Les critères de l’interdit, qui évoluent avec le temps jusqu’à se contredire, nous livrent une radioscopie de l’inconscient collectif.
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Il n’existe probablement pas de système juridique ou culturel qui autorise à « tout » montrer, ni ne restreigne les représentations excitantes ou brutales au moins pour certains publics et sous certaines formes. Pas plus qu’il n’existe sans doute de système politique qui ne limite l’extériorisation des pulsions agressives et sexuelles. Personne ne doute que ces critères soient relatifs – il fut un temps où laisser paraître une oreille était obscène et emmener les enfants aux exécutions publiques pédagogique. Toute prohibition suppose un discours qui, du principe d’autorité à celui de compassion, varie autant que la perception de la chose par l’époque.
De la pornographie, il est souvent dit que « c’est l’érotisme de l’autre » ou que « la pornographie d’hier est l’érotisme d’aujourd’hui », ou « je ne sais pas définir la pornographie, mais je sais la reconnaître quand je la rencontre ». Il existerait donc un critère général des bonnes et des mauvaises représentations, lié au mal qui réside en elles et un principe qui justifierait de les épargner, au moins aux plus « sensibles ».
Quant à la violence représentée, on tend à interdire de montrer celle que l’on dit gratuite ou extrême. D’un côté, il y aurait une force exaltée (violence juste ou patriotique), une violence qu’il faut raconter ne serait-ce que pour comprendre la marche du monde, son histoire ou ses mythes. Ou une violence inévitable parce que le conflit est le ressort de la plupart des narrations. De l’autre, une violence qui, même réduite à son spectacle, ajoute le mal qu’elle fait au mal qu’elle montre…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 26/01/2016
- https://doi.org/10.3917/mediu.046.0062