Quand les stratèges peinent tant à définir les nouveaux conflits armés et les baptisent guerre asymétrique, guerre hors limites, guerre au terrorisme..., il est temps de revenir à une définition aussi classique que celle du Larousse pour qui la guerre est : « le recours à la force armée pour dénouer une situation conflictuelle entre deux ou plusieurs collectivités organisées : clans, factions, États. Elle consiste, pour chacun des adversaires, à contraindre l’autre à se soumettre à sa volonté ».
La guerre, même menée hors du cadre étatique, a longtemps supposé au moins trois conditions : 1) des armes, outils spécifiques pour agir sur les gens et non sur les choses. De l’arme naît la possibilité d’administrer la mort collective. De la mort organisée, la notion d’ennemi. 2) Des collectivités. Au sens strict, la guerre ne saurait être privée (même si elle peut satisfaire les intérêts particuliers du Prince ou des marchands de canon) : le combattant se reconnaît comme membre d’une communauté qui dispose de sa vie. Même le guérillero sans uniforme se réclame d’une collectivité, « le peuple en armes ». Même le professionnel froid (tel le mercenaire) se rattache à son corps des soldats de fortune. Ces appartenances s’inscrivent dans une continuité : la guerre elle-même est durable, sinon c’est une bataille. 3) Un but spécifique : la victoire. Elle commande la paix, et suppose soit la disparition physique de l’ennemi, soit qu’il renonce à ses revendications en se rendant, soit enfin un compromis, un traité, souvent qualifié à juste titre de semi-victoire…