CAIRN.INFO : Matières à réflexion
Suivre cette revue

Page 5 à 6
Page 7 à 14
Page 15 à 34
Page 35 à 41
Page 42 à 49
Page 50 à 63
Page 64 à 88
Page 89 à 101
Page 102 à 118
Page 119 à 125
Page 126 à 137

Alain Badiou & Jacques Rancière

Page 141 à 164
Page 165 à 199
Page 200 à 234
C’est ce qui est singulier au demeurant : que cette poussée de violence inattendue (c’est-à-dire dont on s’étonne qu’elle n’ait pas eu lieu plus tôt) et symbolique (plus que réelle : une seule journée de manifestation des dockers européens à Strasbourg a fait autant de blessés parmi les forces de l’ordre que toutes les nuits réunies des émeutes dans les banlieues), ait été l’objet d’une telle stupéfaction et d’une telle emphase interprétatives – politique, médiatique, intellectuelle. Politique ? On comprend pourquoi : c’est un pauvre calcul, en effet politique, qui l’a déclenchée, spéculant sur les retombées électorales que le putschiste de tous les jours qui était à son instigation était justifié d’en attendre. Et qu’il a recueillies, selon toute apparence (les sondages le diraient) ; et qu’a recueillies, avec lui, l’une des droites les plus dures et les plus cyniques qui soient (répandant sciemment la peur : classe contre classe, race contre race, le tout sur fond de répression – jusqu’au couvre-feu ! –, de chômage et de guerre prétendue au terrorisme). Médiatique ? On sait aujourd’hui que, du point de vue incontesté et incontrôlé des médias, une échauffourée dans la périphérie des grandes villes, pour peu que la dramatiser soit possible, vaut, au choix, une épizootie (la vache folle, la grippe aviaire…), un attentat (à Madrid, à Londres…), un tsunami, un procès pour pédophilie (Outreau), une journaliste retenue en otage, etc. Les médias (d’images, surtout) sont constitutivement de droite par le goût obsédant qu’ils montrent de la peur, et des bénéfices d’audience qu’ils en retirent.
Mis en ligne sur Cairn.info le 23/03/2014
ISBN 2849380604
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...