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18 avril, à l’aéroport de Bruxelles. C’est la première fois que j’y reviens, un peu moins d’un mois après. Par automatisme, j’emprunte, depuis le parking, le chemin de toujours et je m’égare au bord d’un chantier entouré de barricades. Des pelleteuses s’affairent entre des containers débordant de décombres. Ce lieu dévasté était, il y a seulement un mois, l’esplanade des « dépose-minute » et, derrière, le hall des départs. Accrochées aux barricades, des pancartes : « Par ordre de police, il est interdit de prendre des photos ». D’autres pancartes me guident à travers un dédale de baraquements provisoires, sévèrement gardés, où l’enregistrement des bagages se fait de façon à la fois très ordonnée et fort rudimentaire. Des ordinateurs juchés sur des comptoirs de fortune en mauvais contreplaqué délivrent les étiquettes, les valises s’amoncellent sur d’énormes chariots que poussent des gros bras — il n’y a pas de tapis roulants. Puis, une fois terminées les formalités de cet insolite check-in, une juxtaposition de tentes et d’escaliers de secours conduit à la partie intacte de l’aéroport, les portes d’embarquement, précédées de la zone commerciale rutilante, qui, à peu près déserte, se morfond dans son luxe inutile : vu l’état des installations, peu de compagnies aériennes, pour le moment, décollent de Bruxelles.
Des quatre capitales européennes touchées, depuis douze ans, par des attentats majeurs, trois — Madrid, Paris, Bruxelles — sont les nœuds de ma géographie existentielle, mes villes les plus proches, d’une proximité qui ne se mesure pas en kilomètres…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/06/2016
- https://doi.org/10.3917/ltm.689.0001
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