Laure Woestelandt :Jeunes psychiatres en devenir nous sommes d’abord les héritiers d’une histoire. Descendants de Pinel, petits-fils de Tosquelles et Bonnafé, fils de la psychiatrie biologique biberonnés au DSM, spectateurs des querelles de chapelles théoriques. Enfants de la psychiatrie, nous avons à disposition plusieurs valises théoriques et pratiques pour voyager au bout de notre formation et orienter notre exercice futur.Roger Teboul :Vieux routiers de la psychiatrie, héritiers directs des asiles et de la psychiatrie de secteur, nous sommes à la fin de notre carrière et nous posons la question de transmettre notre savoir clinique et pratique ; avec la conscience aigüe que nos jeunes confrères font aujourd’hui valoir, haut et fort, un droit d’inventaire sur l’héritage que nous sommes censés leur léguer. Par droit d’inventaire, je fais référence aux sociologues de la famille et à François de Singly (2003) en particulier, qui notent, avec l’individualisation croissante de notre société occidentale, une façon nouvelle d’envisager l’héritage pour les jeunes générations qui ne reproduisent pas forcément ce qui leur est transmis et doivent, par eux-mêmes, se faire une opinion sur l’orientation de leur vie. Contrairement au modèle de la famille bourgeoise dominant au XIXe siècle et pendant une grande partie du XXe siècle, ce nouveau modèle familial n’est plus soumis à la seule autorité du pater familias garant de sa reproduction, mais vise à l’épanouissement de chacun de ses membres…