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Le 1er décembre 1944 plusieurs dizaines de tirailleurs sénégalais, voire peut-être plusieurs centaines, trouvent la mort au camp militaire de Thiaroye, à proximité de Dakar. Il s’agit d’un des événements qui a vu couler le plus de sang sur la terre sénégalaise au xxe siècle. Ces hommes qui perdirent la vie à Thiaroye, ex-prisonniers de guerre en Europe, de retour en Afrique et en voie de démobilisation, furent tués parce qu’ils réclamaient leurs soldes de guerre, soit le rappel de leur salaire durant ces quatre années de captivité. Après la répression trente-quatre tirailleurs, considérés comme « les meneurs » de la « mutinerie » — selon les termes utilisés dans divers rapports rédigés par des agents de l’Etat français —, sont condamnés à des peines allant de un à dix ans de prison. Dans cet article, nous souhaitons problématiser ces trois moments de la violence : la non-reconnaissance des droits de ces soldats en voie de démobilisation, l’acte même de les tuer, enfin l’(in)justice du tribunal militaire permanent de Dakar.
Réfléchissant sur la question de la violence de masse, Jacques Sémelin avance qu’en tant que « forme de violence extrême, le massacre est en effet à comprendre dans le contexte d’une dynamique de violence plus globale, qui le précède et l’accompagne ». La violence « extraordinaire » de la matinée du 1er décembre à Thiaroye se trouve encadrée par deux moments qui révèlent un « ordinaire » de la violence coloniale. Comment rendre compte de cet enchâssement …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/06/2017
- https://doi.org/10.3917/ltm.693.0087
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