1 L’analyse des orientations récentes nous semble indiquer que les objectifs (ou les contraintes) de l’État sont actuellement les suivants :
2
- aménager rapidement des superficies importantes,
- produire du riz pour le marché national,
- minimiser les coûts d’intervention de l’État,
- rentabiliser les barrages, ainsi que les aménagements présents et futurs,
- équilibrer la répartition de la terre, de la richesse et du pouvoir entre l’État,
l’agro-business, la bourgeoisie agraire nationale émergente et les paysanneries
sans moyens financiers importants.
3 (…)
4 Les premiers effets de la loi sur le domaine national montrent que la logique des moyens de production – concurrence, individualisation, mise en valeur marchande – l’emporte concrètement sur les fins affirmées du discours de la loi : la « participation massive et spontanée de la population ». Les orientations de la nouvelle politique agricole, déterminées en partie par les contraintes extérieures de financement de l’État, risquent fort de déterminer un développement de l’agriculture irriguée étroitement soumis aux contraintes de rentabilité, de financement externe privé (et non public comme pour les barrages…) et à une logique dominante de mise en valeur marchande. Ceci est sans doute inévitable (en fonction des choix qui ont été faits) et était peut-être prévisible : il est simplement étonnant que ce soit seulement aujourd’hui que cette orientation commence à apparaître de façon de plus en plus explicite.
5 On peut aussi se demander si les orientations actuelles laisseront une place autre que marginale et dominée à une agriculture « paysanne », qu’elle soit de type privé, familial ou communautaire.
6 (…)
7 Au-delà des transformations techniques (les barrages) et des contraintes économiques (rentabilité, financements) l’enjeu de ces choix est aussi politique : il s’agit de la place et du rôle des paysans dans l’économie, dans la production agricole et dans l’ensemble du processus de développement.
8 MONDES EN DÉVELOPPEMENT, tome 13, n° 52, 1985, pp. 664-665.
