, Une préfecture comme organisation, Paris, éd. du CNRS, 1968 ; B. Jobert et P. Muller, L’État en action. Politiques publiques et corporatismes, Paris, PUF, 1987 ; P. Grémion, Le Pouvoir périphérique, Paris, Le Seuil, 1976 ; B. Marin et R. Mayntz (eds), Policy Networks : Empirical Evidence and Theoretical Considerations, Colorado, Boulder, Westview Press, 1991.
  • [5]
    Voir, entre autres, G. Hyden, No Shortcut to Progress : African Development Management in Perspective, Londres, Heineman, 1983 ; P. Blunt, Organizational Theory and Behaviour, an African Perspective, Londres, Longman, 1983 ; P. Blunt et L. M. Jones, Managing Organizations in Africa, Berlin, De Gruyter, 1992 ; D. Darbon, L’Administration et le paysan en Casamance …, op. cit. ; D. Leonard, « The political realities of african management », World Development, n° 15, 1987, p. 899-910 ; J. N. Moyo, The Politics of Administration : Understanding Bureaucracy in Africa, Harare, Sapes Book, 1992 ; G. Timsit, Administrations et États, étude comparée, Paris, PUF, 1987. Plus récemment : G. Winter (dir.), Inégalités et politiques publiques en Afrique. Pluralité des normes et jeux d’acteurs, Paris, Karthala, IRD, 2000 ; C. Boone, Political Topographies of the African State. Territorial Authority and Institutional Choice, Cambridge, Cambridge University Press, 2003 ; D. Leonard, Africa’s Changing Markets for Health and Veterinary Services. The New Institutional Issues, New York, McMillan, 2000; E. Lanoue, Les Politiques de l’école catholique en Afrique de l’Ouest. Le cas de la Côte d’Ivoire (1945-2000), thèse en sciences sociales, Paris, EHESS, 2002 ; S. Jaglin, Pouvoirs urbains et gestion partagée à Ouagadougou. Équipements et services de proximité dans les périphéries, thèse de géographie, université Paris-VIII, 1991 ; M.-A. Goux, « Guerre des loyers dans les bidonvilles de Nairobi », Politique africaine, n° 91, octobre 2003, p. 68-82, et M.-A. Goux, « Les événements de novembre-décembre 2001 à Kibéra, crise d’origine interne ou externe ? », in H. Maupeu (dir.), L’Afrique orientale. Annuaire 2002, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 325-344.
  • [6]
    D. Darbon, « Réformer ou reformer les administrations projetées des Afriques ? », Revue française d’Administration publique, n° 105-106, 2003, p. 135-152.
  • [7]
    Y. Dezalay, Marchands de droits, Paris, Fayard, 1992 ; Y. Dezalay et B. G. Garth, Internationalization of Palace Wars, Lawyers, Economists, and the Contest to Transform Latin American States, Chicago, University of Chicago Press, 2002.
  • [8]
    Lire à titre d’exemple : J. Moyo, The Politics of Administration …, op. cit. ; G. Winter, Inégalités et politiques publiques en Afrique …, op. cit. ; C. Boone, Political Topographies of the African State …, op. cit. ; A. Segatti, La Place de l’étranger dans la nouvelle Afrique du Sud : la réforme d’une politique de l’immigration, 1986-2002, thèse en science politique et civilisation, IEP de Bordeaux et université de la Réunion, 2003.
  • [9]
    B. Jobert et P. Muller, L’État en action …, op. cit.
  • [10]
    J.-G. Padioleau, L’État au concret, Paris, PUF, 1982.
  • [11]
    F.W. Riggs, Administration in Developing Countries. The Theory of Prismatic Society, Boston, Houghton Mifflin, 1964 ; D. Darbon, « L’aventure ambiguë des administrations africaines de succession française dites francophones », Revue internationale de Politique comparée, vol. 1, n° 2, septembre 1994 ; D. Darbon, « Un royaume divisé contre lui-même », in D. Darbon et J. du Bois de Gaudusson (dir.), La Création du droit en Afrique, Paris, Karthala, 1997.
  • [12]
    Voir Autrepart, dossier « Les fonctionnaires du Sud entre deux eaux : sacrifiés ou protégés ? », n° 20, 2001.
  • [13]
    Sectorialisation, territorialisation et différenciation des niveaux et des statuts sont des thèmes très développés tant au Nord qu’au Sud comme en témoigne l’ouvrage de F. Dupuy et J. C. Thoenig, L’Administration en miettes, Paris, Fayard, 1985. Voir aussi C. Boone, Political Topographies of the African State …, op. cit. ; T. Bierschenk, J.-P. Chauveau et J.-P. Olivier de Sardan, Courtiers en développement. Les villages africains en quête de projets, Paris, Karthala, 2000 ; G. Blundo et J.-P. Olivier de Sardan, La Corruption au quotidien, Paris, Karthala, 2001.
  • [14]
    J. I. Gow et J. E. Hodgetts, « Where are we coming from? Are there any useful lessons from our administrative history ? », Canadian Public Administration, vol. 46, n° 2, 2003, p. 178-201.En ligne
  • [15]
    P. Mawhood (ed.), Local Government in the Third World. The Experience of Decentralization in Tropical Africa, Pretoria, AISA, 1993 (2e éd.) ;M. Nembot, Le Glas de la fonction publique dans les États de l’Afrique francophone, Paris, L’Harmattan, 2000.
  • [16]
    E. Mbokolo, Histoire de l’Afrique noire, tome II, Paris, Aubier, Aupelf, 1992 ; C. Young, The African Colonial State in Comparative Perspectives, New Haven, Yale University Press, 1994.
  • [17]
    F. Eboko, Pouvoirs, jeunesse et sida au Cameroun, politiques publiques, dynamiques sociales et construction des sujets, thèse en science politique, université Bordeaux-IV, 2002 ; E. Fassin, Les Enjeux politiques de la santé. Études sénégalaises, équatoriennes et françaises, Paris, Karthala, 2000 ; I. Gobatto (dir.), Les Pratiques de santé dans un monde globalisé. Circulation de modèles et expériences locales dans les Afriques contemporaines, Paris, Karthala, MSHA, 2003.
  • [18]
    D.-C. Martin (dir.), Sur la piste des OPNI, Paris, Karthala, 2002. Au CEAN, un programme de recherche sur l’action publique vient de s’achever après quatre ans de travail et auquel succède aujourd’hui un nouveau programme intitulé « Sociétés projetées » pour souligner à la fois l’importation et la réappropriation stratégique et cognitive des technologies sociales. La Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine (MSHA) mène pour sa part un programme de recherche multidisciplinaire sur les « modèles et modélisation des Afriques ».
  • [19]
    J. Fergusson, The Anti-Politics Machine. Depoliticization and Bureaucratic Power in Lesotho, Cambridge, Cambridge University Press, 1990.
  • [20]
    G. Morgan, Images of Organization, Beverly Hills, Sage, 1986.
Français

Les hypothèses identifiées par J.-P. Olivier de Sardan dans son interprétation des administrations des Afriques méritent d’être confrontées aux études de ces quarante dernières années sur les administrations. Il ne s’agit pas de proposer un état de l’art exhaustif, mais d’enrichir les hypothèses fournies et de les reformuler en les soumettant à un processus de validation/invalidation autorisé par l’existence d’un savoir raisonné constitué aussi bien à partir de terrains africains que du Nord. L’article s’inscrit ainsi dans une discussion méthodologique sur les interactions terrains/théories et spécificités/montée en généralité.

Dominique Darbon
CEAN, Bordeaux
Mis en ligne sur Cairn.info le 15/11/2012
https://doi.org/10.3917/polaf.096.0163
Pour citer cet article
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