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Charles de Gaulle pensait-il avoir un style qui lui fût propre ? Ses amis le lui disaient ; ses ennemis en convenaient. Le jugement de l’Histoire sembla d’ailleurs confirmer que le Général avait une plume. Son plus attentif lecteur l’affirmait encore naguère : les phrases des Mémoires sont « toujours de facture personnelle » ; leur agencement porte « la marque de l’écrivain », leur grammaire « la signature du général de Gaulle ». Dès 1959 et la parution du troisième volet des Mémoires de guerre, Roland Barthes avait pourtant jeté le doute sur « ce style de pasticheur plus que d’écrivain, dont le ressort principal est d’imposer les signes de la Littérature ». Bref, il y aurait imposture : on nous vendrait de la belle langue pour du style d’auteur. Sans doute, la vérité est-elle comme toujours entre les deux et la trouver permettrait de lever la tension qui travaille le texte gaullien : « [...] l’exigence de rigueur, de concision, qui préside à l’élaboration de son œuvre ne va pas chez ce styliste sans excès d’emphase et de solennité. » On émettra ici une hypothèse simple : pour de Gaulle, la question du style ne se posa pas d’emblée comme quête d’une écriture proprement personnelle ; sa prose ne se pense pas prioritairement en termes « littéraires » ; sa langue illustre d’abord et tout simplement ce qui apparaissait au mémorialiste comme une sorte de « français idéal ». Autant que de la France, plus que de la littérature, le Général se faisait en effet une certaine idée de la langue…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/12/2013
- https://doi.org/10.3917/ltm.661.0048
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