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Qu’attendre du messie ? La paix, la fin de la violence. Les faibles seront jugés avec justice, les peuples seront persuadés, Israël sera restauré, les armes seront détruites. Les peuples « forgeront leurs épées en socs, leurs lances en serpes. Une nation contre une nation ne portera plus l’épée, et ils n’apprendront plus la guerre. » C’est simple et direct, comme l’est toujours Isaïe selon le préliminaire de Chouraqui. Mais qu’attendre de Derrida ? Un peu le contraire de ce que l’on peut attendre du Messie. Derrida nous rappelle, simplement, clairement, que l’usage de la force est à jamais irréductible, qu’il n’y a pas de justice sans cette injustice qu’est l’application de la force. Derrida n’annonce pas la fin de la force, il répond à la force, toujours présente, toujours illégitime.
Derrida questionne ainsi le messianisme, mais surtout, il lui répond par l’exigence d’un désamorçage continu de la force. C’est cela, la messianicité, en réponse au messianisme, au marxisme et au messianisme marxiste. Cependant Derrida répond à la force et avec une certaine force, une certaine violence même, prouvant en acte que la justice est toujours à venir, toujours attendue.
Nous parlons de réponse, alors qu’on s’attendrait peut-être à ce que le philosophe se différencie par son questionnement indéfini du prophète, qui affirme indéfiniment la venue du messie. Mais rappelons d’abord que le prophète aussi ne cesse de questionner. Parlant pour Dieu, il montre que Dieu questionne : « …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/10/2016
- https://doi.org/10.3917/lignes.047.0283
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