Idée à nouveau popularisée à l’aune de la crise sanitaire qui touche l’économie mondiale depuis plus d’un an et demi, au centre des orientations des différents plans de relance économique, la réindustrialisation de l’économie française soulève de nombreux débats fantasmagoriques.
Au cœur de la définition d’un État stratège, la tentation de la relocalisation, aussi bien dans un objectif de dynamisation de l’emploi et des territoires, que pour satisfaire la promotion d’un certain patriotisme économique, ne doit pas occulter le prix à payer pour la société et les secteurs stratégiques à prioriser. Une entière relocalisation des activités soulèverait même des externalités négatives, relativement impopulaires pour la collectivité. La hausse du prix des biens, sans les réductions de coût permises par la délocalisation et l’externalisation des chaînes de valeur (main d’œuvre et produits étrangers bon marché, fiscalité accommodante pour les entreprises), l’internalisation des émissions polluantes avec la création d’installations industrielles, ou l’intensification de certains outils de production sont susceptibles de créer ces mouvements de résistance sociale, à l’heure où la réglementation et les attentes sociétales (par exemple en termes de bien-être animal) sont au plus haut.
Toutefois, le besoin d’une industrie à nouveau forte est prégnant dans le contexte actuel, au regard de sa capacité à créer de la richesse, des emplois et à réduire les inégalités sociales et territoriales…