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« L’hospitalité d’après l’hospitalité », s’il y en a, et si cela se conçoit, vient après l’hospitalité, mais vient aussi d’après l’hospitalité. Qu’est-ce qui pourrait bien justifier cette double modalité, ce double régime de temporalité, qui situe l’hospitalité, présente ou à venir, dans un double rapport au passé, entendu, d’une part, comme passé dépassé, mais encore, comme provenance, comme fidélité, comme possibilité d’une reprise, d’un retour, en même temps que d’une réinvention de l’hospitalité ? Si le syntagme « hospitalité d’après l’hospitalité » contenait la double modalité de l’hospitalité, la structure de l’hospitalité devrait intégrer le moment de l’in-hospitalité : ce moment que nous pouvons dire d’aujourd’hui, contemporain, alors que le « cimetière marin » cher à Paul Valéry déborde les limites de son site sétois pour désigner, métonymiquement, la Méditerranée comme le dernier séjour, le tombeau donc, de ces migrants qui fuient la misère économique, sociale mais aussi écologique, la dictature, la guerre, vers les rives d’une Union européenne dont les États membres leur refusent le statut de réfugiés – ou bien le leur accordent dans des conditions si restrictives qu’elles équivalent à un refus. Un déni manifeste d’hospitalité convoque à l’urgence d’une décision éthique et politique, qui rouvre la question de l’hospitalité.
Une belle méditation de l’anthropologue Michel Agier propose une réinvention, en même temps qu’une réactivation, de l’hospitalité, dans un dialogue sans concession avec Jacques Derrid…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/01/2020
- https://doi.org/10.3917/lignes.060.0051
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