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En 2002, Les Cahiers de médiologie (n˚13) publiaient La scène terroriste pour avertir nos lecteurs, entre autres choses depuis avérées, du « paradoxe des violences politiques à venir : proliférer partout, ne triompher nulle part et partout renaître. » Y était en particulier analysé le lien traditionnel et dramatiquement renouvelé d’un mode d’action aussi ancien que répandu avec la vidéosphère et les nouvelles scénographies de l’image. Nous n’avons pas été démentis par l’actualité. À Saint-Étienne-du-Rouvray, les deux terroristes ont mis une caméra dans les mains d’un vieux fidèle, qui assistait à la messe, avant de procéder à l’égorgement du prêtre Jacques Hamel. La publicité d’abord, l’acte ensuite. Et d’interminables résurgences. Pas d’op’ sans com’.
En 2016, Médium s’estime habilité à prolonger ses pertinentes impertinences. Non plus sur le lien de dépendance devenu patent, et signalé par tous, d’une « propagande par le fait » envers nos nouveaux modes de propagation médiatique, qui la théâtralisent, la valorisent et la mondialisent, bref lui rendent le considérable service d’accroître toujours plus l’écart entre le dommage physique et ses retombées psychologiques. Il s’agit désormais d’interroger l’usage, par les terrorisés eux-mêmes, du terme de guerre (au lieu de « police et sécurité »). Quand l’autorité d’un vocable, chargé de mémoire et d’émotion lourdes, prévaut sur l’examen empirique des données effectives, les médiologues, qui se vouent à l’étude de l’efficacité symbolique, soit au devenir force matérielle de certaines métaphores épidémiques, ne peuvent que se sentir à nouveau mobilisés…
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2017
- https://doi.org/10.3917/mediu.049.0004