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Tout au long du xixe siècle, on peut lire dans la presse, les correspondances ou les ouvrages critiques de nombreuses formules décrétant qu’« il y a de l’intérêt » – ou qu’il « n’y en a pas » – dans telle ou telle œuvre, quel que soit son genre. Flaubert, par exemple, utilise plusieurs fois l’expression dans son courrier : « Quant à de l’intérêt, il y en a beaucoup, et du talent aussi » ; Senancour, au seuil d’Oberman, indique inversement par défi qu’il n’y a dans « ces lettres […] rien de ce qu’on appelle l’intérêt d’un ouvrage ». Comme le signale l’emploi impersonnel, l’intérêt est alors compris comme l’une des composantes intrinsèques de l’œuvre. Ce sens objectif du mot s’est répandu dans la seconde moitié du xviiie siècle : l’intérêt a progressivement désigné « cette qualité de certaines choses, qui les rend propres à captiver l’attention, à charmer l’esprit, ou à toucher le cœur », et non plus seulement « l’attention, […] la curiosité, en tant qu’elle est ou peut être excitée, captivée ». En matière esthétique, l’intérêt, qualité de l’œuvre, est défini comme le fruit d’un agencement d’ordre technique et poétique : « on dit d’une pièce de théâtre qui attache, qui intéresse le spectateur par les situations et par les sentiments qu’il y a beaucoup d’intérêt » ; on rencontre d’ailleurs des chapitres ou des rubriques consacrés à l’intérêt littéraire dans l’Encyclopédie, le Dictionnaire dramatique de Chamfort, ou des ouvrages théoriques comme les Eléments de littérature de Marmonte…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/11/2021
- https://doi.org/10.3917/poeti.190.0231
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