CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Les petites économies insulaires, développées ou en développement, sont caractérisées par un éloignement géographique et une petite taille ; ce sont par essence des économies ouvertes, souvent peu diversifiées, dans lesquelles les migrations jouent un rôle important que l’on peut examiner à deux niveaux qui se complètent et s’enchevêtrent.

2 Un premier niveau d’analyse montre que les trajectoires de croissance de ces économies sont influencées par les transferts issus des migrations internationales, comme l’établissent les modèles MIRAB (Migrations, Remittances, Aid, Bureaucracy) (Poirine, 1994a ; Bertram, 1986 ; Bertram et Waters, 1985). Dans ces travaux, les transferts issus des migrations jouent un rôle ambivalent, à la fois condition de la soutenabilité économique, et, en même temps, facteur potentiel de remise en cause des secteurs traditionnels, et plus largement, d’un mode de vie (Poirine, 1994b) en raison de l’existence d’une « rente migratoire ». Un second niveau d’analyse s’attache aux migrations géographiques et/ou sectorielles à l’intérieur de l’économie. Les petites économies insulaires sont souvent fortement spécialisées ; il en résulte un certain dualisme entre un secteur exposé exportateur dans lequel le prix est régi par les lois du marché international et un secteur protégé dont le prix des produits dépend de l’offre et de la demande domestiques [4]. Ce dualisme économique est à l’origine de migrations intersectorielles qui ont été examinées par les modèles de Harris-Todaro (1970) et de Todaro (1969), puis par les travaux de la nouvelle économie des migrations (NEM) (Stark, 1991).

3 Ces deux niveaux d’analyse se complètent et se rejoignent dans le cas de la Nouvelle-Calédonie. D’une part, la Nouvelle-Calédonie présente les caractéristiques d’un modèle MIRAB, d’autre part, les déplacements de population entre provinces questionnent la perspective du rééquilibrage, la répartition de la population entre les provinces et son évolution participant à la polarisation de l’espace autour de quelques centres d’activités économiques principaux. Le premier d’entre eux est le Grand Nouméa, mais la zone Voh Koné Pouembout (VKP) en Province Nord vise explicitement à développer un tissu économique assez dense pour stabiliser la population (Pestaña et al., 2010). La répartition de la population entre secteurs d’activité définit l’orientation du développement économique de la Nouvelle-Calédonie et la prise en compte des migrations conduit à aborder la question de la soutenabilité en insistant sur les interactions entre capital naturel, capital « intangible » (humain, social, culturel, etc.) et capital produit (Couharde et al., 2011). Plusieurs analyses récentes (Pantz et Pestaña, 2013) laissent supposer que les migrations internes consécutives au projet minier de la Province Nord seraient l’expression du développement économique, de la conversion de la rente nickel en capital économique, sans pour autant que le capital culturel, social et humain ne soit lui-même dégradé. Les migrations participeraient alors positivement à la soutenabilité au sens faible, tout en questionnant la soutenabilité au sens fort, l’importance des migrations étant parfois interprétée comme un indicateur potentiel de l’existence d’un seuil, d’une non-soutenabilité (Giraud et Loyer, 2006).

4 Dans cette contribution, nous revisitons le débat concernant les effets des migrations intersectorielles et territoriales sur la soutenabilité des petites économies insulaires. La première partie rappelle les enjeux et les modélisations des migrations appliquées aux petites économies insulaires, à partir des modèles MIRAB et de leurs ré-interprétations plus récentes (Bertram et Poirine, 2007). La seconde montre, à partir de l’exemple de la Nouvelle-Calédonie, que les dynamiques migratoires peuvent aussi participer positivement à la soutenabilité de la croissance, en maintenant la capacité de l’économie à renouveler son capital culturel et social, notamment à travers des opportunités de croissance du secteur « traditionnel » (Guyard et al., 2014).

1. MIGRATIONS ET SOUTENABILITÉ DANS LES ÉCONOMIE INSULAIRES : LES APPROCHES MIRAB

5 Les caractéristiques des petites économies insulaires sont bien connues : éloignées et isolées, elles subissent de lourdes contraintes sur les échanges économiques et sur les déplacements des populations ; de petite taille, en termes de marchés domestiques et de ressources productives et fortement marquées par leur passé colonial avec la présence économique des (anciennes) puissances tutélaires ou d’une « métropole ».

6 De ce fait, les petites économies insulaires sont dépendantes de l’accès à des rentes susceptibles de compenser les surcoûts de production associés à leurs principales caractéristiques (Géronimi, 2015). Confrontées à l’alternative de leur développement postcolonial (autosuffisance ou dépendance), ces économies se sont souvent vues appliquer les préconisations classiques de la Banque mondiale (ouverture économique et investissement privé) avec des résultats contrastés (OCDE, 2008). Elles ne constituent un objet de recherche propre que depuis les années 1980, avec des travaux s’attachant à leurs évolutions et aux facteurs de leur croissance [5].

7 Les approches MIRAB, initiées par les travaux de Bertram dans les années 1980 (Bertram et Poirine 2007 ; Bertram, 1986 ; Bertram et Waters 1986, 1985, 1984), reposent sur les singularités des très petites économies insulaires du Pacifique Sud. De telles analyses proposent une alternative aux politiques de développement portées par les institutions de Bretton-Woods qui les décrivaient comme des économies dépendantes, « insoutenables » à long terme car marquées par la prédominance d’une production non échangeable, et une place importante de l’aide (transferts et subventions publiques, mais aussi transferts privés issus des travailleurs migrants). Ces modèles se revendiquent d’une approche structuraliste, ils expliquent les trajectoires de croissance des petites économies insulaires et l’inefficacité des politiques de développement fondées sur l’ouverture et la spécialisation économiques par l’existence de contraintes spécifiques.

8 Bertram (1999, 1986) avance que la caractéristique essentielle de la structure économique de ces pays est leur dualisme, l’existence de deux secteurs asymétriques en termes de production et d’organisation et pourtant liés l’un à l’autre par l’échange : ici, un secteur qu’il qualifie d’économie « villageoise » combinée au secteur public et un secteur « moderne » exportateur associé au « reste du monde ». Ces économies sont, en outre, caractérisées par la présence des (anciennes) puissances tutélaires ; les petites économies insulaires du Pacifique Sud n’ont pas d’autonomie fiscale et/ou monétaire et leurs recettes publiques sont largement dépendantes du soutien budgétaire de ces (anciennes) puissances. En d’autres termes, sans le soutien de la « métropole », le secteur public insulaire ne peut contribuer significativement à l’emploi salarié. Le secteur exportateur « moderne » ne parvient pas non plus à apporter de contribution majoritaire à la croissance économique, alors que l’économie « villageoise » est caractérisée par le travail familial ou l’auto-emploi. Bien que les niveaux de vie soient relativement élevés, ces économies connaissent une émigration importante [6] en raison de la croissance démographique ; ce sont donc la dépense publique et les fonds envoyés par les travailleurs migrants qui expliquent la croissance, avec les revenus du tourisme ou des services financiers dans certains cas, et en assure la « soutenabilité » dans le temps.

9 Dans cette première partie, nous allons revenir sur les fondements théoriques des comportements de migrations et de transfert dans ces modèles, avant de montrer comment les migrations sont un facteur de la soutenabilité des économies MIRAB.

1.1 Les fondements théoriques des analyses des migrations dans les modèles MIRAB

10 Les analyses économiques de migrations mobilisées dans les approches MIRAB sont directement issues des travaux sur les migrations internes de travail dans les pays en développement depuis les années 1970, notamment de Harris et Todaro (1970) pour les premiers modèles MIRAB des années 1980 et ceux de la NEM (Stark, 1991) dans les modèles plus récents, dès les années 1990.

11 Les modèles économiques des migrations de travail des années 1970 (Harris et Todaro, 1970 ; Todaro, 1969) s’attachent essentiellement au fonctionnement et à l’équilibre du marché urbain du travail dans les pays en développement ; le candidat à la migration compare son salaire rural, considéré comme certain, et son salaire urbain attendu, qui est le salaire minimal urbain garanti pondéré par le taux de chômage. L’analyse insiste, également, sur les relations entre un secteur moderne et un secteur traditionnel agricole avec surplus de travail [7], l’adoption par le secteur moderne de techniques économisant le capital étant le meilleur moyen d’éliminer l’excédent de travail et, donc, la voie la plus rapide vers le développement économique, vers une économie qui n’est plus dualiste [8]. Au milieu des années 1980, la NEM affiche la volonté de proposer un nouveau cadre analytique fondé sur deux hypothèses. D’abord, la migration, tout en étant le fait d’un individu, peut s’inscrire dans une logique de maximisation au niveau d’un ménage, d’une famille. Ensuite, la migration peut se produire en l’absence d’un différentiel sectoriel ou géographique de salaires, puisqu’une nouvelle variable explicative doit être prise en compte : le risque. Alors que les approches précédentes étaient macro-économiques, la NEM a une démarche micro-économique, puisqu’elle se donne pour objectif de comprendre et de décrire comment la famille va affecter ses membres entre l’activité agricole sur l’exploitation et la migration. Cette analyse présente l’avantage de relier les attitudes envers le risque et les choix d’activité, et d’expliquer pourquoi la famille accepte d’encourir un certain niveau de risque quel que soit son choix. Car il s’agit d’arbitrer entre deux actifs risqués : l’activité agricole sur l’exploitation (qui rapporte un rendement mesuré par la contribution à la production agricole affectée d’une composante aléatoire) et la migration qui est aussi un actif risqué (dont la rentabilité est évaluée par le montant des transferts qui seront versés par le migrant).

12 La conclusion la plus intéressante est que la migration de travail se réalise en présence d’un différentiel de revenu – qui apparaît dans le différentiel des rendements des actifs – et cependant la maximisation du gain attendu de la migration n’est pas, en soi, l’objectif poursuivi. En dépit d’un risque de chômage important, la famille envoie en migration certains de ses membres parce que cette migration limite la volatilité du revenu familial, c’est donc une stratégie de gestion des risques dans le temps. La dispersion géographique et sectorielle des membres actifs du ménage n’est efficace que si tous les membres du ménage partagent leur risque respectif. Il s’agit alors non pas de supprimer le risque, mais de le transférer au cours du temps : le migrant envoie des transferts à sa famille afin de stabiliser son revenu (ce qui peut permettre également de compenser une perte de revenu consécutive à une mauvaise récolte due au climat, à une invasion d’insectes, à la maladie d’un des membres de la famille, etc.) et, réciproquement, la famille soutient le migrant pendant son installation en ville et la (les) période(s) de chômage. Ces arrangements, tacites et non écrits, sont difficilement mesurables d’un point de vue empirique. Aussi, la plupart des travaux de la NEM se sont focalisés sur les transferts, les mouvements de biens et de fonds entre le migrant et le ménage dont il est originaire.

13 L’originalité des approches MIRAB est d’élargir cette stratégie micro-économique de gestion des risques pour en faire un instrument macroéconomique de soutenabilité : plus les ressources venant de l’extérieur (aide, transferts de fonds des migrants) sont importantes, plus le niveau de revenu par tête se maintiendra à un niveau élevé.

1.2 Les migrations : un facteur de soutenabilité

14 Dans l’optique MIRAB, les petites économies insulaires diversifient leurs sources de revenu : transferts des migrants (que les migrations soient internes, inter-îles, internationales), revenus du tourisme ou des activités financières, transferts et subventions publics de la « métropole », revenus des ventes de matières premières et, plus généralement, du secteur exportateur. L’enjeu pour ces petites économies est le maintien de ces flux au cours du temps, ce qui n’exclut pas une substitution entre les différents flux de revenus. Cette diversification, à la fois économique et géographique témoigne, selon Bertram (1999, 107) que : « dans une économie MIRAB, la population indigène maximise son bien-être matériel en gérant le processus de globalisation ». L’économie villageoise des petites îles s’apparente à l’économie paysanne de Chayanov (1925) : elle repose sur une organisation familiale, le produit de la terre offre le minimum de subsistance, le surplus éventuel étant offert sur le marché (urbain ou d’exportation). Pour autant, cette économie villageoise n’est pas en autarcie totale car la famille alloue ses facteurs de production (le capital, au travers de son épargne, et le travail) à d’autres secteurs économiques, d’autres îles et d’autres pays.

15 Selon l’importance relative du flux de transferts envoyés par les travailleurs migrants et leur utilisation dans l’économie, les perspectives de développement seront différentes. Connell et Conway (2000), en analysant les impacts macro-économiques des transferts des travailleurs migrants dans différentes îles du Pacifique Sud et des Caraïbes, mettent au jour que, si ces transferts contribuent indéniablement à la consommation des ménages, ils contribuent aussi à l’épargne et à l’investissement dans l’activité économique. Au niveau micro-économique, Brown et Jimenez (2008) confirment que les transferts peuvent réduire la pauvreté. Sur la base de données d’enquête, Brown (1997) confirme que les versements des migrants s’inscrivent dans un schéma de solidarité familiale et d’accumulation d’actifs, notamment économiques, dans les îles dont ils sont originaires. Selon ces auteurs, les transferts seraient bien un facteur de soutenabilité économique. Les migrations sont aussi le résultat d’interactions entre différents agents au sein de la communauté : elles sont le support d’un échange, grâce au contrat de migration qui s’insère dans un ensemble plus vaste de règles, de coutumes. Dans les modèles MIRAB (Bertram, 1986), la modernisation de l’économie financée par une réorientation de ces flux au profit du secteur « capitaliste » s’accompagnera inévitablement d’une réduction des financements du secteur public, d’une déstabilisation profonde de l’économie villageoise : expropriations, acculturation, effondrement du système de contrôle social, violences. En d’autres termes, ce qui est communément considéré comme une politique de développement économique n’est pas adapté à ces petites économies isolées, parce que la prédominance d’une production non échangeable et des transferts sont leur : « […] mode d’allocation des ressources naturel et privilégié dans le contexte international de la fin du 20ème siècle » (Bertram, 1999, 105). Poirine (1997, 1994a, 1994b) évoque à ce propos l’importance de la parenté et de la famille étendue.

16 Néanmoins, toutes les petites économies insulaires ne sont pas des terres de forte émigration. En fonction de l’importance des opportunités de migration internationale, de l’existence de ressources naturelles, du poids du passé colonial, il existe différentes configurations MIRAB. Poirine (1994b) et Bertram et Poirine (2007), le soulignent : une économie MIRAB est d’abord caractérisée par la capacité d’adaptation de sa structure qui est : « […] une question de comportement d’adaptation stratégique à des contraintes de taille, d’isolement et d’histoire, plutôt qu’une réponse passive à la concurrence mondiale » (Bertram et Poirine, 2007, 330). Cette spéciation [9] est donc propre à chaque île. L’insertion économique internationale est étroitement liée aux réactions stratégiques locales qui définissent non seulement la spéciation initiale mais aussi différentes évolutions et mutations au gré des opportunités. La spéciation est une réponse de ces économies à leur vulnérabilité (Briguglio, 1995) et la source de leur soutenabilité. L’économie « villageoise » est un des moteurs de ce processus car elle mobilise son capital social (au sens de Coleman, 1988) et ses institutions pour garantir la spéciation et, partant, la soutenabilité.

17 La soutenabilité est analysée en termes de capitaux, la spéciation étant la capacité d’une économie à modifier la composition de son portefeuille de capitaux. Suivant cette approche et les travaux développés par Couharde et al. (2011, 2010), nous retenons pour notre analyse des migrations en Nouvelle-Calédonie une approche de la soutenabilité par la richesse totale (Hamilton et Clemens, 1999 ; Hamilton, 1994) et l’épargne véritable [10] (Pearce et Atkinson, 1993), donc une approche en termes de soutenabilité faible. Ensuite, nous envisageons les relations éventuelles de complémentarité entre les capitaux constitutifs de cette richesse totale selon une interprétation « forte » de la soutenabilité.

2. LA NOUVELLE-CALÉDONIE : UNE ÉCONOMIE SOUTENABLE ?

18 Les départements et communautés d’outre-mer constituent une catégorie très particulière d’économies MIRAB, celles bénéficiant d’une aide géostratégique. Ce sont des économies dont le revenu par tête reste élevé au cours du temps, qui importent des biens et services, et bénéficient d’une aide qui traduit l’intérêt géostratégique de la métropole. La Nouvelle-Calédonie fait partie de ces économies, elle bénéficie d’une aide de la métropole garantissant un haut niveau de vie importé (Poirine, 1994b), d’une ressource naturelle (le nickel), et a connu une émigration nette depuis les quarante dernières années ; c’est alors la question des migrations internes qui est au centre des débats sur la soutenabilité du développement de la Nouvelle-Calédonie, qu’il s’agisse de migrations territoriales ou sectorielles (Pestaña et Pantz, 2015 ; Pestaña, 2012 ; Freyss, 1995). Partant de ce constat, nous examinons d’abord la question des migrations, avant de présenter les enjeux de soutenabilité pour la Nouvelle-Calédonie.

2.1 Les migrations en Nouvelle-Calédonie : quelques données

19 La Nouvelle-Calédonie se distingue d’autres économies insulaires par le rôle historique qu’a pu jouer la colonisation de peuplement, l’importance de la ressource nickel, et le rôle des transferts publics dans le bouclage macroéconomique (Couharde et al., 2010 ; Brelaud et al., 2009). Les flux de migration externe jouent un rôle important dans la soutenabilité de la Nouvelle-Calédonie, mais ils ne sont pas une source de financement significative pour l’économie calédonienne [11], contrairement aux transferts en provenance de la métropole qui représentent entre 10 et 20 % du PIB depuis 2000 (Brelaud et al., 2009). Ces évolutions traduisent l’importance du turn-over des non-natifs (près de la moitié des non-natifs repartiraient avant quatre ans de résidence sur place), et l’augmentation des migrations externes des natifs. Si les premières migrations sont caractéristiques des économies insulaires appartenant à une métropole (les périphéries ultra-marines), l’augmentation des migrations externes des natifs (sur des durées moyennes n’excédant pas trois ans) correspond essentiellement à l’accroissement de la poursuite d’études de jeunes calédoniens en dehors du territoire. L’augmentation des migrations externes de natifs participe à une stratégie d’accumulation de capital humain (les jeunes diplômés revenant dans leur grande majorité en Nouvelle-Calédonie) et donc à la soutenabilité de la trajectoire de croissance de la Nouvelle-Calédonie.

20 Les politiques publiques mises en œuvre à partir des accords de Nouméa en 1998 se sont traduites par des dynamiques partielles de rééquilibrage entre les provinces, l’un des objectifs étant de limiter les mouvements migratoires internes en direction du grand Nouméa. On trouve à nouveau ici une justification du lien établi dans la littérature entre rééquilibrage et développement durable [12] (Pestaña et al., 2010).

21 Le rééquilibrage visant explicitement à la réduction du différentiel de revenu et de conditions de vie entre les provinces, deux leviers sont mobilisés : la mise en valeur et l’aide à l’agriculture et aux activités d’exploitation des ressources naturelles renouvelables (agriculture, pêche, etc.) ; la valorisation de l’exploitation du nickel en Province Nord, avec le développement de la zone VKP (Voh Koné Pouembout) pour minimiser le différentiel de revenu, en maximisant les opportunités d’emploi et la distribution de valeur ajoutée dans la région. Les migrations sont au cœur de la problématique du rééquilibrage entre les provinces. Ce dernier agit sur les différents déterminants de la migration, dans sa dimension économique, en visant la réduction des inégalités de revenu entre provinces [13] et de plus grandes opportunités d’emploi en dehors du grand Nouméa. La dimension sociale et humaine du rééquilibrage vise la réduction des inégalités dans l’espérance de vie, la mortalité et l’éducation.

22 La lecture des flux de migration interne en termes d’exode rural étant souvent mise en avant dans les analyses, les migrations seraient au mieux interprétées comme la manifestation d’un risque de non-soutenabilité : déséquilibre territorial, perte de capital humain et social, dégradation du capital économique dans certains secteurs (agriculture) (Couharde et al., 2010). Or, ces mêmes migrations sont aussi la manifestation du développement économique, et peuvent participer à la soutenabilité d’une trajectoire de croissance. Les données parcellaires obtenues à partir des différents recensements exploités par l’Institut de la statistique et des études économiques (ISEE) appuieraient l’idée d’un exode rural sous la forme de flux de migration depuis les îles et la brousse en direction du grand Nouméa. Ces flux auraient représenté environ 150 personnes par an sur la période 1989-1996. De plus, on aurait assisté à une augmentation significative de ces flux qui auraient concerné 500 personnes par an sur la période 1996-2004. Le rapport NC 2025 (Nouvelle-Calédonie, 2025) précisait que : « le recensement 2009 sera très important pour dire si l’exode a ou non été enrayé depuis 2004 » (HCR, 2009, 82) [14]. Les données issues du recensement de 2009 donnent une image finalement assez contrastée de l’évolution de la population des communes entre 1996 et 2009, qui viennent nuancer l’importance de l’exode rural (carte 1). L’élément qui ressort le plus fortement est l’apparition du pôle VKP en Province Nord. Le projet de développement de la zone jouerait sur l’indicateur de croissance de la population, le rôle de rééquilibrage qui lui était assigné.

Carte 1

Croissance annuelle moyenne de la population (1996-2009)

figure im1

Croissance annuelle moyenne de la population (1996-2009)

d’après Rivoilan et Brousset (2011)

23 Apparaît aussi nettement le déséquilibre Est-Ouest, qui serait finalement la principale manifestation de l’exode rural. Pour autant, comme le souligne Pestaña (2012), on peut considérer que la notion d’exode rural est mal adaptée pour analyser les migrations internes à la Nouvelle-Calédonie. Elles soulèvent d’importantes difficultés de mesure, dès lors qu’elles s’inscrivent dans un espace géographique restreint, propice au "va et vient" des populations, et où le phénomène de multirésidence est très présent. Les migrations renvoient aussi à une logique de mobilités qui « relèvent d’une manière de lier des territoires entre eux plutôt que d’en quitter un pour en adopter un autre » (Pestaña, 2012, 228). Les migrations internes n’exprimeraient pas uniquement un risque de perte de capital social et culturel, de désertification de certaines zones, mais seraient aussi l’expression du renforcement du capital humain et du capital social associé à une stratégie de développement économique [15]. Nous proposons d’interpréter les effets contrastés des migrations internes sur la soutenabilité de la trajectoire de croissance de la Nouvelle-Calédonie en deux temps. Tout d’abord selon une lecture en termes de soutenabilité faible, puis en termes de soutenabilité forte.

2.2 Une soutenabilité faible… et forte ?

2.2.1 Migrations et soutenabilité faible : l’épargne véritable

24 Le calcul de l’épargne véritable permet de disposer d’une première estimation de la soutenabilité du développement de la Nouvelle-Calédonie, dans son acception faible : l’épargne véritable donne, pour l’année où elle est calculée, une mesure de la capacité de l’économie à maintenir, ou non, les niveaux de consommation par tête dans le futur. Elle permet, plus précisément, d’évaluer le caractère potentiellement soutenable, ou non, du portefeuille d’actifs (capital physique, naturel et humain) dont dispose un pays, en supposant que les différents éléments de ce portefeuille d’actifs sont substituables (Hamilton et Clemens, 1999 ; Hamilton, 1994 ; Pearce et Atkinson, 1993). Une épargne véritable positive signifierait que les dégradations (par exemple du capital naturel) seraient plus que compensées par des investissements dans le capital économique, ou encore dans le capital humain, de sorte que la valeur du portefeuille d’actifs légué aux générations futures serait globalement préservée, alors même que le capital naturel aurait subi des dégradations importantes. Selon cette approche, les migrations internes [16] constitueraient un bon indicateur de l’évolution de la soutenabilité du développement néo-calédonien à l’échelle de l’ensemble du territoire [17]. Comme le montrent les graphiques suivants, il y a une forte corrélation entre l’épargne véritable et le solde migratoire de la province Nord et de la province des îles Loyauté sur la période 1981-2007. Les soldes migratoires semblent même constituer un indicateur avancé de soutenabilité. Plus précisément, des soldes migratoires négatifs (resp. positifs) semblent annoncer une dégradation (resp. une amélioration) de l’indicateur d’épargne véritable. Effectivement, la prise en compte d’un décalage de deux ans conduit à un coefficient de corrélation supérieur à 0,88 entre épargne véritable (calculée pour l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie) et solde migratoire combiné province Nord et province Sud (graphiques 1 et 2). Une telle relation entre solde migratoire et épargne véritable, qui semble appuyer l’idée d’un risque de non-soutenabilité associé à l’exode rural, recouvre pour autant des mécanismes plus complexes.

Graphique 1

Solde migratoire de la province Nord (nombre) et taux d’épargne véritable (% revenu national disponible brut (RNDB), 1981-2007)

figure im2
400 25 %
300
20 %
200
Nombre d'émigrants
100
15 %
0
- 100
10 %
- 200
- 300
5 %
- 400
Epargne véritable en % du RNDB
- 500 0 %
19811983 1985 1987 1989 19911993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007
Solde migratoire Province Nord Epargne véritable

Solde migratoire de la province Nord (nombre) et taux d’épargne véritable (% revenu national disponible brut (RNDB), 1981-2007)

calculs des auteurs d’après Brelaud et al. 2009 et données ISEE.

25 Comme nous l’avons expliqué précédemment, l’existence d’un différentiel de revenus ou de rendements des actifs est un des facteurs de la décision de migration. En Nouvelle-Calédonie, ce différentiel dépend fortement de l’exploitation des ressources naturelles. D’un côté, les revenus ruraux vont dépendre de l’accès aux ressources naturelles renouvelables (accès à l’eau, à la terre, agriculture, pêche, etc.), de l’autre, les revenus urbains vont dépendre de l’évolution de la rente nickel et des transferts publics.

26 Les migrations sont alors directement et indirectement reliées à l’épargne véritable via la rente nickel et le rythme de croissance de l’économie. En conjoncture haute, la croissance tirée par l’exploitation du nickel induit tout d’abord un effet positif sur l’épargne véritable via l’augmentation du PIB. Ce faisant, elle exerce également un double effet sur les migrations : un effet direct de ponction sur le marché du travail et un effet indirect d’accroissement du niveau d’activité. Ces deux effets accroissent simultanément le différentiel de revenus urbain-rural et les opportunités d’emploi. Ces mouvements de population peuvent alors accroître la pression environnementale liée à l’extraction du nickel et réduire (toutes choses égales par ailleurs) le taux d’épargne véritable.

Graphique 2

Solde migratoire de la province des Îles Loyauté (effectifs en nombre) et taux d’épargne véritable (% RNDB, 1981-2007)

figure im3
100 25 %
50
20 %
0
- 50
Solde migratoire
15 %
- 100
- 150
10 %
- 200
- 250
5 %
Epargne véritable en % du RNDB
- 300
- 350 0 %
1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007
Solde migratoire iles Epargne véritable

Solde migratoire de la province des Îles Loyauté (effectifs en nombre) et taux d’épargne véritable (% RNDB, 1981-2007)

calculs des auteurs d’après Brelaud et al. 2009 et données ISEE.

27 La forte corrélation entre l’épargne véritable et les migrations s’explique d’abord par l’effet de croissance des revenus en zone urbaine (en particulier le grand Nouméa) lié à la rente nickel et aux transferts publics. Elle est donc illustrative d’un effet « pull ». De ce fait, le différentiel de conditions de vie et de revenus attendus de la migration augmente sous la poussée de la croissance du revenu global. Ce n’est pas un effet de détérioration des ressources naturelles lié à de trop fortes pressions sur l’environnement qui est ici à l’œuvre, mais plutôt un effet de croissance globale [18]. On retrouve ici l’argument développé par différents auteurs sur le fait que les migrations en Nouvelle-Calédonie sont aussi l’expression d’un développement économique (Pestaña et Pantz, 2015 ; Pestaña, 2012), soutenable selon le critère de la soutenabilité faible. Effectivement, le taux d’épargne véritable, bien que décroissant, reste toujours positif. Dès lors, les migrations internes en Nouvelle-Calédonie, conséquences du développement économique, n’expriment pas une situation de non-soutenabilité au sens faible.

2.2.2 Migrations et soutenabilité forte en Nouvelle-Calédonie

28 Pourtant, de nombreux auteurs ont souligné les risques que les migrations font peser sur la soutenabilité des petites économies insulaires, y compris en termes de capital humain et social. Le thème du Pacific Way of Life est assez illustratif de ce raisonnement ; à partir d’un certain seuil, les migrations joueraient contre la soutenabilité globale (Poirine, 1994b). Évoquer l’existence de seuils éventuels dans les différents capitaux constitutifs de la richesse véritable conduit à poser la question de la soutenabilité forte. Il serait alors possible de considérer que l’on ne puisse plus compenser la dégradation du capital naturel, du capital social et humain par des investissements plus importants dans le capital économique au-delà de certains seuils de dégradation.

29 Du fait des difficultés liées à l’identification de tels seuils, notamment dans la dimension du capital naturel [19], une approche indirecte est parfois retenue, utilisant les migrations comme indicateur de l’atteinte d’un seuil (Giraud et Loyer, 2006) : lorsque la capacité de charge agronomique des sols (seuil sur le capital naturel) est dépassée, les producteurs agricoles peuvent être amenés à migrer. Cette migration peut impliquer, par des relations de complémentarité, une baisse du capital social (remise en cause des relations coutumières), du capital humain (perte de savoir-faire agricole) et du capital économique (engorgement des grandes agglomérations et dégradation accélérée des infrastructures urbaines). L’évolution de la richesse véritable et de ses composantes ne relève pas de la présence de seuils dans le capital naturel (Couharde et al., 2010 ; Brelaud et al., 2009). Les ressources terrestres et maritimes ne sont pas globalement surexploitées en Nouvelle-Calédonie, les migrations ne sont pas la manifestation de l’atteinte d’un seuil dans le capital naturel, elles découlent des dynamiques de croissance. Elles recouvrent à la fois une dimension spatiale et une dimension sectorielle.

30 Les migrations remettent-elles alors en cause le capital social et les secteurs traditionnels ? Elles questionnent le devenir du lien à la terre, cité dans les accords de Nouméa comme un élément central de l’identité kanak [20]. Autrement dit, les migrations peuvent bouleverser les liens qui unissent le capital social au capital naturel et au capital économique. Un premier indicateur [21], celui des communautés d’appartenance déclarées lors des recensements généraux de la population de 1996 et 2009 [22] est présenté dans les graphiques 3 et 4 ci-dessous. Les communautés kanak ne semblent pas avoir souffert d’une perte significative en termes de sentiment d’appartenance entre 1996 et 2009 ; le poids des différentes communautés reste globalement inchangé (44 % pour la communauté kanak). Cette indication globale ne suffit pour autant pas à éliminer l’hypothèse selon laquelle les migrations auraient changé radicalement les relations entre les différentes composantes de la richesse totale, et spécifiquement le lien entre capital social et humain.

Graphique 3

Communautés d’appartenance en 1996

figure im4

Communautés d’appartenance en 1996

d’après Rivoilan et Brousset (2011), recensement général de la population, 1996 et 2009.
Graphique 4

Communautés d’appartenance en 2009

figure im5

Communautés d’appartenance en 2009

d’après Rivoilan et Brousset (2011), recensement général de la population, 1996 et 2009.

31 Alors que l’approche en termes d’épargne véritable repose sur l’hypothèse d’une substituabilité entre les différents capitaux, les interdépendances entre les différentes activités fondées sur l’exploitation des ressources naturelles apparaissent plus complexes qu’une relation de substitution. C’est le cas pour les interdépendances entre capital naturel renouvelable et non renouvelable. L’une des interrogations majeures porte sur les relations entre l’exploitation du nickel et l’évolution du secteur agricole : le nickel joue-t-il contre le secteur agricole ? Certaines études réalisées en Nouvelle-Calédonie mettent en avant le rôle « tampon » du secteur agricole (Bourret, 1978). Pour d’autres auteurs (Freyss, 1995), le développement du secteur d’exploitation de la ressource naturelle nickel pourrait aussi se produire au détriment des secteurs plus traditionnels, venant alors réduire le capital social ou culturel [23].

32 Plusieurs mécanismes sont à l’œuvre : le secteur nickel joue sur la demande en produits agricoles, facteur d’entraînement de la production agricole locale ; il s’agit d’un effet à la fois sectoriel et local (effet d’accroissement des revenus locaux), et macro-économique (effet d’accroissement du revenu global). Mais le nickel entre aussi en concurrence avec le secteur agricole sur le marché du travail, directement et indirectement, avec un effet potentiellement récessif sur la production agricole [24]. L’hypothèse de l’effet d’entraînement de la production agricole par la demande a été analysée par Freyss (1995) sur la période 1960- 1989 [25]. Toutefois, sur la base des données rassemblées par Couharde et al. (2010), si l’agriculture peut jouer un rôle tampon, ce ne serait pas le fait de l’agriculture marchande et de ses offres d’embauches ; mais les résultats présentés restent limités par le manque de référence à l’agriculture traditionnelle.

33 À cet égard, l’étude produite par l’Institut agronomique néo-calédonien sur l’agriculture des tribus (Guyard et al., 2014) apporte des éléments de réponse en permettant de préciser la place des différentes sources de revenus dans les revenus des groupes domestiques en tribu [26]. Les résultats obtenus montrent la capacité de cette agriculture en tribu à s’adapter au développement économique du secteur moderne (graphique 5). Bien que cette étude n’apporte pas directement d’information sur l’évolution de l’agriculture des tribus en Nouvelle-Calédonie, elle permet de préciser l’importance des activités non marchandes [27] qui assurent la pérennité des liens coutumiers. La montée en puissance de la zone VKP n’a pas remis en cause l’importance des revenus non monétaires (les dons et l’autoconsommation représentant près du quart des revenus totaux). On peut conclure, à la suite des auteurs : « alors que l’on prévoyait la difficulté de survie de la coutume face au développement économique et à la multiplication des aides sociales (Bensa et Freyss, 1994), ces résultats traduisent la force des liens sociaux mesurée par l’échange dans les tribus » (Guyard et al., 2014, 105).

34 Les éléments statistiques collectés dans ce rapport sur l’agriculture en tribu corroborent la vision de communautés dont les activités respecteraient les conditions de la soutenabilité au sens fort, au moins dans ses rapports avec le capital naturel : « La création de richesse des tribus apparaît dès lors comme un atout, d’autant plus que les modèles d’activités sont faiblement agressifs pour l’environnement, les enquêtes démontrant un recours extrêmement limité à des intrants polluants et des prélèvements sur le milieu naturel qui, hormis peut-être certaines espèces animales menacées, s’avèrent raisonnés » (Ibid.).

Graphique 5

Revenu monétaire et non monétaire par groupe domestique (Francs Pacifique-CFP mensuel, 2010)

figure im6

Revenu monétaire et non monétaire par groupe domestique (Francs Pacifique-CFP mensuel, 2010)

d’après Guyard et al. (2014), pour l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie.

CONCLUSION

35 Contrairement à ce qui est défendu dans une partie de la littérature, il semble que les migrations puissent jouer un rôle positif dans la soutenabilité des trajectoires de croissance des petites économies insulaires. Alors que les migrations externes ont pu jouer un rôle essentiel pour la soutenabilité économique de certaines économies insulaires, comme le montrent les modèles MIRAB, les migrations internes peuvent aussi participer de la soutenabilité au sens fort des trajectoires de croissance. Il apparaît dès lors que, dans le cas de la Nouvelle-Calédonie, capital économique et développement économique viendraient en support du capital social et culturel, par exemple en supportant les activités traditionnelles. L’image de l’exode rural mettant en péril les secteurs traditionnels semble donc largement inadaptée pour comprendre les enjeux de soutenabilité posés par les migrations dans le cas de la Nouvelle-Calédonie. L’analyse proposée ici nécessite toutefois d’être approfondie par une étude plus poussée des données du dernier recensement, qui reste encore largement sous-exploité.

Notes

  • [1]
    Les аuteurs tiennent à remerсier les référés pour leurs сommentаires et suggestions. Сe trаvаil s’insсrit аussi dаns le саdre d’un progrаmme de reсherсhe sur lа soutenаbilité des trајeсtoires de сroissаnсe de lа Nouvelle-Саlédonie. Il а аinsi fortement bénéfiсié des disсussions menées dаns сe саdre. Nous rendons hommаge à Тhierrу Mennesson, аnсien direсteur de l’Institut аgronomique néo-саlédonien (IAС), déсédé сet été, et qui а јoué un rôle déterminаnt dаns l’orientаtion de nos trаvаuх en Nouvelle-Саlédonie. Nous espérons qu’une pаrtie de son intelligenсe et de son humаnité se retrouve dаns сet аrtiсle.
  • [2]
    Université Versаilles-Ѕаint-Quentin-en-Yvelines/Université de Pаris Ѕасlау, Сentre d’études sur lа mondiаlisаtion, les сonflits, les territoires et les vulnérаbilités (СЕMOТЕV). аudreу.аknin@uvsq.fr.
  • [3]
    Université Versаilles-Ѕаint-Quentin-en-Yvelines/Université de Pаris Ѕасlау, Сentre d’études sur lа mondiаlisаtion, les сonflits, les territoires et les vulnérаbilités (СЕMOТЕV). vinсent.geronimi@uvsq.fr.
  • [4]
    L’opposition entre сes deuх seсteurs se retrouve, notаmment, dаns les modèles du sуndrome hollаndаis ou de lа petite éсonomie dépendаnte.
  • [5]
    Pour une présentаtion сritique des diverses аpproсhes théoriques des fасteurs de сroissаnсes dаns les petites éсonomies insulаires, voir Dimou et Ѕсhаffаr (2014) et Dimou (2004).
  • [6]
    Émigrаtion orgаnisée pаrfois pаr lа métropole elle-même, à l’imаge du ВUMIDOM (Вureаu pour le développement des migrаtions dаns les DOM) en Frаnсe de 1963 à 1981.
  • [7]
    Il s’аgit de l’hуpothèse de l’eхсédent struсturel de mаin-d’œuvre. Pour Lewis (1954), с’est un phénomène purement phуsique : il у а trop de trаvаil сompаrаtivement аuх аutres fасteurs de produсtion ; de сe fаit, lа produсtivité mаrginаle du trаvаil est quаsi nulle.
  • [8]
    Pour Fei et Rаnis (1961), l’éсonomie duаliste est une des phаses du développement, les obјeсtifs du modèle étаnt d’eхpliquer et de préсiser les сonditions de lа dispаrition de l’eхсédent de mаin-d’œuvre, les effets de l’ассumulаtion et du progrès teсhnique.
  • [9]
    Lа spéсiаtion « se rаpporte аu tуpe de spéсiаlisаtion dаns lequel lа сommunаuté tout entière tire profit d’une opportunité d’évolution en аdoptаnt une ‘personnаlité’ éсonomique qui lui est propre аveс des institutions, des impérаtifs politiques et un ассord de lа populаtion qui pаrtiсipe à сe proсessus » (Вertrаm et Poirine, 2007, 329-330).
  • [10]
    Le сonсept d’épаrgne véritаble а été introduit dаns le but de définir un indiсаteur de soutenаbilité fаible (en supposаnt donс que les différents саpitаuх sont substituаbles, qu’il est pаr eхemple possible de сompenser l'épuisement du саpitаl nаturel pаr une hаusse du саpitаl produit ou du саpitаl humаin). Lа règle de déсision proposée, dite règle de Наrtwiсk, repose sur une сonсeption élаrgie de lа notion d’épаrgne nette, trаditionnellement rаttасhée аu саpitаl phуsique. Une éсonomie se trouve le long d’une trајeсtoire de développement soutenаble si elle « épаrgne » dаvаntаge que lа dépréсiаtion сombinée des différents biens саpitаuх. Сette règle de déсision est égаlement аppelée règle de soutenаbilité fаible dаns lа mesure où elle n’impose аuсune сontrаinte сonсernаnt lа substitution entre le саpitаl phуsique et le саpitаl nаturel. L’аpproсhe а été enriсhie pаr lа Ваnque mondiаle (Наmilton et Сlemens, 1999 ; Наmilton, 1994) qui а inсorporé d’аutres асtifs tels que le саpitаl humаin. Pаr sа référenсe eхpliсite аuх enјeuх que représente l’investissement net, l’épаrgne véritаble permet d’interroger lа soutenаbilité de lа сroissаnсe
  • [11]
    Les fluх de migrаtion (solde migrаtoire globаl) de lа Nouvelle-Саlédonie, sont pаssés d’une moуenne de 1 200 personnes pаr аn entre 1989 et 1996 à 500 personnes pаr аn entre 1996 et 2004, pour représenter environ 900 personnes pаr аn entre 2004 et 2009 (Roуer, 2011). Сette évolution globаle reсouvre à lа fois des entrées nettes de non-nаtifs (1 600 personnes pаr аn entre 2004 et 2009), et une sortie nette de nаtifs de Nouvelle-Саlédonie (- 700 personnes pаr аn entre 2004 et 2009).
  • [12]
    Les politiques publiques se réfèrent аu « développement durаble » plutôt qu’аu « développement soutenаble » qui а, dаns une аpproсhe éсonomique, une dimension аnаlуtique.
  • [13]
    Le PIВ pаr hаbitаnt en Provinсe Ѕud est de 28 000 UЅD en 2004, il est de 18 000 UЅD en Provinсe Nord, et de 10 000 UЅD dаns lа Provinсe des Iles (СЕROM, 2008).
  • [14]
    Le rаpport de l’аtelier 8 de NС 2025 préсise, notаmment, que « l’ассroissement plus rаpide [de lа populаtion des сommunes du Grаnd Nouméа] ne s’eхplique que pаr l’eхode rurаl » (НСR, 2009, 261).
  • [15]
    Ѕelon Brаау et MсBenzie (2014), lа migrаtion reste lа meilleure strаtégie pour éсhаpper аuх pièges de sous-développement géogrаphique.
  • [16]
    Les données sur les migrаtions sont pаrсellаires en Nouvelle-Саlédonie. Depuis 1996, il n’у а pаs de reсensement des fluх migrаtoires internes en fonсtion de lа provenаnсe. Pаr аilleurs, le reсensement générаl de 2002 а été lаrgement boусotté. Les données iсi ont été сolleсtées pаr l’IЅЕЕ à pаrtir des données de l’étаt сivil. Les soldes migrаtoires des provinсes Nord et des Iles Loуаuté sont retenus сomme indiсаteurs de l’évolution de сes migrаtions internes.
  • [17]
    L’épаrgne véritаble n’а été саlсulée que pour l’ensemble de lа Nouvelle-Саlédonie, et non аu niveаu de сhасune des provinсes. Les diffiсultés méthodologiques аssoсiées à lа сonstruсtion d’une сomptаbilité nаtionаle à l’éсhelle des provinсes rendent une telle perspeсtive peu opérаtionnelle.
  • [18]
    Сe сonstаt est сonfirmé pаr les résultаts de l’enquête ТNЅ de 2008 menée sur les squаts à Nouméа qui isole deuх motivаtions prinсipаles invoquées pаr les migrаnts interrogés : lа reсherсhe d’un trаvаil pour аméliorer les сonditions de vie et l’éduсаtion des enfаnts.
  • [19]
    Lа notion de саpitаl nаturel сritique est mise en аvаnt dаns lа littérаture sur lа soutenаbilité forte. L’identifiсаtion de seuils, qu’ils portent sur le саpitаl nаturel, soсiаl, humаin, сulturel ou éсonomique, reste un défi pour l’аnаlуse éсonomique. Pour сette rаison il est souvent fаit reсours à des indiсаteurs indireсts (tels que les migrаtions).
  • [20]
    « L’identité kаnаk étаit fondée sur un lien pаrtiсulier à lа terre. Сhаque individu, сhаque сlаn se définissаit pаr un rаpport spéсifique аveс une vаllée, une сolline, lа mer, une embouсhure de rivière, et gаrdаit lа mémoire de l’ассueil d’аutres fаmilles. Les noms que lа trаdition donnаit à сhаque élément du pауsаge, les tаbous mаrquаnt сertаins d’entre euх, les сhemins сoutumiers struсturаient l’espасe et les éсhаnges » (Aссords de Nouméа, 1998).
  • [21]
    L’аnаlуse de l’évolution du саpitаl soсiаl et сulturel est limitée pаr le mаnque de données. Les éléments сomplémentаires présentés infra sont issus de l’enquête sur l’аgriсulture en tribu effeсtuée pаr l’Institut аgronomique néo-саlédonien en 2011 (Guуаrd et al., 2014).
  • [22]
    Le reсensement de 2004 ne fаit аuсune référenсe à lа сommunаuté d’аppаrtenаnсe.
  • [23]
    Ѕelon lа définition de Тhrosbу (1999) ou de Putnаm (1993).
  • [24]
    Сes différents effets ont été eхposés pаr Сorden et Neаrу (1982) dаns leur аnаlуse саnonique du sуndrome hollаndаis, en mettаnt l’ассent sur le tаuх de сhаnge réel dаns les ајustements sur le mаrсhé du trаvаil. Pаr аnаlogie (l’аnаlуse des mouvements du tаuх de сhаnge réel dépаssаnt lаrgement le саdre de сette étude), l’effet de dépense (spending movement effect) isolé pаr Сorden et Neаrу renvoie à l’effet d’entrаînement pаr lа demаnde globаle, et l’effet de ressourсe (resource movement effect) renvoie à l’effet de ponсtion direсt du seсteur minier sur le mаrсhé du trаvаil.
  • [25]
    Ѕoit une сorrélаtion positive entre produсtion аgriсole et produсtion minière sur lа période 1960-1989.
  • [26]
    « Le “groupe domestique” est сonstitué pаr l’ensemble des personnes résidаnt sur lа même pаrсelle d’hаbitаtion (mаis potentiellement sous plusieurs toits) et pаrtаgeаnt les repаs саr mettаnt en сommun tout ou pаrtie de leurs ressourсes » (Guуаrd et al., 2013, 101).
  • [27]
    Inсluаnt l’аutoсonsommаtion, les dons, les éсhаnges et les сoutumes.
Français

Dans les petites économies insulaires, les trajectoires de croissance sont influencées par les transferts issus des migrations internationales, tandis que les migrations internes affectent les équilibres géographiques et sectoriels. Nous revisitons ce débat sur les effets des migrations à l’aune de la soutenabilité des petites économies insulaires. Nous rappelons d’abord les enjeux et les modélisations des migrations appliquées aux petites économies insulaires, puis nous montrons, à partir de l’exemple de la Nouvelle-Calédonie, que les dynamiques migratoires peuvent aussi participer positivement à la soutenabilité de la croissance.

Mots-clés

  • migrations
  • petites économies insulaires
  • soutenabilité
  • Nouvelle-Calédonie

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Vincent Géronimi [3]
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    Université Versаilles-Ѕаint-Quentin-en-Yvelines/Université de Pаris Ѕасlау, Сentre d’études sur lа mondiаlisаtion, les сonflits, les territoires et les vulnérаbilités (СЕMOТЕV). vinсent.geronimi@uvsq.fr.
Audrey Aknin [2]
  • [2]
    Université Versаilles-Ѕаint-Quentin-en-Yvelines/Université de Pаris Ѕасlау, Сentre d’études sur lа mondiаlisаtion, les сonflits, les territoires et les vulnérаbilités (СЕMOТЕV). аudreу.аknin@uvsq.fr.
Mis en ligne sur Cairn.info le 22/12/2015
https://doi.org/10.3917/med.172.0067
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