On ne peut vaincre le terrorisme mais on peut vaincre des groupes terroristes. À condition de viser leurs forces morales autant que matérielles.
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Comment détruire une organisation terroriste ? Jusqu’à présent, les options sont l’opération militaire ou la répression policière (qui peut être respectueuse de l’État de droit).
La méthode militaire n’a pas rencontré d’immenses succès. Elle est souvent contre-productive : Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, etc. Sur le territoire national, les soldats font probablement mal ce que feraient mieux les forces de l’ordre. Hors frontières, outre la difficulté d’intervenir en milieu géographique, social et culturel inconnu, elle tend à faire plus d’ennemis le soir qu’elle n’en a supprimé le matin et/ou à perdre en soutiens politiques ce qu’elle gagne en hectares « sécurisés ».
Deux phénomènes se conjuguent, dont nous ne saurions dire lequel est cause et lequel est effet. D’abord l’incapacité des armées occidentales ultra puissantes à s’imposer durablement, allant de batailles gagnées en interventions spectaculaires jusqu’à l’enlisement. D’autre part, leur capacité à alimenter la machine à ressentiment, c’est-à-dire à fabriquer des ennemis partout, bien qu’elles disent ne poursuivre qu’une poignée de dictateurs et de fous homicides pour aider les peuples. Double faiblesse : nous peinons à mener la guerre asymétrique (le fort perd tant qu’il n’a pas annulé le pouvoir de nuisance du faible) et nous justifions la dialectique adverse (pour qui plus les puissants frappent, plus ils révèlent leur vrai visage et plus ils poussent les dominés à prendre parti). Ni le temps – expéditions courtes contre rébellions durables – ni l’espace – combat urbain et prolifération transfrontalière de la lutte armée – ne sont favorables à nos méthodes…
Résumé
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2017
- https://doi.org/10.3917/mediu.049.0014