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Janvier 2010, le nouveau programme du bac L de l’année à venir est annoncé au Bulletin officiel de l’Education nationale : on y découvre que les lycéens en terminale devront lire, à côté de L’Odyssée, de Fin de partie et de Tous les matins du monde (adapté par Alain Corneau), le tome III des Mémoires de guerre du général de Gaulle, intitulé : « Le Salut » (1944-1946). Quatre mois plus tard, un collectif de professeurs lance une pétition, « La littérature en phase terminale », et demande le retrait de ce texte choisi pour remplacer les Pensées de Pascal sous l’entrée « Littérature et débat d’idées » ; un site internet (« Les Lettres volées ») est créé afin de rassembler les signatures. Bien entendu, les auteurs de la pétition n’entendent pas contester la valeur historique des Mémoires de guerre — c’est même précisément cette valeur historique qui fait problème. Car proposer de Gaulle aux élèves revient, selon eux, à nier la discipline littéraire : « De quoi parlons-nous ? protestent-ils. De littérature ou d’histoire ? Nous sommes professeurs de lettres. Avons-nous les moyens, est-ce notre métier, de discuter une source historique ? » Le second argument avancé est d’ordre politique : l’inscription des Mémoires de guerre au programme du baccalauréat ne flatte-t-elle pas un gouvernement qui s’apprête à commémorer avec faste l’appel du 18 Juin et dont le « ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire » tente d’orchestrer un vaste débat autour de la notion éminemment contestable d’« identité nationale » …
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/12/2013
- https://doi.org/10.3917/ltm.661.0003
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