CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 L’économie politique du développement a l’ambition de traiter spécifiquement des questions relatives à la production et à la répartition des biens et services, tant matériels qu’immatériels, au cours des processus de développement des sociétés humaines. C’est à cette tâche, vaste et complexe, que s’est consacré, tout au long de sa vie d’universitaire [5], notre collègue et ami Philippe Hugon qui nous a quittés le 28 avril 2018. L’essai ci-dessous voudrait lui rendre hommage en précisant ce qu’a de particulier son approche, que nous partageons, en termes d’économie politique pour l’étude du développement de nos sociétés [6].

2 Celle-ci introduit, au départ de l’analyse, la dimension humaine des processus de développement. Cette approche situe en son centre la personne humaine, être social, comme une valeur essentielle. Elle ne saurait donc être réduite au jeu de la maximisation des intérêts économiques individuels. Ce fut, parmi les pionniers du développement [7], l’approche d’auteurs tels que Hirschman (1964), Myrdal (1968) et, pour la pensée francophone, Perroux (1955, 1964 et 1981), Bartoli (1957 et 1999). À partir de 1990, fortement inspirée par Sen (1997), cette tradition analytique fut popularisée, année après année, par le rapport annuel du PNUD consacré au développement humain, ce dernier y étant défini, de façon lapidaire, comme le développement de l’homme, par l’homme et pour l’homme. Dès lors, l’analyse doit être historiquement située dans le temps et localisée dans l’espace. Chaque société, en fonction de son histoire et de sa culture propre, évolue de façon distincte des autres groupes humains. Il ne saurait y avoir de vision universelle et atemporelle des processus de développement, de lois économiques qui s’appliqueraient en tout temps et en tout lieu. L’économiste, très souvent à la recherche de telles lois générales, s’il veut comprendre et analyser correctement la diversité concrète des processus de transformation des sociétés, doit être à l’écoute de l’apport des autres sciences sociales, anthropologie et histoire en premier lieu, mais aussi sociologie, sciences politiques et géographie. Bien sûr, aucun d’entre nous ne peut prétendre maîtriser un tel ensemble de connaissances et de démarches disciplinaires. Il nous est donc indispensable de travailler au sein de collectifs pluridisciplinaires où la confrontation des démarches permet d’enrichir celle de sa propre discipline. C’est ce qu’a fait Philippe Hugon en participant à la création du GEMDEV [8] (Groupement pour l’étude de la mondialisation et du développement) et en étant actif au sein d’autres réseaux (Association Tiers-Monde, AMIRA (Amélioration des méthodes d’investigation en milieu rural africain) [9],…).

3 Dans le même esprit, la démarche de l’économie politique du développement suppose de ne pas se contenter d’une approche théorique du développement. Elle se nourrit de données contextualisées issues d’analyses de terrains, afin d’en révéler la complexité et d’éviter des généralisations abusives. Là encore, à partir de ses expériences initiales au Cameroun et à Madagascar, c’est ce qu’a fait notre collègue qui était, parmi les économistes universitaires, l’un des meilleurs connaisseurs de la réalité africaine, notamment subsaharienne [10]. Cette attention au terrain, aux faits économiques saisis dans leur contexte, permet d’éviter tout à la fois un biais analytique lié à l’occidentalo-centrisme, ainsi qu’une généralisation trop systématique. L’économie politique ayant été principalement forgée en Occident, la tentation est forte de faire des processus de développement des pays occidentaux la référence en la matière. Dans l’histoire des idées, c’est ce que Rostow (1962) a fait, de façon assez caricaturale, avec son analyse des étapes de la croissance. De même, l’analyse de Lewis (1954) opposant secteur moderne et traditionnel, souvent reprise de façon simpliste, ne résiste pas à la confrontation avec la diversité des évolutions des sociétés.

4 Décentrer le regard en travaillant sur des terrains différents de ceux où ont été forgés les principaux instruments tirés de la boîte à outils des économistes permet de questionner ces outils et de les renouveler. Il s’agit, dans l’approche proposée de l’économie politique du développement, de s’interroger systématiquement sur la pertinence des concepts, méthodes et théories utilisés au regard de la société étudiée. Cette remarque essentielle ne concerne pas seulement leur application aux pays dits du Sud. Elle est également pertinente pour ceux dits du Nord, d’autant plus que les contextes de chacun d’eux se modifient dans le temps. Comme nous le montre, depuis quelques années, les travaux d’Histoire globale de nos collègues historiens, l’économiste doit varier son angle d’observation et de collecte de données pour élaborer de nouveaux faits stylisés, faire progresser sa démarche analytique et créer de nouveaux concepts. Par exemple, une notion telle que le salaire d’efficience trouve son origine dans des travaux conduits dans des pays en développement. L’apport intellectuel ne saurait être à sens unique ! Il apparaît donc que l’économie politique du développement, initialement fondée sur l’étude des pays dits, à l’époque, « en développement » ou du « Tiers Monde », concerne tout autant les pays les plus anciennement industrialisés. Le recours à cette ancienne appellation pour désigner les pays dont le PIB par tête est le plus élevé, tout en ayant une économie structurellement diversifiée [11], permet de souligner que les évolutions n’ont rien de linéaire et d’irréversible. Ces pays sont, de nos jours, souvent considérés comme en voie de désindustrialisation. Si c’est là un autre débat, il n’en révèle pas moins cette absence de linéarité dans les évolutions de long terme. Les difficultés, récurrentes depuis plusieurs décennies, de pays comme l’Argentine, le Brésil ou la Côte d’Ivoire, pour n’en citer que quelques-uns, montrent que les processus de développement ne sont pas irréversibles. Ceux-ci sont des phénomènes qui ne peuvent être analysés que sur la longue période. Une analyse historique est donc un préalable particulièrement éclairant à toute étude d’économie politique du développement. Le recours à l’histoire longue du territoire considéré permet d’identifier les caractéristiques structurelles fondamentales et les sentiers de dépendance. Cette analyse d’histoire des faits économiques ne peut être séparée d’une réflexion sur l’histoire des idées [12] qui en ont influencé tout à la fois l’étude et le déroulement de par leur influence sur les politiques menées.

La démarche intellectuelle de Philippe Hugon : « plutôt du genre renard »…

En 2013, Philippe Hugon publie chez Karthala, « Mémoires solidaires et solitaires. Itinéraire d’un économiste du développement ». Ouvrage relatant son parcours professionnel avec des incursions davantage personnelles et familiales, il rédige un complément de 70 feuillets « Mémoires solidaires et solitaires actualisées » entre janvier et mars 2018, soit un mois avant son décès. Diffusé aux membres de sa famille, ses amis et quelques collègues il est question de son rapport à la religion, des derniers moments passés avec sa famille, sa perception de la mort. Il y précise aussi sa biographie et présente sa propre démarche intellectuelle en ces termes : « Il y a selon Michel Serres deux types de chercheurs, le sanglier qui, tel René Girard, creuse toujours le même sillon et approfondit et le renard qui furète, change de terrain en fonction des curiosités et des opportunités. Je suis plutôt du genre renard, même si j’ai toujours voulu mobiliser un appareil analytique intégrant, d’un point de vue critique, les apports de l’économie politique. Mes travaux ont évolué durant plus de 50 ans d’écriture. Mes premiers écrits publiés renvoyaient à l’anthropologie et l’économie (article dans la Revue Tiers Monde en 1967) et mon premier ouvrage sur le Cameroun (1968) à l’Afrique, thèmes que je n’ai cessé de travailler. En revanche, j’ai changé de focalisation au cours du temps : j’ai travaillé sur l’emploi (mon sujet de thèse), puis l’éducation, l’informel, l’ajustement, les filières, la prospective, la régionalisation et la mondialisation, la géopolitique. Progressivement, mes travaux de terrain durant une dizaine d’années en Afrique ont été remplacés, ou complétés, par des approches plus globales et par des approfondissements théoriques. J’ai toutefois toujours cherché à revisiter quelques décennies après mes thèmes anciens (éducation emploi, informel, filières coton, économie ivoirienne, économie de Madagascar, etc. » (Mémoires solidaires et solitaires actualisées, 54).

5 De la même manière, quelle que soit l’échelle territoriale d’étude adoptée, la prise en compte, comme cadre de référence, du contexte extérieur au territoire est impérative. En premier lieu, il s’agit du contexte mondial, tant économique que géopolitique [13]. L’analyse ne peut être la même selon que l’on se situe en période coloniale, de guerre froide, ou de mondialisation multipolaire. De même, la nature et la place relative dans l’économie considérée des grands acteurs internationaux (firmes multinationales, organisations internationales, pays dominants) jouent un rôle clé dans les processus de développement qui en sont plus ou moins dépendants. Ce souci de la prise en compte des différentes échelles d’analyse se retrouve chez les pionniers du développement tels Hirschman et Perroux (Hugon, 2003e). Cette prise en compte des échelles spatiales (territoire, région, monde) dans l’analyse du développement et, surtout, des modes de gouvernance dans des chaînes d’acteurs insérés à différents niveaux territoriaux ont été un axe central des travaux de Philippe Hugon qui insiste sur l’existence des « méso systèmes dynamiques » (2003b, 27). Pour lui, cette méso dynamique suppose la prise en compte des échelles territoriales allant du local au mondial (filières spatialisées ou méso systèmes territorialisés). Il distingue les régulations au sens faible qui apparaissent notamment à des échelles locales ou transnationales d’une régulation au sens fort liée à l’échelle de l’État national et qui renvoie à une tendance aux « débordement des États » par le bas (décentralisation, privatisation) et/ou par le haut (régionalisation, mondialisation). Dès lors, l’analyse spatiale s’accompagne d’une analyse des dotations de chacun de ces micro- ou macro- acteurs, des asymétries de pouvoirs, des différences dans les horizons temporels de chacun, de leurs motivations multiples, etc. C’est à toute cette complexité que s’affronte Philippe Hugon dans l’ensemble de son œuvre.

6 L’élaboration de faits stylisés, point de départ de toute tentative de théorisation suppose également d’identifier les secteurs clés qui les déterminent. Il s’agit, en premier lieu, de l’éducation et de la formation de la main-d’œuvre, des structures administratives, des structures productives et de leur répartition territoriale. Mais, l’économie politique du développement ne se limite pas au nécessaire effort de théorisation, il s’agit, pour elle, d’être une aide à la décision, un guide pour les mesures de politique économique à adopter en fonction des choix sociétaux et politiques des sociétés considérées. L’une des voies pour y parvenir est de procéder à des travaux prospectifs [14]. Sur la base des analyses historiques évoquées plus haut, une seconde étape de travail suppose de choisir les variables jugées clés, puis, en un troisième temps, d’élaborer des scénarios alternatifs destinés à éclairer les choix politiques.

7 L’économie politique du développement, au cœur de l’œuvre de Philippe Hugon, aborde les questions du développement économique en considérant le temps long et les incertitudes affectant les trajectoires de développement. Elle met au centre de sa construction intellectuelle les jeux des acteurs dans l’accès aux ressources et au pouvoir, avec les conflits qui y sont associés. C’est très certainement dans l’article « Le concept d’acteurs du développement chez les pionniers du développement : Albert Otto Hirschman et François Perroux » (Hugon, 2003e) que, partant d’une analyse comparative de ces deux pionniers, il exprime toute sa démarche scientifique. Ces « figures emblématiques » se démarquent de l’école néo-classique, du keynesianisme et du marxisme et « ils privilégient tous deux le rôle des acteurs dans le processus de développement en zigzag, et donc une absence de déterminisme. Ils ne dissocient pas éthique et économie. Ils conçoivent le développement comme un processus de déséquilibres, de cheminements par essai/erreurs et de processus cumulatifs » (Ibid., 10). Philippe Hugon s’inscrit dans cette épure.

Philippe Hugon : repères biographiques

Philippe Hugon est né le 5 mai 1939 et décédé le 20 avril 2018 à Versailles.
Assistant au Cameroun (1964-1966), Maître assistant à Paris I (1966-1969), il obtient l’agrégation de sciences économiques en 1970. Il sera Professeur à l’Université de Madagascar de 1969 à 1974 et sera ensuite nommé Professeur de sciences économiques à l’université Paris X Nanterre (1975-2005), puis Professeur émérite à l’université Paris-Ouest Nanterre-La Défense (2006-2017). Il devient Directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) de 2006 à 2017.
Au cours de sa carrière à l’université Paris Ouest-Nanterre, il sera président du Centre de recherche pour une nouvelle économie appliquée (CERNEA), directeur du Centre d’études et de recherches en économie du développement (CERED) et du Laboratoire de recherche en économie appliquée (LAREA). Il a été un des fondateurs du Groupement pour l’étude de la mondialisation et du développement (GEMDEV) en 1983 et il y sera actif jusqu’en 2017. Entre 2000 et 2003 il est membre du Haut conseil de la coopération internationale, organisme dépendant du Premier ministre (HCCI), et représente les équipes de recherche françaises au sein de l’Association européenne des instituts de formation et de recherche en matière de développement (EADI). Il a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris de 1985 à 2007 et au Collège interarmées de défense (CID, devenu l’École de guerre en 2011) de 2007 à 2011. Il a été Professeur honoraire à l’Université Arequipa, Pérou (septembre 2003) et Professeur invité dans de nombreuses universités nord-américaines, européennes et africaines.
Directeur scientifique de la Revue Tiers Monde entre 2006 et 2013 il a été membre de plusieurs comités de rédaction de revues : Afrique contemporaine, Passages, Revue internationale et stratégique.
Il a donné nombre de conférences en France et à l’étranger. Il mena plusieurs expertises pour la Banque africaine de développement (BAD), le Bureau international du travail (BIT), le ministère des Affaires étrangères (MAE), le ministère de la Défense, l'Union européenne, la Banque mondiale, le FMI, l'OCDE, l'UNESCO. Il a rédigé de nombreux articles de journaux et a souvent participé à des émissions de radio et de télévision.
Auteur d’une trentaine d’ouvrages sur l’économie du développement, l’économie politique internationale et l’Afrique et plus de 150 articles dans des revues à référés (voir bibliographie, nécessairement partielle, en annexe).
Entré au Who’s who ? en 2011, il est Officier des palmes académiques et membre de l’Académie des sciences d’outre-mer.

8 Ces remarques introductives conduisent à présenter en trois temps, suggérés par l’œuvre de Philippe Hugon, cet essai consacré à l’économie politique du développement qui se caractérise en premier lieu par l’importance accordée à l’Histoire des faits et des idées (1), au contexte économique et géopolitique mondial (2) et à la prospective (3). Bien sûr, comme la liste de ses ouvrages et de ses articles le montre, ces trois entrées ne font qu’aborder l’étendue de son travail. D’autres aspects de ses réflexions, notamment celles relative à l’éducation, à l’analyse des filières agricoles en Afrique, des conflits en Afrique, ne pourront être développés dans le cadre de cet article [15]. Son objet est seulement de réaffirmer la spécificité d’une approche d’économie politique du développement, tant les questions sur les modèles de développement et de croissance, quelques soient les zones géographiques, ne peuvent se résumer à de simples recettes de rattrapage.

1. L’IMPORTANCE ACCORDÉE À L’HISTOIRE DES FAITS ET DES IDÉES

9 Les analyses de Philippe Hugon sur l’évolution de l’économie du développement et de la pensée francophone sur ce sujet (Hugon, 1993b et 2008a) éclairent les tensions qui continuent de traverser l’économie du développement et permettent de mettre en perspective les enjeux d’une économie politique du développement. La note de lecture comparée récente (Hugon, 2016e) qu’il a rédigée pour Afrique contemporaine en réaction aux crispations disciplinaires de l’économie « orthodoxe » exprimées dans les ouvrages de Tirole (2016) et de Cahuc et Zylberberg (2016) est illustrative de son positionnement constant dans la défense d’une économie, en particulier celle du développement, ouverte à la pluridisciplinarité [16], inscrite dans la tradition de l’économie politique [17].

10 Après un bref rappel de l’analyse de Philippe Hugon sur l’évolution du l’économie du développement, sa mise en regard de celle proposée par Krugman (1993), dans une lecture en hommage à Hirschman, permet de souligner l’apport de l’économie politique du développement.

1.1 Les quatre temps de l’économie du développement

11 Jusqu’au début des années 1980, l’économie du développement s’est inscrite dans une perspective plus hétérodoxe qu’orthodoxe (Assidon, 2000 ; Bardhan, 1993 ; Fontaine, 1993 ; Gabas, 2008 ; Jacquemot et Raffinot, 1985 ; Meier et Seers, 1988 ; Meier et Stiglitz, 2002 ; Raffinot, 2015 ; Treillet, 2002/2018 ; Vernières, 1991). De par les spécificités de l’objet étudié, son caractère appliqué, l’économie du développement a été, et demeure, un lieu d’émergence de nouvelles questions que l’approche mainstream n’avait pas considérées. Ainsi, une partie importante des travaux des pionniers du développement est restée en rupture avec les postulats de l’analyse néo-classique étendue (prenant notamment en compte les apports de la nouvelle économie de la croissance).

1.1.1 Une pensée francophone originale ?

12 Historiquement, la pensée francophone du développement, telle qu’étudiée par Philippe Hugon (1993b), appartient à une démarche plutôt hétérodoxe en privilégiant l’analyse des caractéristiques des pays en développement qui restent rétives à une intégration dans l’analyse dominante. Cette orientation hétérodoxe s’est affaiblie depuis le milieu des années 1990. L’idée même d’une « pensée francophone du développement » peut paraître dépassée aujourd’hui, alors que la mondialisation des idées, de la recherche et de la formation semble avoir gommé les frontières. Mais, dans le contexte du début des années 1990, l’exercice de Philippe Hugon était une réponse à la provocation d’une association européenne de chercheurs, l’EADI, considérant que les travaux francophones n’existaient pas dans leur singularité et pertinence et que seuls les travaux anglophones avaient leur légitimité scientifique. Pourtant, à partir d’une présentation en quatre temps de l’évolution de l’économie du développement, Philippe Hugon (1993b) apporte une démonstration tout à fait convaincante de l’existence d’une pensée francophone dans les deux premiers temps : « Le temps de la construction (1945/1950-1960/1965) » et celui de la « radicalisation » (1960/1965-1975/1980) ». Le premier est principalement caractérisé par l’attention à la pluridisciplinarité et par l’influence du structuralisme. Le second est un temps d’affrontement entre les approches structuralistes et néo-marxistes. La pensée française dans sa diversité (Perroux, 1964 ; Bartoli, 1957 ; Sachs, 1978 ; Amin, 1971 ; Emmanuel, 1969 ; Lebret, 1961,…) s’y distingue par son champ d’investigation (les ex-colonies) et par des méthodes spécifiques (fortement influencées par les approches des ingénieurs-économistes) et des instituts de recherche présents sur les différents terrains (Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (ORSTOM), qui deviendra Institut de recherche pour le développement (IRD) ; Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), etc.).

1.1.2 Une spécificité francophone en régression ?

13 Ces spécificités subissent toutefois un affaiblissement progressif, dès les années 1980, où Philippe Hugon identifie un troisième temps, celui de « la gestion (1975-1980/1995) » marqué par le renouveau des idées libérales et les politiques d’ajustement. L’émergence du « consensus de Washington » et des nouveaux pays industrialisés pose alors la question de l’alignement des positions françaises (alors qu’il y avait des positions différentes au sein même de l’administration française) sur celles des institutions multilatérales, y compris dans le cadre de l’émergence d’une doctrine européenne sur le développement. Dans un contexte de montée en puissance des politiques libérales, la position traditionnellement plus interventionniste, étatiste et planificatrice de la coopération française se dilue fortement. Il y a rapprochement avec la pensée mainstream, même si des approches hétérodoxes (Coussy, 1996 ; Judet, 1986 ; Salama et Tessier, 1980 ; Latouche, 1986 ; Michalet, 1983 ; Lautier, 1994,…) continuent de se structurer autour des thématiques de l’informel, de l’environnement, des inégalités, des travaux de l’école de la régulation (Lipietz, 1985 ; Ominami, 1986 ; Lanzarotti, 1992,…). Le « temps de la gestion » est, en fin de période, marqué par l’émergence de nouvelles questions. Les biens publics mondiaux, les partenariats public-privé, la priorité environnementale, la gouvernance, sont autant de nouvelles thématiques qui s’inscrivent dans un monde multipolaire où se fait ressentir la « fatigue de l’aide », et où le consensus autour des Objectifs du Millénaire pour le développement vient en substitution des priorités nationales déclinées selon les thématiques du développement (Hugon, 2016d).

14 Aussi, ultérieurement, Philippe Hugon (2008a), avait-il ajouté un quatrième temps de la pensée du développement s’ouvrant au milieu des années 1990 ; le temps « du postajustement, de la reconstruction et de l’institutionnalisme ». Comme il le souligne, la remise en cause du consensus de Washington ne suffit pas, en elle-même, à refonder l’économie du développement. Cette refondation s’organise autour des travaux des auteurs institutionnalistes (North, 2005), des critiques fortes adressées au modèle précédent (Stiglitz, 2002), et de multiples travaux économétriques (Easterly, 2006). Mais la pensée francophone se dilue dans ce mouvement, et n’a que peu d’impact sur la pensée anglo-saxonne. Les travaux francophones n'occupent plus, en termes de publications, qu'une place marginale dans l’économie du développement (Morrisson et Selod, 2005). Pourtant, la prise en compte de la complexité remet à l’ordre du jour les travaux des pionniers francophones du développement (Perroux, 1964 ; Bartoli, 1957 ; Lebret, 1961 ; Gendarme, 1963/1972) autour des notions d’asymétrie, de polarisation, de désarticulation et de régulation.

15 Sur cette dernière période un triple mouvement, qui a brouillé les frontières antérieures entre les écoles et les disciplines, a traversé l’économie du développement. D’un côté, les travaux théoriques se sont multipliés autour des questions et des hypothèses de cette discipline, avec la prise en compte, dans une approche orthodoxe étendue (incluant en particulier les apports de la nouvelle économie de la croissance), de mécanismes et de caractéristiques que les pionniers du développement avaient mis en exergue plus de trente ans auparavant. De l’autre, un consensus a émergé au niveau international autour de l’objectif de lutte contre la pauvreté, premier des huit Objectifs du Millénaire pour le développement. Enfin, l’émergence des thématiques de l’environnement et du développement durable a participé au renouvellement des approches du développement (Froger et al., 2009). Ce triple mouvement se traduit par une tendance à l’atténuation des spécificités de l’économie du développement, en général, et plus particulièrement des approches francophones.

1.2 L’économie du développement en question

16 La comparaison de l’analyse de l’évolution de l’économie du développement proposée par Philippe Hugon (1993b ; 2008a) avec celle menée par Krugman (1993) permet de souligner l’intérêt d’une économie politique du développement ouverte aux autres disciplines.

17 Krugman a produit son analyse de l’évolution de l’économie du développement à l’occasion d’un hommage rendu à Hirschman en se posant la question des raisons du retour des apports d’Hirschman dans l’économie du développement à partir de la fin des années 1980. Krugman propose, pour sa part, un découpage en trois périodes : la haute théorie (« high theory ») du développement des années 1940 et 1950, une longue période de perte d’influence des années 1960 aux années 1980, puis une remontée en puissance des thématiques de l’économie du développement dans l’économie dominante. Krugman explique ce mouvement de marginalisation de l’économie du développement (1960- 1990) par le refus de la modélisation des grands théoriciens du début du développement. Refus lié lui-même, en partie, aux difficultés, à l’époque, de modéliser les rendements croissants, les situations de marchés incomplets ou imparfaits. Selon Krugman, le manque de compétence technique ou de goût pour la modélisation expliquerait, pour une autre part, le manque de recours à des modèles. Il s’en suit que « les bonnes idées furent laissées dans les greniers de l’économie à accumuler de la poussière pour plus d’une génération : les grands esprits se réfugièrent dans la périphérie intellectuelle » (Krugman, 1993, 32).

18 Le retour de l’économie du développement au premier plan des travaux théoriques depuis le début des années 1990 serait ainsi expliqué par l’apparition de techniques de modélisation qui permettent la prise en compte des rendements croissants, des complémentarités et de certaines situations de concurrence imparfaite. Toujours selon le même auteur, une partie des intuitions des « pionniers du développement » a pu donc acquérir un « solide fondement scientifique » et revenir sur le devant de la scène.

19 Cette analyse de Krugman apparaît fort contestable. En effet, les travaux les plus théoriques butent sur les difficultés de validation par des tests empiriques, comme le montrent les recherches sur les trappes à pauvreté (Geronimi, 2008). Dès lors, des questions centrales de l’économie du développement se transforment en objets théoriques impossibles à valider empiriquement. Ce fait a parfois conduit à une absence totale de théorie, autre que l’instrumentation statistique, avec, en particulier, la montée en puissance de l’évaluation aléatoire dans le cadre du JPAL (Banerjee et Duflo, 2012 ; Jean, 2017 ; Cartier-Bresson, 2013).

20 Or, l’expérience, dans les années 1970, des économistes formalisateurs du groupe AMIRA est, pour nous, riche d’enseignements. En effet, ils ont cherché à dépasser l’utilisation de modèles macro-économiques trop simplificateurs car ils reposaient sur des catégories « standards » décalées (ménage, entreprise, secteur, …) par rapport aux dynamiques économiques observées, marquées par l’informalité, la mobilité et la pluri-activité des économies africaines sur lesquelles ils travaillaient. Il ne s’agit certes pas d’opposer approche qualitative et approche quantitative. Dans des pays au faible appareil statistique, les données chiffrées sont trop souvent insuffisantes et rassemblées selon des catégories inadaptées. Les enquêtes de terrain permettent alors de mieux comprendre les comportements des acteurs, de les identifier et de les mesurer. À partir de ces données empiriques peuvent alors être reconstruits des modèles adaptés aux contextes étudiés. Toutefois, élaborer de tels modèles suppose un travail considérable, souvent peu valorisé, de constitution de bases de données adaptées aux contextes locaux [18]. Dans cette perspective, l’insistance de Philippe Hugon à promouvoir une économie politique du développement appliquée prend toute sa pertinence.

1.3 Pertinence analytique de l’économie politique du développement

21 Les analyses de Philippe Hugon montrent qu’entre ces deux écueils, la théorie sans mesure et la mesure sans théorie, il existe un vaste champ libre pour une pensée du développement hétérodoxe, pour une économie politique du développement.

22 Plusieurs axes de renouveau de l’économie politique du développement sont envisagés : la prise en compte de l’information imparfaite, des rendements croissants et des externalités dans des approches formalisées, des « chaînes de valeurs internationales » (qui renouent avec les travaux francophones sur les filières). Cette nouvelle économie politique du développement retrouve là aussi certaines des théories francophones, en particulier sur les forces centripètes et les dynamiques de polarisation (Perroux, 1964).

23 Les institutionnalismes, qui recouvrent une grande diversité d’approches mais partagent toutefois une mise en perspective de la place du marché, de la rationalité substantive et de la coordination marchande, se déclinent selon des approches sociologiques, cognitives et conventionnalistes plus hétérodoxes. Pour leur part, les théories de la régulation, malgré l’extension de leur application sur des sociétés non occidentales, ne traitent quasiment pas des pays les moins avancés.

24 Ces axes de renouveau de l’économie du développement font écho à des débats au sein de travaux francophones. Philippe Hugon (2008a) cite ceux sur la dimension éthique (Mahieu, 2001) et les débats philosophiques qui posent la question du personnalisme et de la phénoménologie, en opposition avec la tradition anglo-saxonne et l’approche rawlsienne.

25 L’économie politique du développement, selon la tradition hétérodoxe, dépasse l’approche en termes de public choice pour se saisir de la question de l’État par le politique et les jeux de pouvoir des acteurs, en mettant en avant la corruption, le clientélisme, la criminalité, la porosité entre les sphères publiques et privées… Elle débouche sur la thématique des biens publics mondiaux.

26 Le développement soutenable lui-même renoue avec certaines des questions à l’origine de l’économie du développement (long terme, externalités, valeur des ressources naturelles, …).

27 Enfin, toujours dans une tradition francophone, la dimension sociale est approchée sous l’angle de la précarité, de la vulnérabilité et de l’incertitude (voir Hugon, 1995 et 2017 ; Bresson et al., 2013), plutôt qu’en termes utilitaristes, ce que l’on retrouve dans les travaux d’une partie des centres de recherche pluridisciplinaires affiliés au GEMDEV et avec lesquels Philippe Hugon collaborait étroitement.

2. LES ÉCONOMIES EN DÉVELOPPEMENT FACE À LA MONDIALISATION ET À LA RÉGIONALISATION

28 Philippe Hugon traite les questions de mondialisation des économies (Hugon, 1999c) à partir de plusieurs entrées. Il les aborde en termes d’économie internationale et des liens entre commerce et développement, à travers la régionalisation (Hugon, 2003a) dans ses multiples formes comme réponse possible au mouvement de mondialisation, ainsi qu’en mobilisant le concept de biens publics mondiaux (Hugon, 2001a). Comme souvent dans sa démarche, Philippe Hugon dresse un tableau de la littérature sur le sujet qu’il va traiter, énonce les multiples positions doctrinales et théoriques et se situe par rapport à celles-ci dans ses conclusions.

2.1 La mondialisation, un nouveau contexte des relations internationales

29 Dans ses travaux relatifs à l’économie internationale, Philippe Hugon montre qu’il n’est pas possible de trancher entre deux visions du monde totalement opposées ; d’un côté les tenants d’un libéralisme sans limites voulant que le commerce extérieur soit un facteur majeur du développement et de l’autre les tenants d’un protectionnisme considérant qu’en l’état actuel des asymétries internationales il faut penser un développement endogène. Entre ces deux positions il s’impose de voir sous quelles conditions, en particulier de maîtrise et d’accompagnement par des politiques publiques aux échelles nationales et internationales, le commerce extérieur exerce, ou non, un effet de levier sur la croissance économique et induit le développement. C’est donc à une analyse des situations précises qu’il nous convie en mobilisant les outils de l’économie politique internationale, les travaux de Rodrik (1997) et ceux de Rodriguez et Rodrick (2000) pour confirmer les conditions de réussite d’une ouverture des économies.

30 Le phénomène de mondialisation/globalisation est-il une nouvelle réalité ou un effet de mode ? Cette question, que Philippe Hugon (1999c) pose dans le premier chapitre d’un ouvrage collectif sur la mondialisation, nous éclaire sur son cheminement intellectuel vers l’économie politique internationale. Il y répond en mobilisant l’histoire économique et en retraçant l’évolution des approches et des théories. Dans les fondamentaux de l’économie internationale, « il y a, au niveau des idées, permanence du conflit entre une représentation cosmopolite et universaliste en termes de marché généralisé, une représentation particulariste en termes d’institutions et de souverainetés nationales et une représentation d’un mode de relations asymétriques » (Ibid., 21). Philippe Hugon s’attache à décrire l’évolution des approches économiques après la crise de 1929. À partir de la critique de la théorie néo-classique de l’échange international « qui autonomise l’économie du politique », il met en évidence le renouveau de l’économie internationale : la nouvelle économie internationale (rôle accru des oligopoles et concurrence imparfaite), de nouvelles grilles d’interprétation des liens historiques entre marché, capital et nation, de nouvelles lectures de l’État-nation. L’approche en termes d’économie politique internationale introduit la spécificité des asymétries de pouvoirs comme axe explicatif central au fonctionnement actuel de ce phénomène de mondialisation. Dès lors, celui-ci n’est pas un effet de mode. C’est, une réalité marquée par « … la mondialisation des marchés financiers, l’expansion de l’économie servicielle et virtuelle, l’interconnexion et de l’instantanéité des circuits d’information, le multilatéralisme commercial et l’internationalisation de la production. Une nouvelle figure de firme, la firme globale serait en train d’émerger ». Mais cette réalité risque aussi de « gommer, d’effacer d’autres réalités tout à fait fondamentales : le rôle des États et des grandes firmes, les inégalités, les disparités, les évolutions discordantes » (Ibid., 40). Se pose, en conséquence, la question de la régulation adéquate aux divers niveaux de décision (quelle subsidiarité, quel partage de compétences ?) et donc de la place de l’État, car dans ce processus on assiste à un éclatement de l’acteur collectif qu’est l’État plutôt qu’à sa disparition : « Dans un contexte de globalisation, on note… une disjonction entre l’État, la Nation, le territoire, les firmes et les détenteurs de droits de propriété, rendant très difficile une régulation d’un système à géométrie variable où les interdépendances sont enchevêtrées » (Ibid., 46). C’est dire que la complexité des outils de régulation reste bien l’enjeu majeur auquel sont confrontés les États dans leurs fonctions premières de produire des biens et des services collectifs et de gérer le vivre ensemble.

31 C’est sur cet aspect essentiel, en reprenant en 2001 les premiers travaux de Kaul (1999) développés au sein du PNUD dès 1997, qu’à la demande du Haut conseil de la coopération internationale (HCCI) [19], Philippe Hugon développera ses travaux sur ce concept de biens publics mondiaux. Il y a des questions globales qui dépassent la seule sphère des États : changement climatique, environnement, conflits, risques épidémiologiques, gestion de l’eau, etc. Face à ces enjeux globaux, comment produire des biens collectifs mondiaux dans un contexte rappelé précédemment de déclin relatif de l’espace public et des pouvoirs publics face à la montée de la sphère privée et des pouvoirs privés (Hugon, 2001a) ? Là encore, au-delà de l’expression biens publics mondiaux, il montre qu’il y a deux conceptions radicalement différentes : une conception néo-classique et une conception d’économie politique internationale.

2.2 Le renouveau de la question de l’intégration régionale

32 Le renouveau de la question de l’intégration régionale se situe également pour Philippe Hugon dans le mouvement de la mondialisation, car celui-ci « impose le contexte » de la régionalisation (que celle-ci soit Sud-Sud ou Nord-Sud) des économies. Ce renouveau est indissociable du processus de globalisation, « soit comme une réaction à la tendance unificatrice et homogénéisante qui accompagne la dynamique de la mondialisation, soit comme condition nécessaire à l’intégration au mouvement de la mondialisation » (Hugon, 2003a, 10). Mais il s’agit d’une « régionalisation paradoxale », comme le fait remarquer Jean Coussy (1996), car dans un processus mondial d’érosion des frontières nationales, la régionalisation tend à recréer d’autres frontières. Dans ce contexte, l’intégration régionale des économies porte à la fois sur les échanges commerciaux, les flux de capitaux et de travailleurs et sur la mise en place d’un nouvel environnement institutionnel. Dès lors, « l’analyse de la régionalisation est renouvelée dans le cadre de l’économie institutionnelle mettant en valeur le rôle des organisations et des règles, de la nouvelle géographie économique privilégiant les effets d’agglomération, de la nouvelle économie internationale raisonnant en concurrence imparfaite et de l’économie politique internationale » (Hugon, 2003a, 34). Il s’agit donc d’un processus multidimensionnel générant, selon les cas, des transferts de souveraineté, des processus de coordination, des convergences entre économies, une croissance du commerce intrarégional, des projets conjoints, une harmonisation des politiques publiques. Toutefois, si l’intégration par les chaînes de valeur régionales est l’un des objectifs majeurs d’une régionalisation, celles-ci présentent de nombreuses limites : « les chaînes de valeur régionales (CVR) sont plus un potentiel qu’une réalité. Le maillon manquant de l’intégration régionale s’explique par la faiblesse des politiques régionales et de constitution de CVR. L’intégration régionale permettrait de créer des économies d’échelle, favoriserait des complémentarités au sein des CVR… » (Ibid., 90). Or, en plus des difficultés des États à se coordonner, les composantes des chaînes de valeur régionales et mondiales sont les firmes transnationales qui dominent le système productif mondial et renforcent la difficulté à maîtriser et à coordonner ces différents maillons.

33 Dans cette perspective, Philippe Hugon se livre à une analyse critique des processus de régionalisation des économies en Afrique au sud du Sahara. Face aux limites d’une régionalisation de jure portée par plus de 200 organisations régionales (Ibid.), il faut analyser les processus de régionalisation par le bas, les multiples chevauchements entre espaces économiques effectifs, souvent informels, et entre espaces de droits voulus par les organisations intergouvernementales régionales. Cette analyse du fonctionnement des espaces régionaux initiée, notamment en Afrique de l’Ouest [20] dès 1987, a aujourd’hui encore toute sa pertinence.

34 Dans l’ouvrage collectif cité (Ibid.), les auteurs montrent bien que les cheminements d’intégration régionale dans le monde sont multiples et imposent de prendre en compte l’histoire spécifique à chacun des États-nations. C’est la raison pour laquelle les conceptions de l’intégration régionale devraient se démarquer des modèles européens ou nord-américains, tant le contexte de construction est particulier. Dès lors, quelles politiques de régionalisation préconiser ? Dans le chapitre co-rédigé avec Vincent Geronimi, Philippe Hugon rappelle sans dogmatisme que, « face au multilatéralisme universaliste générateur de fortes disparités et facteur d’exclusion pour les pays pauvres, la régionalisation et la mise en place d’un multilatéralisme coopératif sont de vraies alternatives » (Ibid., 291). En comparant les processus de régionalisation dans le monde, on retrouve plusieurs propositions convergentes concernant les politiques nationales et d’aide qui doivent être pensées dans un cadre régional. Il s’agit de construire des mécanismes de transferts, de stabilisation à l’échelle régionale, d’atténuer les effets de divergence et d’aider à compenser les perdants. Ces politiques régionales doivent, par ailleurs, accompagner les transitions fiscales et douanières liées à la mise en place de tarif extérieur commun (TEC). C’est bien dans ces propositions qu’il est possible de relier les niveaux micro et international et de repérer l’espace de déploiement des stratégies des acteurs, ainsi que les arrangements institutionnels dans un territoire régional.

3. LA DÉMARCHE PROSPECTIVE DE PHILIPPE HUGON : COMPRENDRE LES FUTURS POSSIBLES DE L’AFRIQUE

35 Philippe Hugon s’est, tout au long de ses travaux, interrogé sur les perspectives d’évolution de l’Afrique subsaharienne, qui a constitué le terrain principal de ses recherches. Cette attention à la prospective est, par-delà le cas spécifique de ce continent, une invitation à considérer l’importance de cette dernière pour les études de développement.

36 En premier lieu, il convient de rappeler qu’il ne s’agit pas de réaliser des prévisions mais de déterminer des évolutions futures possibles, permettant l’ouverture de débats publics, et donc de servir d’aide à la décision pour les acteurs du développement, en premier lieu les pouvoirs publics, en fonction des choix sociétaux et politiques qu’ils souhaitent pour les sociétés considérées. Or, c’est bien là un des objectifs essentiels de l’économie du développement : éclairer les choix de politique de développement, quelle que soit l’échelle d’intervention envisagée, locale, nationale, régionale ou mondiale. Cette référence aux diverses échelles possibles d’analyse est une manière de souligner que, quelles qu’elles soient, il faut prendre en compte, dans la démarche prospective, leurs interférences ; et ce n’est là qu’une des nombreuses difficultés à affronter pour réaliser des travaux opérationnels, toujours périlleux. En effet, même s’il s’agit d’étudier les perspectives d’évolution économique de territoires, les économistes du développement ne sauraient se contenter d’une approche macro-économique, nécessaire mais potentiellement réductrice. L’apport d’autres disciplines est éclairant pour la prise en compte des facteurs sociaux, culturels et politiques qui déterminent fortement les variables plus strictement économiques. C’est là un aspect essentiel de la démarche méthodologique que nous invite à adopter Philippe Hugon qui l’a utilisée dans son dernier ouvrage (Hugon, 2016c) consacré à l’Afrique subsaharienne.

3.1 Une démarche méthodologique

37 La méthodologie prospective que nous invite à adopter Philippe Hugon (1991c et 2000) peut se décomposer en trois temps. Le premier consiste en une rétrospective de l’évolution du territoire considéré ou de la thématique sectorielle étudiée. La seconde étape de travail suppose de choisir les variables jugées essentielles et d’identifier à la fois, leurs interrelations et leurs importances relatives. En un troisième temps, il s’agit d’élaborer des scénarios alternatifs et d’estimer leur probabilité et leurs conditions de réalisation.

3.1.1 L’indispensable rétrospective

38 La première partie de cet article a montré la nécessité, pour comprendre les processus de développement, de situer l’analyse dans le temps long de l’histoire des sociétés étudiées. C’est sur la base de ces travaux historiques que peuvent être dégagés les cheminements anciens qui ont conduit aux comportements actuels des acteurs du développement, à l’existence d’institutions plus ou moins enracinées dans la société, à des relations internationales sources de degrés variables de dépendance. Ce sentier, suivi au cours des décennies écoulées, est donc un facteur inévitable de rigidités à prendre en considération pour esquisser l’avenir. Mais ces évolutions n’ont pas été linéaires. À leur examen, il apparaît des inflexions et des bifurcations parfois inattendues qui risquent de se reproduire dans l’avenir de manière tout aussi imprévisibles. Cette première étape de travail consistant à regarder le passé est décisive pour identifier les variables à retenir pour envisager cet avenir afin de permettre d’orienter les politiques de développement à mettre en œuvre.

3.1.2 Identification des principales variables du développement et de leurs interrelations

39 Pour tous les territoires, quelle que soit leur dimension, leur processus de développement est le résultat combiné du jeu de variables externes et internes. Philippe Hugon dans ses travaux de prospective a été très influencé par Jacques Lesourne (1981) et Jacques Giri (1989), qui inscrivaient leur travail dans le courant tracé par Futuribles, notamment Bertrand, puis Hugues de Jouvenel, et ultérieurement par les travaux Futurs africains (Afrique 2025, 2003). La méthode retenue pour déterminer les principales variables se fonde sur la méthode d’analyse structurelle. Celle-ci permet, à partir d’un panel d’acteurs (organisations non gouvernementales (ONG), organisations professionnelles, représentants de l’État et des collectivités locales, secteur privé, bailleurs de fonds, etc.), de sélectionner, après échanges et débats entre les participants, les variables dites motrices et les variables dites dépendantes. Cette méthode permet d’éliminer les variables dites neutres n’influençant pas les futurs possibles. Elle intègre la complexité des relations entre ces variables économiques, politiques, sociales, démographiques et culturelles. C’est en ces termes que le système obtenu, par nature complexe, doit être abordé dans une approche d’économie politique du développement. Cela montre l’intérêt et les limites de ce type de méthode. Certes, elles combinent du qualitatif et du quantitatif ; toutefois, les résultats sont en grande partie liés aux choix faits lors de la composition du groupe d’experts sélectionnant les variables permettant ensuite la construction des scenarios.

40 La place dans l’économie monde de chaque territoire ou secteur analysé est le premier des éléments externes à prendre en considération. Celle-ci peut être identifiée à partir de la structure de leurs exportations et de leurs importations, des places relatives qu’y tiennent les matières premières, les produits industriels, les services et la nature de ces différents biens. Leur degré d’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication facilite plus ou moins leur intégration dans cette économie mondialisée. La maîtrise de leur destin dépend aussi du poids relatif qu’exercent les firmes multinationales dans leur propre économie, de la nature de leur financement extérieur (aide publique au développement, investissements directs, emprunts internationaux à court ou long terme), de la présence de réseaux plus ou moins mafieux. Il n’est pas indifférent, pour chaque pays, de relever principalement d’un commerce ou d’un financement illicite, de ressources issues de produits agricoles de rente ou de la rente minière, d’une industrialisation plus ou moins diversifiée.

41 Les principales variables internes sont, en premier lieu, à rechercher dans l’évolution démographique dont les caractéristiques sont particulièrement différentes d’une région à l’autre. De ce point de vue, le contraste est fort entre l’Afrique subsaharienne et l’Asie de l’Est. Dans tous les cas, l’éducation est un facteur clé du développement [21]. L’urbanisation, partout croissante, s’effectue à des rythmes inégaux. Le monde rural, très spécifique d’un pays à l’autre, y conserve une importance variable toujours non négligeable, ne serait-ce qu’au regard de la souveraineté alimentaire. Les contraintes environnementales issues de l’épuisement des ressources (bois, eau, terres arables), partout présentes, sont renforcées dans des zones telles que le Sahel.

42 Ces variables sont influencées par le jeu des acteurs et leurs options stratégiques. Parmi ces derniers, les entrepreneurs étrangers ou nationaux du secteur dit moderne, les institutions internationales, les États n’ont certes pas la même capacité d’influence et d’action que les actifs du secteur informel, les paysans, les organisations non gouvernementales ou les pouvoirs publics locaux. Les initiatives de la société civile peuvent atténuer l’influence des plus puissants et doit donc être prise en compte. Les différences d’intérêts et de logiques comportementales entre tous ces agents du développement ne peuvent qu’engendrer des conflits qui sont le lot naturel de la vie sociale. Tout dépend de la manière dont ils peuvent être gérés et réglés par des compromis et des jeux d’alliances. Pour y parvenir, l’action des responsables politiques et de l’appareil d’État est décisive. Un État faible, une administration peu structurée et insuffisante auront du mal à assurer ces arbitrages nécessaires quand il ne s’agit pas de l’indispensable sécurité des personnes et des biens.

43 Philippe Hugon (2000, 37) résume cette combinaison de variables internes et externes en ces termes : « Le devenir de l’Afrique dépend largement des macrodécisions de ces différents décideurs et des jeux de contrepouvoir permettant de passer de logiques rentières, voire de prédation, à des accumulations productives et à des États bienveillants ». Il insiste (Ibid., 39), sur quatre principales composantes à prendre en compte afin d’envisager les devenirs possibles des États africains. En premier lieu, les structures institutionnelles du pouvoir des États, leur souveraineté, leur capacité à construire la politique. En second lieu, les organes centraux de décision qui définissent les politiques publiques. En troisième lieu, les instances de négociation, et de recherche de compromis sociopolitiques. Enfin, les activités productrices de biens et services collectifs.

44 Une fois identifiés, cas par cas, les variables clés, les acteurs principaux et leurs interrelations, il est possible d’élaborer divers scénarios d’évolution

3.1.3 Élaboration de scénarios

45 La construction de scénarios est la troisième étape de tout travail prospectif. Il ne s’agit pas de prévoir l’avenir ; il s’agit de dégager des sentiers vraisemblables en fonction des hypothèses choisies pour les diverses variables retenues et des comportements envisagés des acteurs du développement. Ces divers schémas d’évolution sont donc un éclairage sur les conséquences des choix des acteurs, en premier lieu des autorités politiques, en fonction des variables qu’ils sont susceptibles de modifier et des arbitrages qu’ils sont à même de rendre. Ces scénarios sont, par définition, vu le nombre de variables et d’acteurs, potentiellement très nombreux. Il s’agit d’identifier le champ des possibles, ceux qui semblent, dans chaque territoire, les plus probables et d’en estimer éventuellement la probabilité.

46 Un scénario de référence s’impose presque toujours, c’est celui du statu quo, de la simple prolongation des tendances passées. Les autres varient d’une étude à l’autre. Ils peuvent préciser une évolution sous forme de marginalisation progressive, de décrochage dans un monde en rapide évolution. Inversement, peut se réaliser une intégration progressive dans la dynamique de l’économie Monde ou encore une intégration plus ou moins poussée autour de pôles régionaux [22].

47 Dans tous les cas, et quels que soient ces scénarios, leur intérêt premier est d’ouvrir le débat sur l’avenir et les meilleurs choix politiques à faire pour atteindre les objectifs de développement que la société considérée veut se donner. C’est l’objet même des plans ou des programmes de développement.

3.2 Un essai récent de prospective africaine

48 Le dernier ouvrage de Philippe Hugon, « Afriques entre puissance et vulnérabilité » (Hugon, 2016c) est un bon exemple de l’apport de cette démarche prospective. Il constitue une synthèse de référence qui donne au lecteur les clés pour comprendre les futurs possibles de l’Afrique et notamment que l’émergence ne peut être abordée comme reproduction à l’identique des trajectoires empruntées par les pays actuellement dits développés. Son regard sur les trajectoires africaines n’est ni du registre de l’afro-pessimisme, ni celui opposé de l’afro-optimisme. C’est un regard clair sur les multiples contraintes exogènes et endogènes auxquelles le continent se trouve confronté Celles-ci expliquent les cycles politico-économiques comme s’inscrivant dans un « trend régressif ». L’insertion internationale de l’Afrique subsaharienne demeure encore fortement axée sur le fonctionnement d’une économie de rente, peu créatrice de valeur ajoutée localement, et donc fortement vulnérable à une demande mondiale instable. Les acteurs étrangers jouent toujours un rôle majeur dans ces trajectoires.

49 En interne, la croissance démographique reste la plus forte du monde à l’horizon 2050, au risque de voir le dividende démographique se transformer en une impasse de transition démo-économique, tant la question de l’emploi des jeunes est non résolue. Le risque d’enfermement dans des trappes à pauvreté s’accompagne de trappes conflictuelles à même de s’installer, en particulier dans la région ouest-africaine. Parmi les cinq scenarios pour l’avenir que retient Philippe Hugon, le plus probable est celui d’une accentuation des fractures territoriales, sociales et économiques et d’une différenciation croissante entre grandes régions. « L’Afrique sera, selon toute vraisemblance, de plus en plus contrastée et différenciée, avec des trajectoires plurielles, des coexistences de zones de prospérité et d’innovations et de vulnérabilité, voire de conflictualité » (Hugon, 2016c, 255). Dès lors, peut-on concevoir un modèle de développement soutenable pour l’Afrique ? Philippe Hugon se garde bien de fournir une réponse normative et péremptoire, mais il souligne avec force que ce modèle ne sera pas celui des pays émergents asiatiques, tant les conditions internationales ont changé depuis l’avènement de ces « miracles » (World Bank, 1993). Il s’impose de davantage réfléchir aux solutions sur mesure et non à des prêts-à-porter, tant les situations sont spécifiques et complexes. Aider à élaborer plans et programmes de développement par cette démarche prospective est donc l’ambition de l’économie politique du développement telle que l’entendait Philippe Hugon et que les auteurs de ce texte partagent.

ÉLÉMENTS DE CONCLUSIONS

50 C’est tout au long de ses travaux que Philippe Hugon construit sa propre vision de l’économie du développement qui est, selon lui, fondamentalement politique. Comme nous l’avons illustré précédemment en retraçant sa pensée et sa méthode dans ses approches sur les quatre temps de l’économie du développement, son regard sur les processus de mondialisation et de régionalisation ou encore sur sa vision prospective de l’Afrique subsaharienne. Il est aux antipodes d’une vision dogmatique de ce que « devrait » être une approche permettant de qualifier ce qu’est une économie développée. Loin de lui une vision d’un état fini, d’un unique modèle à appliquer quel que soit le lieu ou le moment, de fournir des recettes sous formes de recommandations péremptoires aux politiques. Philippe Hugon analyse les processus de développement comme des processus intrinsèquement inachevés, soumis aux aléas. La conclusion de son article comparant Perroux et Hirschman (Hugon, 2003e, 28-30) est certainement, à travers ces deux auteurs, son propre positionnement : « Hirschman et Perroux nous rappellent que le développement est pluridimensionnel et qu’il importe de prendre en compte l’indétermination et l’incertitude (Bartoli, 1999). Il s’agit, en mettant en avant des sujets agissants dotés de projets à propos des objets, de retrouver les acteurs du développement qui ne se diluent ni dans l’agent représentatif et l’homo-oeconomicus de la théorie standard, ni dans les structures et dans les déterminismes historiques. Le primat de l’humain et des valeurs oblige à concevoir l’économie comme multidimensionnelle et comme étant subordonnée aux impératifs éthiques de la finalité humaine… Elle lie savoir et pouvoir. Elle refuse une économie sans politique ni cadres sociaux ».

51 Ses écrits, prônant l’approche pluridisciplinaire, ouvrent des pistes méthodologiques permettant de mieux cerner la complexité des phénomènes étudiés. Son dialogue avec les géographes, historiens, anthropologues, politistes montre bien que son ancrage pluridisciplinaire a toujours été une constante dans sa démarche. Ses travaux invitent aussi à souligner qu’une recherche légitime doit être contextualisée (dans le temps et dans l’espace) et s’appuyer sur des données empiriques renvoyant à des enquêtes de terrain.

52 Les travaux de Philippe Hugon questionnent le statut de la recherche, ses moyens pour fonder ses bases empiriques : avec qui ? sur quels terrains ? pour qui ? D’autant que le paysage de la production de savoirs sur les économies en développement, et en particulier sur les pays les moins avancés, s’est profondément modifié depuis le début des années 2000. Plus encore que par le passé, le monde académique n’est pas le seul producteur de savoirs sur les questions de développement. Les ONG et les bureaux associatifs se situent dans une sphère où expertise (court terme) et recherche (long terme) tracent des frontières de plus en plus poreuses. Cette recomposition du champ des acteurs peut valoriser une approche qui est celle de l’économie politique du développement.

53 Pour sa part, Philippe Hugon avait toujours fondé ses analyses sur les dynamiques concrètes observées, collaboré avec plusieurs ONG et bureaux associatifs (IRAM, Groupe de recherche et d’échange technologique (GRET), Centre international d’études pour le développement local et territorial (CIEDEL)), pour n’en citer que quelques-uns), souvent en partenariat avec plusieurs centres de recherches appartenant au CIRAD, au CNRS, à l’IRD. Ces dynamiques doivent être questionnées dans un cadre théorique. On observe avec des hypothèses qui permettent d’identifier des catégories d’acteurs, de flux, de prix, de quantités, etc. À cet égard, dans la lignée du groupe AMIRA (Charmes, 2006), Philippe Hugon contribue comme économiste à l’approfondissement et à la redéfinition des catégories utilisées par la comptabilité nationale. Il illustre bien cette démarche comme réponse au manque de pertinence de certains modèles figeant les relations fonctionnelles indépendamment des dynamiques sociales et politiques. Il faut des enquêtes spécifiques afin de comprendre les comportements de certains acteurs négligés dans l’analyse et qui permettront de concevoir des modèles en questionnant les données empiriques. C’est ainsi que son ouverture pluridisciplinaire donne une assise à sa démarche, partageant l’approche de Leroy (2008) : construire des ponts entre disciplines pour tendre vers une approche en termes de « champ scientifique ».

54 Cette démarche d’économie politique du développement se retrouve chez Philippe Hugon en termes d’éclairages sur des décisions de politiques économiques. Mais non comme « conseiller du prince » : il n’est pas dans ce registre. Certes des recommandations sont présentes dans ses travaux, le plus souvent exprimées avec réserve, tant les incertitudes sont fortes et tant le chercheur n’est pas un décideur politique. À cet égard rappelons quelques sollicitations majeures qu’il a acceptées, en particulier de l’administration française : celle suite à la dévaluation du franc CFA de janvier 1994, celle sur le fonctionnement des filières coton en Afrique, ou encore celle sur le développement des villes dans le cadre du programme de recherche urbaine pour le développement (PRUD) mené au sein du GEMDEV.

55 C’est bien ce à quoi Philippe Hugon nous a incité tout au long de sa carrière et nous convie aujourd’hui et demain afin de mieux décrypter les grands enjeux d’ordres économiques, sociaux, politiques, environnementaux tels que les transitions énergétiques, agro-écologiques, les conflits armés ou les transformations structurelles auxquels les sociétés sont, et seront, confrontées.

Notes

  • [5]
    Qu’il a lui-même retracée sous le titre de « Mémoires solidaires et solitaires » (Hugon, 2013a).
  • [6]
    Et dont témoigne une œuvre riche et féconde (cf. extrait de la bibliographie en annexe).
  • [7]
    Pour reprendre le titre d’un ouvrage consacré aux fondateurs de l’économie du développement (Meier et Seers, 1988).
  • [8]
    Structure fédérative de recherche basée à l’Université Paris 8. Voir : wwww.gemdev.org
  • [9]
    Groupe de recherche constitué au sein de l’INSEE en France dans les années 1970, auquel Philippe Hugon a beaucoup participé (Winter, 2010).
  • [10]
    Cf. en particulier « L’économie de l’Afrique » (Hugon, 2013b).
  • [11]
    En effet de petits pays producteurs de pétrole atteignent des niveaux de PIB très élevés sans disposer pour autant d’une économie complexe.
  • [12]
    Dans ce domaine de l’histoire des idées relatives au développement économique, cf. Philippe Hugon (1993b et 2008a).
  • [13]
    C’est ce que Philippe Hugon (2016b) avait bien compris.
  • [14]
    Très tôt Philippe Hugon (1991c) a vu l’intérêt et l’importance de cette démarche prospective.
  • [15]
    La circulation des savoirs académiques sur les questions de développement entre les mondes francophones et latino-américains n’y est pas abordée, Philippe Hugon n’ayant pas travaillé sur l’Amérique Latine, comme il le précise lui-même dans ses mémoires.
  • [16]
    « Ces trois auteurs défendent avec superbe la supériorité de la science économique en ignorant les apports scientifiques des autres sciences humaines et sociales, et en se limitant aux seules sociétés « mâtures » ou « développées », au détriment, dans leurs esprits, des « sociétés primitives contemporaines » (Hugon, 2016e, 180).
  • [17]
    « En définitive, ces deux ouvrages sont révélateurs du divorce entre la « science économique » et la tradition de l’économie politique. Ils renvoient à une science économique autiste qui offre peu de perspectives sur les défis du futur (à l’exception de la question climatique traitée avec talent par Jean Tirole) » (Hugon, 2016e, 180).
  • [18]
    La construction de matrices de comptabilité sociale avec de nouvelles catégories d’agents, de ressources et de flux participe de ce mouvement d’adaptation des représentations statistiques aux contextes locaux.
  • [19]
    Organe consultatif auprès créé auprès du Premier ministre en 1999 et dissous en 2008.
  • [20]
    Voir les travaux de l’équipe INRA-IRAM-UNB soutenus par le Club du Sahel/CILSS (Egg et Herrera, 1998).
  • [21]
    Philippe Hugon a consacré à l’éducation de nombreux travaux (cf. bibliographie) et c’est le sujet d’une de ses dernières contribution à un ouvrage collectif (2019).
  • [22]
    Ce sont trois scénarios proposés par Philippe Hugon (2000).
Français

L’économie politique du développement a l’ambition de traiter des questions relatives à la production et à la répartition des biens et services, tant matériels qu’immatériels, au cours des processus de développement des sociétés humaines. C’est à cette tâche, vaste et complexe, que s’est consacré Philippe Hugon qui nous a quittés le 28 avril 2018 et auquel cet article rend hommage. Sa démarche intellectuelle y est illustrée par une réflexion à partir de ses travaux sur la pensée en économie du développement, la mondialisation, la régionalisation et la prospective des économies africaines.

Mots-clés

  • économie du développement
  • régionalisation
  • mondialisation
  • prospective

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Johny Egg
Institut de recherches et d’applications des méthodes de développement (IRAM).
johny.egg@orange.fr
Jean-Jacques Gabas
Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement CIRAD), ART DEV.-CNRS ; Sciences Po Paris.
jean-jacques.gabas@cirad.fr
Vincent Geronimi
Université Versailles St-Quentin-en-Yvelines, Centre d’études sur la mondialisation, les conflits, les territoires et les vulnérabilités (CEMOTEV).
vincent.geronimi@uvsq.fr
Michel Vernières
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Michel.Vernieres@univ-paris1.fr
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 15/01/2019
https://doi.org/10.3917/med.184.0137
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