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Les Jeux Olympiques ont tendance à cliver les attitudes. D’un côté, une vision plutôt « hagiographique » qui ne verrait que la beauté du sport et les exploits des athlètes, suscitant de formidables émotions et élans patriotiques ; de l’autre, un regard critique, négatif, autour des scandales qu’ils soient corruption, dopage ou dérive financière, dans une vision globale d’inutilité capitalistique. Or les Jeux sont pourtant à l’image du monde : construits à la fois autour de belles histoires, capables de donner du rêve à des générations et à des pays ; mais aussi un monde dans lequel les sociétés démocratiques sont minoritaires, où la culture de la corruption fait partie intégrante de l’économie. Le sport serait-il alors plus vertueux que la société dans laquelle et par laquelle il est produit ? J’en doute… On s’étonne qu’en Russie ou au Brésil les coûts des J.O. aient été phénoménaux mais pourquoi la Russie ou le Brésil auraient-ils été plus vertueux dans un domaine où l’argent coulait à flots, où les perspectives affairistes étaient elles-mêmes démultipliées ?
Il est donc assez facile de tirer - à juste titre parfois - sur l’ambulance, d’autant plus que les Jeux sont le symbole d’un sport d’un temps ancien, dont le mode de pratique compétitif est très minoritaire dans la population. Les volontés de rajeunissement par l’introduction du break dance en 2024 suscitent d’ailleurs plus d’interrogations qu’un réel engouement. Alors oui, les Jeux produisent et ont produit leurs lots d’éléphants blancs, oui les Jeux connaissent le dopage et la corruption mais encore faut-il leur reconnaître une certaine magie, une utilité sociale dans leur capacité à fédérer une population large à l’heure de l’individualisation à outrance des sociétés…
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Maître de conférences en géographie et collaborateur scientifique au CIES.
- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/03/2022
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