Accélérer le mouvement n’est pas tout. Mieux vaut parfois ralentir l’adversaire.
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La vitesse, c’est la victoire, pensent volontiers les Occidentaux. Le différentiel, le temps gagné sur l’adversaire, décide souvent du combat. Un moment plus tôt, un pas avant, une opportunité saisie, une fulgurance pour jeter ses forces là où elles auront tout leur efficace, des vecteurs ou les véhicules plus rapides qui traversent le territoire et touchent les cibles, une solution d’avance, une réactivité immédiate, le sens de la surprise stratégique : le vif ou le rapide a beaucoup d’atouts.A contrario, les défaites sont volontiers attribuées au « quart d’heure de retard » : trop tard, Blücher est arrivé le premier ; trop tard, ils sont déjà sur notre flanc ; trop tard, les Panzer foncent déjà vers la capitale ; trop tard. Nous n’avons pas reçu les munitions demandées, etc. L’idée de Clausewitz que le pire ennemi du stratège sont « la friction et le brouillard » confirme cette notion : réaliser après coup où sont et ce que font les forces en œuvre (brouillard), avoir un dispositif qui exécute pesamment ou imparfaitement vos plans (friction), tels sont les risques qu’il faut réduire, et qu’il serait idéal d’augmenter dans l’autre camp.
Pourrait-on opposer à cela un modèle « oriental » ? Sun Tzu, dans L’art de la guerre, enseigne certes que le bon stratège est prévoyant – il étudie terrain et opportunités, analyse les forces et le dispositif adverse bien avant le conflit, il s’adapte dès le temps de paix. Mais il est également si habile à sentir la « prédisposition des choses » qu’il peut quasiment se dispenser de lutter…
Résumé
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/10/2014
- https://doi.org/10.3917/mediu.041.0112