Ce fut le Cardinal de Joyeuse qui sacra la Reine à S. Denis, les Enfans de France, la Reine Marguerite. Les Princes du Sang, tous les Seigneurs de la Cour & les Cardinaux furent invités à la solemnité de cette fête.
Ce n’est que par cette brève description que Marie Geneviève Charlotte Thiroux d’Arconville rapporte le sacre de Marie de Médicis, le 13 mai 1610, dans un ouvrage de 1 500 pages consacrées à la souveraine. Ce laconisme de l’une des biographies les plus fournies et publiée en 1774 a de quoi étonner. Le sacre de la souveraine est minimisé alors qu’il devrait constituer en soi un événement censé conférer plus de pouvoir à celle qui aurait dû assumer la régence en l’absence du roi. Ici, le sacre de Marie de Médicis apparaît paradoxalement comme un non-événement. Or, si c’est par le mariage qu’une femme devient reine de France et non par le sacre, cette cérémonie reste une étape importante dans la vie d’une reine. Bien que différent de celui du roi par bien des aspects, le sacre de la reine n’est pas un rite factice et demeure une cérémonie codifiée, avec notamment une remise des insignes royaux que Marie de Médicis met en scène elle-même dans la galerie du Luxembourg. Cette cérémonie est ancienne puisque le premier sacre avec une onction aurait été célébré pour Ermentrude, épouse de Charles le Chauve au ixe siècle. Cependant, le livre de Thiroux d’Arconville ne constitue pas une exception. Sur cent-sept ouvrages retenus, principalement des abrégés historiques, publiés entre 1661 et 1789, seulement vingt-huit décrivent le sacre en détai…