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Djibouti : miracle, mirage et paradoxe

1Au détour des déclarations des « responsables » djiboutiens, revient souvent l’idée que l’avenir de la cité-État est au grand large, dans l’océan Indien. Elle doit devenir le port d’éclatement, pour l’Afrique de l’Est et la péninsule Arabique, des porte-conteneurs reliant l’Europe et l’Asie. Profitant de l’escale, s’installeront des entreprises de service et de première transformation des produits. Tout est prêt : de tous les côtés de la ville, dominant les « quartiers » –les immenses bidonvilles installés sur les anciens marais salants– comme la presqu’île couverte d’édifices officiels, le regard butte sur l’imposant et orgueilleux portique de manutention des conteneurs. On remarque, en ville, les cabines téléphoniques vitrées qui fonctionnent avec des cartes comme en France. Le franc-djibouti, aligné sur le dollar US, est librement convertible, et les enseignes des banques et des compagnies de commerce s’affichent autour de la place Ménélik qu’on a peine, même avec beaucoup d’imagination, à assimiler au Central Business District (CDB ) d’un des ports d’Asie du Sud-Est. On cherche vainement les ateliers et les usines qui emploieraient une main-d’œuvre nombreuse, mais déjà formée. Touchés par un chômage massif, les Djiboutiens attendent, plutôt que du travail, l’arrivée de la botte de tchat[1] quotidienne qui trompera leur désœuvrement, leur faim et leur ennui. L’aspiration à devenir Hong-Kong ou Singapour, même à l’échelle de l’Afrique de l’Est, ressemble à un mirage qui s’effacera dès qu’on voudra s’en rapprocher. Il est vrai que les Français ont particulièrement du mal à imaginer la naissance d’un dragon économique sur les rives du golfe de Tadjoura, parce qu’ils ont lu Monfreid. Dans ses romans, ce dernier a décrit les lieux comme une antichambre de l’enfer : pour confirmer l’aspect inhumain de ce morceau de désert, on y a envoyé la légion. Djibouti, qui n’a pourtant pas hébergé de bagne, est vu comme une Guyane tellement aride qu’on ne peut même pas y lancer de fusée.

2Arrivée en 1862, la France s’est obstinée à s’implanter sur ces rivages arides et inhospitaliers pendant plus d’un siècle : elle a quitté Djibouti, sa dernière possession sur le continent africain, en 1977. Le sous-sol de ce petit territoire, de la taille de la Belgique, ne renferme aucune richesse minérale notable. La perspective de contrôler le débouché du commerce extérieur de l’Éthiopie ne peut seule expliquer l’entêtement des gouvernements français à se maintenir à Djibouti, qui fut aussi une escale sur la route de l’Indochine. Les Britanniques ont quitté Aden et les protectorats dès 1962. La Ve République a promu la Côte française des Somalis (CFS) au rang de TOM, partie intégrante du territoire national à l’instar des « vieilles » possessions des Antilles, des Mascareignes et du Pacifique. Après les émeutes qui accueillirent le général de Gaulle [2], en 1966 à Djibouti, la CFS devint le Territoire français des Afars et des Issas (TFAI), à l’issue d’élections houleuses et douteuses. La fermeture du canal de Suez, en 1967, ne ralentit pas le rythme des travaux qui montraient que « la France entendait rester ». Le « système Aref » sur qui reposait la « présence française » avait partie liée avec le gaullisme « historique » et il s’effondra avec l’élection de V. Giscard d’Estaing. En 1977, la République de Djibouti accéda à l’indépendance dans un contexte régional tendu. L’Éthiopie révolutionnaire, déchirée par la guerre civile, avait perdu, en quelques semaines, l’Ogadén, et l’armée somalienne assiégeait Harär et Dirré Dawa. Pour la Somalie, la conquête du territoire des Somali Ogaadeen en annonçait d’autres, au Kenya, et naturellement le rattachement des Somali Issa ( Ciise) du TFAI. À Djibouti, les Afar espéraient que l’Éthiopie, peuplée aussi d’Afar, ne les laisserait pas tomber sous domination somalienne. En 1977, personne n’aurait parié sur la pérennité de l’indépendance de la République, qui échappa, pourtant, à la déstabilisation générale de la Corne. Peut-on parler de miracle ? Certes, le corps militaire français a dissuadé les agresseurs éventuels, paralysés, en outre, par leurs dissensions internes. Toutefois, la présence française n’a pas empêché la guerre civile qui éclata, en 1991, à l’issue de la chute du régime de Mängestu. La jeune République, aidée par la France, a surmonté l’épreuve, même si l’opposition a contesté le résultat d’élections qui l’ont privée de toute représentation parlementaire.

3Hormis les Quatre Communes du Sénégal et l’Algérie, Djibouti est la colonie que la France a conservée le plus longtemps sur le continent africain. Elle s’est maintenue dans ce « confetti d’Empire » (Guillebaud), alors qu’une présence limitée à une base militaire a suffi à défendre ses intérêts stratégiques et à préserver l’indépendance de l’ex-colonie. Le port a, certes, l’expérience d’un siècle de transit avec l’Éthiopie ; est-ce suffisant pour prétendre devenir un Singapour africain dans l’Océan Indien ?

Djibouti : le garder et l’oublier

4Tout au long de plus d’un siècle de présence coloniale, on peine à discerner une ligne directrice dans les décisions prises par les acteurs sociaux et politiques. Ce qui domine, ce sont les mesures contradictoires…

Un débouché convoité

5La France a attendu plus de vingt ans avant d’envoyer à demeure un administrateur et une force militaire sur les bords de la mer Rouge, où son drapeau flottait depuis 1862. Elle protégeait Abou Bakr, le pacha de Seylac/Zaylah qui tenait le débouché du chemin le plus direct vers les hautes terres du Harär. D’Obock et de Tadjoura, bourgades situées sur la rive torride, au nord du golfe, Rimbaud et les marchands (et les missionnaires) traversaient le territoire aride des Afar qui attaquaient et rançonnaient les caravanes, et atteignaient le Choa et Menilek. L’ouverture du canal de Suez, en 1869, avait éveillé les convoitises autour du golfe de Tadjoura : les Russes y débarquèrent et ne repartirent que sous la menace. Les Britanniques ayant refusé de ravitailler, à Aden, la marine de guerre française en route pour le Tonkin, le gouvernement français installa un dépôt de charbon. En 1884, il envoya un résident avec un contingent de dix hommes, Léonce de Lagarde. En 1888, la Grande-Bretagne reconnut la colonie d’Obock à la France et prit, en échange, Seylac, en face d’Aden. Les deux puissances avaient convenu de limiter le commerce des armes à destination de l’Éthiopie et de pourchasser les trafiquants d’esclaves. Dès 1889, Lagarde fit abolir l’esclavage par le sultan de Tadjoura, protégé français.

6Cependant, la piste reliant Tadjoura, port aux eaux peu profondes, au Choa souffrait de la concurrence du trajet Seylac-Harär [3]. Le commandant français reconnut, en 1891, le site de Djibouti sur la rive sud du golfe. Outre de meilleures caractéristiques nautiques, il y avait de l’eau en abondance et un accès plus court vers Harär, conquis par Menilek en 1887. Rapidement, Obock fut détrôné, et en 1896, Djibouti devint la capitale de la Côte française des Somalis. Lagarde, dès 1894, avait établi des relations diplomatiques avec Menilek et signé les traités qui aboutirent à l’octroi, à A. Ilg [4], en 1896, de la concession du Chemin de fer impérial éthiopien (CIÉ ) reliant la CFS à Harär, Entotto (Addis Abäba) et le Nil blanc. La pose des rails, commencée en 1897 à Djibouti, atteignait Dirré Dawa, sur le piémont de Harär, en 1902. Un conflit de souveraineté franco-éthiopien sur le dédouanement et des difficultés financières suspendirent les travaux. En 1908, Menilek octroya une nouvelle concession à la Compagnie du chemin de fer franco-éthiopien (CFÉ ) dotée de la garantie financière du gouvernement français, et en 1917, la voie gagna Addis Abäba. Dès le milieu des années 1920, le CFÉ avait remboursé ses emprunts, servait régulièrement des intérêts à ses actionnaires français et versait des revenus au trésor éthiopien. « Huissier de l’Éthiopie [5] », le CFÉ et le port de Djibouti assuraient 90% du commerce extérieur de la « riche Éthiopie [6] ». En effet, à la grande surprise des lecteurs actuels, entre les deux guerres, les auteurs accolaient, sans arrière-pensée, le qualificatif de « riche » à l’Éthiopie [7]. Ils célébraient la prospérité des campagnes éthiopiennes qui produisaient, à profusion, ivoire, céréales, cuirs et peaux, café. Ils louaient Haylä Sellasé, le modernisateur, qui importait force tissus, machines et armes. L’Éthiopie était un débouché vital pour les salines de Djibouti, qui surmontaient difficilement la concurrence du sel des colonies italiennes et britanniques dans l’océan Indien [8].

Un comptoir oublié

7Les enquêtes d’A. Londres et de J. Kessel et les romans de Monfreid, révélant la persistance du trafic des esclaves, troublèrent à peine le sommeil de la colonie oubliée. En vertu de l’« autonomie financière » des colonies, la métropole n’envoyait dans ce comptoir qu’un nombre limité de militaires et de fonctionnaires, incapables de prendre en charge les services publics. Le CFÉ finançait l’hôpital, et les religieux et religieuses catholiques se chargaient de l’enseignement ; outre que les indigènes y étaient massivement musulmans, des guerres scolaires déchirèrent la lointaine CFS comme, en métropole, au temps du « petit père Combes [9] ». Les infrastructures laissaient à désirer : faute d’une jetée, le port n’accueillait aucun navire de fort tonnage. On recourait à des allèges, des chalands, et, à quai, le déchargement se faisait à la main. Les cargaisons transitaient par Aden, possession britannique, et aussi Asäb, port italien. Il fallut le naufrage du Fontainebleau pour que commence la construction d’une digue en eau profonde, achevée en 1952. En 1935, l’assassinat de l’administrateur Bernard qui poursuivait des irréguliers montra que l’emprise française ne dépassait guère les « faubourgs » de Djibouti. La guerre italo-éthiopienne révéla combien était ambiguë la position de la France à l’égard de son comptoir de la mer Rouge. Au cœur du conflit, Laval avait cédé 20% des actions du CFÉ à l’Italie et lui avait transféré les facilités de transit accordées à l’Éthiopie. Le port et le chemin de fer, qui assuraient la plus grande partie des approvisionnements de l’Africa Orientale Italiana (AOI), connurent alors un regain inespéré de trafic [10]. Mais, en même temps, les Italiens poussaient la construction des routes vers leurs ports (Massawa, Asäb) et lançaient leurs camions sur la piste de Djibouti. Toutefois, en 1938, Mussolini ayant réclamé publiquement Nice, la Savoie, la Tunisie et Djibouti, le gouvernement français nomma le gouverneur-général Deschamps et le général Legentilhomme, et leur donna pour mission de préparer la résistance face à l’armée italienne forte d’au moins 250000 hommes avec les auxiliaires indigènes [11].

Les contradictions françaises

Travailler pour le négus ?

8En 1940, la récente résolution de garder coûte que coûte la CFS ne résista pas à l’effondrement militaire de la France. Après quelques flottements, les autorités se rangèrent du côté de Vichy. En 1941, la chute de l’AOI puis la restauration de Haylä Sellasé se traduisirent par le blocus de la CFS, qui prit fin avec son ralliement à la France libre, en décembre 1942. Le chemin de fer, endommagé par les Italiens en retraite et saisi par les Britanniques, fut rendu au CFÉ en 1946. La France et l’Éthiopie s’unirent, afin de contrarier les ambitions britanniques dans la Corne de l’Afrique. En effet, de Gaulle et Haylä Sellasé s’étaient rencontrés à Londres et avec les Alliés et une brigade de la France libre – où combattit PierreMessmer– avaient libéré l’Éthiopie avec les Alliés. Le negus, qui avait rencontré Roosevelt à Suez s’était débarrassé du quasi-protectorat imposé en 1941 par l’Angleterre. Il fit échouer, avec l’appui de la France, le projet de Grande Somalie imaginé par Bevin au Foreign Office et qui réunissait l’Ogadén, sous tutelle britannique « provisoire », le Somaliland et la CFS. En 1946, il refusa un corridor éthiopien jusqu’au port de Seylac, qui aurait concurrencé Djibouti. En 1948, l’Éthiopie récupéra les Restricted Areas d’Ogadén tout en maintenant, néanmoins, sa revendication sur l’Érythrée, également administrée par l’Angleterre [12]. La connivence franco-éthiopienne se renforça à l’occasion des grèves du CFÉ et des troubles sociaux et politiques qui secouèrent la CFS, en 1949. L’Éthiopie, alarmée par les graves incidents aux ateliers de Dirré Dawa, en 1947, craignait la contagion de l’agitation dans ses territoires peuplés de Somali et ne manqua jamais, par la suite, de rappeler qu’au départ de la France, elle comptait récupérer le port « concédé » par Menilek. Pour soutenir cette interprétation très particulière des traités, Haylä Sellasé stipendiait un front de libération qui avait, en 1969-1977, pignon sur rue à Dirré Dawa.

9Il n’est pas plus facile, dans les années 1950-1970, de discerner une ligne continue dans la politique française en mer Rouge qu’avant la guerre. Certains milieux d’affaires poussaient à donner à Djibouti un statut de port franc, en profitant de sa situation sur un axe pétrolier majeur et de la création du francdjibouti rattaché au dollar US ( 1949). C’était la seule succursale en Afrique de la banque d’Indochine, qui émettait cette monnaie, montrant par là l’importance de Djibouti comme escale vers l’Extrême-Orient [13]. Le retrait de l’Indochine et la fermeture du canal de Suez, en 1956, puis en 1967, se traduisirent par une baisse importante du trafic, à peine compensée avec l’amélioration des conditions nautiques du port, qui pouvait désormais rivaliser avec Aden, Massawa et Asäb. Le chemin de fer, en cours de diésélisation à la fin des années 1950, assurait à Djibouti la plus grande partie du transit éthiopien. En 1959, la France et l’Éthiopie dotaient le CFÉ d’un nouveau statut de compagnie éthiopienne ayant son siège à Addis Abäba. Les traités renouvelaient les privilèges commerciaux de l’Éthiopie à Djibouti et prévoyaient l’extension du réseau ferroviaire vers le Rift jusqu’à Dilla et au café du Sidamo. À l’issue du voyage officiel de GeorgesPompidou en Éthiopie, fin 1972-début 1973, on annonça la construction prochaine du prolongement caféier. Tous ces accords paraissaient accréditer les prétentions éthiopiennes sur Djibouti. Toutefois, la fédération ( 1952) puis l’annexion ( 1962) de l’Érythrée avaient donné à l’Éthiopie une façade maritime avec deux ports équipés par les Italiens. Massawa, un peu excentré par rapport aux régions exportatrices de café et de cuirs et peaux, n’était guère dangereux pour le CFÉ et Djibouti. Il en était tout autrement pour Asäb, réuni par une route goudronnée à Addis Abäba, et pourvu d’une raffinerie de pétrole qui assurait un trafic à la remontée. Dès le milieu des années 1960, la plus grande partie du commerce extérieur éthiopien passait par l’exutoire éthio-érythréen.

Garder Djibouti à tout prix

10Avec la perte de l’Indochine et la fin de l’Union française, Djibouti avait perdu son caractère stratégique pour la défense des intérêts français, comme le reconnut PierreMessmer en 1975. Pourtant, la IVe, puis la Ve République, avaient cherché pendant trente ans, et par divers expédients pas toujours honorables, à retarder l’échéance du départ. L’adoption, en 1952, du code du Travail métropolitain, qui prévoyait la reconnaissance des droits syndicaux et d’un salaire minimum, entraîna une amélioration certaine du sort de la main-d’œuvre locale mais aussi le recours à des clandestins, moins exigeants, venus des États limitrophes. Ainsi le syndicaliste Mahmoud Harbi fut-il l’un des premiers à s’opposer, au référendum de 1958, à la présence française [14]. « Vieille colonie » puis TOM, la CFS élisait au suffrage universel un conseil de gouvernement, mais également des représentants qui siégeaient au Parlement français, à Paris, au titre de l’Union française, puis de la Communauté. Hassan Gouled [15], le premier président de la République indépendante, était, comme l’Ivoirien Houphouët-Boigny, familier des leaders politiques des deux Républiques. Comme pour se faire pardonner quatre-vingts années d’oubli, la France tenta de rattraper le retard dans les domaines des services publics et des infrastructures. On agrandit le port et l’aéroport, asphalta les rues, construisit des écoles, des logements et des casernes. La ville agit comme un aimant qui attira la population bien au-delà des limites du territoire. Les migrants, même peu regardants sur les salaires, ne pouvaient être absorbés par les entreprises locales et grossirent, au mieux, la nombreuse domesticité des fonctionnaires et des militaires, dont les traitements et les soldes bénéficiaient de substantielles primes d’éloignement. Crainte, comme cause potentielle de désordre, cette population flottante était un enjeu capital pour la vie politique de la CFS. L’octroi des cartes d’identité et donc de cartes d’électeurs permit à l’administration de faire et de défaire les majorités du territoire, au gré des élections au Conseil local. Elle joua des rivalités entre les communautés, s’appuyant, après l’accession de la Somalie à l’indépendance en 1960, sur les Afar et sur les Yéménites, les « Arabes » comme on disait alors [16]. Elle sut promouvoir des self-made-men comme Saïd Coubèche, fils d’immigré yéménite, ou débaucher les chefs traditionnels des Afar ou des Somali par des prébendes, ou en les associant à certains postes honorifiques.

11Pourquoi tant d’efforts et de manœuvres pour se maintenir dans ces lieux où la climatisation s’impose toute l’année ? Des salaires augmentés de primes, une monnaie stable et convertible et une fiscalité légère ne peuvent seuls expliquer l’obstination de la France. Dans une colonie qui avait tardé à rejoindre de Gaulle, demeurait une forte présence de militaires engagés dans la France libre, souvent liés aux combats de la libération de l’Éthiopie. En outre, l’administrateur apostolique de Djibouti, Mgr Hoffman, nommé en 1945, était aumônier des Alsaciens-Lorrains libres. Ce capucin, élevé au rang d’évêque du nouveau diocèse ( 1957), se comporta comme un gouverneur-bis. Il freina l’introduction de l’enseignement laïc d’État et réussit à retarder l’installation de la paroisse protestante. Peu après l’accession du territoire à l’indépendance, il renonça à sa charge [17]. C’est sur ce terreau politique particulier que se développa le « système Aref ». Comme pour laver l’affront fait, en 1966, au général de Gaulle, en route pour l’Éthiopie et accueilli par des « porteurs de pancartes », le gouvernement lança une répression vigoureuse dans les quartiers. Il y eut de nombreuses victimes, et on procéda à d’importantes reconduites à la frontière. Ces mesures brutales, le réexamen des listes électorales et une campagne électorale très encadrée se traduisirent par une victoire des partisans du rattachement à la France, au référendum de 1967. Le TFAI prenait la suite de la CFS; un changement de nom qui affirmait la présence des Afar et effaçait les Somali, réduits à être des Issa ( Ciise), un clan de la fédération des Dir. Le gouvernement local, dirigé par Ali Aref, un Afar, avait obtenu de nouveaux pouvoirs à l’égard du hautcommissaire. Véritable proconsul, il s’engagea résolument dans le refoulement de l’influence somali, avec la complicité et la bénédiction des gouvernements gaullistes qui ne lui ménagèrent ni leur appui ni leurs crédits.

12Djibouti, dans les trente années qui suivirent la guerre, a réagi comme un microcosme et un prisme déformant des débats qui ont agité et traversé la France. Ces conflits, ces guerres parfois picrocholines, isolèrent le territoire dans son environnement régional. La rente de situation éthiopienne paraissait immuable alors que le trafic du port d’Asäb dépassait déjà celui de Djibouti, mais peu importait, les crédits de la métropole continueraient d’affluer, car Ali Aref avait, disait-on, le « bras long »…

Hong-Kong, Singapour, Guantanamo, ou Port-Éthiopie ?

L’indépendance par surprise

13Alors que Djibouti s’imaginait l’avenir paisible d’un Melilla transporté dans la Corne de l’Afrique, il s’est trouvé dans la position de Hong-Kong (ou de Macao) au moment de la Révolution culturelle en Chine, mais d’un Hong-Kong qui aurait accédé à l’indépendance. En 1974, d’obscurs sous-officiers déposèrent Haylä Sellasé, lancèrent une réforme agraire radicale et nationalisèrent les moyens de production. Confrontée, depuis 1960, au séparatisme érythréen, l’Éthiopie sombra dans la guerre civile, tandis que Mogadiscio soutenait ouvertement le Front de libération de la Somalie occidentale (FLSO ) qui luttait pour le rattachement de l’Ogadén à la Somalie. En juin 1977, peu avant l’indépendance de Djibouti, le FLSO enlevait, en un mois, tout le Sud-Est de l’Éthiopie. La ville, isolée du reste du territoire par des barbelés contrôlés par la légion depuis 1967, se retrouvait dans l’«œil du cyclone », selon le cliché des médias. Un peu plus d’un an s’était écoulé entre l’intervention (fin 1975) –évoquée plus haut– de P. Messmer dans France-Soir et le départ des autorités françaises [18]. La France n’a plus d’intérêts stratégiques dans la région, avait déclaré, en substance, l’ex-Premier ministre, gaulliste historique. Des négociations s’ouvrirent au cours de l’année 1976, et Hassan Gouled se posa d’emblée en futur chef d’État. La France obtint le bail d’une base aéronavale de 3000 hommes, siège du quartier général de ses forces dans l’océan Indien. Le sort du chemin de fer, d’ailleurs coupé par les Somaliens, demeurait en suspens, car le nouvel État n’entendait pas confirmer à l’Éthiopie ses privilèges commerciaux et territoriaux dans le port [19].

14En 1977, personne n’aurait parié sur la pérennité de la République de Djibouti, appellation habile tentant de minimiser l’opposition entre Afar et Somali. En effet, Ali Aref avait tenté de réunir les Afar d’Éthiopie et du TFAI dans une Grande Afarie. Le président avait une ascendance prestigieuse du côté de son père qui descendait ou était lié à une princesse afar, laquelle avait épousé lej Iyyasu, successeur désigné par Menilek II et déposé, en 1916, par le futur Haylä Sellasé. Marqué par l’exercice autoritaire du pouvoir, il échoua, aussi, parce qu’il avait partie liée avec un sultan fort impopulaire. Néanmoins, les Afar de Djibouti inclinaient toujours vers l’Éthiopie qui avait officiellement renoncé aux revendications de l’Ancien Régime. Les Somali de Djibouti n’étaient pas insensibles à l’appel à former la Grande Somalie repris par le président Siyaad Barre. En 1977, la France quittait sa possession du détroit de Bab el-Mandeb, et les États-Unis, qui avaient rompu avec leur allié éthiopien, fermaient leur base de Qägñäw (Kagnew) à Asmära (Érythrée). L’Union soviétique, installée à Berbera (Somalie), à Aden et à Socotra, surveillait l’accès au canal de Suez, réouvert en 1975, la voie pétrolière la plus courte entre la Méditerranée et le golfe Persique. Certes, la guerre somalo-éthiopienne de 1977-1978 provoqua une spectaculaire permutation des alliances : la Somalie de Siyaad Barre rejoignant l’Ouest et ouvrant Berbera aux Occidentaux; l’Éthiopie de Mängestu s’alliant à l’URSS et lui offrant Massawa et les îles Dahlak (Érythrée). Finalement, l’Union soviétique campait sur les rives asiatique et africaine à l’entrée de la mer Rouge. N’était-on pas parti trop tôt, au mauvais moment ?

Le « miracle » de Djibouti et ses limites

15Hassan Gouled, politicien expérimenté, sut jouer un jeu de bascule entre les puissances régionales et internationales dans la Corne. Héraut de l’indépendance, il maintint cependant des liens étroits avec la classe politique française dont il était le produit. La base française, qui contribua pour 40% aux revenus de la République, assura la sécurité et la liberté de navigation dans le détroit de Bab el-Mandeb et conforta la stabilité de la cité-État. Ce « miracle » montrait que la France aurait pu sauvegarder ses intérêts stratégiques et ceux du « Monde libre » face à la présence soviétique au Yémen et en Éthiopie, sans s’obstiner à conserver un territoire contre le souhait de sa population. Djibouti, havre de paix, accueillit les Horn watchers (journalistes, chercheurs, agents de renseignement), comme Hong-Kong fut le repaire des China watchers, pendant la Révolution culturelle. Hassan Gouled, le seul chef d’État fréquentable de la région, offrit l’hospitalité aux réfugiés éthiopiens et somaliens, et abrita les organismes internationaux et les ONG opérant en Éthiopie pendant la famine de 1984-1985. Djibouti devint le siège de l’IGAD  [20], qui réunit les États de la Corne, le Soudan et l’Afrique de l’Est dans la lutte contre la sécheresse. C’est l’IGAD qui contribua, en 1988, à la signature de la paix entre l’Éthiopie et la Somalie sous l’égide du « vieux sage de la Corne ». Hassan Gouled pratiqua une subtile politique de bonne entente avec ses voisins en proie aux guerres civiles. Il s’entremit dans les négociations discrètes des divers fronts et des gouvernements. Il signa avec l’Éthiopie marxiste le traité formant le Chemin de fer djiboutoéthiopien (CDÉ ), successeur du CFÉ. Il adhéra à la Ligue arabe et fit de l’arabe la deuxième langue officielle, tout en maintenant des liens privilégiés avec l’Union européenne. Ainsi les panneaux annonçant projets d’aménagement et d’édilité portent-ils en ville la marque de ce double patronage. En conséquence, les Djiboutiens ont longtemps permis un exercice solitaire du pouvoir à celui qui leur épargnait les guerres déchirant leurs voisins [21].

16Le charme se rompit, paradoxalement, avec la chute des deux dictateurs de la Corne. La désintégration de la Somalie de Siyaad Barre, à partir de 1988, se traduisit par un afflux de réfugiés et la poursuite des affrontements dans les camps périphériques à la ville. Toutefois, la défaite des armées de Mängestu, au printemps 1991, déclencha le soulèvement des Afar, au nord du golfe de Tadjoura. En effet, les milices des Afar éthiopiens, chassées d’Asäb par les Érythréens, passèrent la frontière et furent désarmées par l’armée française. Malgré ces mesures, une partie des miliciens avec leur armement rejoignirent les opposants qui passèrent à l’offensive. Comme souvent en Afrique, l’ancienne puissance coloniale s’entremit avec les rebelles et le pouvoir. Après bien des tergiversations, un accord fut signé instaurant le pluripartisme et prévoyant un rééquilibrage des investissements vers le Nord, de peuplement afar. Mais, en même temps, la France s’était engagée à former et à accroître les effectifs de l’armée djiboutienne. L’État djiboutien cherchait à accéder à une plus grande autonomie de ses forces de défense, et les organismes de police et de sécurité prirent de plus en plus d’importance. Les organisations de protection des droits de l’homme signalèrent, de plus en plus souvent, des manquements graves, à Djibouti. En 1999, Ismaël Omar Guelleh succéda à Hassan Gouled, et, aux dernières élections législatives du 10 janvier 2003, l’opposition n’est même pas représentée au Parlement.

17C’en est fini de l’exception djiboutienne et de son régime d’autorité tempérée de paternalisme. On se retrouve dans un cas de figure bien connu dans maints États africains, moyen-orientaux ou asiatiques.

18La chute des dictatures a aussi gagné la rive asiatique, où le Yémen du Nord a absorbé le Yémen du Sud socialiste, pacifiquement d’abord, puis au prix d’une courte guerre civile, en 1994. Tant que la région était un point chaud de la tension internationale entre les deux blocs, Djibouti a conservé son statut d’enclave pacifique.

Vers le grand large ou vers l’intérieur ?

19L’Éthiopie de Mälläs Zénawi et l’Érythrée d’Isayyas Afäwärqi, liées par un accord militaire, politique et économique, redevinrent des acteurs régionaux notables. Lors du conflit entre l’Érythrée et le Yémen au sujet des îles Hanish, le régime d’Addis Abäba pratiqua une neutralité compréhensive. Les deux alliés contre Mängestu s’étaient accordés sur l’utilisation du port d’Asäb, devenu érythréen, pour faire transiter 90% du commerce extérieur éthiopien. La guerre éthio-érythréenne ( 1998-2000) a brusquement et durablement changé les données stratégiques régionales. Du jour au lendemain, l’Éthiopie enclavée a réorienté son trafic : le CDÉ augmenta ses dessertes vers Djibouti qui accueillit le flot de camions détournés d’Asäb. À plus de 90%, les marchandises, à destination ou au départ du marché éthiopien, passent désormais par Djibouti qui redevient « Port-Éthiopie ». Ce lien vital, pour plus de 71 millions d’Éthiopiens, est fragile, car la route est défoncée et le chemin de fer–dont a fêté le centième anniversaire en 1997 – est vétuste. Les deux tuteurs du CDÉ se sont entendus pour le privatiser [22]. Toutefois, aucune des deux parties ne se satisfait de cette situation de monopole. L’Éthiopie a obtenu une zone franche à Port-Soudan –où elle se procure déjà 15% de ses hydrocarbures–, et le Somaliland et le Kenya ont fait des offres de service. Djibouti a concédé l’exploitation du port à la Dubai Port Authority qui projette la construction d’un terminal de porteconteneurs à 8 km au Nord, à Doralé. Aucune desserte ferroviaire n’est prévue pour ces nouvelles installations. Escale de vitesse, hautement technicisée, des navires géants (porte-conteneurs, cargos… ) pour l’ensemble de la côte ouest de l’océan Indien, Djibouti deviendrait une enclave coupée de son hinterland africain, au profit d’un arrière-pays formé par les mers et les océans du globe.

20Toutefois, les changements de la conjoncture politique internationale ont affecté la Corne de l’Afrique. Les États-Unis, en retrait depuis l’échec de Restore Hope en Somalie, en 1993, ont tenté d’empêcher le déchaînement du conflit éthio-érythréen mené par des gouvernements qu’ils avaient contribué à installer au pouvoir. L’Éthiopie, l’Érythrée et l’Ouganda devaient encercler le Soudan, État voyou. Depuis septembre 2001, la position stratégique de Djibouti à l’entrée du couloir pétrolier de la mer Rouge et sa situation d’arrière-cour du Moyen-Orient ont retrouvé tout leur intérêt. La base française accueille le matériel et les hommes engagés dans la guerre d’Afghanistan, notamment des navires allemands. Bien plus, les États-Unis décident d’installer, à demeure, une base en République de Djibouti, afin de surveiller le Yémen et la Somalie. En effet, profitant de la disparition de l’État, des éléments de la nébuleuse d’al-Qaïda se sont installés en Somalie. Ismaël Guelleh a répondu avec empressement à la demande des États-Unis et a expulsé sans hésiter, à leur demande, plusieurs centaines de réfugiés « suspects ». Au moment où la France annonce une réduction de ses effectifs–et donc de leurs dépenses– à Djibouti, le loyer de la base américaine et le stationnement des soldats vont apporter des ressources nouvelles. Le président djiboutien se trouve conforté dans ses efforts pour restaurer un État somalien. En effet, la conférence d’Arta réunie sous son patronage, pendant l’été 2000, n’avait pas réussi à apaiser les rivalités entre les seigneurs de la guerre. Il se présente maintenant dans le jeu politique de la Corne comme bénéficiant de l’appui des États-Unis et des monarchies du Golfe. Son intervention dans les affaires somaliennes et somali suscite l’agacement du Somaliland et de l’Éthiopie qui se souvient que sa famille et lui-même sont originaires de Dirré Dawa, en Éthiopie.

21Djibouti, longtemps chasse gardée de la France, paraît vouloir tourner la page de l’ex-métropole coloniale en regardant vers le Golfe et les États-Unis. Peut-être est-ce une coïncidence, mais on doit rappeler que l’entourage présidentiel paraît sérieusement impliqué dans le décès, présenté comme un suicide, d’un juge français coopérant à Djibouti.

Un dragon dans un désert ou un chacal ?

22Colonie oubliée, camp retranché, escale charbonnière, confetti d’Empire, œil du cyclone, porte de la riche Éthiopie… Métaphores et clichés ne manquent pas pour décrire ce port surgi du désert qui est devenu, en moins d’un siècle, un État souverain. Faudra-t-il ajouter « Singapour sur mer Rouge » à cette longue liste ? La courte histoire de cette cité-État qui compte 700 000 habitants, groupés pour les trois quarts dans la ville, est surprenante et contradictoire. La France a manifesté autant de réticences à s’y installer à demeure qu’elle a mis de mauvaise volonté à en partir. Paradoxalement, ce « coin perdu » a répercuté tous les conflits internes des Républiques successives : guerre scolaire, vichysme, France libre, syndicalisme, gaullisme. La métropole a, tour à tour, exploré toutes les solutions pour s’en débarrasser et, souvent en même temps, pour le garder : rétrocession/cession à l’Éthiopie, annexion, proconsulat local, port franc, indépendance improvisée, maintien ou fermeture de la base… Djibouti, comme les Quatre Communes du Sénégal, illustre l’attitude des Français « qui avaient traité leurs colonisés à la fois comme frères et comme sujets[23] ». Toute-fois, la République de Djibouti existe, mais elle paraît prise et tiraillée, à son tour, dans des choix qui semblent incompatibles et contradictoires.

23S’impliquer dans la Corne suppose concilier des systèmes d’alliance à « géométrie variable » qui se font et se défont autour de l’opposition ÉthiopieÉrythrée, Yémen-Érythrée et Soudan-Érythrée. À Djibouti, les Afar lorgnent vers l’Éthiopie, et les Somali vers la Somalie disparue, où Érythréens, Éthiopiens et mouvements islamistes se sont affrontés. L’installation des États-Unis ne manque pas de compliquer encore la situation et retarde le retrait des Français. Se tourner vers le large, se couper de la Corne : voilà la solution, a-t-on sans doute pensé. C’est trouver des débouchés alors que les Djiboutiens consacrent, en moyenne, 60%  [24] de leur revenu au tchat importé d’Éthiopie. Confier l’exploitation et l’agrandissement du port à la Dubai Port Authority, c’est copier la recette du succès ou, tout au moins, en recueillir les miettes. Il est certain que l’équipement portuaire–rénové en partie grâce à un prêt éthiopien en 1998 – est sans égal dans la région, notamment pour les porte-conteneurs. Une main, d’œuvre formée et expérimentée peut s’adapter à la manutention rapide. Les équipements d’Asäb, d’Aden et Berbera, ravagés par les guerres, ne peuvent rivaliser. Les agrandissements de Doralé, au nord de la ville, sont planifiés, et les crédits prévus. Rien ne s’oppose, donc, à l’édification de cette cathédrale technique dans le désert, d’autant qu’il y a de l’eau. Mais les riverains de la mer Rouge, de la mer d’Oman et de l’océan Indien, sont-ils assez nombreux et ont-ils des revenus suffisants pour assurer le trafic d’un port d’éclatement ultramoderne supplémentaire ? Il y a d’autres sites candidats en mer Rouge et sur la rive ouest de l’océan Indien. Tout d’abord Dubaï, où les Éthiopiens s’engagent comme manœuvres. Et puis l’île Maurice, comme la Réunion, et sur le continent Maputo, dont le couloir est irrigué par les capitaux d’Afrique du Sud. Port-Saïd, Port-Soudan, Yanbu, Djeddah ou Hodeidah, ont des installations en pleine expansion et rénovation [25].

24Par rapport à de tels concurrents, les atouts de la cité-État paraissent bien faibles, ou alors elle doit se limiter à la fonction de port de rayonnement régional. Dans ce cas, Djibouti devrait-il oublier qu’il est devenu port parce qu’il fut d’abord le débouché de l’Éthiopie ? Pourquoi Doralé ne pourrait-il pas, à l’avenir, être raccordé à un chemin de fer qui dessert un marché de 71 millions d’Éthiopiens, d’autant que le CDÉ est en réfection et que sa privatisation est négociée ? Des projets sont annoncés dans le cadre de la Corne, mais leur financement est, pour le moment, problématique. Une compagnie sino-éthiopienne doit poser une conduite entre le gisement de gaz, reconnu, de Shilabo en Ogadén et Dirré Dawa, où serait édifiée une usine de dégazolinage. Des wagons-citernes apporteraient le carburant à Addis Abäba et à Djibouti. Divers entrefilets dans la presse ont signalé l’étude d’un oléoduc partant de Djibouti pour desservir l’Éthiopie. Peu de choses pour faire grandir un dragon (les tigres, c’est l’Asie), mais peut-être assez pour nourrir un chacal. Un chacal économique, c’est moins prestigieux, mais c’est, dans les contes éthiopiens, un animal robuste et malin. L’histoire de Djibouti est déroutante : c’est une suite de paris pas tous gagnés; mais qui aurait pronostiqué, il y a un siècle, que la CFS et son port, qui comptaient « 22 fonctionnaires et 80000 indigènes »  [26], seraient maintenant dix fois plus peuplés ?

Termes éthiopiens et somaliens

25On a respecté l’orthographe du somali, écrit en caractères latins depuis 1972. Toutefois, on a suivi les graphies consacrées à Djibouti. Pour l’Éthiopie, on s’est conformé aux règles des éthiopisants en choisissant les graphies les plus proches des prononciations locales. Selon l’usage, les adjectifs de « nationalités » demeurent invariables. Les transcriptions scientifiques et les termes en langues vernaculaires sont en italique. Dans la bibliographie, en l’absence de noms de famille, les auteurs « locaux » sont classés à l’initiale de leur premier nom.

figure im1
Djibouti, l’hinterland et le grand large.

Notes

  • [1]
    Catha edulis Forsk : stupéfiant « léger » inscrit au tableau B en France. En arabe khât.
  • [2]
    À ma connaissance et en dehors de l’Algérie, ce furent les seules émeutes que déclencha la venue de De Gaulle.
  • [3]
    En 1891, Rimbaud malade s’embarqua à Seylac pour gagner Marseille.
  • [4]
    Ingénieur, homme de confiance et ministre conseiller suisse du negus.
  • [5]
    Cf. Vincent Basuyau, Le chemin de fer de Djibouti à Addis Abeba, DEA d’Études africaines, option géographie, université de Paris I, 1991 (non publié).
  • [6]
    Cf. Colette Dubois, Djibouti 1888-1967. Héritage ou frustration ?, Paris, L’Harmattan, 1997.
  • [7]
    Cf. Alain Gascon, La « riche » Éthiopie et la géographie universelle ( 1938), Les orientalistes sont des aventuriers. Guirlande offerte à Joseph Tubiana par ses élèves et ses amis, textes réunis par A. Rouaud, Saint-Maur, Sépia, Bibliothèque Peiresc 12,1999, p. 137-142, et du même, « Fin du chemin de fer, fin de la grande Éthiopie ? La mort annoncée du chemin de fer de Menilek », colloque Les chemins de fer en Afrique, Ch. Béranger (sous la direction de), PRODIG et SEDET (Paris 1,4 et 7), Paris, 23-24 septembre 2004.
  • [8]
    Cf. Colette Dubois, L’or blanc de Djibouti. Salines et sauniers (XIXe-XXe siècles), Paris, Karthala, 2003.
  • [9]
    Cf. Colette Dubois, Pierre Soumille, Des chrétiens à Djibouti en terre d’islam XIXe-XXe siècles, Paris, Karthala, Mémoire d’Églises, 2004.
  • [10]
    Cf. Colette Dubois, Djibouti 1888-1967. Héritage ou frustration ?, op. cit.
  • [11]
    P. Pasteau, directeur du CFÉ ( 1928-1950), vit les tampons « Gibuti Posta Italian a », prêts à être utilisés à Addis Abäba, pendant l’occupation italienne. Expulsé pour son soutien à la résistance éthiopienne, il entra à Paris avec le général Leclerc en août 1944.
  • [12]
    Cf. John H. Spencer, Ethiopia at Bay : a Personal Account of the Haile Sellasie Years, Algonac, Reference Publications Inc., 1987.
  • [13]
    Djibouti servit de relais au trafic des piastres.
  • [14]
    Après son échec au référendum, il rejoignit Nasser. Décédé dans un accident d’avion, en 1960.
  • [15]
    Il fit partie de l’UDSR de FrançoisMitterrand.
  • [16]
    Cf. Alain Rouaud, « Pour une histoire des Arabes de Djibouti, 1896-1977 », La Corne dans tous ses États, Cahiers d’Études Africaines, XXXVII ( 2), 146,1997, p. 319-348.
  • [17]
    Cf. Dubois, Soumille, op. cit.
  • [18]
    Cf. Colette Dubois, Djibouti 1888-1967. Héritage ou frustration ?, op. cit.
  • [19]
    Cf. Vincent Basuyau, op. cit.
  • [20]
    Inter-Government Authority against Drought.
  • [21]
    Le président passait, chaque année, les mois d’été en cure à Divonne-les-Bains.
  • [22]
    Cf. Alain Gascon, « Fin du chemin de fer », op. cit.
  • [23]
    Cf. Hannah Arendt, citée par Jean-Pierre Dozon, Frères et sujets. La France et l’Afrique en perspective, Paris, Flammarion, 2003, p. 19.
  • [24]
    D’après Mohamed Guedda (Djibouti).
  • [25]
    Cf. Abdel-Azim Khaled, La mer Rouge, enjeux géopolitiques. Analyse de situations géopolitiques présentes, début XXIe siècle, thèse de doctorat, Institut français de géopolitique, université de Paris 8,2005.
  • [26]
    Cf. A.-G. Rozis, « Le protectorat de la Côte française des Somalis », Société de Géographie commerciale de Paris, tome XXXIII, n° 9, septembre 1911, p. 605-620.
Alain Gascon
maître de conférences (HDR) à l’IUFM de Créteil, Centre d’études africaines (EHESS/CNRS), chargé de cours à l’INALCO.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2005
https://doi.org/10.3917/oute.011.0451
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